Donald Trump |
Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international,
centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Ceux qui doutaient de la capacité de Donald Trump a géré une
crise comme l’épidémie de covid19 avaient – évidemment – raison.
Non seulement le populiste américain a dit et fait n’importe
quoi mais il conduit inexorablement son pays et le monde vers une crise encore
plus grave que celle que nous connaissons.
Rappelons qu’il explique sans relâche que le virus est une «duperie»
des démocrates et une «hystérie» des médias.
Il a d‘abord déclaré que celui-ci n’entrerait pas aux
Etats-Unis (le 22 janvier, il disait: «Nous avons la situation totalement sous
contrôle. Il n’y a qu’une personne qui est infectée et qui revient de Chine. Tout
ira bien»); puis qu’il n’y avait que cinq cas (le 30 janvier, il disait: «Il n’y
a que cinq personnes touchés aux Etats-Unis et toutes s’en remettent bien»); puis
qu’un miracle sauverait le pays (le 10 février il disait: «En avril, vous savez,
en théorie, lorsqu’il fera un peu plus chaud le virus disparaîtra miraculeusement»);
puis que tout allait bien (le 23 février, il disait: «Le coronavirus est complètement
sous contrôle aux Etats-Unis»); puis que l’épidémie s’éteindrait d’elle-même en
peu de temps (le 26 février, il disait: «Dans quelques jours, le nombre de cas sera
proche de zéro); puis que ses opposants tentaient de créer une panique avec de
fausses informations (le 28 février, il disait: «La chaîne anti-Trump, CNN,
fait tout ce qu’elle peut pour susciter un panique nationale autour du
coronavirus. Ce média d’extrême-gauche fait tout ce qu’il peut pour ignorer tous
ceux qu’il interviewe et qui ne disent pas du mal du président Trump»; puis, à
nouveau, que tout était «vraiment sous contrôle» (le 29 février); puis que
selon son «intuition», les estimations des experts internationaux sur la mortalité
de l’épidémie était fausses (le 6 mars, il disait: «Je pense que 3,4% est
réellement un faux chiffre. C’est juste mon intuition basée sur de nombreuses
conversations avec beaucoup de gens qui font ça, parce que beaucoup de gens auront
ça de manière très douce et ils s’amélioreront très rapidement. Ils ne voient pas
de médecin. Ils n’appellent même pas de médecin. On entend jamais parler de ces
gens»); puis de faire une comparaison entre la grippe et le covid19 (le 9 mars,
il disait: L’année dernière 37.000 Américains sont morts de la grippe. Rien n’a
été fermé. La vie et l’économie ont continué. Actuellement, nous avons 546 cas
de coronavirus et 22 morts. Pensez-y!); puis que l’épidémie était proche de son
extinction (le 10 mars, il disait: «Elle s’en ira, calmez-vous, elle s’en ira»)
puis qu’elle était exagérée par les démocrates «corrompus» et les «faux»
médias, puis que celle-ci était sous contrôle et, désormais, qu’il s’agit d’un
complot pour empêcher sa réélection «triomphale».
Sans oublier, évidemment, de blâmer Barack Obama, responsable,
selon lui, de la crise sanitaire…
Pourtant, le 17 mars, il déclarait, avec l’aplomb des pires
menteurs, que «Je sentais qu’il s’agissait d’une pandémie bien avant qu’on l’appelle
pandémie» pour dire quelques jours plus tard qu’il fallait que l’économie
reparte parce que les mesures de précaution allaient tuer le pays plus que le
virus!
On reste interdit devant de tels propos du dirigeant de la
première puissance mondiale dont le but avoué est de tourner la page de la
crise aussi vite que possible, non pas pour sauver des vies, mais pour faire repartir
l’économie américaine…
Pourquoi une telle précipitation?
Parce que Trump croit que sa seule capacité à gagner en novembre
prochain vient de la bonne santé de l’économie et que les Américains
accepteront des dizaines de milliers de morts évitables pour faire repartir la
machine productive.
Un tel cynisme démontre la crapulerie du bonhomme au-delà de
toute imagination.
Mais ce n’est pas tout!
Car Donald Trump a également sous-entendu que l’aide fédérale
aux différents Etats serait accordée en considération du soutien de leurs
gouverneurs à sa personne et de leurs propos aimables à son encontre, faisant
de l’argent public un moyen de récompenser ou, au contraire, de punir ceux qui
ne lui feraient pas allégeance comme par exemple le gouverneur de New York,
Andrew Cuomo ou la gouverneure du Wisconsin, Gretchen Whitmer.
Car, c’est bien connu, «les gouverneurs ils prennent, ils
prennent, ils prennent et puis ils se plaignent, ils prennent pendant que, vous
[lui!], vous faites un très bon boulot».
Une aide qu’il ne veut qu’accorder au compte-gouttes puisque
son «sentiment», a-t-il déclaré à son ami et soutien Sean Hannity sur Fox news,
était que «beaucoup des chiffres qui viennent de plusieurs endroits sont plus élevés
que ce qu’ils vont être».
Car, bien évidemment, son «sentiment» a plus de valeur que
les dires des scientifiques et des sommités médicales qui alertent sur une épidémie
d’une gravité extrême et que les chiffres qui font du pays celui qui a,
désormais, le plus de cas de covid19 au monde et qui connait une progression
forte de la mortalité.
Autant de bêtises et de crapulerie venant du président des
Etats-Unis qui calcule lui-même le nombre de ventilateurs dont ont besoin des services
de réanimation des hôpitaux («Je ne pense pas que nous ayons besoin de 40.000
ou 30.000 ventilateurs. Vous savez, vous allez dans des grands hôpitaux et
parfois, ils n’ont que deux ventilateurs. Et maintenant, tout d’un coup, ils
disent, peut-on commander 30.000 ventilateurs»), est une honte qui, dans une
normalité politique que ce pays ne semble plus connaître depuis quatre ans, devrait
le faire destituer ou, à tout le moins, battre en novembre prochain, lors de la
présidentielle.
Et le pire, c’est que cette dernière éventualité ce n’est
même pas sûr!
Aris de Hesselin