● Emmanuel Macron
(Président de la République)
- C’est un moment déterminant pour la
communauté mondiale. En nous mobilisant aujourd’hui autour de la science et de
la solidarité, nous semons les graines d’une plus grande unité demain.
- La liberté de la presse est garante
de la vie démocratique. L'accès à une information libre et transparente,
permettant le débat, est clé en cette période. Je salue les journalistes qui,
de par le monde, assurent ce travail essentiel dans des conditions parfois
difficiles.
- Aux artistes qui se sont exprimés,
je veux dire que je les entends. L’État continuera de les accompagner,
protègera les plus fragiles, soutiendra la création. L’avenir ne peut
s’inventer sans votre pouvoir d’imagination. Mercredi j'annoncerai des
premières décisions en ce sens.
- [Déclaration commun de Giuseppe Conte, Président du Conseil
de la République italienne, Emmanuel Macron, Président de la République
française, Angela Merkel, Chancelière d’Allemagne, Charles Michel, Président du
Conseil européen, Erna Solberg, Premier Ministre de la Norvège et Ursula von
der Leyen, Présidente de la Commission européenne]
«La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés». Ces mots
sont ceux de Louis Pasteur, l'un des plus grands scientifiques au monde, à
l’origine de découvertes et avancées majeures qui ont sauvé des millions de
vies au cours des trois derniers siècles.
Aujourd’hui encore, nous sommes confrontés à un virus qui se
propage dans tous les pays et sur tous les continents, s'introduisant dans nos
foyers et dans nos cœurs. Ce virus a causé ravages et souffrances aux quatre
coins du monde, nous privant du contact des personnes que nous aimons, de la
joie associée aux moments de convivialité simples, de la fréquentation des
lieux que nous affectionnons.
Ce sacrifice, ainsi que les efforts héroïques du personnel
médical et soignant ont contribué à stopper l’évolution de la pandémie dans de
nombreuses régions du monde. Alors que certains sortent prudemment du
confinement, d'autres restent encore isolés et voient leur vie sociale et
économique sévèrement impactées. Les conséquences pourraient être
particulièrement dramatiques en Afrique et dans les pays du Sud.
Ce que nous partageons tous en commun en revanche, c’est la
certitude qu’aucun d’entre nous ne peut vraiment penser ou planifier quel sera
l'avenir de la pandémie.
Aucun de nous n'est à l’abri du virus, aucun de nous ne peut
le vaincre seul. Nous partageons donc un intérêt commun dans la lutte contre le
virus. Nous ne serons vraiment en sécurité que lorsque nous le serons
totalement tous – dans tous les villages, villes, régions et pays du monde.
Dans notre monde interconnecté, le système de santé mondial est aussi fort que
sa partie la plus faible. Nous devrons nous protéger les uns les autres pour
nous protéger nous-mêmes.
Cela pose un défi unique et résolument mondial. Et il est
impératif que nous nous donnions les meilleures chances de le relever. Il faut
se rassembler pour obtenir les vaccins, les traitements et les thérapies dont
nous avons besoin pour rendre notre monde sûr à nouveau, tout en renforçant les
systèmes de santé qui les rendront disponibles pour tous, avec une attention
particulière pour l'Afrique.
Nous mettons donc en œuvre l’engagement des dirigeants du
G20 à organiser une riposte massive et coordonnée contre le virus. Nous
soutenons l’appel à l’action de l’OMS et des autres acteurs de la santé
mondiale, avec lesquels nous avons créé une plateforme de coopération mondiale
(Access to COVID-19 Tools – ACT) pour accélérer et intensifier la recherche, le
développement, l'accès et la distribution équitable du vaccin et d'autres
traitements thérapeutiques et diagnostiques vitaux. Nous posons ensemble les
bases d'une véritable alliance internationale pour lutter contre le COVID-19.
Nous sommes déterminés à travailler ensemble, avec tous ceux
qui partagent notre attachement à la coopération internationale. Nous sommes
prêts à mener et à soutenir la réponse mondiale.
Notre objectif est simple : le 4 mai, nous souhaitons lever,
via une grande conférence en ligne d’appel aux dons, un montant initial de 7,5
milliards d'euros (8 milliards de dollars) pour combler le déficit de
financement mondial estimé par le Conseil mondial de suivi de la préparation et
d'autres acteurs.
Nous mettrons tous nos engagements respectifs sur la table
et serons heureux d'être rejoints par des partenaires du monde entier. Les
fonds collectés donneront le coup d'envoi d'une coopération mondiale sans
précédent entre les scientifiques et les régulateurs, l'industrie et les
gouvernements, les organisations internationales, les fondations et les
professionnels de la santé. Nous soutenons l'Organisation mondiale de la santé
et nous sommes ravis de nous associer à des organisations expérimentées telles
que la Fondation Bill et Melinda Gates, le Wellcome Trust.
Chaque euro sera acheminé principalement par le biais
d'organisations de santé mondiales reconnues telles que la coalition pour les
innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), l'alliance GAVI
(Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination), le Fonds mondial ou
UNITAID et ce, afin de développer et déployer le plus rapidement possible, pour
le plus grand nombre possible, les diagnostics, les traitements et vaccins qui
aideront la planète à surmonter la pandémie. Si nous arrivons ensemble à
développer un vaccin produit par le monde entier, pour le monde entier, on
pourra alors véritablement parler d’un bien public mondial d’une importance
unique pour notre siècle. Avec nos partenaires, nous nous engageons à le rendre
disponible, accessible et abordable pour tous.
C’est le devoir de notre génération et nous sommes
convaincus d’atteindre notre objectif. Les technologies de santé de haute
qualité et à faible coût ne sont pas un rêve. Nous avons vu comment les
partenariats public-privé ont réussi à mettre de nombreux vaccins vitaux à
disposition des personnes les plus pauvres de la planète au cours des deux
dernières décennies.
Nous savons que cette course sera longue. À partir
d'aujourd'hui, nous sprinterons vers notre premier objectif mais nous serons
prêts pour un marathon. L'objectif actuel ne couvre que les besoins initiaux.
La fabrication et la livraison de médicaments à l'échelle mondiale
nécessiteront des ressources bien supérieures à cet objectif.
Ensemble, nous devons nous assurer que toutes les ressources
continueront d'être mobilisées et que des progrès seront réalisés pour parvenir
à l'accès universel à la vaccination, au traitement et au dépistage.
C'est un moment déterminant pour la communauté mondiale. En
nous mobilisant aujourd'hui autour de la science et de la solidarité, nous
semons les graines d'une plus grande unité demain. Guidés par les objectifs de
développement durable, nous pouvons repenser le pouvoir de la communauté, de la
société et de la collaboration mondiale, afin de nous assurer que personne ne
soit laissé pour compte.
Le monde se bat contre le Covid-19. Et ensemble, nous gagnerons.
● Gouvernement
[Nota: dans ce
gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons
cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie
selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Christophe Castaner
(ministre de l’Intérieur)
- Notre objectif, c’est le
déconfinement à partir du 11mai. Il sera nécessairement progressif et suppose que nous
fassions collectivement preuve dans les semaines qui viennent du même civisme
et du même esprit de responsabilité.
- Le 11 mai, nous entrerons dans une
nouvelle étape de notre combat contre le COVID19. Le moment sera venu de reprendre nos vies progressivement,
patiemment, prudemment avec le même esprit de civisme et de responsabilité dont
ont fait preuve les Français pendant le confinement.
- Le projet de loi prolongeant l’état
d’urgence sanitaire adapte notre cadre législatif dans la perspective du
déconfinement, notamment en matière de déplacements, d’ouverture des lieux
publics. Ce texte élargit par ailleurs la liste des personnes habilitées à
constater les infractions aux règles de l’état d’urgence sanitaire. Je veux
saluer l’engagement et le dévouement de toutes celles et tous ceux qui
concourent à la protection de leurs concitoyens depuis le 17 mars.
- Mon rôle n'est pas de contredire
les maires qui prendraient des arrêtés sur le port du masque : le juge des
référés du Conseil d’État a rendu sa décision. Ma volonté est de travailler
main dans la main avec les élus locaux et d'être à leurs côtés pour protéger
leurs administrés.
- Le 23 mai, nous rendrons compte au
Parlement de la situation sanitaire du pays : c'est en fonction de ces données
que nous pourrons nous prononcer sur le scrutin municipal dans les communes où
le premier tour n’a pas été décisif. Mes services travaillent à toutes les
éventualités.
Bruno Le Maire
(ministre de l’Economie et des Finances)
- Il faut que nous soyons prêts pour
le 11mai. Il est
indispensable que le plus grand nombre de Français puissent reprendre le chemin
du travail et retrouver une vie la plus normale possible.
- Le Fonds de solidarité sera
maintenu jusqu’au 31 mai pour toutes les entreprises. Après le 1er juin, il
sera maintenu pour les activités qui ne pourront pas redémarrer lors du
déconfinement, comme les restaurants ou les bars. Le deuxième étage d'aide du
Fonds de solidarité allant jusqu’à 5000€ versé par les Régions est désormais
élargi aux entreprises sans salariés et aux indépendants qui ont été obligés de
fermer sur décision administrative. Cet argent peut contribuer à payer les
loyers
Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
Il faut baisser drastiquement les
flux, c'est ce qui rendra possible le respect de la distanciation dans les
transports. Dans certains cas, nous n'excluons pas de fermer certaines stations
pour pouvoir s'assurer que le flux d'entrée dans les transports en commun est
bien maîtrisé.
Olivier Véran
(ministre de la Solidarité et de la Santé)
- J'annonce 100 millions de masques
chirurgicaux et FFP2 par semaine pour permettre à tous les professionnels de
santé de reprendre une activité normale. Médecins, sages-femmes, dentistes,
pharmaciens, infirmiers, kinés, orthophonistes, podologues, orthoptistes, etc.
- C'est par le respect du confinement
que les Français ont réussi à faire reculer le COVID19 et sauver des dizaines de milliers de vies. C'est en tenant
encore jusqu'au 11mai qu'ils rendront possible le retour progressif à une vie sans
confinement.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Action et des Comptes publics)
- Les possibilités de report des
charges sociales seront reconduites au mois de mai pour les entreprises
confrontées à des difficultés. Depuis mars, ce sont déjà 17 milliards d’euros
de charges sociales qui ont été reportées.
- Je tiens à rendre hommage aux
douaniers qui font un travail exceptionnel dans cette période difficile. Grâce
à eux, nous arrêtons tous les jours des cargaisons de masques qui ne respectent
pas les normes, c’est-à-dire des masques qui ne protègent pas efficacement
contre le virus.
Muriel Pénicaud
(ministre du Travail)
- La reprise de l’activité économique
va de pair avec la protection de la santé des salariés. C’est LA condition
nécessaire pour le retour au travail. Nous publions des guides par métiers et
un protocole national de déconfinement pour aider les entreprises.
- Le télétravail doit rester la norme
pour toutes les activités qui le permettent pour les prochaines semaines. Ceux
qui le peuvent doivent continuer à télétravailler pour un déconfinement plus serein et
progressif.
- Il y a aujourd'hui 5 millions de
Français qui travaillent en télétravail, et dans le contexte de déconfinement
progressif, c'est important qu'ils continuent à télétravailler.
Agnès
Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre
de l'Economie et des Finances)
- [Masques] Il n'y a pas de stocks cachés dans la grande distribution.
Nous avons travaillé main dans la main avec les enseignes, comme avec
l'ensemble des circuits de distribution, pour préparer le déconfinement.
- Le premier importateur français de
masques, c’est l’Etat et plus particulièrement Santé publique France qui a
commandé près de 3 milliards de masques pour les personnels de santé. Plus de
100 millions de masques sont importés chaque semaine pour eux.
- C'est très largement le public qui
importe le plus de masques en France mais on ne peut pas se passer de l'appui
du privé.
- Le décret plafonnant le prix de
vente des masques à usage unique de type chirurgical à 95 centimes est paru
dimanche au Journal officiel. Il est d’application immédiate.
Emmanuelle Wargon
(secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et
solidaire)
- Les plus pauvres auront besoin de
nous en France comme partout dans le monde. Ne les oublions pas dans la
construction du monde d’après.
- Préparer l’avenir, pour une
économie solide, avec une exigence écologique forte, une volonté de justice
sociale et une attention particulière à porter aux plus pauvres. C’est notre
responsabilité, à tous.
Jean-Baptiste
Djebbari (secrétaire d’Etat aux Transports)
Avec mes homologues allemand, italien
et espagnol, j’ai demandé à la commission européenne: l’harmonisation des
mesures sanitaires de déconfinement dans les transports;
un soutien aux opérateurs qui seront essentiels à
la relance économique et écologique.
Marlène Schiappa
(secrétaire d’Etat à l’Egalité hommes-femmes et à la Lutte contre les
discriminations)
Texas, Pologne: les droits sexuels et
reproductifs des femmes sont menacés par la pandémie Ailleurs, l’école est un
bouclier: en éloigner les filles risque comme au temps d’Ebola d’augmenter
mariages forcés et grossesses précoces!
Sibeth Ndiaye
(porte-parole)
- Notre objectif est que le
déconfinement puisse avoir lieu de manière progressive, prudente [à partir du
11 mai]. Il ne sera possible que lorsque nous aurons maîtrisé la situation
épidémique.
- Je comprends la frustration qu’on
peut avoir lorsque l’on est contraint dans beaucoup de domaines. Mais notre
objectif reste d’assurer la sécurité sanitaire et cette priorité implique que
nous fassions des choix.
- La bonne tenue de nos comptes
publics en début de quinquennat nous donne aujourd'hui des moyens
supplémentaires pour affronter la crise du COVID19. Grâce aux efforts réalisés par le passé, nous sommes plus
forts aujourd'hui pour résister face à la crise.
● LaREM
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stanislas Guerini
(délégué général)
- Il nous faut penser l’après. Cette crise nous invite à
revisiter beaucoup de choses avec humilité. Il faut mener un projet plus social
et orienté sur la transition écologique. L’idée est de mettre la priorité dans
cette seconde partie de quinquennat sur ce qui nous rassemble, ce qui unit les
Français.
- [L’après crise] Ce qui est important c’est de mettre un
projet sur la table. Il faut fixer une direction et voir celles et ceux qui
sont en accord avec cette direction. Je ne crois pas à l’union nationale pour
l’union nationale. Le Président a rassemblé en 2017 des gens d’horizons
politiques très différents et c’est comme ça qu’il faut continuer à faire mais
sur la base d’un projet clair et partagé.
- [Déconfinement] Il y a une part de risque. Le Premier
ministre ne l’a pas caché, c’est une opération risquée. J’adhère à sa
philosophie prudente et à ce déconfinement progressif. Je pense que cela permet
de créer de la confiance autour de cette stratégie. Il faut aussi faire
confiance aux élus locaux et appuyer nos décisions sur la situation sanitaire.
Le Premier ministre a été très clair, si le 7 mai la situation sanitaire n’est
pas améliorée alors il sera difficile de commencer le déconfinement. Jour après
jour, la carte des départements verts et des départements rouges permettra de
donner corps à une approche territorialisée et c’est la bonne manière
d’avancer.
- Il faut que toutes les populations les plus fragiles aient
accès aux masques gratuitement. C’est extrêmement important. Le gouvernement va
accompagner les collectivités et 50% sera pris en charge par l’État. Il faut
aussi que tous ceux qui vont travailler aient accès à des masques fournis par
leurs employeurs, c’est le plus important à ce stade.
- Si l’école doit rouvrir, c’est en priorité pour les
familles dont les enfants n’ont pas la chance d’avoir accès à un ordinateur à
la maison et qui ont été durablement coupé de l’école et cela peut laisser des
traces profondes. Les règles seront d’avoir de petits groupes en classe et cela
permettra de donner justement la priorité aux classes que l’on a dédoublées
dans les zones d’éducation prioritaire. Je crois que c’est extrêmement
important. Ensuite, la situation doit être appréciée ville par ville en
fonction de la situation sanitaire. Il faut que les parents suivent les
recommandations des directeurs d’établissements en lien avec les mairies. Quand
il est question de nos enfants, c’est évidemment l’acte de confiance le plus
absolu et rien ne doit être laissé au hasard pour les remettre à l’école. Cette
confiance se fait au niveau local. Si les maires décident de laisser des écoles
fermées, je ne crois pas qu’ils devront être sanctionnés. La publication
des données sanitaires département par département doit conditionner l’approche
que l’on doit avoir.
- [Traçage numérique] Il y a un débat sur cette question et
les interrogations sont légitimes. Je suis le premier à être attaché à nos
libertés individuelles. Ceci dit, je crois que nous avons mieux compris de quoi
on parlait désormais. Ce n’est pas une application qui va nous géolocaliser à
tout moment mais une application qui permettra de repérer des points de contact
avec des personnes infectées. C’est un outil qui peut être utile à la stratégie
de déconfinement mais ce ne sera qu’une seule brique d’un plan global. La
stratégie est de pouvoir casser les chaînes pandémiques avec les enquêtes
sanitaires et avec un outil numérique s’il respecte bien nos libertés individuelles.
Il y a tellement de questions pratiques qui se posent, que je pense qu’il ne
faut pas se concentrer sur cette question qui n’est encore que théorique. Le
jour où cette application sera prête, alors débattons-en à l’Assemblée. Avec
les précisions apportées ces derniers jours, je crois qu’une grande majorité de
nos députés LREM sont convaincus. Je comprends qu’il y ait des préventions et
je les respecte. Nous sommes face à une crise sans précédent et les Français
attendent de l’efficacité et de la responsabilité.
Aurore Bergé
(porte-parole)
La reprise de l’école est notre
exigence, la protection juridique des maires également. Nous proposerons une
adaptation de la législation pour effectivement protéger les maires pénalement
mais aussi toutes les personnes dépositaires d’une mission de service public
dans le cadre des opérations de déconfinement.
Laurent Saint-Martin
(député)
[Tribune: S'endetter, c'est s'obliger à faire mieux]
Trop longtemps, réformer a été synonyme exclusif
d'économiser sans pour autant améliorer durablement la qualité de nos services
publics. Depuis 2017 cependant, notre majorité a fait rimer transformer avec
investir. En trois ans, nous avons augmenté les budgets de l'hôpital, de
l'Education nationale, de la justice, de l'écologie… Nous y sommes parvenus
tout en baissant les impôts des Français plus vite et plus fort que jamais auparavant.
Compte tenu de la situation dégradée des finances publiques dont nous avons
hérité, nous avons dû composer avec les moyens du bord. Les efforts de maîtrise
du déficit que nous avons fournis ont certes rendu à l'Etat une certaine marge
de manoeuvre, mais il est évident qu'à la sortie de cette crise, les besoins
des services publics dépasseront les recettes fiscales.
Que faire ? Augmenter à nouveau les impôts, au risque
de reproduire les erreurs d'avant et d'après 2012, de retarder le retour de la
croissance et de décourager l'emploi ? Rappelons-le, avant que l'impact
économique de la crise ne plonge notre pays dans la récession, le retour des
beaux jours disparus lors de la crise financière de 2008 commençait tout juste
à se faire sentir. Le chômage, en diminution continue depuis 2017, venait de
passer sous la barre des 8 %, la croissance se maintenait parmi les plus
élevées de la zone euro, et les carnets de commandes des entreprises étaient
plus remplis qu'ils ne l'avaient été en dix ans. Voulons-nous retarder
l'embellie de dix années supplémentaires ? Certes non. Être responsable,
c'est savoir s'adapter aux circonstances lorsqu'elles le commandent. La seule
option réaliste qui s'offre à nous, si nous ne voulons pas foncer tête baissée
vers un précipice sans retour, est d'emprunter massivement tant il est devenu
évident que le tocsin du confinement doit sonner le réveil de l'investissement.
Mais qu'est-ce qu'un investissement ? On considère
souvent que l'emprunt n'est vertueux que s'il finance des dépenses de long
terme, destinées à accélérer l'avènement d'un avenir meilleur relevant presque
de la science-fiction. A défaut de satisfaire à cette exigence, la dette
d'aujourd'hui serait l'impôt de demain, et recourir à l'emprunt reviendrait à
promettre aux Français qu'après le temps de la peste, viendra celui du fisc.
L'impérieuse nécessité où nous nous trouvons, aujourd'hui, de parer à l'urgence
et de redresser la puissance publique, n'en illustre que plus clairement
l'obsolescence de ce schéma de pensée.
Investir, c'est préparer l'avenir, certes. C'est relancer
notre économie secteur par secteur, afin de juguler les effets destructeurs que
l'inévitable récession aurait, si nous ne faisions rien, sur les entreprises,
sur les emplois qui en dépendent, sur la protection sociale que financent les
actifs, et sur les recettes fiscales qui permettent aux services publics de
tourner. Mais préparer l'avenir, c'est aussi en même temps investir dans le
présent.
Il nous faut réarmer fortement la puissance publique dans ce
qu'elle a de plus essentiel pour la vie de la nation. Il faut se donner les
moyens d'une réflexion globale sur l'efficacité et l'organisation des services
publics, car s'endetter, c'est s'obliger à faire mieux. C'est repenser la
notion même d'investissement, car on le voit clairement en prenant l'exemple de
l'hôpital : augmenter les rémunérations du personnel soignant, développer
le nombre de lits en réanimation, reconstituer et entretenir un stock
stratégique de masques de protection… autant de dépenses que l'on aurait pu
considérer comme « courantes », mais dont on voit bien, aujourd'hui,
qu'elles contribuent à préparer l'avenir et à faire face aux risques futurs.
L'hôpital n'est cependant que le plus évident - et le plus urgent -
des domaines, où améliorer la qualité du service rendu imposera de ne pas se
brider sur la quantité des moyens. Et qu'est-ce, par exemple, que mieux
soigner, mieux former, mieux nourrir, mieux juger, mieux protéger
l'environnement, sinon investir ? La crise que nous vivons n'est pas une
opportunité, mais une injonction. L'injonction de redéfinir, de resituer et de
se réapproprier les priorités collectives qui assurent notre cohésion.
Pieyre-Alexandre
Anglade (député)
Pour vaincre le COVID19, il nous faut coopérer
avec nos voisins européens. Placer en quarantaine des Français et des Européens
en provenance d’un pays de l’espace Schengen n’était ni juste, ni efficace. Le repli nationaliste ne
protège pas du virus.
●UDI
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ne sont pas retranscrits]
Déconfinement: aucune différence entre les départements où le virus circule
très peu et les autres, à l'exception des collèges et des parcs. L'UDI regrette qu'il n'y ait pas de
réelle territorialisation de déconfinement avec des adaptations locales.