Par Aris de Hesselin
& Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international,
centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Xi Jinping masqué... |
«Une bonne dictature et tout irait mieux», entend on souvent
de la part de ceux qui voudraient soigner la «chienlit» des régimes démocratiques
«inefficaces» par un totalitarisme qui serait à même par son organisation de
régler les problèmes du monde.
Que ce soit à l’extrême-droite et à l’extrême-gauche, on
trouve des partisans d’une telle solution, défendue même par des «écologistes»
qui pensent que seul un régime autoritaire permettra de prendre les bonnes
décisions pour «sauver la planète».
Or, voici qu’une épidémie s’est déclarée dans un des pays les
plus totalitaires à l’heure actuelle, épidémie qu’il a été incapable de
prévenir, de confiner puis d’éradiquer, épidémie qui menace désormais cette
même planète.
Il s’agit évidemment de l’épidémie du coronavirus Covid-19
et de la Chine.
On pourra arguer que la Chine montre aussi qu’elle n’est pas
encore ce pays développé et cette grande puissance qu’elle affirme être,
montrant ses faiblesses et ses manques.
C’est sans doute vrai mais ce n’est pas suffisant car c’est
bien la structure même du pouvoir, l’impéritie des autorités nationales du
Parti communiste chinois, l’incompétence des responsables locaux, la rétention
d’information propre au totalitarisme, le refus d’assumer les responsabilités
en toute transparence qui, si bien évidemment ils n’ont pas créer le virus, ont
permis qu’il soit à l’origine d’une épidémie pour l’instant incontrôlable, en
témoigne le regain de vigueur de cette dernière et son extension rapide dans
certains pays comme la Corée du Sud, l’Iran et, bien sûr, l’Italie.
Sans oublier qu’une des principales préoccupations des autorités
de Pékin, dès le départ, a été de protéger le maître de la Chine, Xi Jinping,
de toute accusation et de toute critique quant à sa gestion de la crise et,
plus largement, du pays.
Aujourd’hui où l’urgence est évidemment à contenir l’épidémie
puis à l’éradiquer, il n’est pas inutile de constater qu’un régime totalitaire
est incapable, en tout cas bien plus incapable, qu’un régime démocratique de
gérer une crise sanitaire.
Une des raisons est qu’un tel régime, avant de protéger sa
population, se protège lui-même et fait en sorte d’empêcher que l’information
circule librement, ce qui, pour ce genre de crise est une condition indispensable
à une lutte efficace.
Comme l’explique un des spécialistes les plus éminents de la
Chine, François Godement:
«Le retard pris par les autorités centrales pour réagir aux
informations provenues de Wuhan est patent. (…) À ce retard s’ajoute
l’impéritie de l’action locale: un banquet de 40 000 personnes dans le centre
de Wuhan le 18 janvier, célébré dans la presse locale, restera dans les
annales. La structure du système de santé chinois - des hôpitaux et des
dispensaires plutôt que des généralistes dispersés - ne favorisait pas la
prévention de la contagion, bien au contraire. La transmission d’humain à
humain, évidente dès les premiers jours de janvier à partir du cas des
médecins, et antérieure pour d’autres patients, n’a été reconnue que le 20
janvier: l’OMS, et derrière lui des gouvernements étrangers peu curieux, ont
d’ailleurs choisi de croire à la lettre ce qui était une dissimulation. Dans la
montée des festivités du Nouvel An, la propagande habituelle sur le
"dirigeant du peuple" ne s’était pas interrompue. Qu’il s’agisse d’un
réflexe de sycophantes ou d’une sous-estimation, celui qui est le commandant en
chef et qui a enterré l’expression de "direction collective" en porte
évidemment la responsabilité.»
Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella