La violence de l’opposition à la majorité présidentielle en
place et en la personne d’Emmanuel Macron dépasse celle que l’on connait
désormais dans les démocraties – mais qui a toujours existé – et, surtout,
celle qui a systématiquement accompagné le passage du Centre au pouvoir avec
cette coalition de la Gauche et de la Droite qui multiplie les coups, Valéry
Giscard d’Estaing s’en rappelle fort bien lui qui dut faire face à ceux de
François Mitterrand et de Jacques Chirac quand il occupait l’Elysée.
Et on ne parle même pas de la violence venue à la fois de
l’extrême droite et de l’extrême gauche tant elles sont récurrentes contre tous
les gouvernements élus démocratiquement mais qui prend une nouvelle dimension
avec le rapprochement que l’on observe actuellement entre La France insoumise
et le Rassemblement national même si le fonds de commerce des extrémistes où
qu’ils soient sur l’échiquier politique est, de tout temps, très similaire.
L’ère du temps ne suffisant donc pas à expliquer ce
déchaînement d’insultes, de menaces, d’actions plus ou moins virulentes et
d’appels à la sédition, il faut chercher cet élément supplémentaire qui
cristallise ce surcroit de violence.
Il se trouve sans doute dans la réussite d’Emmanuel Macron
d’avoir rassemblé l’ensemble de l’axe central et de l’incarner politiquement,
ne laissant ainsi à ses adversaires qu’une posture de radicalité pour s’opposer
(et exister).
Rappelons ce que nous entendons par axe central: il s’agit
de toutes les forces politiques qui vont de la droite progressiste à la gauche
social-libérale en passant par le centre libéral-social qui défendent la
démocratie républicaine libérale et représentative.
En France, elle est composée ces dernières années de la
droite proche d’alain Juppé, d’une gauche issue du rocardisme (avec notamment Manuel
Valls) et en partie venant de la social-démocratie et d’un centre où l’on
retrouve toutes ses composantes.
Cela ne veut pas dire que toutes ces tendances de l’axe
central sont blanc bonnet et bonnet blanc.
Non, dans un paysage démocratique de l’après-guerre jusqu’il
y a peu, elles avaient même plutôt tendance à s’opposer et à être concurrentes
entre elles parce qu’elles défendent, chacune, des visions propres.
Cependant, elles défendent également des valeurs et des
principes proches ainsi que certains fondamentaux en matières économique,
social et sociétal.
Ce qui permet de les réunir aujourd’hui et peut-être demain
encore, c’est la nouvelle donne politique qui s’installe dans les démocraties
occidentales en ce début de XXI° siècle avec la montée en puissance du
populisme qui trouve nombre de ses alliés chez les extrêmes (voire en est
issue) mais aussi dans cette droite et cette gauche fortement idéologisées
(représentées par LR et le PS) et qui, pour continuer à exister tant bien que
mal, ont épousé, non seulement, bien des thèmes populistes mais aussi nombre de
comportements.
Aux Etats-Unis elle est incarnée par la droite du Parti
républicain autour de personnes comme le leader du Sénat, Mitch McConnell et
par la gauche du Parti démocrate et le socialiste Bernie Sanders.
Et l’on pourrait évoquer, de même, les situations politiques
en Espagne, en Italie, en Allemagne ou en Grande-Bretagne.
Est-ce une recomposition politique sur le long terme, il est
bien difficile de l’affirmer.
Pour autant, en France, elle est là et bien là – même si
elle n’est pas encore tout à fait achevée.
Et que les défenseurs de la démocratie républicaine
représentative libérale ne fassent pas de contresens: ce n’est pas un «pouvoir
macroniste» qui est attaqué mais l’ensemble de cet axe central pour ce qu’il
est et ce qu’il représente face à la montée du populisme, au retour de
l’autoritarisme et la pression des totalitarismes.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC