Voici une sélection, ce 17 avril 2020, des derniers propos
tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à
propos de l’épidémie de coronavirus et de ses conséquences.
● Emmanuel Macron
(Président de la République)
- La priorité est d'endiguer la dynamique du virus et
d'alléger nos services d'urgences et de réanimation. Ensuite, nous aurons une
phase intermédiaire. Nous n'aurons pas tout de suite un retour à la vie normale.
Peut-être que cette vie ressemblera à celle que nous avons connue au début de
l'épidémie, avec ses fermetures et ses contraintes. Pour moi, la priorité est
d'abord et avant tout sanitaire, sociale et morale, elle est aussi évidemment
économique.
- Je refuse aujourd'hui de recommander le port du masque
pour tous et jamais le gouvernement ne l'a fait. Si nous le recommandons, ce
serait incompréhensible. Les soignants en souhaitent davantage, c'est normal et
c'est bien l'objectif de notre agenda de production que de répondre à cette
attente.
- Vous ne pouvez pas comparer la situation de la France, de
l’Allemagne ou de l’Italie avec celle de la Chine ou de la Russie. La
transparence, l’immédiateté de l’info n’a rien à voir, les réseaux ne sont pas
libres dans ces pays, vous ne savez pas ce qui s’y passe vraiment. Compte tenu
de ces différences, n’ayons pas une espèce de naïveté qui consiste à dire que
[la gestion de l’épidémie par la Chine] c’est beaucoup plus fort. On ne sait
pas. Et même, il y a manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait
pas.
- Nous sommes à un moment de vérité qui consiste à savoir si
l'Union européenne est un projet politique ou un projet de marché uniquement.
Moi, je pense que c'est un projet politique. Quand c'est un projet politique,
d'abord, l'humain est au premier chef, et il y a des notions de solidarité qui
se jouent, et y compris ensuite l'économique en procède. N'oublions jamais que
l'économie est une science morale.
- Échange très riche avec les acteurs
internationaux de la réponse au COVID19. Nous devons construire ensemble,
autour de l’OMS, une initiative forte sur les diagnostics, les traitements et
les vaccins accessibles à tous. Coordination. Accélération. Justice. Pour
sauver des vies.
● Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Edouard Philippe
(Premier ministre)
- Visioconférence avec les
associations représentant les communes et les intercommunalités pour échanger
sur notre stratégie de déconfinement : je souhaite que les élus locaux soient
étroitement associés à sa préparation et à sa mise en œuvre.
- Nous devons aider les plus démunis
à surmonter ce moment de crise qui fait peser sur eux des difficultés accrues.
Nous verserons, le 15 mai prochain, 150 euros par ménage au RSA ou à
l'Allocation de Solidarité Spécifique. S’y ajouteront 100 euros supplémentaires
par enfant.
- Certains agents ont fait preuve
d’un engagement remarquable. En tant qu’employeur, l’État souhaite marquer sa
reconnaissance envers ces personnels à travers le versement d’une prime
défiscalisée d’un montant maximal de 1000 euros nets.
- Ils sont en première ligne jour et
nuit. Nous verserons une prime nette de 1500 euros à tous les personnels qui
gèrent la crise dans les hôpitaux des départements les plus touchés et au
personnel des services ayant accueilli des patients Covid dans les départements
moins touchés. Nous souhaitons aussi qu'une prime soit versée aux personnels
qui remplissent une mission décisive au sein des EHPAD et des services à
domicile du secteur médico-social. Nous devons échanger avec les collectivités
locales, avec les départements, sur les conditions de financement.
- Nous avons porté le plan d’urgence à un total de 110
milliards d'euros. C'est un plan d'une ampleur exceptionnelle, dont 24
milliards d’euros pour le financement de l'activité partielle et 7 milliards
d’euros pour le fonds de solidarité en faveur des TPE et des indépendants.
Christophe Castaner
(ministre de l’Intérieur)
Violences intrafamiliales : avertir, c'est permettre d'agir.
Vous êtes en danger et vous ne pouvez téléphoner : vous pouvez aussi alerter
les forces de l'ordre par SMS au 114. Plus de 150 dossiers sont traités, chaque
jour, via cette plateforme.
Jean-Yves Le Drian
(ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
Le Covid19 est une pandémie, qui touche tous les continents
et toutes les sociétés. Face au virus et à ses conséquences sur nos économies,
les polémiques n’ont pas leur place et la France œuvre résolument en faveur de
l’unité, de la solidarité et de la plus grande coopération internationale. Je
me suis entretenu quatre fois depuis fin janvier, et encore la semaine
dernière, de façon très positive, avec mon homologue chinois sur la lutte
contre la pandémie. Des actes de solidarité réciproque entre la Chine et la
France témoignent de notre volonté d’y faire face de manière coordonnée. Certaines
prises de position publiques récentes de représentants de l’ambassade de Chine
en France ne sont pas conformes à la qualité de la relation bilatérale entre
nos deux pays et à la relation de confiance et d’amitié que le Président de la
République entretient avec le Président XI Jinping et à celle que j’entretiens
avec mon homologue, M. Wang YI. J’ai fait connaître clairement ma
désapprobation de certains propos récents à l’ambassadeur de la République
populaire de Chine en France, lors de sa convocation au Ministère de l’Europe
et des Affaires étrangères.
Florence Parly
(ministre des Armées)
- Le porte-hélicoptères amphibie
Mistral est arrivé à Mayotte. Il livrera plusieurs centaines de tonnes de fret
dont des denrées alimentaires et du matériel médical. Le 2nd porte-hélicoptères
de l'opération Résilience, le Dixmude, arrivera quant à lui dès demain aux
Antilles.
- France, Royaume-Uni et Pays-Bas
unissent leurs forces armées pour lutter contre le Covid-19 dans leurs
territoires ultra-marins des Caraïbes. Une cellule, située à Fort-de-France,
coordonnera l’action.
Bruno Le Maire
(ministre de l’Economie et des Finances)
- Les 110 milliards du plan d’urgence
économique, c’est un investissement sur l’avenir. En dépensant cet argent, nous
protégeons nos entreprises, nos salariés, nos compétences.
- Tous ceux qui sont allés travailler
depuis des semaines méritent la reconnaissance de la nation. Les entreprises
qui le peuvent ont la possibilité de verser une prime défiscalisée de 1000€ à
leurs salariés et même de 2000€ si elles ont mis en place un accord
d’intéressement.
- Ce ne sont pas les impôts qui
doivent financer demain la hausse de la dette. C’est le retour du travail, de
la croissance durable, du bon fonctionnement de nos entreprises qui nous
permettra sur le long terme de nous débarrasser de cette dette.
- Une immense majorité des
entreprises obtient des prêts garantis par l’État. 19 milliards € de prêts ont
été accordés par les banques. Je disposerai dans les prochains jours du taux de
refus des banques. Je suivrai cet indicateur pour qu’il ne dépasse pas les 3%.
- S'il y a un secteur dans lequel les
reports de charges sociales et fiscales doivent se transformer en annulation,
c'est bien celui de la restauration.
- Le relèvement du plafond de
paiement sans contact par les banques est une bonne nouvelle et une vraie
simplification du quotidien des Français. C'est surtout un geste barrière
important pour protéger la santé des consommateurs et des commerçants.
- La France double sa contribution au
fonds du FMI de réduction de la pauvreté en prêtant 2,5 milliards €. Cela
permettra au FMI de soutenir davantage les pays les plus pauvres face au COVID19, notamment en Afrique.
- Décisions historiques du G20 qui mobilise des ressources
exceptionnelles pour aider les pays les plus vulnérables confrontés au COVID19. La suspension du service
de la dette des pays les plus pauvres est une avancée majeure.
Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- [Plan de relance verte pour un monde durable Appel à
mobilisation / Principaux signataires: Laurent Berger, président de la Confédération
européenne des syndicats; Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique
et solidaire; Pascal Canfin, président de la commission environnement au
Parlement européen; Dacian Ciolos, président du groupe Renew au Parlement
européen; Iratxe Garcia Perez, présidente du groupe de l’Alliance progressiste
des socialistes et démocrates au Parlement européen; Ska Keller, coprésidente
du groupe des Verts au Parlement européen; Svenja Schulze, ministre fédérale
allemande de l’environnement, de la protection de la nature et de la sécurité
nucléaire]
La crise due au nouveau coronavirus frappe le monde de plein
fouet. Ses conséquences sont universellement dramatiques. Nous souffrons, nous
pleurons nos victimes. La crise teste les limites de nos sociétés. Nous sommes
mis à l’épreuve : nous n’en avions jamais connu de pareille en temps de
paix. La lutte contre la pandémie est la première des priorités. C’est un test
pour la solidarité européenne et pour nos institutions, mobilisées dès le début
de la crise pour déployer des mesures de protection à la hauteur des enjeux.
Nous tenons à saluer et à soutenir les actions menées par
les gouvernements, les institutions européennes, les autorités locales, les
scientifiques, les soignants, tous les volontaires, les citoyens et les acteurs
économiques. La crise dure, mais elle aura une fin. En luttant ensemble, nous
vaincrons. Dans cette situation d’une extrême difficulté, nous vivons un choc
inédit pour l’économie et les travailleurs. Une réponse forte et coordonnée sur
la durée est indispensable.
Nous saluons les prises de position des leaders européens
qui affirment vouloir faire « tout ce qui est nécessaire » pour
contrer les conséquences sociales et économiques de la crise. Toutefois, il
faudra aussi agir à plus long terme. Après la blessure de la crise viendra le
temps de la reconstruction. Avec lui, nous aurons l’opportunité de repenser nos
sociétés. Il nous faudra développer un modèle de prospérité nouveau, compatible
avec nos besoins et nos priorités.
La guérison économique nécessitera des investissements
massifs pour protéger des emplois et en créer de nouveaux, soutenir les
entreprises, les régions et les secteurs qui souffrent de l’arrêt forcé et
soudain de l’activité. Ces investissements doivent permettre l’émergence d’un
modèle économique plus résilient, plus protecteur, plus souverain. Ce sont
justement les principes sur lesquels repose la transition écologique.
La transformation vers une économie neutre en carbone, des
systèmes agricoles plus durables et la protection de la biodiversité ont le
potentiel pour créer rapidement des emplois, de la prospérité et améliorer la
qualité de vie des citoyens. C’est ainsi que nous construirons des sociétés
plus résilientes. Il ne s’agira pas de recréer une économie ex nihilo.
Au cours des dix dernières années, de nouvelles technologies
ont été développées et les chaînes de valeurs se sont transformées. Le coût de
la transition s’est massivement réduit, par exemple dans les énergies
renouvelables, le développement de la mobilité « zéro émission »,
l’agroécologie, l’efficacité énergétique, etc. Il y a dix ans, en 2009,
après la crise financière, nous n’avions pas encore fait la preuve de la
rentabilité de la rénovation thermique des logements, les voitures sans
émissions n’étaient que des prototypes, l’énergie éolienne coûtait trois fois
plus cher qu’aujourd’hui, le solaire sept fois plus.
La volonté politique est là. La stratégie aussi. Des projets
de transition vers la neutralité climatique comme le Green Deal européen
ont le potentiel pour reconstruire notre économie sur la base d’un nouveau
modèle de prospérité. Nous considérons que préparer l’Europe pour l’avenir
signifie construire les plans de relance nationaux et européens en inscrivant
la lutte contre le changement climatique au cœur du moteur économique. Le temps
de la mise en œuvre est venu.
Nous reconnaissons également que l’impact social de
l’épidémie de Covid-19 est déjà énorme et que résister à de nouveaux
investissements dans la transition vers une économie neutre en climat n’est pas
la voie à suivre. Pour que des initiatives telles que le Green Deal européen
continuent à être largement acceptées, elles doivent plus que jamais répondre
aux besoins sociaux de notre société. Des progrès ont été réalisés dans
l’identification des défis sociaux potentiels de la transition, et des outils
ont été et peuvent encore être développés pour assurer une transition juste et
équitable.
Nous appelons à une alliance européenne de décideurs
politiques, de chefs d’entreprise et de dirigeants financiers, de syndicats,
d’ONG, de groupes de réflexion et de parties prenantes afin de soutenir et de concrétiser
la mise en place de paquets d’investissement pour la relance verte et la
biodiversité, qui serviront d’accélérateurs de la transition vers la neutralité
climatique et des écosystèmes sains.
Nous nous engageons à travailler ensemble, à partager nos
connaissances, à échanger notre expertise et à créer des synergies pour mettre
en place les décisions d’investissement dont nous avons besoin. Le Covid-19 ne
va pas chasser la crise climatique. Ces deux batailles, ne les opposons pas,
mais gagnons-les ensemble. C’est cela qui nous rendra plus forts.
- Le Président nous a demandé de
bâtir un plan complet de sortie de confinement, que le Gouvernement va
construire dans les deux semaines qui viennent. Chaque ministère va décliner sa
feuille de route en collaboration étroite les uns avec les autres.
- Il y a des liens entre cette crise
sanitaire et la crise écologique. L’une n’efface pas l’autre. La sensibilité des Français aux
questions environnementales en sortira renforcée. Ils attendent plus que jamais
d’être protégés. Que l’on préserve à la fois leur santé et la nature.
- Les aides qui accompagneront
certains secteurs ou certaines entreprises, telles qu'Air France, devront s'accompagner
d'engagements en matière environnementale et s'inscrire en cohérence avec
l'ambition écologique du gouvernement, qui reste intacte.
Le Gouvernement est bien sûr mobilisé
auprès des zoos, cirques et refuges pour qu’ils puissent faire face à la
période de confinement. Un dispositif sera présenté dans le cadre du budget
rectificatif.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l’Education)
- L’enjeu du déconfinement est
profondément social. Les modalités seront protectrices pour les élèves comme
pour les adultes. Ce sera progressif, allégé, pragmatique, personnalisé et
élaboré à partir des concertations menées ces deux prochaines semaines.
- On se donne deux semaines pour
définir ce que l'on met derrière l'expression d'un retour progressif. (…) Le
critère social est le critère qu'on a d'abord à l'esprit : ça va guider les
décisions que l'on doit prendre. (…)Tout ceci se fera en respectant des règles
sanitaires strictes. La question de la protection des élèves et des personnels
est fondamentale.
- S'agissant des lycéens, nous avons
une attention particulière sur les lycées professionnels parce que c'est là que
nous avons le plus fort décrochage aujourd'hui.
- L'objectif est d'accompagner nos
élèves de début mai à fin juin. (...) Oui, sur le plan des bâtiments,
l'objectif est d'ouvrir tous les établissements. (...) Je pense qu’il est
souhaitable de maintenir le périscolaire.
- Tous les scénarios sont travaillés.
Nous préparons des colonies de vacances beaucoup plus renforcées, je
renforcerais également le dispositif école ouverte.
- Si nous faisons cela c'est pour des
raisons sociales. Si nous ne finissons pas le confinement suffisamment tôt, il
y aura des désastres sociaux.
Olivier Véran
(ministre de la Solidarité et de la Santé)
Une prime allant de 500 à 1500 € pour
tous les hospitaliers. Des heures sup majorées de 50%. Le tout sans cotisations
ni impôts. L'engagement de nos soignants est total. L'État est à leurs côtés.
Franck Riester
(ministre de Culture)
- La chaîne du livre est en danger et donc il
est important de se mobiliser. Certains libraires organisent d’ores et déjà des
retraits de commandes. Une des priorités, c’est de rouvrir le plus rapidement
possible les librairies après le 11 mai.
- Nous avons déjà passé le fonds de
solidarité accessible aux artistes auteurs de 1 à 7 milliards. Et on a fait en
sorte de modifier les critères d’accès pour prendre en compte une période plus
longue.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Action et des Comptes publics)
- Chômage partiel, report des charges fiscales et sociales,
fonds de solidarité... C'est un plan d’urgence historique de 110 milliards €
que nous mettons en place. Nous sommes déterminés, tous les moyens financiers
seront mis sur la table pour sauver l’économie française.
- Une entreprise qui a besoin de
reporter ses charges ou de contracter un prêt garanti par l’Etat ne doit pas
avoir la trésorerie nécessaire pour verser des dividendes. Si elle le fait, elle
devra rembourser les aides de l’Etat, nous sommes extrêmement fermes là-dessus.
- Aujourd’hui, 1 salarié sur 3 est au chômage partiel.
Concrètement, cela veut dire qu'un tiers des salariés du privé et du monde
associatif est aujourd’hui payé par l’Etat. Dans cette situation
exceptionnelle, nous faisons le choix d’investir pour protéger nos emplois.
Muriel Pénicaud
(ministre du Travail)
- La reprise d’activité va être
progressive. Le chômage partiel pourra être dégressif pour accompagner la reprise
du travail et éviter les vagues de licenciements. Nous protégeons l’emploi et
les compétences.
- Dans le champ du travail, le sujet
clé, c'est la santé et la sécurité des travailleurs. Je serai intransigeante
dessus .
- Ma priorité: la santé et la
sécurité des salariés. Notre équipe d’experts établit des guides par métier, 26
sont déjà en ligne (livreur, caissier, agent funéraire, agent de sécurité...).
Le dialogue social sur le terrain est la clé pour organiser la reprise de
l'activité.
- Ce sont maintenant 9 millions de
Français qui sont en chômage partiel (...) On n'a jamais eu un dispositif aussi
massif, protecteur, en France.
Julien Denormandie
(ministre de la Ville et du Logement)
- Tout le volet de la construction,
tout le volet de soutien de l'offre mais aussi de la demande ou tout le volet
de la réhabilitation (…) sont autant de volets qui devront être fortement
soutenus l'Etat.
- La puissance publique doit prendre
en compte les difficultés individuelles. Une aide sera versée aux plus
précaires mais également aux familles modestes. Plus de 4 millions de foyers en
bénéficieront.
- Une aide exceptionnelle de solidarité vient aider les
familles modestes & personnes précaires. Elle s'adresse à tous les
bénéficiaires des APL avec enfants & du RSA et de l'ASS. La réponse au COVID19 est aussi sociale et
prend ainsi en compte les difficultés individuelles.
- La réponse à la crise du COVID19 est sanitaire, économique
mais aussi social. Cela passe par l’accompagnement des plus précaires: 10 000
chambres d'hôtel mobilisées pour abriter les SDF; une aide exceptionnelle de solidarité aux familles modestes et personnes précaires.
Annick Girardin (ministre
des Outre-mer)
Le gouvernement
est solidaire avec tous les Français face à la
crise. Plus de 200 000 bénéficiaires du RSA en outre-mer vont toucher, le 15
mai, 150 euros par famille plus 100 euros par enfant. Le versement sera
automatique, aucune démarche ne sera nécessaire. Restons unis.
Adrien
Taquet (secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance)
- 50% des enfants protégés le sont
chez eux, grâce à des visites à domicile.
- Seule une bonne coordination européenne des stratégies
nationales de réponse et de sortie de crise garantira une approche cohérente au
sein de l'UE, nécessaire à la protection de nos concitoyens.
Cédric O (secrétaire
d’Etat chargé du numérique)
Nous étudions toutes les solutions
susceptibles d’aider au déconfinement et d’éviter un redémarrage de l’épidémie.
Mais ces outils devront impérativement respecter nos lois et nos valeurs de
liberté et de vie privée. Le cas échéant, ce sera le cas de StopCovid.
Ils sont plus de 2000 médiateurs
numériques de médiathèques, centres sociaux... à être présents au quotidien au
bout du fil pour répondre à tous ceux qui sont en difficulté avec le numérique.
Jean-Baptiste Lemoyne
(secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
- [Secteur du tourisme] La priorité
c’est de maintenir les emplois et les entreprises. (…) Nous allons travailler
sur les annulations de charges, sur des aides spécifiques pour que ce secteur
puisse passer ce cap très difficile.
- Avec les ministres européens du commerce, réunion sur la lutte contre
le Covid19. J’y ai
défendu la nécessité de : augmenter nos capacités de productions d’équipements
médicaux, défendre nos entreprises stratégiques, lier fortement commerce et
développement durable.
Gabriel Attal
(secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education)
« Construire ensemble ».
Dans le moment que nous traversons, ces mots ont une résonance forte. Je lance
aujourd’hui avec mon homologue Juliane Seifert le fonds citoyen franco-allemand. Il financera des projets de
la société civile qui nous rassemblent.
Agnès
Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre
de l'Economie et des Finances)
- [Budget rectificatif] Ce projet de
loi de finance il complète le plan d'urgence que nous avions déjà mis en place.
Ses trois axes principaux sont : préservation de l'emploi, soutien aux
trésoreries des entreprises et soutien aux indépendants. (…)On est sur un
scénario de 8 semaines de confinement et de redémarrage progressif de
l’activité, et pas sur un scénario de rebond.
- L’industrie est une activité autorisée. Elle est même
indispensable au pays dans beaucoup de secteurs. L’alpha et l’oméga, c’est de
monter en cadence dans des conditions sanitaires irréprochables, comme l’a
rappelé le président de la République lundi soir. Cela suppose de mettre en
place un parcours très précis des salariés (du vestiaire au poste de travail,
en passant par les portes à laisser ouvertes, le restaurant d’entreprise…) qui
minimise les risques de contact avec le virus. Et ça doit être fait avec les
organisations syndicales et les représentants du personnel. Des entreprises
françaises présentes en Chine me disent avoir repris et n’avoir aucun cas de
Covid-19 parmi leurs salariés ; il faut s’appuyer sur leur expérience pour
assurer un redémarrage en sécurité. L’État accompagne ce mouvement: le
ministère de la Santé répond aux interrogations sanitaires des entreprises ;
celui du Travail aux questions de protection des salariés ; le ministère de
l’Économie se mobilise pour faire produire des masques de protection.
- [Activité dans l’industrie] La situation est très
hétérogène. Fin mars, l’automobile était arrêtée à 90 %, l’industrie de la
santé fonctionne quasiment à 100 %. On estime que l’industrie française
fonctionnerait environ à 50 %. Ce serait inférieur à la moyenne européenne,
selon les données d’entreprises implantées dans plusieurs pays. L’industrie
resterait solide en Italie et tourne à plein en Allemagne et en Europe du Nord.
Pour augmenter l’activité des sites français, il faut que les protocoles
sanitaires soient discutés entreprise par entreprise, et opérants. Les grands
groupes sont équipés pour faire ce travail. Ils ont un rôle à jouer pour
redescendre ces bonnes pratiques chez leurs ETI (entreprises de taille
intermédiaire) et PME sous-traitantes. Il est absolument nécessaire
d’accompagner les entreprises les plus petites.
- [BTP] Un protocole de recommandations sanitaires a été
élaboré. Il prend en compte les spécificités du secteur. Depuis, nous assistons
à un redémarrage, plutôt de chantiers simples. Mais l’activité est à moins de
30 % de son niveau d’avant-crise. Nous travaillons avec Saint-Gobain ou Leroy
Merlin sur l’accès aux matériaux et aux équipements de protection et nous
sensibilisons les maîtres d’ouvrage sur la prise en compte des coûts induits
par ces mesures sanitaires.
- Chaque employeur a la responsabilité de définir ses bonnes
pratiques et de fournir à ses salariés les équipements de protection adéquats.
Avec la reprise, le besoin en masques va s’accroître. Mais il sera différent
selon les scénarios: ampleur du retour sur sites des télétravailleurs, capacité
à maintenir la distanciation sociale dans certaines activités… Nous faisons un
point téléphonique tous les deux jours avec 80 acheteurs pour les aider à
commander des masques à l’étranger. Surtout, nous avons mobilisé la filière
textile pour fabriquer des masques et des surblouses. 11 millions de masques
textiles réutilisables ont été produits depuis le 30 mars ; ils respectent un
cahier des charges strict établi par les autorités de santé. Dans le même
temps, nous travaillons à renforcer nos capacités de production de masques
chirurgicaux et FFP2. Les quatre producteurs nationaux produiront 40 millions
de masques en avril, contre moins de 15 millions en janvier. Les producteurs
historiques, mais aussi Faurecia, Plastic Omnium, Michelin et Intermarché sont
en train d’acheter des machines et des matières premières avec l’objectif de
produire, d’ici à fin mai, 10 millions de masques chirurgicaux et FFP2
supplémentaires par semaine. Le CEA et Michelin travaillent sur un projet de
R&D de masques réutilisables qui pourraient avoir les performances d’un
FFP2. La France est en capacité de devenir autonome en production de masques de
protection grand public. J’y travaille activement.
- [Opposition de la CGT à la poursuite de l’activité] S’il
s’agit de dire que la reprise doit se faire en parfaite sécurité sanitaire, nous
sommes d’accord. S’il s’agit de dire que les soignants doivent être équipés en
priorité, nous sommes également d’accord. Mais rester tous confinés jusqu’à ce
que le virus disparaisse est une fausse bonne idée. Cela abîmera
l’employabilité des salariés et l’appareil de production, cela nous fera perdre
des commandes car d’autres pays sont en train de chercher à se substituer à
nous. Cela ne peut durer indéfiniment. Nous avons choisi de recourir
massivement au chômage partiel pour les salariés et de soutenir les entreprises
par de nombreux mécanismes. Ce sont de bonnes décisions portées par Bruno Le
Maire, le ministre de l’Économie et Muriel Pénicaud, la ministre du Travail.
Mais ce sont des décisions financées par de la dette publique. Et la dette publique,
c’est la dette des Français. De même, en chômage partiel, les salariés perdent
des revenus. Les entreprises les plus solides doivent se donner les moyens de
reprendre. Salariés, actionnaires, dirigeants, chacun doit se dire: «Si je peux
sortir, en sécurité, de l’aide de l’État, j’en sors.» Cela nous permettra
d’aider plus longtemps et plus fortement les secteurs où la reprise sera plus
tardive et complexe, tels le tourisme et l’hôtellerie-restauration.
- Notre industrie a démontré sa capacité à se mobiliser très
rapidement pour produire masques, respirateurs, surblouses, en trouvant des
approvisionnements, en adaptant les chaînes de production et en mettant en
place ces cycles courts de R&D. 10.000 respirateurs seront assemblés et
livrés d’ici à la mi-mai grâce au consortium qui s’est formé autour d’Air
Liquide. Cela revient à fabriquer en cinquante jours l’équivalent de trois ans
de production en temps normal! Le point de vigilance, c’est la dépendance de
certaines entreprises et filières à certains pays ou plaques géographiques. Ce
qui est gênant, ce n’est pas de ne pas tout produire en France ; c’est de ne
pas être en capacité de le faire lorsque ça devient nécessaire. Il y a toute une
réflexion à mener sur ces questions pour être plus résilients collectivement. À
l’avenir, il peut y avoir des crises sanitaires, mais aussi environnementales,
géopolitiques menant à la fermeture de l’approvisionnement dans un pays ou une
zone.
- Sur le nombre de personnes au chômage, sur les filets de
protection sociale, les différences de modèle entre la France et les États-Unis
sautent aux yeux. Le chômage partiel est un atout, car il permet de ne pas
couper le lien entre l’entreprise et le salarié, et donc rend plus facile la
reprise. Et la France a la chance d’avoir de grands groupes, qui peuvent
entraîner leurs filières.
- Nous avons obtenu l’engagement des banques que toutes les
entreprises notées jusqu’à 5+, c’est-à-dire celles qui connaissent une
situation financière normale, recevraient un prêt quasi automatiquement. Les
entreprises en moins bonne situation, notées 5 et au-delà, sont également
éligibles selon une analyse au cas par cas, même si dans la pratique, les
banques sont encore trop réticentes à leur accorder ces prêts. Nous travaillons
avec elles pour trouver des solutions. Par ailleurs, nous avons ouvert le fonds
de solidarité aux TPE en difficulté au sens de l’Union européenne, à l’exception
de celles en liquidation ; et nous allons augmenter massivement la taille du
FDES (fonds de développement économique et social) pour financer des prêts pour
ces entreprises. Il passera ainsi de 75 millions à 1 milliard d’euros. Nous
renforçons nos équipes pour les accompagner. S’ajoute pour les TPE le report
des charges fiscales et sociales, ainsi que des loyers et factures d’eau, gaz
et électricité pour celles éligibles au fonds de solidarité.
Nous regarderons d’un œil favorable les opérations visant à
conforter notre industrie. Nous voulons par ailleurs nous prémunir des actes de
prédation venant de l’étranger. L’Union européenne a une nouvelle fois
sensibilisé les États à ce risque. Nous avons plusieurs leviers, dont la
procédure de contrôle des investissements étrangers en France (IEF). Nous avons
aussi augmenté notre capacité à intervenir pour conforter les fonds propres de
certaines entreprises.
- La distribution non alimentaire pourra reprendre à la
sortie du confinement, les mesures sanitaires prises dans l’alimentaire
montrant la voie. Mais pour le tourisme, l’hôtellerie-restauration, la culture,
l’événementiel, ce sera plus complexe. Ces secteurs vont avoir besoin de plans
de soutien plus longs et de mesures spécifiques. Il faut travailler avec ces
secteurs sur comment organiser la distanciation sociale, et comment trouver des
relais d’activité. C’est pour cela que nous avions, par exemple, élaboré un
protocole sanitaire pour la livraison des repas. Je veux surtout éviter que
dans ces secteurs, des patrons abandonnent et c’est notre responsabilité de
faire en sorte qu’ils utilisent toutes les mesures d’aides disponibles.
Brune Poirson
(secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et
solidaire)
Les liens entre destruction de la
nature et la santé sont avérés. La France mobilise ses partenaires pour
identifier rapidement des financements innovants en faveur de la nature.
Marlène Schiappa
(secrétaire d’Etat à l’Egalité hommes-femmes et à la Lutte contre les
discriminations)
- Grâce à l’engagement de Christophe Castaner et des forces
de l’ordre, ces nouveaux dispositifs permettent de mieux protéger les femmes
des violences conjugales en période de confinement, en lien avec les professionnels et
associations.
- Beaucoup parlent du "monde
d'après": une nouvelle solidarité au sein des couples peut en faire
partie.
- Le confinement creuse les écarts
entre les hommes et les femmes. (…)À cela s'ajoute une charge mentale démultipliée (...)
Au-delà de la question du Covid19, je crains vraiment un épuisement silencieux
de nombreuses femmes à la sortie du confinement, par accumulation de tâches
professionnelles et domestiques.
- Il est totalement illusoire de
penser que dans les conditions actuelles, on pourrait travailler à 100% et en
même temps s'occuper de ses enfants à 100% en leur apprenant les mêmes choses
qu'à l'école. C’est matériellement et temporellement impossible.
- Sur notre plateforme arretonslesviolences.gouv.fr, il y a eu cinq fois plus de signalements qu'habituellement
pendant la période de confinement.
- [Confinement ] Nous avons créé un
numéro de téléphone pour aider les personnes à gérer leur accès de colère et ne
pas devenir violent.
- Les cas de burn-out parentaux
risquent se multiplier.
● LaREM
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Richard Ferrand
(président de l’Assemblée nationale)
Examen en séance publique du projet
de loi de finances rectificative pour faire face aux conséquences économiques
et sociales de la pandémie de COVID19. Un plan d'urgence pour protéger les
emplois, nos concitoyens les plus fragiles, les entreprises, et les Français
les plus exposés face à la crise sans précédent que nous vivons.
Stanislas Guerini
(délégué général)
- L'écologie ne sera pas la victime
du COVID19! Elle
devra être au centre du nouveau modèle que nous devons construire.
- Nous devrons repenser notre modèle
pour «l’après» car cette crise rebat les cartes. Individus, entreprises, État :
chacun a un rôle à jouer et doit s’interroger sur ce qu’il faut changer.
- Nous avons tous un rôle à jouer dans
la construction de «l'après».
Gilles
Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
Le déconfinement ne se fera pas d'un coup ni pour tout le monde. Il sera
progressif. Nous devons concilier des impératifs sanitaire mais également
économique et de justice sociale.
Aurore Bergé
(porte-parole)
- Les artistes auteurs sont dans une situation préoccupante
et qui appelle des dispositifs adaptés, spécifiques et massifs. Adaptation du
fonds de solidarité, cumul possible des soutiens, fonds sectoriels à renforcer.
- La culture joue un rôle essentiel
dans nos vies pour nous aider à supporter ce confinement. Il ne faudra pas
l'oublier demain quand il s'agira d'aider le spectacle vivant, les libraires,
les auteurs, les techniciens et les artistes, le cinéma...
●MoDem
Jean-Noël Barrot
(député)
Nous avons besoin de plus de
solidarité européenne.
●UDI
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ne sont pas retranscrits]
Jean-Christophe Lagarde (président)
[Réaction sur les attaques de Marine
Le Pen contre l’Union européenne] Et oui c’est toujours pareil avec les
charognards. Ce qui les intéresse c’est qu’il y ait un cadavre pour s’en
nourrir... Se contredire n’est rien pour eux. Quelque soit la situation, il
faut profiter de tout pour espérer le pouvoir. Et le pire c’est que ça marche
chez les aveugles.
●Mouvement radical
Nathalie Delattre
(sénatrice)
- Il va falloir apprendre à vivre
avec ce virus.
- On voit bien que les élus trouvent
les meilleures réponses en proximité.
● Autres
(Personnalités ou
organisations centristes)
Jean-Pierre Raffarin
(ancien premier ministre)
- Nous vivons une pandémie
mondiale dont la réponse repose sur un principe d’éradication nationale. C’est
là notre plus grande faiblesse, il devrait y avoir un plan d’éradication
mondial car, tant que le virus circulera sur la planète, la crise ne sera pas
jugulée. Or il y a un manque de leadership international, y compris par ceux
qui développent une diplomatie sanitaire. Les Chinois mesurent bien que
leur système politique les isole d’une partie du monde, et donc ils se font
plus discrets sur leurs grands projets internationaux tels que les Nouvelles
routes de la soie. L’octroi de leur aide internationale participe au
renforcement de leur propre diplomatie et véhicule un message de confiance à la
population nationale. La Russie met aussi en scène son soutien quand elle
envoie un avion aux États-Unis pour venir en aide au peuple américain. C’est la
même chose pour Cuba et ses médecins envoyés en Lombardie. Les Etats-Unis,
avec leurs services de renseignements, ont aussi une diplomatie offensive.
Chacun joue ses propres cartes, à l’exception de la recherche collective du
vaccin, mais sans de véritables initiatives pour mener un jeu collectif. Le
monde a plus besoin de coopération que de propagande.
- En 2008, alors président de
l’Union européenne, Nicolas Sarkozy avait pris l’initiative avec les présidents
Bush puis Obama d’organiser une réponse mondiale, économique et politique, via
le G20. Celle-ci avait vu une coopération à trois niveaux : entre les leaders,
les institutions financières et les acteurs économiques. Aujourd’hui, les
États-Unis, l’Europe et la Chine sont les mieux placés pour mobiliser les
efforts financiers, humains, militaires, alimentaires et médicaux nécessaires à
la réponse globale, à condition qu’ils travaillent ensemble et qu’ils s’ouvrent
aux autres acteurs du développement de l’Afrique. Et le G20 est l’instance la
plus appropriée pour assurer la coordination internationale. Mais, dans les
faits, les États-Unis sont dans la logique de « l’America alone ». Ils
cherchent à rester la première puissance du monde sans assurer la
responsabilité de leadership qui en découle. La Chine est freinée dans ses
initiatives par sa tension et sa compétition avec les Etats-Unis. L’Europe, meurtrie
et paralysée par ses divisions internes, est impuissante à exercer le moindre
effet d’entraînement. Donc, les Etats, repliés sur eux-mêmes, sont entrés dans
une logique de guerre nationale. En Europe et en Asie, on prépare déjà le
déconfinement et l’après-crise. Mais on ne la pense pas assez au niveau mondial
où il n’y aura pas de leadership sans générosité. Tant qu’un continent sera
malade, les échanges ne reprendront que partiellement. On risque de voir cette
fragilité s’exprimer dans le cas de l’Afrique, dans et au-delà de la crise
sanitaire, notamment sur les approvisionnements en riz, alors que la dépendance
du continent est forte par rapport à cette denrée largement importée. Trois
organisations internationales, l’ Organisation pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) viennent d’ailleurs de tirer la
sonnette d’alarme sur la tragédie annoncée.
- Le coronavirus et son contexte
morbide renforcent la tension du duopole sino-américain, déjà engagé dans une
compétition commerciale, technologique et politique. Cela entraîne une secousse
de l’économie chinoise, et plus d’incertitudes du côté américain. Et comme la
réponse chinoise est perçue aux États-Unis comme une humiliation, ces derniers
vont vouloir en retour lui en faire payer le prix. Cette tension va marquer les
quinze prochaines années même si Donald Trump n’est pas reconduit dans ses
fonctions fin 2020. Le positionnement contre la Chine obtient un consensus fort
au sein du Congrès. Dans ce contexte, on voit partout les logiques de
propagande se développer, c’est contre-productif ! L’Europe devra garder une
position d’équilibre, parler à tout le monde et avoir une coopération aussi
bien avec les États-Unis que la Chine. C’est un héritage de notre vision
gaullienne et la seule manière d’exister face à ces deux grandes puissances, à condition
de jouer davantage l’unité européenne. L’UE ne pourra sortir de cette guerre de
la division sans retrouver une unité de vue et d’actions. La Chine défend ses
intérêts depuis longtemps, ce n’est pas une surprise. Elle recherche la
coopération avec l’Europe. Le fait nouveau est que les Etats-Unis expriment
depuis plusieurs années une certaine hostilité vis-à-vis de l’Europe. Et le
recours plus fréquent, depuis Barack Obama, à l’extraterritorialité des lois
américaines nuit à nos intérêts dans le monde. Les sujets de tensions sont
nombreux : accords de Paris, Iran, Brexit, Otan, Syrie… Cela nécessite un réveil
européen pour promouvoir notre modèle politique et économique basé notamment
sur une croissance verte. Nous n’avons pas en tout point les mêmes valeurs que
les États-Unis, notamment notre attachement à la protection de la planète. On
en revient à une question du leadership. Emmanuel Macron possède les atouts
dans son jeu, mais il n’y a pas de leadership possible sans partager cette
responsabilité avec l’Allemagne avec laquelle l’Elysée doit renforcer sa
concertation et le travail conjoint. Ensuite, le couple franco-allemand devra
agréger des dynamiques dans les autres pays membres, au nord, au sud et à l’est
de l’Europe.
- Nous ne devons pas choisir entre
la souveraineté et la coopération, il faut les deux. Oui à la souveraineté,
mais la pandémie montre aussi l’interdépendance mondiale, même si certains
feignent de découvrir que la Chine est la première économie du monde en parité
de pouvoir d’achat depuis 2014. Oui, il sera nécessaire de renforcer nos
périmètres de sauvegarde en choisissant nos secteurs stratégiques dans la
production médicale, la sécurité alimentaire et la défense… Cela nous permettra
de relocaliser une part de souveraineté à condition de bien la définir. Une
réflexion nationale du type de celles que menait autrefois le commissariat général
au Plan sera nécessaire pour définir le périmètre de notre souveraineté. Un
secteur comme l’acier, par exemple, mériterait d’être ajoutée à ce périmètre de
sauvegarde. Il est essentiel pour notre aéronautique. Il faudra aussi faire
évoluer les lois de l’OMC et soumettre ce périmètre de sauvegarde à la
régulation internationale. Il faudra enfin inventer une nouvelle forme de
solidarité internationale. Par exemple, quand un pays est dépendant
commercialement d’un autre, il devrait y avoir des clauses pour obtenir un
soutien prioritaire en temps de crise.