Du
coup, de 314 membres, la formation principale de la majorité présidentielle ne
compterait «plus» que 297 membres (soit, tout de même, huit de plus que la majorité
absolue).
Les
opposants à Emmanuel Macron et les médias qui leur sont affiliés ne se privent
pas de parler de déliquescence, de grave crise et de pertes importantes,
certains annonçant même en l’espérant sa prochaine disparition.
Il
est vrai que dix-sept
députés de moins, ce n’est pas anodin mais qu’en l’espèce il faut aller plus
loin que le décompte brut.
Ainsi, sur ce chiffre il convient de noter que trois d’entre
eux ont été exclus (Sébastien Nadot de Haute-Garonne, issu du Mouvement des
progressistes de l'ancien communiste Robert Hue, Agnès Thill de l’Oise et Sabine
Thillaye d’Indre-et-Loire) et que deux d’entre eux (M'jid El Guerrab
représentant les Français du Maghreb et de l’Afrique de l'Ouest ainsi que Joachim
Son-Forget représentant les Français de Suisse et du Liechtenstein) sont partis
avant de subir le même sort.
Reste douze qui ont décidé de quitter LaREM (Les ex-PS
Jean-Michel Clément de la Vienne, Paul Molac du Morbihan, François-Michel
Lambert des Bouches-du-Rhône, Matthieu Orphelin du Maine-et-Loire, Delphine
Bagarry des Alpes-de-Haute-Provence et Claudia Rouaux d’Ille-et-Vilaine; l’ex-UDI
Frédérique Dumas des Hauts-de-Seine; l’ex Alliance centriste Sandrine Josso de Loire-Atlantique;
la sympathisante de Nicolas Hulot Jennifer de Temmerman du Nord; les sympathisantes
de gauche Paula Forteza représentante des Français d’Amérique Latine et des Caraïbes
et Albane Gaillot du Val-de-Marne; Frédérique Tuffnell de Charente-Maritime).
Donc, huit personnes encartées auparavant dans une autre
formation politique (6 u PS, 1 à l’UDI, 1 à l’Alliance centriste), deux sympathisantes
de gauche, une sympathisante de Nicolas Hulot et une sans étiquette préalable.
Voilà de quoi remettre en perspective ces départs de
personnes dont beaucoup savaient par avance qu’en gardant leur étiquette d’origine
qu’elles n’auraient aucune chance de se faire (ré)élire et dont certaines
avaient peu la fibre En marche ou centriste…
Quoi
qu’il en soit, ce chiffre peut néanmoins toujours paraître comme important si
on ne le met pas immédiatement en rapport avec ce qu’est LaREM et quelles sont
ses caractéristiques.
Créé
en avril 2016, il s’agit d’un mouvement où l’on devient membre en remplissant
un simple formulaire en ligne et sans payer de cotisation (d’où d’ailleurs, au
départ, des «entrismes» d’opposants pour le décrédibiliser), qui a du trouver
dans une certaine urgence ses représentants aux législatives de 2017 (après la
victoire de Macron à la présidentielle) par un appel à candidature de citoyens
(déjà membres ou non) mais aussi en soutenant quelques députés d’autres partis
plus ou moins «Macron-compatibles»,
certains, comme on l’a vu plus haut, décidant même de prendre l’étiquette LaREM.
La
victoire éclatante de LaREM aux législatives avec 314 élus (mais aussi les 49
élus du MoDem, son allié, qui ne comptait aucun député dans la précédente
législature et qui a du trouver nombre de candidats avec, plus ou moins, la
même technique) recelait donc en elle-même les difficultés d’une homogénéité et
d’une solidarité futures du groupe à l’Assemblée nationale.
Près
de trois ans après les législatives, avec nombre de réformes adoptées (où les
députés ont été constamment mis sous pression psychologiquement et même
physiquement par l’opposition, les médias et la rue), les mouvements de foule
et de revendications catégorielles et clientélistes, les erreurs de casting qui
étaient inévitables, les opportunistes qui ont réussi à obtenir l’investiture
(notamment élus d’autres formations qui savaient qu’ils ne pourraient garder
leurs sièges qu’en faisant allégeance à la formation présidentielle), le bilan
n’est pas celui décrit par les opposants à Emmanuel Macron.
On
serait même tenté d’être étonné par le fait qu’il y ait encore autant de
députés fidèles alors même que les «partis traditionnels» ont connu des
défections en nombre, des retournements de veste (voir les «frondeurs» du PS au
temps d’Hollande ou les luttes de clan à LR qui ont abouti entre autres à la
création d’Agir) et un marasme dans le nombre de leurs militants.
Il
est évident qu’il y aura encore des départs, c’est inscrit dans l’ADN de LaREM.
Non
pas que le parti présidentiel n’ait pas de ligne politique ou qu’il soit une
coquille vide mais tout simplement parce que certains députés encore dans le
groupe ne sont pas macronistes ou centristes et qu’à l’approche d’échéances
électorales ils vont s’éloigner et se séparer de celui-ci dans une logique
politicienne que les dirigeants de LaREM ne pouvait éviter.
Dès
lors, et même si le parti présidentiel perd encore des députés (voire même s’il
perd à lui tout seul la majorité absolue), le verre à moitié plein prime encore
sur le verre à moitié vide.
Alexandre
Vatimbella
Directeur
du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur
des études du CREC