Voici une sélection, ce 3 avril 2020, des derniers propos
tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à
propos de l’épidémie de coronavirus et de ses conséquences.
[Déclaration de l’Allemagne, de la Belgique, du Danemark, de
l’Espagne, de l’Estonie, de la Finlande, de la France, de la Grèce, de
l’Irlande, de l’Italie, de la Lettonie, de la Lituanie, du Luxembourg, des
Pays-Bas, du Portugal et de la Suède]
Dans cette situation
sans précédent, il est légitime que les Etats membres adoptent des mesures
extraordinaires pour protéger leurs citoyens et surmonter la crise. Nous sommes
toutefois profondément préoccupés par le risque de violation des principes de
l’Etat de droit, de la démocratie et des droits fondamentaux découlant de
l’adoption de certaines mesures d’urgence. Les mesures d’urgence devraient être
limitées à ce qui est strictement nécessaire, être proportionnées et
provisoires par nature, faire l’objet d’un réexamen régulier et respecter les
principes susmentionnés, ainsi que les obligations du droit international.
Elles ne devraient pas restreindre la liberté d’expression ou la liberté de la
presse. C’est ensemble que nous devons surmonter cette crise et défendre nos
principes et valeurs. Nous soutenons donc l’initiative de la Commission
européenne visant à surveiller les mesures d’urgence et leur application afin
de garantir le respect des valeurs fondamentales de l’Union, et nous invitons
le Conseil Affaires générales à se saisir de la question au moment opportun.
● Emmanuel Macron
(Président de la République)
- Pour aider les équipes du SAMU et
l'ensemble de nos soignants à sauver des vies, rien de plus simple : restez
chez vous.
- Échange amical avec Narendra Modi pour renforcer
notre coopération et notre solidarité face au COVID-19. La démocratie, la
santé, l’éducation, la lutte contre le changement climatique sont au cœur de
notre partenariat et de notre vision internationale.
● Gouvernement
[Nota: dans ce
gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons
cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie
selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Edouard Philippe
(Premier ministre)
- Notre pays peut faire face à ce
défi. La France est un grand pays, qui a une grande histoire. Confrontés à ce
qu'il y a de plus dur, les Français peuvent souvent se révéler courageux,
solidaires, déterminés. Dans cette période difficile, c'est ce qu'il faut
mettre en actes.
- Le baccalauréat 2020 ne se
déroulera pas dans les conditions normales. Je crois que c'est sur le contrôle
continu le plus complet qu'il va falloir se reposer.
- Je veux remercier nos amis
allemands d'avoir mis à notre disposition des respirateurs et d'accueillir dans
les hôpitaux allemands des malades français. Le Luxembourg, la Suisse l’ont
fait aussi. Il faut savoir dire merci à ses amis lorsqu’ils vous aident.
- En Île-de-France, nous avons
accéléré l’ouverture d’un plateau ultra moderne, qui pourra accueillir 86
patients supplémentaires d’ici le 10 avril. Notre objectif a été de transformer
des lits en lits de réanimation en les équipant de respirateurs et du matériel
nécessaire.
- Pour certains médicaments, les
stocks sont plus limités et les tensions sont réelles. C’est ma priorité numéro
un en ce moment : nous nous battons, heure après heure, pour répondre à
l'augmentation inouïe de la consommation.
- L'hôpital est soumis à une pression
considérable. Il tient encore par un engagement humain exceptionnel. Avec de
très nombreuses difficultés, je ne les cache pas. Il tient parce que, tous
ensembles, nous nous battons et nous ne relâchons pas l’effort sur le
confinement.
- Il ne doit y avoir aucun départ en
vacances dans les jours qui viennent. Vous propageriez le virus et vous
ruineriez notre effort collectif depuis près de trois semaines. Il y aura des
contrôles. Je fais appel au civisme, respectez les règles du confinement.
- Le dévouement et l’engagement des
personnels qui travaillent dans les EHPAD sont admirables. Certains se sont
même confinés à l'intérieur des EHPAD pour continuer à accompagner nos aînés.
Je veux tous les saluer avec beaucoup d’admiration.
- Une préoccupation majeure :
garantir la bonne santé de nos 750 000 concitoyens dans les EHPAD. Nous avons
pris des décisions difficiles pour les protéger et nous devons les assumer.
- Depuis le début de la crise, je
tiens à entretenir un dialogue permanent et régulier avec les responsables
politiques. Quatrième point de situation sur le COVID19 avec les présidents des Assemblées, des groupes
parlementaires, des associations d’élus et les chefs de parti.
- Contre le COVID19, vous avez tous un rôle.
Il n’y a pas de spectateurs dans ce combat contre le virus. Il n’y a que des
acteurs. Il n'y a que des citoyens qui luttent contre une épidémie, en
respectant les consignes de confinement.
- La question du déconfinement est
redoutablement complexe : il n'y a pas de précédent, pas de méthode éprouvée.
On n'a jamais confiné aussi largement, on n'a donc jamais déconfiné aussi
largement. Nous étudions les scénarii et nous avons besoin de continuer à
travailler.
- Contre le virus, nous livrons un
combat avec une volonté farouche et un engagement total. Toute notre énergie
est consacrée à lutter et à trouver les solutions les plus adaptées, compte
tenu des contraintes qui s’imposent à nous.
- Face au COVID19, nous ne savons pas tout
: nous avons pris le parti de dire ce que nous savons et ce que nous ne savons
pas. Nos décisions sont souvent prises sur le fondement d’informations parfois
incomplètes et souvent contradictoires. C’est un fait.
- Le contrôle parlementaire est
indispensable dans une démocratie. Dans un souci de dialogue et de transparence
constant depuis le début de la crise, je répondrai bien sûr à toutes les
questions que me posent les parlementaires sur le COVID19 et notre stratégie pour y faire face.
Christophe Castaner
(ministre de l’Intérieur)
- Non, on ne part pas en vacances
pendant la période de confinement : c'est mettre en danger ses proches et nos
concitoyens. Forces de police et de gendarmerie seront mobilisées pour faire respecter les préconisations
sanitaires. Tout contrevenant sera sanctionné.
- Depuis la mise en place du confinement, nous
comptabilisons 6,7 millions de contrôles et 406 283 infractions relevées. Nous
avons constaté une légère baisse des contraventions, mais elle n'est pas
spectaculaire. Globalement, les règles du confinement sont bien respectées,
même si l'on ressent une différence en fonction de la sociologie de certains
quartiers. Je sais, c'est encore plus difficile quand on vit à plusieurs dans
50 m2 dans un quartier que lorsque l'on a la chance d'avoir un pavillon avec un
jardin. Il y a des exceptions et donc des verbalisations, mais cela reste à la
marge. On a le sentiment que les Français ont compris qu'il s'agissait d'une
protection et que si nous voulons « casser les chaînes de propagation », il
faut que le confinement soit efficace.
- À partir de lundi, nous mettons en place une attestation
numérique en complément du dispositif papier. Le service sera accessible en
ligne, sur le site du ministère de l'Intérieur et du gouvernement. Désormais,
les Français se sont approprié les règles du confinement, il convient donc de
leur donner un peu de souplesse avec cet outil. On pourra éditer le formulaire,
depuis son smartphone, afin de le présenter aux policiers grâce à un QR Code.
Nous n'avons pas voulu d'une application comme celles que nous avons vu fleurir
lors des premiers jours du confinement, car il y avait un risque de piratage
des données. Là, il n'y aura pas de fichier. Personne ne pourra collecter les
données des usagers. Ce système est aussi construit pour lutter contre la
fraude : il faudra préciser votre heure de sortie, mais l'heure à laquelle vous
avez édité le document sera accessible aux policiers. Cela évitera que des
personnes remplissent l'attestation uniquement à la vue d'un contrôle de
police. Et grâce au QR code, les policiers et les gendarmes n'auront pas besoin
de prendre le téléphone en main, il leur suffira de scanner l'écran.
- Confinement et départs en vacances sont incompatibles.
Cela ruinerait l'effort fait depuis trois semaines par les Français. Il faut
éviter la propagation du virus d'une région à l'autre et continuer de réduire
drastiquement les contacts. J'ai donc demandé aux préfets un point précis sur
les locations de vacances, afin d'augmenter les contrôles dans certaines zones
si besoin. Notre objectif est de dissuader les départs en vacances, avec des
contrôles renforcés au départ des grandes villes, dans les gares, sur les
routes et dans les lieux touristiques… Je le rappelle, toutes les personnes
présentes dans une voiture peuvent donc être verbalisées.
- Je ne veux pas supposer que les gens ne respecteront plus
la règle. Je fais le pari de l'intelligence. C'est une question de santé, de
vie. Dans tous les cas, il y aura toujours des contrôles. Et si besoin, nous
durcirons encore les règles. Le couvre-feu est d'ores et déjà en place dans 150
communes, j'ai demandé aux préfets d'élargir en lien avec les maires les
mesures de couvre-feu partout où cela leur paraît nécessaire. Et je les
encourage à prendre des arrêtés de fermetures des commerces partout où cela
génère des rassemblements.
- Compte tenu de la tension sur les masques en France, il
s'agit de mobiliser tous les moyens pour préserver les professions sanitaires.
La clé, ce sont les gestes barrière. Ensuite, si les policiers ou les gendarmes
ont le sentiment d'être face à un porteur du Covid-19, ils doivent être équipés
de masques. Nous en avons déjà distribué 800 000 et 300 000 de plus arrivent.
J'ai aussi lancé l'acquisition de visières, de lunettes ou de masques textiles.
- Nous avons un problème de disponibilité de masques. Dans
notre pays et dans le monde entier. Il faut du temps pour monter en puissance,
mais nous faisons face.
Sur 250 000 agents, environ 10 000 policiers et 2300
gendarmes sont en arrêt, en quarantaine ou empêchés pour des raisons de garde
d'enfants par exemple. On a anticipé cela avec un roulement, un allègement des
horaires et des missions des policiers. Cela garantit notre capacité à tenir
dans la durée tout en garantissant la continuité des missions. (…) J'assume les
décisions que je prends qui visent à protéger les Français, mais aussi les
policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers. Je suis extrêmement fier de leur
engagement.
- Je ne veux pas laisser caricaturer les quartiers. Le
confinement y est globalement respecté. Leurs habitants ne sont pas moins
intelligents que les autres, ils savent aussi qu'il en va de leur santé. Il ne
faut pas non plus caricaturer la police qui est présente dans les quartiers.
Mais on prend en compte les situations de tension qu'il peut y avoir. J'ai
demandé, non pas une politique spécifique pour les quartiers, mais d'appliquer,
comme partout, les contrôles avec discernement et intelligence.
- Les quartiers sensibles restent globalement calmes, même
si des tensions peuvent survenir à l'occasion. Le trafic de stupéfiant est
effectivement au ralenti. Donc oui, on appréhende ce risque de voir la
délinquance se déplacer et prendre d'autres formes.
- Le problème de la délinquance, c'est qu'elle sait
parfaitement s'adapter aux situations. Des pharmacies ont été cambriolées,
notamment pour des vols de masques. Le trafic de drogues à domicile se
développe. On est attentifs aux affaires de cybercriminalité, dont les hôpitaux
pourraient être la cible. Ou aux escroqueries en ligne, sur les ventes de
masques, de gel, de tests ou visant des publics plus fragiles. Nous sommes
aussi attentifs aux cambriolages.
- [Violences intrafamiliales dans le cadre du confinement]
Nous n'avons pas encore de statistiques. Mais nous redoublons de vigilances et
avons mis en place de nouveaux outils : l'alerte dans une pharmacie ou dans
certains centres commerciaux, sur Internet ou par SMS avec le 114. Policiers et
gendarmes font aussi des appels d'initiatives. S'agissant de violences
intrafamiliales je refuse que le confinement soit synonyme d'impunité.
- Les forces de sécurité sont
équipées de masques à utiliser lorsqu’elles sont confrontées à des personnes
symptomatiques. 800 000 masques ont été mis à disposition & 300 000
supplémentaires sont en cours de distribution. Un équipement en lunettes et
visières est aussi expérimenté.
- Le savoir-faire de la police
technique et scientifique du ministère de l'Intérieur va être mis à
contribution de la santé des Français. Nos experts et nos laboratoires
permettront d'augmenter notre capacité nationale de dépistage du Covid19.
Nicole Belloubet
(ministre de la justice)
[Tribune: «L’Etat de droit n’est pas mis en quarantaine»]
Avec l’épidémie de Covid-19, nous avons tous été projetés,
collectivement et individuellement, dans une situation inédite. Totalement
inédite. Comme si nous entrions tout à coup dans une nouvelle dimension où
certains de nos points de repère seraient effacés. C’est en tout cas ce que
certains craignent, quand ils s’inquiètent de voir l’Etat de droit mis en
quarantaine.
Ces préoccupations sont non seulement légitimes mais
également saines, pour autant qu’elles ne relèvent pas d’une logique purement
polémique, politique, voire complotiste. Pour légitimes qu’elles soient, elles
sont néanmoins infondées. L’Etat de droit n’est pas mis en quarantaine.
Il est vrai que le gouvernement et le Parlement ont dû
prendre des mesures imposant des contraintes sans précédent, qui restreignent
certaines de nos libertés quotidiennes les plus précieuses. Les Français
comprennent très bien que tel est le prix à payer pour protéger la santé de
tous, et d’abord celle des plus faibles. C’est en pesant soigneusement les
conséquences de ces mesures, à court et à moyen termes, que nous avons résolu
de les mettre en œuvre. Sans gaieté de cœur mais sans états d’âme, avec
responsabilité.
L’Etat de droit passe par le respect des droits fondamentaux
sous le contrôle du juge. Rien de cela n’est atteint, n’est remis en cause. Ni
en théorie ni en pratique.
Notre objectif est simple : préserver le droit à la
santé dans notre démocratie. Ce droit à la santé est un droit proclamé par le
préambule de la Constitution et une composante de l’ordre public. La théorie
des droits de l’homme a toujours admis que certaines libertés, comme la liberté
d’aller et de venir ou la liberté d’entreprendre, puissent être limitées
lorsque c’est à la fois rationnellement nécessaire et proportionné à la gravité
d’une menace.
L’équilibre normal doit revenir avec les temps normaux
Et puisque la liberté, nous enseigne l’article 4 de la
Déclaration de 1789, consiste « à faire tout ce qui ne nuit pas à
autrui », c’est bien « autrui » qu’il s’agit aujourd’hui de
préserver.
Même en période « normale », aucune liberté n’est
absolue. Les libertés doivent toutes être conciliées afin que les intérêts
légitimes des uns et des autres soient respectés. En période exceptionnelle,
certaines d’entre elles doivent être plus strictement restreintes, parce qu’il
y va de l’intérêt général, au sens le plus élevé du terme.
Mais précisément, ce qui a du sens lorsque les circonstances
sont exceptionnelles ne conserve son sens que tant que les circonstances
demeurent exceptionnelles. L’équilibre normal doit revenir avec les temps
normaux. Je veux être à cet égard d’une absolue clarté : les dispositions
qui ont été prises sont temporaires. La loi du 23 mars 2020 crée un
cadre juridique nouveau pour faire face aux catastrophes sanitaires les plus
graves. Elle n’autorise en aucun cas l’édiction de règles et de décisions
durables au-delà de ce que l’urgence justifie.
L’habilitation donnée au gouvernement pour statuer par
ordonnances prévoit expressément la limite temporelle des dispositions prises
« pour faire face aux conséquences de la propagation de l’épidémie de
Covid-19 et aux conséquences des mesures prises pour limiter cette
propagation ». Ainsi, les mesures dérogatoires issues de ces ordonnances
cesseront-elles à la fin de l’épidémie de Covid-19 et ne sauraient être
réactivées lors de la survenance d’une nouvelle épidémie.
Assurer la primauté du droit
C’est la volonté du gouvernement comme du Parlement, mais
c’est surtout une exigence juridique absolue. Sur le fond, les ordonnances
promulguées dans le périmètre du ministère de la justice visent sans exception
à assurer, en dépit du fonctionnement dégradé des juridictions et d’un accès
réduit à la justice, la primauté du droit.
Il ne serait pas acceptable que nos tribunaux aient à
travailler dans des conditions dangereuses pour le droit à la santé des
magistrats, des fonctionnaires des greffes, des avocats, de tous les autres
auxiliaires de justice et acteurs du procès judiciaire, forces de l’ordre,
personnels pénitentiaires, éducateurs et justiciables !
Le télétravail, que nous demandons à tous les Français de
privilégier, et les audiences en visioconférence devaient prendre place dans le
procès, moyennant les précautions nécessaires à la sécurité des échanges et au
respect des droits de la défense. Juridiquement et techniquement, nous l’avons
désormais rendu possible.
Il ne serait pas acceptable non plus que certains de nos
concitoyens puissent se trouver privés d’un droit ou subir un préjudice parce
qu’un délai de procédure s’est écoulé depuis le début de la crise. Nous les
avons tous prolongés. Il ne serait pas acceptable que la société ou les
victimes soient confrontées aux conséquences de l’impossibilité de voir les
instructions se poursuivre ou les procès pénaux se tenir dans les délais
de la détention provisoire.
Les voies de recours sont préservées, les droits de la
défense garantis
Nous avons donc prolongé la durée de ces détentions
ordonnées et contrôlées par les juges, sans ôter à ces derniers la possibilité
de remettre en liberté les personnes dont la détention ne paraîtrait plus
nécessaire, et bien sûr, sans ôter la possibilité aux détenus de solliciter
leur libération et de voir alors leur situation débattue contradictoirement.
Il ne serait pas acceptable, enfin, que les questions
urgentes ne puissent pas être traitées en priorité. Lorsque les circonstances
l’exigent, il faut pouvoir s’occuper d’abord de ce qui est essentiel : la
santé, la liberté, la sécurité, la protection contre les violences, la survie
des entreprises, l’emploi… Les fonctions dédiées à l’urgence sont donc toutes
maintenues au sein des juridictions dans le cadre des plans de
continuation d’activité actionnés depuis le 16 mars.
Nous avons également ouvert la possibilité, pour le cas où
cela serait rendu nécessaire par la durée ou la gravité de la crise, de rendre
les décisions de justice par un juge statuant seul et non par une formation
collégiale. Ces dispositions encadrées permettront de répartir au mieux
les forces et les moyens disponibles afin que ce qui doit être jugé tout de
suite puisse l’être. Mais nous avons tout mis en œuvre aussi pour empêcher, en
ces circonstances, que cette justice diligente et efficace ne se transforme en
justice arbitraire et expéditive. Les voies de recours sont préservées, les
droits de la défense garantis, le contradictoire respecté.
Personne ne sera privé de son droit d’accès à un juge
efficient
Nos compatriotes doivent savoir qu’aucune protection
juridictionnelle ne leur a été ni ne leur sera enlevée. Les actions en justice
que les uns ou les autres souhaitent introduire pourront l’être. Chacune sera
jugée. Ce qui peut attendre sera tranché un peu plus tard, dans les conditions
du droit commun. Ce qui demande à être examiné tout de suite sera jugé
maintenant, dans le cadre aménagé par les ordonnances du 25 mars. Mais
personne ne sera privé de son droit d’accès à un juge efficient.
Les textes que nous avons pris permettent qu’il en aille
ainsi, de même que l’action de tous ceux qui, par leur engagement et leur sens
profond du service public, contribuent au fonctionnement de notre justice
en ces temps difficiles.
Quant aux « autres » droits fondamentaux et aux
contrepoids essentiels de la vie démocratique, ils ne sont même pas
effleurés : la liberté de s’exprimer, de communiquer, de s’informer, de
critiquer est et reste en tout point celle des temps ordinaires.
Respect des équilibres qui définissent l’Etat de droit
Le Parlement continue à exercer sa fonction de contrôle sur
l’action du gouvernement. Le Conseil d’Etat n’a pas cessé un seul instant de
statuer en urgence sur les recours intentés contre cette action. Le juge pénal
fait son office. Quant au Conseil constitutionnel, qu’il est parfaitement
possible de saisir, il n’est, lui non plus, privé d’aucun pouvoir. Le
législateur a simplement permis qu’il dispose, s’il le souhaite, d’un peu
plus de temps pour juger. Rien d’autre.
Proportionnées, limitées dans leur durée, contrôlées, les
mesures que nous avons édictées respectent tous les équilibres qui définissent
l’Etat de droit. Ses principes sont préservés. Juges, ONG, médias,
universitaires et citoyens, tous y veilleront scrupuleusement.
Par sa brutalité, la crise dans laquelle cette épidémie
vient de nous plonger met à l’épreuve notre société et chacun d’entre nous.
Nous n’avons désormais qu’un impératif : protéger notre santé en
protégeant nos droits ! Au côté du sens du devoir, de la fraternité, de
l’intérêt général, le respect de nos libertés fondamentales constitue l’un de
nos plus précieux viatiques. Dans cette tourmente, ce qui nous unit nous
protège.
Bruno Le Maire
(ministre de l’Economie et des Finances)
- L'Union européenne a pris de bonnes
décisions sur le plan économique. Elle doit maintenant aller plus loin et
frapper plus fort. Nous proposons la création d'un fonds exceptionnel et
temporaire pour relancer l'économie européenne une fois la crise du coronavirus derrière nous.
- L’Union européenne doit repenser
son modèle économique avec un objectif stratégique rappelé par Emmanuel Macron: la souveraineté
économique.
Nous voulons que les personnes les
plus précaires continuent de percevoir leurs aides et d’exécuter les opérations
bancaires dont elles ont besoin dans de bonnes conditions sanitaires.
- Les boulangeries restent ouvertes
pendant le confinement. J’invite tous les Français à acheter leur pain en
boulangerie. La profession est fortement sensibilisée aux règles d’hygiène. Le
pain est cuit à haute température, ce qui élimine le Covid19.
Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- Le Chèque
énergie continue d’être distribué pendant la
période de confinement. 150€ en moyenne pour aider 5,5 millions de ménages à payer
leurs factures d’énergie.
- Pour les déplacements autorisés en
période de confinement, le covoiturage est possible sous conditions: une attestation par passager
plus une pièce d’identité; respect des gestes barrières : conducteur seul à
l’avant, 2 personnes maximum à l’arrière, véhicule nettoyé.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l’Education)
Lorsque l’on pense qu’un enfant est
en danger et subit des violences, on appelle le 119.
Olivier Véran
(ministre de la Solidarité et de la Santé)
- À tous les médecins, infirmiers,
soignants, en activité, retraités ou volontaires, nous avons plus que jamais
besoin de vous dans les régions les plus touchées!
- Il est hors de question que
l’épidémie de COVID19 restreigne le droit à l’avortement dans notre pays. Plusieurs
dispositions sont à instruction et vont être prises dans les meilleurs délais.
- Il n'y a pas de vacances pour le
virus, donc pas de vacances pour le confinement. Ce n'est pas parce qu'il y a
des vacances que les Français peuvent quitter leur lieu de confinement.
Didier Guillaume
(ministre de l’Agriculture)
Nos demandes faites à la Commission européenne: aménagement
déclaration PAC, autorisation de stockage privé pour le lait et la viande,
aménagement pour la filière pêche.
Jacqueline Gourault (Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales)
- Notre manière de travailler est bouleversée, mais la
continuité de l’action républicaine est assurée. Le gouvernement, autour du
premier ministre, est à la tâche sans relâche. Notre administration réalise un
immense travail, et l’État n’a jamais été aussi présent.
- Je ne vais pas vous dire que les choses ne sont pas
bousculées, car comme le président de la République l’a dit, il faudra tirer
toutes les conséquences de cette crise. C’est ainsi que, par exemple, le pacte
de Cahors, qui encadrait les dépenses de fonctionnement, a été temporairement
levé, car on sait bien que cette crise engagera des dépenses supplémentaires et
des recettes minorées. Toutefois, l’esprit de la loi 3D demeure et se révèle
très précieux puisqu’il s’agira de permettre aux collectivités de construire des
réponses rapides et spécifiques à leurs problématiques propres, sans jamais
perdre de vue la solidarité nationale. Ainsi, toutes les concertations que
j’avais menées ne seront pas vaines.
- Les ordonnances prises par le gouvernement] mettent en œuvre, de manière très pratique,
l’état d’urgence au niveau local. Après une ordonnance qui assure la continuité
budgétaire, financière et fiscale des collectivités, j’en présente une nouvelle
sur la gouvernance des assemblées délibérantes. Les préfets conservent un
contrôle de légalité, mais l’objectif est de faciliter la vie des exécutifs en
leur évitant au maximum d’avoir à se réunir physiquement. Les présidents se
voient confier automatiquement l’intégralité des pouvoirs qui pouvaient
auparavant leur être délégués. Bien sûr, en parallèle, ils ont le devoir
d’informer leurs assemblées, y compris les élus du 1er tour qui ne siègent pas
encore comme le prévoyait déjà la loi d’urgence. L’objectif est de permettre
aux collectivités de respecter les consignes en garantissant l’efficacité de
l’action publique.
- Les agences régionales de santé jouent un rôle essentiel
pour coordonner la gestion de la crise dans les territoires, avec les préfets.
Elles adaptent les réponses aux besoins. Peut-être existe-t-il des fonctionnements
plus ou moins fluides, mais les choses sont bien tenues. En période de crise,
les décisions s’adaptent au fil des jours.
- Dans le malheur, il y a aussi des signes d’optimisme.
Quand on voit ces malades français hospitalisés en Allemagne, en Suisse ou au
Luxembourg, on se dit que, malgré tout, l’Europe a du bon.
Franck Riester
(ministre de Culture)
J'ai réuni en visioconférence le
Conseil des Territoires pour la Culture. Avec les élus représentants des
collectivités territoriales, nous sommes mobilisés pour apporter des réponses
au monde culturel particulièrement touché par la crise sanitaire.
Gérald Darmanin
(ministre des Comptes publics)
- Nous avons décidé de verser en
avance la plupart des prestations sociales : RSA, allocation adulte handicapé,
prime d’activité, APL... Elles seront disponibles sur le compte bancaire de
tous les allocataires concernés dès le 4 avril 2020.
- Nous accélérons le remboursement
des crédits d’impôt pour aider les entreprises françaises à faire face à la
crise du coronavirus.
Muriel Pénicaud
(ministre du Travail)
- Protéger les salariés ce n'est pas
négociable
- Pour répondre aux besoins de
recrutements des secteurs en tension et en première ligne pendant la crise COVID19, nous lançons la
plateforme #mobilisationemploi avec pole emploi.
- Nous avons publié, à destination
des employeurs, des guides métier par métier pour protéger efficacement les
salariés des risques de contamination au Covid19. Les entreprises doivent se conformer à ces guides.
- Très forte montée en puissance du
dispositif chômage partiel : 400 000 entreprises et près de 4 millions de
salariés protégés, soit 1 salarié sur 5. Préservons nos emplois et nos
compétences.
- Le système d’information du chômage
partiel a été transformé en profondeur pour répondre à l’afflux sans précédent
des demandes des entreprises.
- Pour récompenser les salariés qui
travaillent afin que les Français puissent continuer à vivre au quotidien, les
entreprises pourront verser une prime totalement exonérée de charges sociales
et d’impôts pour le salarié et l’employeur.
Julien Denormandie
(ministre de la Ville et du Logement)
- Nous continuons à ouvrir des
chambres d’hôtel pour mettre à l’abri les sans domicile: 7600 chambres
réquisitionnées depuis le confinement 59 centres pour l'accueil des malades
Grâce aux associations et aux services
de l’Etat, 170.000 personnes hébergées hier soir.
- Pour aider les sans abri, l'Etat va distribuer des chèques
services permettant d'acheter nourriture et produits d'hygiène. Depuis le début
de la crise, l'Etat est aussi mobilisé pour leur hébergement 170.000 personnes
hébergées hier soir dont 7.600 places d'hôtels réquisitionnées
- Nous allons distribuer des
chèques-services aux SDF qui rencontreraient des difficultés d'accès aux aides
alimentaires. Un peu comme des titres restaurant. Nous débloquons 15 millions
d’euros pour pouvoir en fournir à 60 000 personnes.
L'ANIL est là pour répondre aux
questions des locataires en difficulté et les accompagner vers des soutiens
financiers correspondant. Grâce à l'accord avec les départements, le Fonds de
solidarité pour le logement de €350 Mio va être pleinement mobilisé.
Adrien
Taquet (secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance)
Seul un Français sur quatre a le
réflexe d'appeler le 119 face à une suspicion de violences sur un enfant. Quand
on a un doute, il faut agir au risque de se tromper. Quand on ne se trompe pas,
c'est souvent la vie d'un enfant que l'on sauve.
Amélie
de Montchalin (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes)
Nous sommes profondément préoccupés
par le risque de violation de l’Etat de droit, de la démocratie et des droits
fondamentaux.
Gabriel Attal
(secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education)
- Depuis son lancement le 22 mars, près de 250 000 personnes
ont rejoint la réserve civique. Une telle mobilisation est inédite dans un
temps aussi court. 45 000 Français sont déjà mobilisés sur le terrain autour
des missions essentielles : l'aide alimentaire et aux plus vulnérables, le lien
à distance, la garde exceptionnelle d'enfants de soignants, et pour beaucoup, la
livraison de courses pour les personnes âgées ou en situation de handicap. Je
lance aujourd'hui une nouvelle mobilisation en soutien à l'Assistance
publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et aux établissements de santé, afin que les
soignants puissent se concentrer sur leurs missions essentielles.
- Nous allons recruter 500 volontaires pour faire du lien
avec des malades du coronavirus qui sont chez eux. Ils appelleront les
personnes qui ont du mal à remplir l'application mise en place par l'AP-HP pour
le suivi des malades à domicile.
- La réserve civique a été construite avec les associations.
Nombre d'entre elles reposent habituellement sur des bénévoles âgés de plus de
70 ans. Elles ont naturellement demandé à ces personnes de rester chez elles
pour éviter de s'exposer au virus, et ce sont autant de bras qui leur manquent.
C'est tout l'enjeu de la plateforme que de permettre ce renfort de nouveaux
bénévoles. Aujourd'hui, une association qui exprime un besoin sur la plateforme
trouve en moyenne 100 volontaires en une demi-heure.
- Nous allons appeler 20 000 jeunes en service civique, dont
la mission a été interrompue au début du confinement, à se mobiliser. Dès cette
semaine 1 000 jeunes sont déployés, grâce à Unis-Cité, pour maintenir un lien
par téléphone avec des personnes âgées, ou leur livrer des courses ou des
médicaments. Et, dès aujourd'hui, des jeunes en service civique vont venir en
soutien aux établissements hospitaliers. Ils participeront pour treize hôpitaux
des Hauts-de-France à l'acheminement et la gestion des stocks de masques. Ils
n'interviendront pas sur des sujets sanitaires, mais apporteront un soutien
logistique important pour le fonctionnement des structures de santé.
- De nombreux Français se trouvent en grande difficulté du
fait de cette crise. Les entrepreneurs, les artisans, les allocataires des
minima sociaux… Les associations aussi. Les Restos du cœur ont dû récemment
dépenser 500 000 € pour compenser des dons alimentaires qui leur manquaient.
J'ai échangé avec Gérald Darmanin pour lui proposer que la cagnotte permette
aussi de flécher des fonds vers les associations d'aide aux plus démunis.
- Les 2 000 jeunes qui ont participé au SNU [Service
national universel] l'an dernier se sont spontanément tournés vers nous pour
nous demander comment aider. Nous leur avons transmis le kit «voisins
solidaires» pour qu'ils s'engagent dans leur immeuble, dans leur rue ou leur
village.
- [Service national universel] Il serait incompréhensible
qu'en cette année où le pays a tant besoin de mobilisation, on y renonce. Mais
évidemment, nous allons l'adapter. Les jeunes commenceront par leur mission
d'intérêt général qui se fait près de chez eux. Pour le séjour de cohésion,
nous en arrêterons les modalités en fonction du contexte sanitaire.
Agnès Pannier-Runacher
(secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et
des Finances)
- La mobilisation de notre industrie, de ses opérateurs,
techniciens et ingénieurs, est totale. Merci infiniment pour leur mobilisation
sans faille pour accroître nos capacités de production et réorienter des lignes
de production dans des temps records.
- Nous faisons le bilan avec chaque
filière pour faire le bilan de ce qui gène la continuité. Nous travaillons à
préciser les conditions dans lesquelles ces travaux doivent être exercés et
comment les salariés peuvent être équipés.
- Dans le cadre des arbitrages que
nous venons de rendre, la vente de semences et de plants potagers est
considérée comme un achat de première nécessité.
- Nous avons multiplié par 10 la
production de gel hydroalcoolique. Nous allons construire en 50 jours autant de
respirateurs que la France en a produit en 3 ans. Cela permet d’accompagner la
montée en puissance de nos soignants.
- Face au COVID19 le sujet n'est pas
d'aller réquisitionner ou nationaliser les entreprises. Le sujet c'est
d'entraîner notre industrie comme nous sommes en train de le faire en ayant
porté la production de masques de 13,5 millions d'unités par mois à plus de 40
millions en avril.
Marlène Schiappa
(secrétaire d’Etat à l’Egalité hommes-femmes et à la Lutte contre les
discriminations)
- Même si vous êtes opposé au
gouvernement (et c’est votre droit) partagez, s’il vous plaît, les nouvelles
mesures contre les violences conjugales pendant le confinement! Faites-les connaître pour soutenir les femmes.
- L’éviction du conjoint violent est
notre priorité ! Près de 1 000 Téléphones grave danger sont attribués
aujourd’hui pour protéger les femmes.
- Toutes les associations qui
défendent les femmes sont sur le pont, comme les services de l’Etat, et je leur
tire mon chapeau! C’est pour les soutenir que j'ai débloqué un fonds d’un
million d’euros supplémentaire.
- Nous créons un numéro d’écoute avec
la Fédération nationale d’accompagnement des auteurs de violences. Il n'y a pas
de honte à téléphoner, c'est une action responsable que de vous faire
accompagner pour préserver votre famille!
- Le confinement, c’est déjà une épreuve psychologique pour
beaucoup mais quand vous êtes confiné avec quelqu’un qui vous agresse, qui vous
insulte, qui vous frappe, qui vous viole et qui parfois vous menace de mort,
l’urgence pour nous c’est de mettre fin à cette cohabitation.
- Mesdames, vous avez le droit de sortir pour porter plainte
en commissariat et en gendarmerie même pendant le confinement.
● LaREM
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Richard Ferrand
(président de l’Assemblée nationale)
Avec cette mission d’information Covid19, l’Assemblée nationale assure la
permanence de ses missions constitutionnelles et fait vivre le contrôle
démocratique. Nous veillerons à ne pas entraver l’action de l’Exécutif : le
combat contre l'épidémie reste la priorité absolue.
Stanislas Guerini
(délégué général)
- Bravo à toutes celles et ceux qui
font jouer à plein la solidarité nationale et intergénérationnelle grâce à leur
formidable mobilisation. En ces temps difficiles, ils font ressortir ce qu'il y
a de plus beau dans notre pays.
- Grâce aux 15 millions € débloqués
sous forme de chèques-services, l'État va permettre à 60 000 SDF d'acheter de
la nourriture ou des produit d'hygiène. L'engagement du Gouvernement auprès des
plus fragiles est total. Merci.
Gilles
Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
- Je suis très heureux que notre
santé soit confiée au ministre de la Santé Olivier
Véran et à ses équipes, plutôt qu'à Madame Le
Pen.
- La première séance de la Mission
d'information COVID19 est une réussite. Elle a permis à la majorité et aux
oppositions d’engager leur travail de contrôle. Le vrai cadre d'un débat
démocratique de qualité, c'est l'Assemblée Nationale.
- L'élan des Français est admirable
et il faut le souligner : la plateforme http://jeveuxaider.gouv.fr compte 230 000 inscrits et la réserve sanitaire 40 000!
Aurore Bergé
(porte-parole)
- Dire la vérité. Dire aussi que les
informations reçues peuvent être incomplètes ou contradictoires. Dire enfin que
l'on croit farouchement en la capacité des Français à surmonter cette épreuve.
- Tous engagés pour la culture et
l'éducation avec #nationapprenante. Merci aux médias privés qui se mobilisent malgré un contexte
économique sans précédent et une baisse record de l'investissement
publicitaire.
●MoDem
François Bayrou
(président)
- Il serait très imprudent de faire des pronostics
optimistes à court terme. Je ne suis pas certain que dans deux semaines, les
raisons qui ont conduit au confinement seraient terminées. Je pense au
contraire que tout ce que l'on voit dans les chiffres ainsi que la dynamique
des chiffres conduit à penser que, probablement, les pouvoirs publics seront
amenés à prolonger ce délai et donc tout le monde s'y prépare. Il n'y a pas un
Français qui croit que tout cela va se lever à l'instant. Je pense au contraire
que, ce que l'on voit, c'est la nécessité d'avoir des disciplines, des
conduites prudentes, d'avoir tous ces gestes et ces attitudes qui font que la
propagation du virus sera ralentie, à la fois pour que les hôpitaux ne soient
pas encombrés, et pour que l'on attende - j'espère que cela viendra un
jour - traitements et vaccins.
- Tout le monde a conscience que chacun, où qu'il se trouve,
a des responsabilités et des devoirs. Il est vrai que ceux qui sont dans le
travail manuel dans les interventions, je pense aux équipes qui sont les
équipes des communes, des départements et des régions, ceux qui font que
les autres peuvent vivre, ont évidemment des responsabilités particulières. On
a organisé des équipes qui se relaient et il y aura, je le pense aussi des
primes. C'est vrai que ce n'est pas la même vie ni le même confinement lorsque
vous avez une maison et un jardin, même petit, et lorsque vous avez un petit appartement
pour une famille nombreuse. C'est vrai que, de ce point de vue, les tensions
augmentent, les tensions à l'intérieur des couples, les tensions avec les
enfants, il y a même parfois une augmentation des violences. C'est vrai, ce
n'est pas la même vie et c'est pourquoi il faut être très attentif à la manière
dont on régule le confinement selon les quartiers et selon les espaces de vie
où l'on se trouve.
- C'est un moment très dur et, dans ce moment très dur, il
faut au minimum qu'il y ait des gestes de reconnaissance. Il faut au minimum
que l'on comprenne que, ceux qui assument ce travail qui est souvent un travail
manuel, un travail de proximité, ils ont droit à ce qu'on leur donne un coup de
pouce, quelque chose qui leur permette de reconnaître que leur travail a été
repéré, a été vu et qu'on leur rend hommage. Je trouve que c'est une solidarité
nécessaire. Le gouvernement vient de faire des gestes très importants en
permettant que la prime qui porte le nom du Président de la République depuis
l'an dernier soit versée sans charges, sans difficultés supplémentaires pour un
certain nombre d'entreprises. Cela doit être aussi le cas des collectivités
locales.
- Du temps où j'ai fait campagne pour mettre en garde contre
le creusement de la dette - et on voit bien aujourd'hui que si l’on avait plus
de marges de manœuvre ce serait mieux comme un certain nombre de pays qui nous
entourent - la dette était une dette nationale. Je crois qu'aujourd'hui la
situation est extrêmement différente car toutes ces dépenses que l'on doit
faire, toutes ces aides que l'on doit apporter pour faire face à l'épidémie du
coronavirus, cela ne doit plus, cela ne peut plus être seulement une dette
nationale. Pourquoi le coronavirus? C'est la faute de personne. Il n'y a
pas un pays dans le monde dont on puisse dire : c'est eux qui ont fait des
fautes de gestion donc ils n'ont qu’à assumer la responsabilité de leurs actes.
Ce que je crois au contraire, c'est que cette calamité qui frappe le monde
entier, qui a commencé en Chine, qui est en Europe, qui va être demain aux
États-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique avec les difficultés que l'on voit,
cette calamité doit être assumée par l'humanité tout entière, elle doit être
assumée par les organisations politiques de l'humanité tout entière. Pour moi,
cela doit être une dette partagée. Il faut que les banques centrales - la
Banque centrale européenne a déjà fait un certain nombre de choix qui sont
justes. La Banque centrale américaine est allée encore plus loin - s'entendent
pour que cette catastrophe qui frappe l'humanité soit assumée dans ses
conséquences par l'humanité tout entière.
- C'est une catastrophe qui frappe l'humanité tout entière
sans que nul n'en soit responsable. Il n'y a pas, où que ce soit dans la
planète, quelqu'un qui en porte la responsabilité. Il faut donc l'assumer
ensemble.
- Si l'Europe n'a pas une réponse coordonnée en direction de
ce fardeau partagé, eh bien elle explosera. Vous voyez bien que l'on ne peut
pas dire: on abandonne l'Italie à son sort, on abandonne l'Espagne à son sort,
on abandonne la France à son sort, car vous allez voir qu'au-delà des
frontières, les maux, les calamités, les victimes, le nombre de personnes
atteintes montrent qu'il y a une unité profonde du continent européen et que
l'on ne peut pas se débarrasser cette unité uniquement au nom d'égoïsmes
budgétaires, nationaux. Je suis très choqué de la position des Pays Bas. Les
Pays Bas ont organisé une fiscalité pour que les grandes entreprises aillent de
préférence placer leur siège européen chez eux, mais on ne peut pas considérer
qu'à partir de là ils sont exonérés de tout effort. Je crois exactement le
contraire. Je pense qu'il faut, d'une certaine manière, bloquer le compteur au
début de cette crise et analyser les dépenses qui sont faites sur l'ensemble du
continent européen pour lutter contre cette épidémie du corona virus. Cette
partie-là des budgets publics doit être le plus possible partagée et ceci est
la conception même de l’Union européenne.
- C'est la plus grande crise que l'on ait connue de mémoire
d'homme sur l'ensemble de la planète depuis plusieurs siècles. Cette crise a en
effet un aspect sanitaire extrêmement dangereux, mais vous voyez bien que
l'économie de la planète s'est arrêtée sous toutes les latitudes et dans tous
les pays. Aujourd'hui, un habitant de la terre sur deux ou presque est confiné
et ceux qui ne le sont pas courent de terribles risques. Je pense à l'Afrique,
on vient de voir que Pape Diouf a été hélas le premier mort du corona virus au
Sénégal, mais vous imaginez les risques de contagion, les risques de contagion
en Amérique du Sud et vous observerez que tous les chefs d'État qui voulaient
d'une certaine manière hausser les épaules et considérer que ce n'était pas
pour eux, qu'ils allaient être plus malins que les autres, qu'ils allaient
jouer avec l'épidémie, tous ceux-là sont obligés aujourd'hui de faire des
volte-face à 180 degrés et de prendre une position différente ; c'était le
cas de Boris Johnson, c'est le cas de Donald Trump, ce sera le cas de Jair Bolsonaro
demain au Brésil. On est obligé de considérer que les disciplines les efforts,
les contraintes qui viennent de cette épidémie touchent l'ensemble des pays de
la planète.
- [Elections municipales] Mon regret, c'est qu'alors même
que le Président de la République était acquis à cette idée, j'en atteste parce
que j'étais à tout instant, pendant ces heures-là en ligne avec lui, et puis
des responsables de l'opposition, et non des moindres, toutes les organisations
politiques de l'opposition en vérité, ont dit : « Cela, c'est une
ruse, c'est une atteinte à la démocratie, on veut nous empêcher de tenir les
élections, c'est scandaleux, on se prononcera contre publiquement ». Or,
ce que le Président de la République avait en tête, c'était qu'il y ait un
consensus, que toutes les forces démocratiques puissent dire :
Aujourd'hui, ce n'est pas raisonnable, on va reporter à un peu plus loin les
élections. C'est ce qu'il aurait fallu faire pour des raisons sanitaires et
pour des raisons j'allais dire psychologiques dans l'opinion. On ne peut pas à
la fois fermer les bars et les restaurants, demander aux gens de ne pas sortir
de chez eux et maintenir cette organisation. Bon, c'est fait, c'est fait, c'est
derrière nous. De ce point de vue, il y a eu un manque de civisme.
- Cela fait très longtemps, très longtemps, que les
questions qu'a eues à traiter le monde politique n'étaient pas des questions de
vie ou de mort. Cela fait très longtemps que le sentiment que la société peut
être entraînée vers une dissolution, vers des attitudes qui sont des attitudes
de dispersion, d'antagonisme, qui menacent même la vie au sens propre de nos
concitoyens, ce sentiment-là de responsabilité doit s'imposer à tout le monde.
- Tout le monde voit bien que le confinement sert à ralentir
la propagation du virus pour des raisons qui sont immédiates, je pense par
exemple la saturation des services d'urgence des hôpitaux, et pour des raisons
de plus long terme : est-ce qu’on va pouvoir avoir tous les équipements
nécessaires, tous les tests nécessaires ? Est-ce qu’on va pouvoir
expérimenter des traitements ? Tout cela, ce sont évidemment des questions
qui demandent à avoir un certain délai pour qu'on puisse les organiser. Donc,
le confinement, c'est la mesure d'urgence la plus importante et tous les
épidémiologistes sur toute la planète sont d'accord sur ce sujet. Mais
évidemment tout le monde voit bien que cela ne va pas suffire à arrêter le
virus. Ce qui est très important, c'est que nos concitoyens puissent se faire
une idée de la manière dont on va sortir du confinement. Quelle sera l'étape
d'après ? Ce que je crois, c'est que, lorsqu’on regarde ce qui s'est fait
ailleurs, en Corée du Sud par exemple, on voit qu'il y a une mesure dont on n'a
pas les moyens encore aujourd'hui - je sais bien parce qu'à Pau nous y
travaillons tous les jours - c'est une capacité de détection généralisée, que
l'on ait les moyens, lorsque le moment viendra de lever le confinement, de voir
qui a été atteint par le virus, qui est porteur du virus dans le moment présent
et qui n'a pas été atteint. Il se trouve que les tests que nous avons
aujourd'hui, sans vouloir faire de précision technique, mesurent la présence du
virus au moment où l’on fait le prélèvement, mais il y a d'autres systèmes de
détection que l'on appelle sérologiques qui regardent dans le sang la trace de
la contamination du virus.
- Est-ce qu’il a été prudent, dans la période passée, de se
défaire, de se démunir de nos capacités de production ? Production de
médicaments j'entendais tout à l'heure l'appel des responsables des hôpitaux et
notamment des hôpitaux de Paris sur le fait qu'ils craignaient de manquer des
médicaments nécessaires, notamment pour les anesthésies, du curare par
exemple. De ce point de vue, est-ce que cela a été prudent de se démunir,
y compris de la fabrication des masques ? Le Président de la République a
répondu hier, j'ai le même sentiment que le sien : Cela a été très
imprudent. Vous vous souvenez que j'ai fait des campagnes présidentielles sur
le thème de « produire en France, produire en Europe » car, ce qui
est de l'ordre de l'essentiel pour l'indépendance d'un pays, ce qui concerne sa
santé, ce qui concerne sa défense, il faut à tout prix qu'on le conserve sur le
sol, je ne dis pas seulement du pays mais de notre Union européenne, au moins
de l'Union européenne étroite, ceux qui décident, ceux qui ont la volonté et au
fond c'est ce que Jacques Delors rappelait, d’aller de l'avant ensemble.
- Il faudra un avant et un après car je ne crois pas une
seconde que la société repartira après une crise sanitaire, économique,
sociale, démocratique peut-être, de cet ordre, comme avant. Je ne crois pas que
la manière de vivre-ensemble, de se saluer sera la même qu'avant, beaucoup de
choses vont changer et, d'une certaine manière, il y a peut-être aussi un
espoir dans le fait que tant de choses vont changer dans la société.
Patrick Mignola
(président du groupe à l’Assemblée nationale)
Merci aux élus locaux et aux préfets
pour leur mobilisation : les plants et semences pourront être vendus dans nos
jardineries ou en drive. Bon pour l’économie, les salariés, les consommateurs,
dans le respect des règles sanitaires.
Sarah El Hairy
(porte-parole)
Les violences
conjugales ne s'arrêtent pas le temps du confinement au contraire ! Alors
soyons vigilants.
●UDI
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ne sont pas retranscrits]
Jean-Christophe Lagarde (président)
- C'est un virus qu'on ne connait
pas, d'autant que les Chinois n'ont pas forcément fait preuve de transparence en temps
utile. Le Gouvernement a l'honnêteté de dire ce qu'il sait et ce qu'il ne sait
pas.
- Les assurances doivent aider les TPE/PME et contribuer avec un prélèvement
exceptionnel : nous continuons à payer nos cotisations tous les mois alors
qu'ils ont moins de sinistres à rembourser avec le confinement.
- Il faut arrêter de jouer à se faire
peur avec la Seine-Saint-Denis : le confinement est respecté, je le sais par la
Police Municipale et la Police Nationale. Si les hôpitaux ont été débordé,
c'est parce qu'il y a moins de lits qu'ailleurs!
Nathalie Goulet (sénatrice)
[Tribune sur l’épidémie de covid19 et l’économie]
Alors que la France et le monde traversent une crise
sanitaire d’une ampleur inédite, chacun évalue la crise économique qui va en
résulter. L’économiste Christian Gollier estime entre 10 % à 20 % la chute du
PIB national. Dans le domaine de la prévision chacun navigue au doigt mouillé,
pour faire au mieux dans des circonstances d’une gravité inconnue pour notre
génération, et nous sommes nombreux à nous ranger derrière le vocabulaire
guerrier du Président Macron. Le système financier va sans doute connaître des
changements violents, et pas de simples ajustements, en cette matière comme
dans d’autres il y aura un avant et un après COVID19. L’heure est à l’urgence
sanitaire, la situation budgétaire et financière attendra, comme attendra, la
reprise de l’économie en état mort cérébrale.
Pour tenter d’endiguer cette chute vertigineuse et le
marasme qui va en découler, le G20 vient de décider une injection de 5 000
milliards de dollars dans l’économie mondiale, en plus de ce que les pays ont
prévu individuellement ou par le biais de leurs banques centrales. Aux
États-Unis, le plan proposé par Donald Trump, voté par les démocrates au Sénat,
prévoit le déblocage de 2 000 milliards à destination des salariés, des
hôpitaux et des entreprises.
En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a mis en
place un plan d’urgence le 19 mars consistant au rachat d’actifs pour près de
750 milliards d’euros, faisant culminer (pour l’instant) l’aide de la BCE à
plus de 1 000 milliards d’euros, une véritable révolution pour l’institution.
La situation a contraint Christine Lagarde à modifier sa stratégie pour
permettre à la BCE de «soutenir chaque citoyen de la zone euro».
Afin de laisser une marge de manœuvre plus grande aux États
membres, la Commission européenne a choisi quant à elle de mettre en place un
cadre temporaire leur permettant de soutenir financièrement les entreprises
touchées par l’arrêt brutal de production et de consommation causé par la
pandémie.
Le Parlement allemand, revenant sur les limitations prévues
par la Constitution, a débloqué près de 1 100 milliards d’euros visant à
appuyer les systèmes de santé, les salariés et entreprises ainsi que les
collectivités.
Dans cette chronique du tsunami économique annoncé, il faut
se garder de faire des pronostics imprudents. Néanmoins, l’inquiétude est
inversement proportionnelle à la visibilité, qui est nulle. Les agences de
notation tentent des analyses, mais cette crise de tous les superlatifs aura
des effets majeurs mettant à mal la résistance des économies et des banques…et
ne parlons pas de dette des États…
Dans ce contexte, il n’est guère surprenant de constater que
les pays se ruent vers l’or. L’or est la valeur refuge par excellence. La fin
du XXe siècle avait entraîné un désintérêt relatif pour le métal précieux, au
profit des actifs rapportant des intérêts. La crise financière de 2008 et plus
récemment les mouvements erratiques du commerce international (guerre
commerciale entre les États-Unis et la Chine, retour progressif et multiforme
au protectionnisme, Brexit) n’ont fait qu’encourager les banques centrales à
délaisser des éléments trop fluctuants et à revenir aux valeurs de base,
c’est-à-dire à l’or.
Et ce n’est pas la crise du coronavirus qui va inverser la
tendance, bien au contraire.
L’or n’est pas soumis aux dévaluations. C’est en 1971 que le
Président Nixon décidait de mettre fin à la convertibilité du dollar en or, et
en faisait la monnaie de référence, soumettant par là même l’économie mondiale
au dollar roi, dollar arme politique, stratégique et économique - il suffit de
se souvenir de l’Europe inféodée, impuissante à faire valoir ses positions et à
protéger ses entreprises face à la politique des sanctions américaines contre
l’Iran. Une Europe totalement désarmée, face à la puissance politique du
dollar.
Recherchant sécurité et souveraineté, certains États
reviennent donc à une valeur sûre et constituent des réserves d’or, non
soumises au bon vouloir de la politique ignorante du multilatéralisme des
États-Unis et de son imprévisible président.
Ainsi la Chine, la Russie ou la Turquie ont clairement et
ouvertement engagé une course à l’achat d’or. Si la Chine en achète massivement
ces dernières années sans que les chiffres exacts soient connus, la Russie
était le plus gros acheteur en 2018 (274, 3 tonnes sur un total de 651,5, soit
la plus grande acquisition d’or de l’histoire par une banque centrale) et la
Pologne le plus gros acheteur au premier semestre 2019 (100 tonnes, devant la
Russie, 94 tonnes).
Les achats d’or par un nombre accru de pays (Qatar,
Colombie, Chine, Russie, Pologne, Hongrie, Équateur, etc.) constituent des
marqueurs de la volonté de ces pays de faire reposer leur économie sur une
valeur sûre. Des stocks d’or importants permettent donc à la fois de
s’affranchir de l’esclavage du roi dollar et de tenter de garantir une certaine
stabilité de l’économie.
Le prix de l’or n’a fait que grimper depuis 2008, atteignant
des niveaux historiques. Avant même que la crise sanitaire nous touche, les
économistes alertaient sur cette hausse, symptôme de l’instabilité économique
mondiale, et certains se préparaient à une crise boursière majeure, ou à un
nouveau choc pétrolier. Le coronavirus n’a donc fait qu’accentuer ces
trajectoires.
La possession physique des stocks d’or devient dès lors un
enjeu fondamental. En effet, si une crise économique ou politique trop forte
éclate, il faut que les gouvernements aient la possibilité d’en disposer. C’est
ainsi que depuis de nombreuses années, le rapatriement des stocks d’or par les
pays peut être lu avec du recul comme le calme qui précède une tempête: la
Belgique (dont la réserve d’or est de 227,4 tonnes), en 2015, faisait revenir
ses stocks du Canada et d’Angleterre, l’Allemagne (3366.8 tonnes) rapatriait,
en 2016, ses stocks d’or depuis Paris et New York, la Turquie (428,7 tonnes)
depuis les États-Unis en 2018.
Le Royaume-Uni dispose certes de 310,3 tonnes d’or qu’elle
conserve à la Bank of England. Cependant, l’établissement «héberge» également
les réserves d’or d’autres pays européens. Le Brexit a entraîné le rapatriement
des stocks d’or de pays comme la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie mais aussi
la Serbie et la Pologne.
La France possède, en mars 2020, 2 436 tonnes d’or ce qui la
situe a à la quatrième place après les États-Unis (8 133,5 tonnes), l’Allemagne
et l’Italie (2451,8 tonnes). L’article L. 141-2 du code monétaire et financier
prévoit d’attribuer la compétence de la gestion de ces stocks à la Banque de
France: «la Banque de France détient et gère les réserves de change de l’État
en or et en devises et les inscrit à l’actif de son bilan selon des modalités
précisées dans une convention qu’elle conclut avec l’État.»
La gestion des stocks d’or a été l’objet d’une question
quant à la souveraineté des États face à l’Union européenne. En effet, si les
États membres de l’Eurosystème restent théoriquement propriétaires souverains
de leur or et non soumis aux décisions de la BCE, cette dernière dispose
néanmoins du pouvoir de la gestion des stocks d’or.
Mario Draghi, ancien président de la BCE précisait: «La BCE
doit approuver toute opération concernant les réserves restant au sein des
banques centrales nationales (…) ainsi que les transactions des États membres
avec leurs soldes de réserves de change au-dessus d’un certain montant.» Ainsi,
puisqu’elle gère l’euro, la BCE est compétente et peut contrôler les réserves
et changes d’or des banques centrales nationales.
Rien d’anormal à cela si l’on considère les efforts des
instances européennes dans le sauvetage des économies de l’Union.
Le cas de la Grèce n’aura alors été qu’un galop d’essai de la
solidarité des pays européens face à une débâcle économique et budgétaire
La réserve d’or française n’a pas bougé depuis 2009, après
la fin d’une série de ventes organisées par Nicolas Sarkozy à partir de 2004,
pour un cinquième de son stock de l’époque, à savoir 589 tonnes. Désormais,
toute vente ou dilapidation de stock d’or d’un pays de l’Eurosystème doit
passer sous les fourches caudines de la BCE.
Nous voyons le débat en flux continu des effets de la
dépendance et de l’absence de souveraineté en matière sanitaire ; avant que la
crise du COVID19 ne soit dernière nous, il faudrait penser à notre souveraineté
monétaire et financière.
Nos stocks d’or seront-ils suffisants pour garantir les
emprunts colossaux de la France pour maintenir notre économie sous perfusion,
sans compter ceux qu’il faudra encore lancer pour la faire redémarrer?
La crise du coronavirus appelle une vigilance accrue
vis-à-vis des valeurs refuges. L’actuelle ruée vers l’or (la devise devrait
atteindre 1 800 dollars d’ici la fin de l’année, en rebond de plus de 23 %)
n’est pas le signal d’une accalmie mais bien au contraire celui d’une
inquiétude majeure qui pèse sur le monde et que chacun d’entre nous partage.
Peut-être faudrait-il y réfléchir alors que le déficit budgétaire va flamber
(légitimement) pour cause d’Urgence sanitaire?