Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international,
centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Supporteurs de Trump en 2016 |
Concernant sa destitution, Donald Trump n’a pas «gagné» en
étant «acquitté» par le Sénat ce 5 février parce qu’il n’avait rien à gagner
puisqu’il ne s’agissait que d’un simulacre de procès – annoncé d’ailleurs comme
tel par le leader des sénateurs républicains, Mich McConnell – où toutes les
règles ont été bafouées et parce que le verdict avait été annoncé avant même sa
tenue.
En revanche, une nouvelle fois depuis sa prise de pouvoir en
janvier 2017, il y a bien une vaincue et c’est la démocratie.
Ayant reconnu avoir demandé l’aide de l’Ukraine pour salir
son opposant démocrate à la présidentielle, l’ancien vice-président centriste
Joe Biden, Trump s’était lui-même désigné comme coupable ce qu’avait confirmé
la Chambre des représentants avec toutes les preuves nécessaires et qui l’avait
formellement mis en accusation.
Mais l’on savait dès le départ que le Sénat qui été chargé
de le juger, l’acquitterait de ses méfaits parce qu’elle était à majorité
républicaine et qu’elle ne respecterait même pas les procédures normales d’un
vrai procès avec le refus, notamment, de faire venir des témoins.
A côté de savoir qui a gagné ou perdu, on sait qu’il y en a
qui ont au moins sauver leur honneur (les démocrates et un républicain, Mitt
Romney) et qu’il y en a qui ont définitivement perdu le leur (les
républicains), tant à la Chambre des représentants qu’au Sénat.
Ainsi, les élus démocrates ont accompli leur devoir en
défendant la démocratie américaine même s’ils n’ont pas réussi dans leur
volonté de justice alors que les républicains ont failli totalement à défendre
cette même démocratie mais ont réussi dans leur entreprise de garder le pouvoir
coûte que coûte, allant jusqu’à faire entièrement corps avec un criminel qui
utilise le pouvoir de sa fonction à des fins personnelles.
Dès lors, il n’y a aucune morale dans cette histoire
d’«impeachment» pour l’instant (les élections présidentielles de novembre
prochain nous dirons s’il y en a, in fine, une) mais seulement une manœuvre
politicienne qui a réussi au préjudice de la démocratie.
C’est pour cela qu’il ne faut pas laisser le camp
républicain et les sbires de Donald Trump répandre dans des médias complaisants
qu’il aurait «gagné».
Parce que si nous les laissons raconter cette fable, nous
sommes complices de leur entreprise qui a déjà bien affaibli la démocratie.
Ce qui, pour nous, centristes, est inacceptable.
Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella