Le populisme scientifique c’est parler sans savoir mais c’est aussi utiliser l’ignorance des gens pour développer une thèse pseudo-scientifique voire d’utiliser le «peuple» pour affirmer que l’on a raison dans une controverse entre scientifiques.
On comprend bien qu’il ne s’agit pas
seulement de l’apanage d’un imbécile d’une inculture et d’un obscurantisme crades dont le portrait-robot
ressemble à s’y méprendre au président des Etats-Unis
actuel, Donald Trump, qui proposait, entre autres, de boire de l’eau de
javel contre la covid19, mais qu’il peut toucher tout le
monde, y compris des personnes qui se disent ou sont des scientifiques.
C’est à la fois la volonté de donner
son avis sur tout en s’érigeant, non pas en sachant mais en juge, tout en
surfant sur une réalité de la science qui est un domaine avant tout de
recherche où les certitudes ne sont pas si nombreuses, sans parler de celles
qui sont ou seront contredites par d’autres et ainsi de suite.
Parce qu’aujourd’hui, si tout crétin
peut dire des âneries sur des sujets scientifiques
c’est aussi parce que le milieu scientifique s’est souvent trompé et a tout
aussi souvent refusé de le reconnaitre.
Sans même parler des collusions entre
science et pouvoir politique dont la plus misérable fut celle de tant de vrais scientifiques allemands qui travaillèrent pour les nazis afin
de prouver les thèses de ces derniers ou, tout simplement, pour pouvoir bénéficier
de cobayes humains pour prouver les leurs…
Si c’est bien sur les réseaux sociaux
que l’on trouve ce populisme de nos jours, il a toujours été présent, les
médias s’en délectant, et il a souvent eu comme support des scientifiques
minables, égocentriques et mégalomaniaques qui voulaient leur heure de gloire
et parfois plus ou leurs adeptes.
En matière médicale, l’épidémie de la
covid19 a été un révélateur puissant de ce populisme qui déverse son fatras
immonde de mensonges depuis fort longtemps que l’on songe seulement à toutes
ces initiatives contre les vaccins ou à l’annonce de la mise au point de
remèdes miracles contre le cancer, le sida et bien d’autres maladies graves qui
se trouvent désormais dans les poubelles de la sottise, de la fatuité et
de la vanité.
Il n’est évidemment pas étonnant que
ce populisme marche car nous sommes tous préoccupés par notre santé et celle de
nos proches.
Et, quand nous ou nos proches sont
atteints par une pathologie lourde, nous sommes prêts à entendre n’importe quel
avis ou opinion dans l’espoir de pouvoir guérir.
Le terreau est donc large et il ne
peut en être autrement, plus, il est absolument légitime.
D’autant que nous sommes prédisposés
à entendre ces absurdités, comme l’explique fort
bien le physicien Etienne Klein dans un ouvrage qui vient de paraître, «L’Urgence de long terme».
Nous avons ainsi des tendances manifestes à croire ce qui nous plaît le plus,
à faire confiance en notre «bon sens», surtout quand nous sommes largement ignorants du problème
dont nous parlons!
Ce qu’il l’est pas du tout c’est la
manière dont certains en profitent pour toutes sortes de raisons, qu’elles soient
monétaires, idéologiques ou personnelles (de la volonté de devenir une star
médiatique, de faire avancer sa carrière, de propager de la haine ou simplement
d’être le crétin dont je parlais plus haut!).
S’il semble impossible d’empêcher la
propagation des mensonges, dont certains sont létaux, tellement ils agissent
sur notre désir de vivre bien et en bonne santé, il convient de mettre en place
de nombreux garde-fous pour limiter au maximum
leur diffusion.
On pense bien sûr à des mesures
d’information et d’éducation de la population ainsi qu’à des sanctions fortes
contre les diffuseurs plus particulièrement lorsqu’ils occupent une fonction de
savoir dans un domaine spécifique et que leur titre donne une sorte d’aura
de vérité à leurs propos.
En une formule, il faut rendre
l’individu responsable.
Mais nous n’éradiquerons jamais
totalement les fake news scientifiques parce que nous sommes ce que nous
sommes, des êtres qui, conscients de leur condition et des menaces constantes
qui pèsent sur eux, veulent trouver des solutions ou, tout au moins, désirent
savoir.
Cela a permis, au fil des temps,
l’existence de tout un tas de charlatans, de théories fantaisistes ou
extrêmement dangereuses, qui ont abouti à l’élaboration
de produits et d’objets de toutes sortes dont l’intérêt était nul voire aux
effets dramatiques, et qui ont toujours trouvé un public
pour les croire et les suivre dans leurs boniments et leurs délires.
Sans doute que les auteurs de science-
fiction du passé croyait que le troisième millénaire
aurait fait un sort à l’ignorance et à son instrumentalisation ainsi qu’à cette
prétention de savoir quand on ne sait rien ou peu de chose.
Ils avaient seulement oublié un
détail: ce qu’est l’humain.