Voici une sélection, ce 10 mai 2020, des derniers propos
tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
● Emmanuel Macron
(Président de la République)
- [Déclaration Souvenons-nous des héros de la liberté qui se
sont dressés contre l’esclavage]
Depuis quinze ans, le 10 mai marque dans notre calendrier
républicain la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et
de leurs abolitions.
Cette journée existe pour que jamais nous n’oubliions ces
pages de notre histoire.
Elle nous rappelle la barbarie de la traite négrière et de
l’esclavage colonial, ce crime contre l’humanité qui fut perpétré durant des
siècles.
Mais elle nous rappelle aussi que c’est en dénonçant et en
détruisant ce système que nous sommes véritablement devenus ce que nous sommes
: le pays des droits de l’homme, et une République une et indivisible qui puise
dans sa diversité la force de l’universel.
C’est l’honneur de la France républicaine — de la Convention
de 1794 et du gouvernement provisoire de 1848 — que d’avoir aboli l’esclavage ;
que d’avoir lié le destin même de la République française à l’abolition de l’esclavage.
Le 10 mai nous rappelle encore que la géographie de la
France, qui plonge son territoire dans toutes les mers, a été modelée par cette
histoire.
Le 10 mai nous rappelle enfin que la République française
est avant tout une idée, qu’elle offre un imaginaire qui s’enracine dans un
désir farouche et inextinguible de liberté.
C’est cette histoire et cette aspiration communes qui font
de nous tous des Français, de part et d’autre des océans.
C’est pourquoi chaque année, nous célébrons le 10 mai tous les
héros de la liberté, ceux qui nous ont décillé les yeux et ceux qui ont secoué
leurs chaines : intellectuels engagés, philanthropes décidés et esclaves
révoltés ; Montesquieu et l’abbé Grégoire, Victor Schœlcher mais aussi Olympe
de Gouges, Toussaint Louverture mais aussi Solitude, et tous ces anonymes dont
l’histoire a effacé le nom mais retenu les combats.
Leur exemple, toujours, nous inspire, nous oblige. A plus de
liberté, ici et dans le monde. A plus d’égalité, indissociable de la liberté,
des chances et des droits. A plus de fraternité enfin, car ces combats ne sont
pas ceux d’un groupe ou d’une communauté — ils sont universels.
Nous aimerions tant célébrer ces héros comme ils le méritent
aujourd’hui. Nous aimerions tant pouvoir nous rassembler dans la solennité
fraternelle des cérémonies civiques qui font la Nation française. Ce n’est
hélas pas le cas cette année et je veux avoir une pensée particulière pour ces
milliers de familles qui se trouvent aujourd’hui séparées par les océans, et
qui vivent d’autant plus durement les contraintes du confinement et les
incertitudes du déconfinement.
Mais nous nous retrouverons. Nous nous retrouverons d’abord
dans le Jardin du Luxembourg et bientôt autour du mémorial du Jardin des
Tuileries. Nous nous retrouverons parce que l’épreuve que nous traversons
aujourd’hui ne nous a pas éloignés, elle nous a faits plus proches, plus unis.
C’est ainsi que nous pourrons nous redresser, en nous
rassemblant. Et notamment autour de nos rites communs, de notre mémoire, en
regardant notre histoire en face et ensemble, pour qu’elle soit non pas un
frein mais un élan.
Je suis confiant. Je suis confiant parce que la solidarité
qui nous lie, par-delà nos origines, nos conditions ou nos âges, par-delà les
mers et par-delà les murs que dresse entre nous l’épidémie, est plus forte que
tout. Et parce que l’histoire nous l’enseigne : la France unie surmonte toutes
les épreuves.
Voilà le message que je voulais partager avec vous en ce 10
mai. Un message de confiance et d’espoir, inspiré par notre histoire.
- Surmonter les crises, oser,
réinventer, nous unir, penser et agir pour l’avenir, c’est cela l'esprit
européen.
- Figure féminine de la Résistance
française et de la Libération de Paris, Cécile Rol-Tanguy s’est éteinte 75 ans
jour pour jour après la Victoire des forces alliées sur le nazisme. Respect et
reconnaissance à cette combattante de la liberté.
- 8 mai 1945, la Victoire. La flamme
du Soldat inconnu brûle toujours pour les héros qui nous ont apporté la Paix.
75 ans après, des femmes et des hommes se battent pour que vive cette Paix.
Pour eux, hissons haut nos couleurs.
● Gouvernement
[Nota: dans ce
gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons
cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie
selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Christophe Castaner
(ministre de l’Intérieur)
- La levée progressive du confinement
sera encadrée par des règles, accompagnée par des dispositifs gouvernementaux,
et le ministère de l’intérieur y prendra toute sa part. Mais la clef de voûte
du déconfinement sera le civisme des Français.
- Démantèlement de réseaux de revente
de matériel médical, saisie de masques contrefaits ou volés, lutte contre les
escroqueries en ligne : la police et la gendarmerie sont aussi mobilisés contre ceux qui veulent tirer profit de
la crainte et de la maladie.
Jean-Yves Le Drian
(ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
- [Déclaration commune avec Amélie de Montchalin: «L’Europe,
la force des solidarités de fait°
Le 9 mai 1950, par la voix de Robert Schuman, la France et
l’Allemagne posaient ensemble la première pierre à l’édifice de la construction
européenne, en décidant de « placer leur production de charbon et d’acier
sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la
participation des autres pays d’Europe ».
Soixante-dix ans plus tard, jour pour jour, rappelons-nous
ce qu’il fallait alors de courage pour tendre la main à l’ennemi d’hier ;
d’audace, pour placer au cœur d’un projet de paix et de réconciliation
« les régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont
elles étaient les plus constantes victimes » ; de perspicacité, pour
saisir que, face aux nouveaux équilibres géopolitiques qui se profilaient, la
force de nos nations tiendrait bientôt à l’étroitesse de leurs liens.
Mesurons ensemble le chemin parcouru, comme un sursaut face
au tragique de l’Histoire – des ruines de l’année zéro à la prospérité
retrouvée, puis du déchirement aux promesses tenues de l’unité reconquise
autour des valeurs humanistes que nous avons en partage sur notre continent et
des principes démocratiques que nous avons choisi de nous donner.
Renouons pleinement avec l’esprit de la déclaration Schuman,
pas seulement par fidélité à notre mémoire commune, mais aussi pour trouver des
réponses aux inquiétudes et aux questions de notre présent. Face à la crise qui
bouleverse aujourd’hui chacune de nos existences et certaines de nos évidences,
revenons aux fondamentaux de la construction européenne : la coopération
des Etats au service des peuples, le souci des réalisations concrètes et la
force de la solidarité au service avant tout de l’humain. Nous en avons besoin.
Car ce qui nous a donné la force de tenir au fil des
dernières semaines, ce sont bien ces « solidarités de fait » que la
déclaration Schuman appelait à placer au fondement de la construction
européenne : ces solidarités qui ont aujourd’hui le visage des soignants
allemands, roumains ou luxembourgeois occupés à sauver la vie de patients
italiens ou français, s’expriment dans chacun des gestes que nous faisons pour
nous aider les uns les autres, garantissent l’avenir de nos économies et de nos
emplois.
Demain, pour tirer toutes les leçons de la crise, il nous
faudra poursuivre, sur le terrain de la santé publique, l’affirmation de
l’Europe qui protège, conformément à l’appel lancé par le Président de la
République dès septembre 2017. Comment ? Là encore, en multipliant les
solidarités de fait, au service d’une Europe de la santé plus réactive, plus
souveraine et plus solidaire. Nous devrons nous assurer que l’Agence européenne
de contrôle des maladies puisse davantage donner l’alarme au premier signe de
danger, constituer des stocks stratégiques d’approvisionnement en produits et
équipements sanitaires, mutualiser nos efforts en matière de recherche,
renforcer les liens entre nos services hospitaliers. Nous devrons aussi tirer
toutes les leçons de cette crise pour mieux organiser notre espace commun,
Schengen, par exemple en instaurant un mécanisme de gestion plus intégrée de
nos frontières.
L’Europe de la déclaration Schuman, c’est aussi une Europe
capable « d’efforts créateurs » pour faire face aux périls qui
menacent, avec les Européens, mais aussi avec toutes les femmes et tous les
hommes du monde. C’est une Europe engagée pour la défense du multilatéralisme
et des biens publics mondiaux que sont la paix et la stabilité internationale,
mais aussi l’environnement, la biodiversité et la santé humaine, qui sont
intimement liées.
Plus que jamais sans doute, notre monde a besoin d’une
Europe déterminée à porter cette vision.
Aujourd’hui, l’Europe est très clairement au rendez-vous.
Elle a permis de mobiliser le monde entier pour rassembler d’ores et déjà 7,4
milliards d’euros de promesses de dons pour soutenir la riposte mondiale face
au Covid-19. Elle appuie les efforts des pays les plus vulnérables, notamment
ceux du continent africain, là encore en pleine fidélité à la déclaration
Schuman qui, dès 1950, soulignait la force des liens entre l’Afrique et
l’Europe.
Le moment venu, l’Europe sera encore là, aux côtés de ses
partenaires, pour renforcer la gouvernance sanitaire mondiale. Nous plaiderons
pour une réforme ambitieuse de la seule organisation de santé publique
universelle qui soit : l’OMS, qui doit avoir les moyens de jouer
pleinement le rôle indispensable qui est le sien. Nous plaiderons pour une
meilleure coordination des acteurs de la santé à l’échelle internationale. Nous
plaiderons pour mettre la transparence au centre du jeu, car c’est la meilleure
manière de nous préparer à affronter les pandémies qui pourraient nous frapper
demain. Pour alerter les gouvernements et informer le public, un Haut conseil
mondial de la santé humaine et animale pourrait voir le jour, sur le modèle du
GIEC.
Agir « sur un point limité mais décisif »,
apporter au monde « la contribution d’une Europe organisée et
vivante » : voilà ce que nous proposions aux Européens, il y a
soixante-dix ans. Les temps ont changé ; les défis d’aujourd’hui ne sont
pas ceux d’hier. Mais notre continent n’en est pas moins revenu à l’heure des
choix. Nous croyons, nous savons que l’esprit de la déclaration Schuman peut
encore nous guider. N’oublions jamais d’où nous venons, n’oublions jamais d’où
notre continent tire sa force – et nous continuerons à écrire ensemble notre
histoire, la grande histoire des solidarités qui ont fait l’Europe.
- [Intervention lors la réunion du Conseil de Sécurité des
Nations unies pour les 75 ans de la fin de la Seconde guerre mondiale sur le
sol européen]
J’appartiens à une génération née au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, dans une Europe en ruines, encore hagarde de la tragédie
qu’elle n’avait su conjurer. Une génération pour qui le dialogue et la
coopération des nations étaient, à l’évidence, le seul chemin possible. Une
génération qui, depuis soixante-quinze ans, a vu le monde changer – plusieurs
fois. Et qui s’est toujours efforcée d’agir en apprenant du passé. Une
génération d’Européens qui a aussi vu la douleur d’une Europe divisée pendant
près de 50 ans et qui a su in fine se réunifier dans le droit et la liberté
collective retrouvée.
En ce 8 mai, je voudrais vous dire ce que ces
soixante-quinze années signifient pour moi, aujourd’hui, du point de vue de la
stabilité et de la sécurité internationale et pourquoi nous souhaitons refonder
l’ordre mondial issu de la Seconde Guerre mondiale – en nous inspirant de
l’esprit de la Conférence de San Francisco, plutôt que de celui de Yalta.
Mais sans, pour autant, prétendre dire l’histoire. Je suis
un responsable politique, pas un historien. Et je sais que confondre les
registres, c’est risquer de verser dans l’instrumentalisation, voire la
réécriture du passé, qui ne servent qu’à s’exonérer de ses responsabilités ou à
semer la discorde – ce qui, d’ailleurs, va souvent de pair. Or il n’y a que
dans le respect de l’objectivité des faits, qui n’interdit pas la diversité des
mémoires, que nous pourrons tirer ensemble des leçons de notre histoire
commune.
Depuis 1945, nous avons d’abord appris que le meilleur
garant d’un ordre international stable, c’est un multilatéralisme fort,
c’est-à-dire un multilatéralisme vivant.
Si les institutions, les règles et les outils du
multilatéralisme viennent à se figer, si elles ne sont plus en prise avec la
réalité et ses urgences, alors elles sont contestées. La force du système des
Nations unies, c’est d’avoir toujours su se transformer pour épouser la marche
du monde. Depuis 1945, les réformes ont été nombreuses. Je pense au lancement
des opérations de maintien de la paix, au développement de l’outil des
sanctions ou encore à l’établissement de juridictions pénales internationales.
Défendre l’ordre multilatéral aujourd’hui, comme le fait la
France, comme le fait l’Europe, ce n’est donc pas défendre le statu quo. C’est
au contraire, réinventer constamment nos méthodes de travail et nos leviers
d’action, pour que jamais le multilatéralisme ne soit faible, comme il l’a été
dans l’entre-deux guerres.
C’est d’autant plus important que nous assistons aujourd’hui
à une brutalisation de la vie internationale qui doit nous alerter. Il est donc
urgent de revenir aux règles édictées, en 1945, par la Charte fondatrice de
notre organisation : l’encadrement par le droit de tout recours à la
force, dans la seule perspective de la sécurité collective, qui lie la sécurité
de chacun à la sécurité de tous.
C’est le sens de nos efforts, en Europe, pour rétablir sur
notre continent une architecture collective de sécurité et de confiance. Afin
de régler les conflits dits gelés. Afin de limiter le risque d’escalade
accidentelle. Afin de rendre opérationnels les dix principes clés adoptés à
Helsinki et réaffirmés à Paris, il y a bientôt trente ans et qui n’ont rien
perdu de leur pertinence.
Et c’est la préoccupation qui doit guider notre Conseil,
pour répondre aux défis d’aujourd’hui : le défi du terrorisme, le défi des
violences faites aux civils, les défis de la prolifération. C’est la
préoccupation qui doit guider notre Conseil pour lutter contre l’impunité, pour
combattre les inégalités, qui fragilisent les sociétés et les exposent à la
violence. Et, parce que la crise du Coronavirus amplifie les menaces pour la
sécurité collective, pour que nous puissions sans plus attendre apporter un
soutien clair à l’appel du Secrétaire général à une trêve humanitaire dans
l’ensemble des conflits armés.
Ce que je retiens du tournant de 1945, c’est enfin que les
Alliés n’ont pas attendu la victoire du 8 mai 1945 pour dessiner les contours
d’un nouvel ordre multilatéral : la déclaration des Nations unies date de
1942 ; la conférence de Bretton Woods a lieu en 1944. Car les sorties de
crise réussies sont les sorties de crise préparées – et préparées en commun.
Tout en continuant à nous battre pour faire reculer la
pandémie, nous devons donc commencer, dès aujourd’hui, à construire le
« monde d’après », en commençant, bien sûr, par le renforcement du
multilatéralisme de santé, en lien aussi avec les autres biens publics mondiaux
comme la biodiversité et le climat.
Comme le dit Timothy Snyder, dont je salue l’intervention,
« l’histoire ne se répète pas, mais elle nous instruit ». Sachons,
collectivement, tirer parti de ses leçons.
Florence Parly
(ministre des Armées)
- Il y a 70 ans, la déclaration
Schumann marquait le début de la construction européenne. Aujourd'hui, l'Europe
affronte une crise d'une ampleur inédite. Par notre unité, par notre
solidarité, nous relèverons les défis qui nous attendent et nous en sortirons
plus forts.
- Brigadier-chef Dmytro Martynyouk,
Brigadier Kévin Clément. Vous êtes, tous deux, nés sous des cieux différents.
Aujourd’hui, c’est du même drapeau tricolore que vous êtes enveloppés. Vous
êtes morts pour la France. Pour la France, vous avez tout donné. Pour vous,
nous ferons face. Car la mort n’a rien gagné. La mort peut frapper, elle est
déjà vaincue. Jamais aucune culture de mort ne pourra triompher tant que des
femmes et des hommes choisiront de risquer leur vie pour ce qui est plus grand
qu’elle. Et lorsque votre nom sera évoqué par ceux qui ne vous auront pas
connus mais s’efforceront de servir à leur tour dignement, on murmurera avec
respect et admiration : « ils ont servi, honnêtes et fidèles, au Premier
étranger de cavalerie. »
- 8 mai 2020, 75e anniversaire de la
paix en Europe. Souvenons-nous des femmes et des hommes qui se sont battus pour
la liberté. De leur combat, rien ne doit être oublié. Honorer leur engagement
est notre devoir, rien n’entamera la gratitude et l’admiration que leur porte
la Nation. Se souvenir pour former ensemble une France forte et audacieuse, une
France solidaire et unie.
Bruno Le Maire
(ministre de l’Economie et des Finances)
Accord à l’Eurogroupe sur une ligne de
trésorerie de 240 milliards d’euros pour les États qui le souhaitent, pour
faire face aux besoins de financement liés au Covid. La ligne de crédit du
mécanisme européen de stabilité sera donc opérationnelle le 1er juin.
Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- Pour relancer l’économie et
transformer la société, les bases sont déjà là. Avec 16 ministres européens de
l’écologie, nous appelons la Commission européenne à mettre en œuvre le Green deal
européen sans délai. La transition écologique est
la meilleure stratégie de sortie de crise.
- Le 8 mai
1945 les Alliés triomphaient de la barbarie nazie
et ouvraient une ère de paix et de reconstruction. N’oublions jamais ceux qui
sont tombés pour notre liberté.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l’Education)
- Près de 86 % [d'écoles ouvriront en France à partir de
lundi]. Ce qui correspond à 89 % des communes ayant au moins une école. Cela
représente plus de 1,5 million d'enfants. Les chiffres ont progressé : les
écoles accueilleront davantage d'élèves qu'annoncé jeudi, dans la limite de 15
élèves maximum par classe en élémentaire. Une grande partie des 14 % d'écoles
restantes devraient rouvrir d'ici à la fin du mois.
- Au mot " rentrée ", je préfère celui de
" reprise". Il s'agit d'amorcer un processus avec progressivité et
pragmatisme. En mai, l'objectif est que 100 % des élèves soient en lien avec
l'école! Ceux qui ne seront pas en classe continueront l'enseignement à
distance. Et nous mettrons tout en œuvre pour ramener les 4 % de
décrocheurs.
- Cela varie beaucoup d'un endroit à l'autre. Dans certains
sondages, c'est deux tiers des parents [qui préfèrent garder leurs enfants à la
maison]. Certains parce qu'ils ont une vulnérabilité ou qu'ils vivent avec une
personne vulnérable, d'autres parce qu'ils ont peur - et c'est malheureusement
dans les familles les plus défavorisées que la crainte est la plus forte. Mais
je pense que cette proportion va décroître. Notre protocole sanitaire, très
exigeant, limite les risques. Le respect des consignes pour les 30.000 enfants
de soignants accueillis pendant le confinement a montré sa pertinence. Dans
l'école de Poissy [Yvelines] où j'étais mardi avec le président de la
République, aucun cas de contagion n'a été détecté.
- On a un peu moins de deux mois pour inverser la tendance.
A nous de faire preuve d'un grand volontarisme. Tout le monde est mobilisé -
enseignants, conseillers principaux d'éducation, personnel médico-social,
associations, élus locaux… Les 300.000 élèves de CP et CE1 du réseau
d'éducation prioritaire, qui sont déjà par groupe de 12, sont en position
favorable pour reprendre la classe. Tout comme les 60.000 élèves des écoles
rurales.
- Même si nous laissons beaucoup de souplesse à chaque
école, la circulaire de reprise fixe des grands principes. La logique est
d'accueillir dans un premier temps les niveaux stratégiques : grande section de
maternelle, CP et CM2, puis d'alterner avec les autres niveaux. L'école en mai
ne sera pas une garderie car nous conservons la charpente des niveaux. Et nous
complétons avec des publics prioritaires : enfants en situation de handicap,
enfants des personnels indispensables à la vie de la nation et décrocheurs.
- Je souhaite que tous les enfants aient pu retrouver
physiquement leur école au moins une fois d'ici à la fin du mois. Dans
certaines villes, où les locaux sont exigus, il faudra s'adapter. J'ai proposé
aux communes de mettre en place des activités de sport, santé, culture et
civisme en dehors de l'école. Les élèves pourront aller, en petit groupe, au
musée, dans des parcs, pratiquer des activités physiques, suivre des formations
santé… C'est l'occasion de renforcer la coopération avec les collectivités.
- Les inégalités ne sont pas seulement sociales, mais
territoriales. Une commune rurale peut être mieux lotie que Paris pour des
raisons d'espace. Pour lutter contre ces inégalités, l'Etat débloquera 250
millions d'euros pour financer les nouvelles activités de sport, santé,
culture et civisme.
- Chaque école a sa vision. Mais beaucoup ont choisi d'accueillir,
par demi-groupes, des élèves de grande section, CP et CM2, complétés par des
groupes multiniveaux pour les publics prioritaires. Pour l'alternance, c'est
souvent une semaine sur deux. De nombreuses communes semblent opter pour des
repas à la cantine plutôt qu'en classe, en modifiant les horaires et en
multipliant les services.
- [Priorités] La première est psychologique : accueillir les
élèves, les écouter, voir comment ils vont. Les 12.000 personnels
médico-sociaux de l'Education nationale sont en première ligne. Puis il y aura
une dimension pédagogique. Après deux mois de confinement, il faut savoir où en
sont les élèves. Nous avons mis à la disposition des enseignants des fiches
rappelant les objectifs, niveau par niveau. Le mot-clé, c'est
" personnalisation". Le but n'est pas de boucler les programmes coûte
que coûte ; nous devons raisonner à cheval sur l'année prochaine.
- D'après nos dernières remontées, ils sont près de 50 % [d’enseignants
à reprendre lundi]. Cette proportion n'a rien de gênant : le nombre de présents
permet de bien accueillir les élèves qui reviennent. Il faut réamorcer les
choses tranquillement, sans que personne ne se sente un " malgré-nous"
de la présence physique. Les professeurs non présents en classe peuvent avoir
des vulnérabilités ou vivre avec des personnes vulnérables. Ils s'occuperont
de l'enseignement à distance pour les élèves à la maison. Sous différentes
modalités, tout le monde sera donc au travail.
- Notre système d'enseignement à distance s'est largement
amélioré. La plateforme du Cned Ma classe à la maison a recueilli 2,6 millions
d'inscriptions de familles, et 454. 000 professeurs l'ont utilisée. Dans un
sondage Ifop, 75 % des parents se déclarent satisfaits du système, qui a marché
grâce à l'engagement des professeurs. Les ressources ont été mises à jour :
des semaines de travail sont disponibles pour mai et juin. La nouvelle étape
que nous franchissons impose toutefois des adaptations. Par exemple, certains
élèves auront affaire à un professeur qui n'est pas le leur.
- A partir du 11 mai, les professeurs peuvent de nouveau
évaluer, même en cas d'enseignement à distance. Pour les classes à examen
(troisième, première et terminale), ces notes ne comptent pas pour le contrôle
continu mais elles donnent lieu à une appréciation des professeurs pour
éclairer les jurys d'harmonisation sur la motivation et l'assiduité des élèves.
- [Oral de français du bac] D'ici à la fin mai, je dirai si
on le maintient ou s'il devient du contrôle continu. L'oral de français est
compatible avec le respect des règles sanitaires. Donc, si les lycées rouvrent,
il pourrait avoir lieu. J'aurais été plus populaire en le supprimant, mais les
élèves me remercieront dans dix ans, en se souvenant de leur lecture de Phèdre
pendant le confinement. Cela dit, j'ai conscience que la période crée des
inégalités de situation et complique la préparation de l'examen. Je conseille
en tout cas de travailler les textes. Nous sommes une nation apprenante.
- Nous préparons tous les scénarios. L'hypothèse la plus
vraisemblable, c'est que le virus sera encore présent en septembre. Dans ce
cas, la rentrée ne ressemblera sans doute pas aux précédentes. Cette reprise de
mai-juin nous permet d'expérimenter des modalités de fonctionnement,
nécessairement mixtes, entre présence à l'école et enseignement à distance. Un
groupe de travail va réfléchir aux usages numériques, au travail en petit
groupe, à la place du sport et de la culture, que je souhaite développer… Les
professeurs qui pratiquaient la classe inversée – on envoie une leçon par
vidéo à la classe puis on travaille à partir de cela – ont eu une très bonne
adaptation à l'enseignement à distance pendant le confinement. C'est un exemple
de ce qui pourrait être développé à la rentrée. Nous devons aussi travailler
avec les collectivités locales sur la réorganisation de l'espace,
l'articulation scolaire et périscolaire. C'est l'occasion de moderniser le
système éducatif, de faire de notre école une réelle source de transmission du
savoir et d'épanouissement.
- Toutes les écoles vont pouvoir rouvrir : c'est conforme à
ce qu'a annoncé le Président, et c'est la responsabilité de l'Etat. Pour ne pas
rouvrir, il faut qu'une impossibilité locale réelle soit constatée par le maire
et l'Education nationale. Dans certaines communes rurales, on peut manquer de
personnel pour nettoyer les classes ; l'Etat est là pour aider à résoudre les
problèmes. Les quatre cinquièmes des écoles qui n'ouvrent pas tout de suite le
feront un peu plus tard. En revanche, certains, par exemple à l'est de Paris,
sont dans une posture politique. C'est le contraire de mon idée de la
République. Nous devons tous travailler, sans clivage, au droit à l'éducation
de tous les enfants.
- Les discours qui occupent le devant de la scène médiatique
ne doivent pas faire oublier la grande implication des enseignants ni leur
désir majoritaire de retrouver les élèves. Que certains responsables politiques
ou syndicaux prennent l'école pour un terrain de jeu politicien, c'est un fait.
Ils sont minoritaires. Dans ces circonstances exceptionnelles, il faut
rechercher l'unité nationale.
- Des parents peuvent se sentir lésés car leur enfant ne
retournera pas dès cette semaine à l'école. J'en suis évidemment désolé, mais
nous faisons le maximum pour que cela évolue positivement. Il faut accepter que
la réalité soit imparfaite. Je ne prétends pas que tout sera parfait le premier
jour, mais j'atteste qu'il y a une grande volonté de bien faire. Ce qui compte,
c'est l'amorce.
- Comme l'a rappelé la circulaire du Premier ministre, la
responsabilité de décider de l'ouverture d'une école incombe à l'État : cela
n'engage donc pas la responsabilité juridique du maire, sauf en cas de
violation délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de faute
caractérisée. Evitons la juridicisation de la vie publique. Je regrette que
certains soient déjà dans cette logique alors que nous sommes au cœur de la
crise. Pour ma part j'assume, politiquement, de dire que le droit à l'éducation
est prioritaire. Les pédiatres alertent d'ailleurs sur le danger bien plus grand
que court un enfant à rester six mois à la maison plutôt que d'aller à l'école
avec un protocole sanitaire très strict.
- Pour arriver aux décisions prises, j'ai consulté les
fédérations de parents d'élèves, les organisations syndicales, les directeurs
d'établissement… Le travail avec le Président, le Premier ministre et Jean
Castex [coordinateur national chargé du déconfinement] s'est poursuivi jusqu'à
la veille de la présentation du plan de déconfinement par Édouard
Philippe. Nous avons choisi de commencer par les plus jeunes, pour qui un
décrochage scolaire serait le plus dangereux. Je souhaite ardemment le retour
en classe des collégiens et lycéens dès que possible.
Franck Riester
(ministre de Culture)
- Je suis convaincu qu'on n'arrivera
à rebondir qu'en s'appuyant sur les arts, la culture et le patrimoine. Il nous
faut réinventer de nouvelles formes de réponses à l'envie d'art et de culture
de nos compatriotes.
- Je veux saluer la solidarité, le
talent et l’énergie de tous les artistes et créateurs européens. Partout en
Europe, ils nous accompagnent quotidiennement pour traverser la crise
sanitaire. Nous avons besoin d’eux pour préparer demain. Avec la Commission Européenne,
nous sommes mobilisés pour soutenir tous les acteurs de la Culture durant cette
période de résilience et après. Le modèle culturel européen est précieux mais
menacé. C’est un élément de notre souveraineté. Nous devons le défendre. Les
grandes plateformes auront demain l’obligation de financer la création
française et européenne, dans le respect des droits d’auteurs.
Muriel Pénicaud
(ministre du Travail)
- Pour réussir le déconfinement, les entreprises
doivent recourir au maximum au télétravail. Après avis des partenaires sociaux, nous publions ce jour un
guide pour aider les entreprises et les salariés dans cette organisation du
travail.
- Déclaration Schuman du 9 mai 1950. 70 ans plus tard, notre solidarité européenne de fait porte
sur la santé, l’écologie, le numérique, la capacité productive, et la souveraineté
internationale. Ensemble, rebâtissons une Europe plus concrète et proche des citoyens.
Julien Denormandie (ministre
de la Ville et du Logement)
L’Assemblée
Nationale a adopté un amendement de LaREM reportant la fin de la
trêve hivernale au 10 juillet pour éviter toutes expulsions locatives dans le
contexte actuel. Ensemble, nous agissons pour qu’à la crise sanitaire et
économique ne s’ajoute pas une crise sociale.
Marc Fesneau
(ministre des Relations avec le Parlement)
«Un jour viendra (...) où vous
toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes (…) vous vous
fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la
fraternité européenne.» Victor Hugo. Un jour qu’il nous appartient de défendre
et réinventer.
Adrien
Taquet (secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance)
- L'état d'urgence sanitaire sera
donc prolongé et ce jusqu'au 10 juillet et c'est une nécessité. (...) Le texte
qui proroge l'état d'urgence sanitaire n'est évidemment pas un blanc-seing et
le gouvernement en a conscience. (…) Le gouvernement se réjouit qu'après des
débats exigeants l'Assemblée et le Sénat soient parvenus à un accord sur un
texte équilibré qui assure autant l'efficacité de la lutte que le respect des
principes auxquels nous sommes toutes et tous attachés.
- Le confinement a été un succès
grâce aux Français. La réussite du déconfinement
du 11 mai reposera elle aussi sur notre
responsabilité collective : gestes barrières, distanciation physique,
télétravail, port du masque et vigilance dans les transports en commun. Dès
lundi, de nouvelles règles entreront en vigueur. Comme pour le confinement, les
forces de l'ordre privilégieront la pédagogie et les sanctions s'appliqueront
progressivement. Le taux de verbalisation (6%) montre que les Français
respectent les règles.
Amélie
de Montchalin (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes)
- 70 ans après la Déclaration
Schuman, construisons une Europe plus réactive, plus solidaire, et plus souveraine pour
protéger la santé des Français et des Européens.
- Il y a un an jour pour jour le
Président rassemblait 9 États membres pour une Europe neutre en carbone en
2050. Depuis, cet objectif est partagé par tous. Nous pesons aujourd’hui pour
que la relance soit réellement verte.
- Nous Européens devons affirmer plus
fortement notre autonomie stratégique, notre souveraineté industrielle,
technologique, sanitaire. Aucune autre puissance ne doit écrire l’histoire de
l’Europe à sa place.
- Le Président Emmanuel Macron a été a
l’initiative d’une stratégie commune de l’Europe pour combattre le Covid19. Aujourd’hui la France
est volontaire pour accueillir une partie de la réserve sanitaire européenne destinée
à anticiper les crises.
Cédric O (secrétaire
d’Etat chargé du numérique)
La question du numérique et des startup doit être au cœur du plan
de relance, auquel nous réfléchissons.
Agnès
Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre
de l'Economie et des Finances)
- J'annonce que nous allons signer
quatre contrats dans les prochains jours pour relancer une production de
masques chirurgicaux et FFP2 en France avec quatre nouveaux acteurs.
- Avant la crise, la France
fabriquait 3,5 millions de masques FFP2 et chirurgicaux par semaine. Fin mai
nous aurons une production hebdomadaire de 20 millions de masques FFP2 et
chirurgicaux par semaine.
- Le sujet des masques a mis en évidence notre
dépendance industrielle par rapport à un autre pays. Nous avions commencé à
poser les fondements d’une reconquête industrielle, nous devons accélérer et développer en France
des capacités de production.
- A partir du 11 mai, ce sont plus de
200 millions de masques par semaine qui approvisionneront la France. Ils
permettront de couvrir l’équivalent de 900 millions d’usages uniques.
Olivier Dussopt
(secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics)
Entrée en vigueur du forfait «mobilité durable» dès le 11
mai au lieu du 1er juillet (décret et arrêté). Soutenir le recours par les
agents publics à des modes de transports alternatifs dès la sortie de
confinement.
Sibeth Ndiaye
(porte-parole)
- Nous célébrons aujourd'hui la Journée de l’Europe. La crise
inédite que nous traversons nous rappelle l'importance d'agir ensemble. Seule
une réponse commune nous permettra d'être à la hauteur des enjeux. Plus que
jamais, nous avons besoin d'une Europe souveraine et solidaire !
- Nous mettons à disposition des préfets un stock de 5M de
masques par semaine qui seront distribués gratuitement aux personnes en
situation de grande fragilité économique, et rembourserons à hauteur de 50% les
collectivités locales qui effectuent des distributions de masques.
- Il est important d’écouter les
scientifiques. Nous prenons toutes nos décisions en nous appuyant sur un
rationnel scientifique et sanitaire. C’est le cas par exemple en matière
d’usage de masques et de tests.
● LaREM
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Richard Ferrand
(président de l’Assemblée nationale)
- [Point du vue avec Meritxell Batet, présidente du Congrès
des députés, Espagne ; Roberto Fico, président de la Chambre des députés,
Italie ; Wolfgang Schäuble, Président du Bundestag, Allemagne: «La fin de la
guerre et la Journée de l’Europe»]
La victoire de la liberté et de la démocratie sur le
totalitarisme, il y a 75 ans, a marqué une rupture et un nouveau commencement
pour l’Europe. Aujourd’hui, même si chacun la commémore d’une manière qui lui
est propre, cette victoire témoigne de la volonté de réconciliation entre les
nations européennes. Celle-ci a tracé un chemin de coopération qui n’a pas
d’équivalent dans notre histoire.
En célébrant aujourd’hui la « Journée de l’Europe », nous
réaffirmons notre confiance dans cette capacité à surmonter les crises qui sont
les nôtres. Nous rappelons ainsi le plan visionnaire de Robert Schuman,
présenté cinq ans seulement après la fin de la guerre, dans une situation bien
plus sombre encore que celle que nous connaissons aujourd’hui. Après la crise
la plus dévastatrice qui ait jamais frappé notre continent, l’intégration
européenne a permis la reconstruction et la plus longue période de paix et de
prospérité. Avec la chute du Rideau de fer, il y a trente ans, elle s’est muée
en un projet pour l’Europe entière. Ce qui décidera de son avenir, et de celui
de la zone euro, ce sera de savoir si, et avec quel succès nous réussirons à
relever ensemble les défis du présent – et surtout, si nous trouverons une voie
européenne pour arrêter la propagation du Coronavirus de manière rapide et
responsable, pour lutter contre ses conséquences et veiller à ce que les
ressources nécessaires soient mobilisées afin de permettre à tous les États
membres de suivre la voie de la relance économique commune.
Pour cette nouvelle mission de reconstruction et de réforme,
nous avons besoin, maintenant, d’une initiative de l’Union européenne afin de
faire face, solidairement et en concertation étroite, aux conséquences massives
de la pandémie sur l’économie et la société. Afin de déployer, par des idées
créatives dans la lutte contre cette crise, une nouvelle dynamique qui permette
à l’Europe de s’affirmer dans la concurrence internationale.
L’Union européenne avance en temps de crise. Chaque crise
dans le passé a donné lieu à des accords sur une coopération plus intense et
des mesures communes plus fortes. De même, chaque plan de reconstruction est
aussi un plan de réforme. Nous ne voulons pas revenir au point de départ, mais
nous voulons progresser vers les objectifs que nous nous sommes fixés ensemble.
Il nous faut pour cela un accord sur l’orientation commune et un plan de réforme
pour pouvoir mieux répondre aux défis de notre temps – ceux que nous
connaissons déjà et ceux que la crise actuelle fait naître. La pandémie de
Coronavirus que nous continuons de subir montre la nécessité de lutter contre
les carences et les dysfonctionnements qui sont la conséquence d’une
mondialisation débridée. Celle-ci appelle à des changements structurels, qu’ils
soient politiques, économiques, sociaux ou écologiques : des changements que
l’on ne pourra atteindre qu’en unissant nos forces pour garantir les droits et
les services aux citoyennes et aux citoyens. La réponse à la crise sanitaire a
mis clairement en avant la multitude des possibilités qu’offre la numérisation
croissante de notre quotidien, mais aussi les risques qu’elle comporte ; elle
montre que l’État doit en prévenir les conséquences possibles que sont
l’exclusion et la discrimination et qu’il doit garantir les libertés
individuelles, qui sont d’une importance fondamentale dans notre communauté
politique.
Dans la reconstruction de nos systèmes économiques, nous
devrons mettre particulièrement l’accent sur leur durabilité sociale et
environnementale. Nous ne saurions nous soustraire une nouvelle fois à notre
responsabilité dans la lutte contre le changement climatique et pour la préservation
de la biodiversité, ni ne pouvons minimiser le discours scientifique. De
surcroît, nous avons, en tant qu’Européens, une responsabilité commune en ce
qui concerne la stabilité et le développement de nos voisins immédiats, en
particulier des États africains – notamment en raison des problèmes non résolus
engendrés par la migration dans le monde.
La solidarité qui fut à l’origine de la fondation de l’Union
européenne n’a pas fait de distinction selon l’histoire, le parcours ou la
responsabilité de tel ou tel pays. Elle a simplement demandé en contrepartie de
la légitimité démocratique, de la volonté et de l’engagement, ainsi que la
reconnaissance de valeurs communes et le respect des règles convenues. Elle
n’était pas tournée vers le passé, mais vers l’avenir et reflète davantage la
conscience qu’ensemble nous pouvons mieux relever les défis de notre temps.
Elle manifeste la conviction qu’une réponse concertée entre tous aux problèmes
rencontrés par chaque membre en particulier est toujours, compte tenu des liens
et des intérêts qui nous unissent, la meilleure réponse pour toute l’Europe et
pour chaque État membre.
Pourtant, dans de nombreux États membres, ceux qui mettent
en doute le sens du processus d’intégration européenne font de plus en plus
entendre leur voix. Ils exploitent la crise du Coronavirus pour attiser la
confrontation entre les populations et pour amplifier les tendances à la
division. Ils traitent avec mépris les efforts difficiles et les lourdeurs
inévitables pour parvenir au consensus et à la coopération, et ils en profitent
pour remettre en question la légitimation des institutions elles-mêmes.
Cependant, au cœur de la crise, l’Union européenne et ses États membres
agissent depuis longtemps dans un esprit de solidarité, tant au niveau
logistique que financier.
Si nous nous fixons aujourd’hui de nouveaux objectifs
communs, il ne s’agit plus tant de répondre d’abord à la question fondamentale
de savoir si nous voulons plus ou moins d’Europe mais, pragmatiquement, comment
nous allons, le plus rapidement possible, améliorer et renforcer l’Union des 27
États membres, et accroître sa capacité d’action. En effet, même dans un monde
globalisé que la crise du Coronavirus aura complètement changé, aucune nation
européenne n’existera par elle-même. L’Europe reste notre meilleur instrument
pour nous affirmer efficacement en rassemblant nos capacités, et pour pouvoir
ainsi façonner la réalité selon notre propre échelle de valeurs.
La réalité change, et les identités changent avec elle.
L’Union européenne ne veut ni remplacer les États ni gommer les différences
nationales. Les citoyennes et citoyens d’Europe ont depuis longtemps le
sentiment d’avoir beaucoup plus de choses en commun que de choses qui les
divisent. C’est sans aucun doute le cas pour les défis communs, mais aussi pour
les valeurs communes de liberté, d’État de droit et de démocratie, ainsi que
pour l’aspiration au progrès et à la solidarité. Nous faisons nôtre l’héritage
philosophique, social et culturel de chaque pays, et nous nous reconnaissons à
de multiples égards dans les créations et dans les rêves de nos concitoyens
européens, quelle que soit leur nationalité. De cela peut jaillir une identité
européenne propre, qui sera le fondement d’une démocratisation accrue du projet
européen.
Le pluralisme de la société se reflète dans les parlements
nationaux, où nous avons l’habitude d’aplanir nos différences d’intérêts et de
prendre des décisions, à travers le compromis ou à la majorité. La diversité,
c’est aussi ce qui caractérise l’Europe. Le processus d’intégration requiert
dès lors que nous soyons toujours capables de nous mettre à la place de
l’autre, d’intégrer sa perspective. Que nous soyons du Nord ou du Sud, de
l’Ouest ou de l’Est, c’est de cette manière seulement que nous pouvons prendre
en compte tous les points de vue et parvenir finalement à une action commune.
En cette « Journée de l’Europe », 75 ans après la fin de la guerre, et face au
plus grand défi de ces dernières décennies, les parlements nationaux
réaffirment la responsabilité commune qui est la leur pour œuvrer en tant que
charnière entre la population et les institutions européennes afin de renforcer
encore l’idée européenne et de raviver une Europe proche du citoyen, consciente
de sa responsabilité dans le monde et pour le monde. Une Europe solidaire et
démocratique, qui peut discuter en son sein, mais qui plus jamais ne se
laissera diviser.»
- Commémoration du 10 mai, journée nationale des
mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. N'oublions jamais.
- Après l’accord élaboré en
commission mixte paritaire, le projet de loi prorogeant l’état d’urgence
sanitaire est adopté par les députés. Plus que jamais, le travail parlementaire
s’effectue en responsabilité face à la crise.
- Le 8 mai
1945 la France et ses alliés obtenaient la
capitulation de l’Allemagne nazie. A l’Assemblée, avec les députés présents,
cérémonie d’hommage aux combattants de la liberté et aux victimes de la guerre.
En leur mémoire, la représentation nationale se souvient.
Stanislas Guerini
(délégué général)
[Tribune coécrite avec le député européen Stéphane Séjourné:
«L'Europe a besoin d'un nouvel acte hardi et constructif»]
Jean Monnet savait de quoi il parlait quand il disait que
'l'Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées
à ces crises'. Depuis 70 ans et la déclaration Schuman, on ne compte plus les
improvisations, les frayeurs, les catastrophes annoncées
Du rejet français de la CED qui aboutit à la Communauté
européenne en 1957 aux conseils interminables des années 2010 qui sauvèrent
l'Euro de justesse, l'Europe semble être fait sienne la maxime de Rostand :
'C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière'. La crise du Covid ne
fera pas exception, ainsi espèrent tous ceux qui croient en l'Europe.
Pourtant, à notre insu, un doute s'est installé. Alors que
la France a les yeux rivés sur son confinement qui finit et son déconfinement
qui commence, la Cour constitutionnelle allemande a rendu une décision dans
laquelle elle déclare 'ne pas être liée par la décision de la CJUE'.
Deux piliers de la construction européenne risquent
ainsi d'être remis en cause : la primauté du droit européen et
l'intégration par l'économie. Déjà les gouvernements européens les moins
scrupuleux se frottent les mains : si certains négligent le droit européen
pour des motifs économiques, pourquoi ne pas le faire quand il s'agit de
petites entorses à l'Etat de droit?
Depuis trois ans et sous l'impulsion du président Macron,
l'Europe avance. La défense européenne, le 'Green New Deal', les jalons d'une
vraie politique industrielle commune sont autant de succès inédits à mettre au
crédit de la France. A l'étranger, parmi les Européens convaincus et les
observateurs, on le sait souvent mieux que chez nous.
La France ne doit plus être seule quand elle demande, sommet
après sommet, un budget européen
Mais les vents sont contraires : les dirigeants populistes
font pression, l'Europe peine à se faire entendre même quand elle livre
des masques, les égoïsmes nationaux jouent à plein, la Chine déverse sa
propagande et les Etats-Unis se claquemurent. Aujourd'hui encore, au
faîte d'une crise qui dévaste les économies de plusieurs pays, il est
encore des gouvernements qui refusent la solidarité et la mutualisation.
Il y a 70 ans jour pour jour, Robert Schuman ouvrait sa
déclaration par ces mots : 'Il n'est plus question de vaines paroles, mais d'un
acte, d'un acte hardi, d'un acte constructif.' Pour faire face à la crise
que nous vivons, nous avons de nouveau besoin d'un acte hardi et
constructif pour concrétiser une Europe qui protège. La France ne
doit plus être seule quand elle demande, sommet après sommet, un budget
européen, des investissements massifs dans la santé et l'environnement, bref,
une Europe politique. Cet acte ne sera pas moins important que celui de
l'après-guerre. A l'époque, les pays européens avaient répondu présents.
Pourra-t-on en dire autant aujourd'hui?"
Gilles
Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
- Alors que nous célébrions hier le
70e anniversaire de la déclaration Schuman, les présidents des trois
principales institutions de l’UE appellent à une Union plus transparente, plus
audacieuse, plus solide.
- L’économiste et le prix Nobel de la
paix Muhammad Yunus appelle à repenser le monde de l’après. Pour lui, la
reconstruction doit être sociale et écologique.
Aurore Bergé
(porte-parole)
- C'est ensemble, avec un déconfinement
progressif et responsable que nous réussirons. Un déconfinement qui permet de
retrouver nos proches, nos lieux de travail, nos commerces, nos forêts.
- Aux côtés de 56 organisations de
protection animale,de nombreux scientifiques et personnalités, je cosigne une
tribune [pour que] la relance économique intègre la protection des animaux et
de l'environnement.
- Pendant le confinement, la culture
aura été un refuge quotidien. Merci à tous les artistes pour ce que vous avez
partagé et offert. Il nous appartient de nous en souvenir alors que nous
commençons demain le déconfinement et que le secteur culturel est si durement
frappé.
Olivia
Grégoire (députée)
- La loi Pacte a permis la création des entreprises à
mission, a fait avancer le partage de la valeur au sein de l’entreprise avec la
suppression du forfait social sur l’intéressement et la participation. Nos
intuitions ont été les bonnes et la crise ne fait que les renforcer. Il faut
maintenant aller plus loin, se diriger vers plus de pratiques vertueuses. Dans
le cadre de son opération "Reconstruire ensemble" menée sur la base
d'une grande consultation des Marcheurs, La République en marche a donc chargé
un groupe d’experts et d’élus de travailler autour d’un triptyque de
proposition fondé sur le « faire » (production), « l’être » (raison sociale de
l’entreprise) et « l’avoir » (répartition de la valeur).
- L’importance des principes environnementaux, sociaux et de
bonne gouvernance (ESG) dans la performance de l’entreprise est une évidence,
mais la conditionnalité des aides d’Etat n’est encore qu’une piste de travail.
Je crois sincèrement que la performance extra-financière est un actif pour la
compétitivité de l’entreprise aujourd’hui et on voit bien que l’opinion
publique ne comprend pas que de très grandes entreprises ayant bénéficié du
soutien public augmentent leurs dividendes. Au vu des moyens engagés depuis
deux mois par l’Etat – on parle ici de l’argent du contribuable –, on ne peut
plus continuer à soutenir aveuglément les entreprises non vertueuses.
Je soumettrai au groupe de travail une modulation de l’impôt
sur les sociétés (IS) en fonction de critères écologiques ou sociaux, comme sur
le partage de la valeur dans l’entreprise. En cas de versements
disproportionnés de dividendes, la baisse de l’IS, comme l’octroi d’aides
publiques, pourrait être remise en cause. Je mets de côté les TPE et PME pour
qui la situation est différente. Mais sur les grandes entreprises, je pense que
nous devons mieux encourager un certain nombre de pratiques vertueuses comme
l’a fait le président de la République en réponse à la crise des Gilets jaunes.
Ce sujet avance bien dans la majorité mais ce sera tout l’enjeu des prochaines
semaines que de trouver des solutions efficaces, puis de convaincre le
Gouvernement de les adopter.
- Comme Bruno Le Maire, je privilégie toujours la liberté et
l’incitation. Mais vu l’état de l’économie et vue l’urgence de la crise que
nous traversons, j’estime pour ma part qu’il ne faut pas se priver de réfléchir
à sanctionner les non vertueux. Prenons l’exemple de l’allègement des impôts de
production, pour l’essentiel des impôts locaux. Il serait logique de
conditionner ces allègements à des objectifs clairs en matière de recyclage, de
sobriété énergétique ou d’emplois.
- [Nationalisations transitoires autorisant la participation
partielle et temporaire de l’État au capital d’entreprises engagées dans un
changement de modèle vertueux ] C’est une idée qui a émergé de nos premiers
échanges au sein du groupe. Elle consisterait à appliquer à de plus petites
entreprises ce qui a été commencé avec Air France KLM. L’Etat pourrait
s’engager au capital de PME ou d’ETI éloignés des bonnes pratiques ESG, comme
le transport routier ou d’autres industries polluantes. La puissance publique
pourrait les accompagner pour les inciter à basculer vers un modèle plus
performant. (…) Il s’agit simplement de voir comment on peut encourager les
comportements vertueux, soit par une participation de l’Etat, soit par une aide
supplémentaire, soit par une modulation de l’IS. On pourrait aussi imaginer des
fonds communs de placements dédiés aux PME engagées dans la transition
écologique. Beaucoup d’épargnants sont prêts à se positionner sur des
entreprises durables.
- Je m’intéresse de très près à la taxe Zucman [Gabriel
Zucman, économiste français]. L’idée globale, c’est de mettre une taxe sur le
chiffre d’affaires mondial des géants du numérique, dont une fraction serait
payée dans chaque pays au prorata de l’activité que l’entreprise y réalise. Si
Apple fait 10 % de ses ventes en France, Apple paye 10 % de la base taxable en
France. Evidemment, ce serait une solution radicale, mais nous pensons qu’il
peut être intéressant de la prendre comme base de réflexion pour avancer sur ce
sujet qui paralyse l’Union européenne, au besoin en encourageant la France à
montrer l’exemple.
- Il est devenu insupportable pour les gens, les TPE, les
PME, d’être toute la journée sur leur Mac, de dépendre Google et d’Amazon, et
de constater que ces géants paient si peu d’impôts en France. D’autres membres
du groupe de travail suggèrent de s’intéresser à une redevance pour l’accès aux
infrastructures numériques… Débattons ! Il n’est pas temps de s’interdire à
réfléchir.
●MoDem
Sarah El Hairy
(porte-parole)
- Souvenons nous des victimes d'hier
et d'aujourd'hui en cette journée des mémoires de la traite, de l'esclavage, mais aussi de son
abolition.
- Une reconnaissance infinie pour les
pères de l'Europe, car l'Europe pour moi c'est avant tout d'avoir connu que la Paix.
●UDI
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ne sont pas retranscrits]
La première assise d'une Fédération
européenne indispensable à la préservation de la paix: voilà ce qu'est le
discours de Robert Schuman. 70 ans après, l'Europe est redevenue notre
meilleure chance pour préserver notre mode de vie et organiser notre puissance.
●Mouvement radical
Laurent Hénart
(président)
Elle est aussi fragile et imparfaite
qu'indispensable. Sans Europe, pas de réponse efficace aux urgences sanitaires,
économiques, écologiques et sociales.
● Autres
(Personnalités ou
organisations centristes)
Jean-Pierre Raffarin
(ancien premier ministre)
L’Europe, c’est nous.