Par Jean-François
Borrou
François Bayrou |
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un
journaliste proche des idées centristes.
Quizz.
Qui a dit:
«Je n'ai jamais regardé l'avenir en pensant à moi-même, en
pensant à ma personne ou à ma carrière. Il y a – si vous me le permettez de le
dire – un bail que je ne pense plus en termes de carrière.»
Bon, j’avoue que le titre de cet article rend la réponse assez
facile.
Mais cela n’en reste pas moins une des déclarations les plus
étonnantes – pour ne pas dire mensongères – de François Bayrou.
Les humoristes ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, eux qui
se sont faits immédiatement les gorges chaudes de ces propos que l’on pourrait
qualifier de surréalistes tellement celui qui les a prononcés est à l’opposé de
cette protestation d’humilité.
D’où, bien sûr, ce doute évident qui vous prend naturellement
quand le président du MoDem se présente comme un homme modeste qui ne pense qu’au
bien du pays.
Surtout à une période où sa cause se renforce grandement.
Ou, peut-être, joue-t-il à la modestie pour cette raison…
La perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale de LaREM
où se sont produites deux vagues de départ de députés ces derniers jours, donne
un nouveau pouvoir, un nouveau statut à François Bayrou et la capacité de demander,
voire d’exiger, et d’obtenir plus de place pour lui et son parti dans la majorité
présidentielle.
Sauf qu’en homme politique qui a une longue expérience, il sait
qu’il ne faut pas utiliser ses atouts n’importe quand et n’importe comment.
Aujourd’hui, il n’a pas besoin de mettre la pression sur le
Président de la République et le Gouvernement, outre mesure.
D’autant que ce serait sans doute mal vu par beaucoup de
Français qui les soutiennent.
Or donc, jouer la modestie et la retenue, à celui qui pense
que rien ne va changer dans les rapports de force à l’intérieur de la majorité
et prétendre qu’il n’attend rien de cette nouvelle donne est un moyen de rassurer
ses alliés – même ci ceux-ci n’en croient pas un mot en réalité – et de ne pas
s’exposer en attendant de meilleurs moments pour avancer ses pions et sa «carrière»
comme il dit.
Cela pourrait survenir dans le cours de 2020 ou en 2021, un an
avant la présidentielle, mais tout politologue ou journaliste politique qui se
respecte sait que cela surviendra parce que le chef du MoDem n’est pas homme à
ne pas vouloir saisir les opportunités, tout dans son parcours en est la
preuve, dont ses trois tentatives et demie de devenir président de la
république…
Reste que rien ne dit qu’il aura les cartes en main pour ses
desseins qu’il poursuit depuis des décennies puisque si LaREM n’a plus la majorité
absolue, il peut toujours l’avoir sans le MoDem grâce au parti Agir qui vient d’ailleurs de constituer un groupe
de 17 députés qui se veut un soutien au président et à son gouvernement.
Du coup, la modestie actuelle de François Bayrou pourrait également
être la simple constatation que la nouvelle donne ressemble beaucoup à l’ancienne.
Jean-François Borrou