Voici une sélection, ce 6 janvier 2020, des derniers propos
tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
● Emmanuel Macron
(Président de la République)
- L’escalade des tensions au
Moyen-Orient n’est pas une fatalité. La France a deux priorités que je partage
avec l’ensemble des dirigeants concernés que je contacte: la souveraineté et la
sécurité de l’Irak, ainsi que la stabilité de la région; la lutte contre le
terrorisme de Daech. Rien ne doit nous détourner de ces objectifs.
- Solidarité avec le peuple
australien face aux incendies qui ravagent leur pays. Ce matin, j’ai appelé Scott Morrison pour offrir notre
aide opérationnelle immédiate pour lutter contre les feux, protéger la
population et préserver la biodiversité.
● Gouvernement
[Nota: dans ce
gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons
cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie
selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Bruno Le Maire
(ministre de l’Economie et des Finances)
- Si les Américains décident de
mettre des sanctions commerciales contre la taxation du numérique, nous
riposterons dans le cadre de l’OMC. J'appelle les États-Unis à revenir à la
sagesse et à travailler à un compromis à l’OCDE.
- Les perspectives économiques de la France sont bonnes et
solides. C'est un des pays de la zone euro qui réussissent le mieux malgré un
environnement international difficile. Notre croissance atteindra 1,3% en 2019,
tout comme nous le prévoyons pour 2020. La France crée des emplois : plus de
500.000 depuis 2017, dont 260.000 rien qu'en 2019. Des emplois plus stables, à
temps complet et en CDI. Dans le secteur industriel, nous avons créé 24.000 emplois
depuis 2018. Du jamais-vu depuis vingt ans! La France est redevenue un pays
attractif. Grâce aux baisses d'impôts, à la prime d'activité, nous sommes aussi
en train de rattraper le pouvoir d'achat que les Français avaient perdu à la
suite de la crise de 2008. Notre politique économique donne des résultats. Elle
est efficace et elle permet de conjuguer croissance et justice sociale.
- Nous estimons que le taux de chômage peut atteindre 7% à
la fin du quinquennat. Le travail reste notre première préoccupation. Il faut
un travail digne pour tous et correctement rémunéré. Dans le cadre du pacte
productif, nous ferons avec Muriel Pénicaud des propositions sur la question
des emplois non pourvus.
- [Réforme des retraites] Non, si un compromis est trouvé
rapidement. Il y a un temps pour manifester son opposition et il y a un temps
pour trouver un compromis. Ce temps est venu. Sur la pénibilité ou la valeur du
point, le Premier ministre a répondu aux inquiétudes. La réforme que nous
proposons est juste : elle bénéficiera aux travailleurs qui ont des carrières
hachées, aux mères célibataires dès le premier enfant, aux agriculteurs, aux
commerçants, aux artisans… J'appelle donc les représentants syndicaux à saisir
la main tendue par le Premier ministre pour que les discussions qui débutent
cette semaine soient conclusives.
- [Grève] Ce qui me touche, c'est la fatigue des Français,
en particulier à Paris et en Île-de-France, qui depuis des semaines dépensent
du temps, de l'argent et de l'énergie pour aller travailler. ça ne peut plus
durer. Il y a urgence à sortir de ce conflit qui épuise moralement les
Français. Les premiers résultats économiques sont là, nous tenons le bon bout.
Ne le lâchons pas.
- Revaloriser les enseignants ou les personnels hospitaliers
est un investissement pour l'avenir. L'objectif de cette réforme reste le même
: consolider notre régime de retraites par répartition grâce à un système
universel et équilibré. Alors, oui, il y aura un coût. Mais pas à long terme.
Rappelons que les régimes spéciaux, qui disparaîtront, coûtent chaque année 9
milliards d'euros aux Français.
- La dette reste le point noir des finances publiques
françaises, c'est vrai. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que la dette
n'est pas un problème car les taux d'intérêt sont bas, voire négatifs. Nous ne
pouvons pas jouer à pile ou face avec l'avenir des Français. Les comptes
publics doivent être tenus. Avec Gérald Darmanin, nous avons déjà beaucoup fait
pour les rétablir depuis trois ans. Nous continuerons.
- Ce qui serait déraisonnable, ce serait de perdre le fil de
notre légitimité, qui tient à l'engagement du Président de transformer en
profondeur le modèle économique et social de la France pour le rendre plus
juste et plus efficace. Arrêtons de dire que le gouvernement fait une politique
pour une minorité. C'est faux! Ce qui nous anime, c'est l'intérêt général et la
réussite de tous.
- Il est indispensable de taxer des entreprises numériques
qui ont la taille d'États, qui font des profits considérables, qui n'ont pas de
présence physique sur notre territoire et qui ne paient donc presque pas
d'impôts. L'administration américaine affirme que notre taxe est
discriminatoire. Je le conteste formellement et je viens d'envoyer un courrier
en ce sens à Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce. Tout
comme je conteste la légalité des sanctions envisagées. Nous souhaitons que les
négociations menées à l'OCDE en vue d'une taxation internationale aboutissent à
un résultat satisfaisant. Si c'est le cas, nous retirerons notre taxe
nationale. Sinon, nous relancerons les discussions au sein de l'UE pour mettre
en place une taxe européenne. Nous voulons éviter une guerre commerciale, mais
nous serons prêts à riposter, avec nos partenaires européens, si nous sommes
frappés par des sanctions que nous estimons inappropriées, inamicales et
illégitimes.
- L'enjeu économique de notre génération est là :
transformer une production carbonée en production décarbonée et concilier
croissance économique et transition écologique. J'y crois. Cela passe par des
incitations fiscales, des investissements, la création de nouvelles filières
économiques. Le Président présentera des mesures concrètes d'ici quelques
semaines dans le cadre du pacte productif. Quand les États veulent, les États
peuvent. Arrêtons de penser que seul le marché décide. La preuve: nous avons
créé une filière européenne de batteries électriques. Le 24 janvier, mon
homologue allemand et moi inaugurerons l'usine pilote à Nersac, en
Nouvelle-Aquitaine, où 200 emplois vont être créés. En 2022, un site de
production verra le jour avec PSA.
- Voulons-nous rester une grande nation de production?
Voulons-nous que les usines se réimplantent en France? Oui. Mais c'est
impossible si nos impôts de production sont trois fois plus élevés que chez nos
voisins européens. Je souhaite donc qu'une trajectoire de baisse des impôts de
production d'ici à 2025 puisse être présentée par le Président dans le cadre du
pacte productif, et qu'elle démarre dès le prochain projet de loi de finances
en tenant compte des contraintes de finances publiques.
Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- Pour lutter contre la pollution de
l’air par les navires, la teneur en soufre dans les carburants marins est divisée
par 7 au niveau mondial depuis le 1er janvier. C’est une avancée décisive et concrète dans la transition
écologique du transport maritime.
- Évidemment, il y a un droit de grève dans notre pays. Il y a
aussi un droit à se déplacer: il faut le prendre en compte.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l’Education)
Nous sommes à l’aube d’une
revalorisation historique des rémunérations des professeurs et des personnels
de l’Éducation nationale. Nous moderniserons la vie au travail pour le
bien-être et la réussite de tous grâce à la concertation des prochains mois.
Pour l’avenir de notre pays.
Gérald Darmanin
(ministre des Comptes publics)
Conformément à la promesse d'Emmanuel Macron, l'impôt sur le
revenu va baisser en 2020. En moyenne, c’est 300 € d’impôt en moins pour plus
de 95% des contribuables. Nous tenons nos engagements.
Julien Denormandie
(ministre de la Ville et du Logement)
- Il faut augmenter les capacités
d'accueil d'urgence (...) Il y a une urgence à agir et à accompagner celles et
ceux qui sont dans la détresse dans la rue.
- Jean-Luc
Mélenchon a des comportements qui sont inacceptables
et des propos indécents. Il a complètement perdu sa boussole, sa boussole
républicaine.
- On est convaincus que la réforme
des retraites est importante pour les Français (...) Beaucoup de Français
comprennent très bien l'importance de cette réforme.
Marc Fesneau
(ministre des Relations avec le Parlement)
- Edouard Philippe a dit qu’on étudierait les propositions des partenaires
sociaux. Nous sommes dans un processus de dialogue, encore faut-il que tous
veuillent se mettre autour de la table. Le compromis n’est pas une
compromission.
- Avant les fêtes, des propositions
ont été mises sur la table par le gouvernement. Notre volonté est de trouver le compromis. Si on sortait de
la logique stricte du bras de fer, de cette loi du tout ou rien, ce serait
bénéfique pour la France.
Frédérique Vidal
(ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation)
Adrien
Taquet (secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance)
- [Tribune: « Ce que l’affaire Matzneff dit de nous »]
C’est triste à écrire, mais on doit se réjouir de la
publication de l’ouvrage de Vanessa Springora qui relate l’emprise que l’écrivain
Gabriel Matzneff exerçait sur elle lorsqu’elle avait 14 ans, se réjouir que
cette publication fasse déjà autant de bruit. On s’en réjouit, car c’est
l’occasion de mettre à la une des journaux un sujet qui l’est trop peu, celui
des agressions sexuelles que subissent les enfants de France, nos propres
enfants.
On s’en réjouit, mais on s’en étonne aussi. Pourquoi le «
cas Matzneff », connu de longue date, s’est-il caché dans un recoin de notre
mémoire collective pendant toutes ces années ? Pourquoi le fameux passage d’Apostrophe
fait-il autant parler aujourd’hui alors qu’il est en libre accès sur Internet
depuis plusieurs années, visionné plus de 150 000 fois ? Comment a-t-on pu
laisser s’installer un tel sentiment d’impunité pour que les feuilles d’un
journal fassent l’apologie de la pédophilie et que son auteur parade sur les
plateaux de télévision, sans que cela ne donne lieu à condamnation ni
judiciaire ni morale?
Car peut-être le cas Matzneff ne nous renseigne-t-il pas
tant sur un homme ou sur une époque, mais plutôt nous interroge-t-il sur nous-mêmes
en tant que société. Car l’étonnement que l’on ressent aujourd’hui renvoie à
une question similaire qui me taraude depuis longtemps : quand on connaît les
chiffres des violences faites aux enfants, comment expliquer que ce sujet ne
nous scandalise ni ne nous mobilise pas plus?
Nous tous, collectivement, société qui aime à se penser
éclairée, peuple héritier des Lumières, comment acceptons-nous que plus de 100
000 de nos enfants soient victimes d’agressions sexuelles chaque année, qu’un
enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents et que 4
millions d’entre nous ont probablement été victimes d’inceste dans leur vie?
Probablement parce que cela renvoie à ce que l’être humain a
de plus abject en lui, et que nous ne voulons pas le voir – c’est encore plus
vrai pour l’inceste, dernier tabou à faire sauter dans notre société.
Probablement parce que cela sape un des fondements de notre société, la famille
– 80 % des violences faites aux enfants ont lieu dans un cadre
familial. Probablement aussi parce qu’une « spécificité française » semble
s’être développée, nourrie par le milieu intellectuel post-68, qui cherchait à
imposer une vision acceptable de la pédophilie, et que cela a durablement
marqué, plus ou moins consciemment, notre façon d’envisager ce sujet. Ce que
Matzneff dit de nous au fond, c’est que les violences faites aux enfants, en
particulier les violences sexuelles, restent encore aujourd’hui un impensé de
la société française.
Alors oui, on ne peut que se réjouir que de plus en plus de
femmes et d’hommes aient le courage de parler. Et nous devons tout faire pour
aider à libérer cette parole. Sensibiliser nos enfants à ces questions dès le
plus jeune âge, améliorer la formation de tous les professionnels en contact
avec les enfants, renforcer les moyens du 119 – le numéro de l’enfance en
danger —, mailler notre territoire d’unités spécialisées pour recueillir la
parole des enfants. C’est l’un des objectifs du plan de lutte contre les
violences faites aux enfants présenté le 20 novembre dernier.
Mais nous devons également mettre fin à tout sentiment
d’impunité, raison pour laquelle nous avons durci les peines de prison pour
consultation de sites pédopornographiques et renforcé le contrôle des
antécédents judiciaires des personnes en contact avec nos enfants. C’est la
raison pour laquelle la loi du 3 août 2018 a prolongé à 30 ans après la
majorité de la victime le délai de prescription des crimes sexuels – ce qui
pourrait permettre à Vanessa Springora de porter plainte –, que nous avons
durci les peines pour les relations sexuelles avec mineurs de quinze ans, ou
encore rendu plus facile la qualification de viol sur mineur de quinze ans via
l’instauration d’un abus de vulnérabilité – qu’une différence significative
d’âge peut suffire à constituer.
Cette action des pouvoirs publics, bâtie avec le concours
des associations investies depuis des années dans ce combat, va dans le bon
sens mais elle n’est pas suffisante. Protéger efficacement nos enfants contre
toutes les formes de violence ne repose pas sur le seul Gouvernement : chacun
de nous doit devenir une Denise Bombardier, qui exerce sa vigilance, qui refuse
de rester passif face à la pensée dominante, qui se révolte, qui appelle le 119
face à un soupçon de violence, même dans le doute. La violence faite aux
enfants doit être le combat qui nous réunit pour cette décennie 2020. Il en va
de notre responsabilité, de notre dignité aussi, en tant qu’adultes comme de
Nation, et cette prise de conscience collective interdira tout retour de
l’impunité, du déni ou de l’indifférence. Le mouvement #MonEnfanceVolée est
lancé, il ne doit plus s’arrêter.
À nos enfants !
Amélie
de Montchalin (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes)
- Insignifiance et pathétique de LR sur les retraites. ChristianJacob nous demande de
retirer notre projet pour ne rien faire alors que leur candidat Fillon voulait faire travailler
les Français jusqu’à 65 ans sans corriger les injustices du système actuel!
- Le but de notre réforme des retraites c’est de renforcer le
système par répartition qui garantit la solidarité entre les générations. Il ne
dépend pas et ne dépendra jamais ni de fonds de pension étrangers, ni d’acteurs
financiers, ni de paris sur les marchés!
- Une grève ne peut être fondée sur le seul objectif de bloquer le pays.
On peut avoir des revendications et faire grève, pas mettre à l’arrêt un pays
et ses habitants. La continuité du service public est aussi dans notre
Constitution.
- [Elimination du général iranien Soleimani] Ce matin, nous nous réveillons dans un monde plus dangereux,
car l’escalade militaire est toujours dangereuse. La priorité de la France, d’Emmanuel Macron et de Jean-Yves Le Drian, c’est de recréer les conditions de la stabilité de la région.
Emmanuelle Wargon
(secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et
solidaire)
Sécheresse, incendies, chaleur, le
pays subit depuis plusieurs mois les terribles effets du dérèglement
climatique. Solidarité avec l'Australie et la biodiversité, touchés par ces
événements dramatiques.
Jean-Baptiste
Djebbari (secrétaire d’Etat aux Transports)
Depuis plusieurs mois, le travail
mené avec les syndicats progressistes porte ses fruits. Les discussions
comportent de bonnes propositions du gouvernement pour accompagner la transition vers le régime universel. Cela
commence à être perçu sur le terrain.
Marlène Schiappa
(secrétaire d’Etat à l’Egalité hommes-femmes et à la Lutte contre les
discriminations)
Nous refusons d’attendre 2234 pour
atteindre l’égalité professionnelle femmes-hommes. Avec Bruno Le Maire, nous travaillons
pour faire changer les choses.
Sibeth Ndiaye
(porte-parole)
- [Réforme des retraites] Evidemment, tout le monde ne partira pas au même âge, à
l'âge pivot, parce que le principe de la pénibilité, c'est offrir la
possibilité de partir plus tôt.
● LaREM
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Richard Ferrand
(président de l’Assemblée nationale)
- [Réforme des retraites] Il faut raison garder et observer
en quoi la réforme proposée est juste. Elle corrige de vraies inégalités contre
lesquelles on aurait dû se mobiliser depuis longtemps. Je pense aux femmes, aux
chômeurs, aux carrières hachées, à la revalorisation du minimum retraite, aux
agriculteurs, aux artisans et aux indépendants. Je trouve néfaste pour notre
démocratie, notre démocratie sociale, certains propos et attitudes de
syndicalistes comme de politiques, qui concourent à hystériser le débat. On
n'est pas dans une guerre de tranchées. Employer un vocabulaire guerrier, comme
le font certaines organisations syndicales, est totalement outrancier et hors
sujet. On n'est pas là pour faire la guerre, mais pour créer de la justice.
L'enjeu maintenant c'est de trouver un compromis. Que les partenaires sociaux
qui veulent trouver un compromis le disent clairement. Il faut que le
gouvernement et ces organisations syndicales rapprochent leurs positions pour
aboutir, dans la compréhension réciproque, sans préalable ni ligne rouge.
- Seul le Premier ministre, avec le gouvernement, a la
charge de conduire les négociations. Mais, regardez le système des retraites
complémentaires, celui de l'Agirc-Arrco que tout le monde connaît. Ce n'est
rien d'autre qu'un système à points avec un âge pivot et une décote, plus forte
d'ailleurs que celle proposée par le gouvernement puisqu'elle est de 10 %. Mais
une décote de 3 ans, donc temporaire! Par conséquent, puisque les partenaires
sociaux gèrent déjà un tel système, c'est sans doute une source d'inspiration
pour mettre en place un régime général à points avec âge pivot ou d'équilibre. La
volonté du gouvernement d'une part, le savoir-faire et l'expérience des
partenaires sociaux d'autre part, devraient permettre de trouver des points de
convergence. Aux négociateurs de trouver les voies de rapprochement en sortant
des postures. Avec un peu de bonne foi, cela ne me paraît pas insurmontable.
- Une bonne négociation est une négociation où il n'y a pas
de perdant. Une bonne négociation aujourd'hui serait celle où la volonté
politique réaffirmée par le président de la République (il a pris un engagement
fondamental devant le pays) s'incarnerait dans un accord robuste pris entre le
gouvernement et ceux qui le veulent.
- [Pénibilité du travail et retraite] C'est un enjeu très
important et d'ailleurs le Premier ministre a fait valoir plusieurs fois qu'il
comptait bien prendre en compte cette dimension. Il s'agit d'un élément de
justice qui a en outre un lien direct avec la mortalité, c'est-à-dire l'espérance
de vie après la carrière professionnelle. Cet élément doit être un levier
central dans les négociations qui doivent permettre des avancées dans les
différentes branches professionnelles pour faire converger progressivement les
différentes situations. Ces négociations, et c'est une très bonne chose, vont
mécaniquement induire d'autres réflexions plus larges, notamment sur les
conditions de travail et précisément sur la prévention des risques
professionnels et la qualité de la vie au travail. La pénibilité ne doit pas
seulement être un élément à prendre en compte pour la retraite mais sa
réduction doit être un objectif pendant l'activité.
- La seule proposition des Républicains consiste à faire ce
qu'ils ont l'habitude de faire, c'est-à-dire repousser l'âge légal, et en
l'occurrence le faire passer de 62 à 64 ou 65 ans. Je ne pense pas que cette
proposition recueille l'assentiment de ceux qui manifestent aujourd'hui. Je
crois autrement plus juste et autrement plus ambitieuse la proposition que
porte le gouvernement. Ensuite, reconnaître la pénibilité de certains métiers,
je ne vois pas en quoi cela créerait, comme Christian Jacob le suggère, des
régimes spéciaux. Il ne faut pas confondre l'universalité des droits et l'uniformité
des situations.
- Je crois que beaucoup de choses ont été mises sur la
table. Mais certains ont d'emblée pris des postures radicalisées, en
opposition, sans discussion. Des syndicats ont dit tout de suite « la retraite
à points jamais! ». Des organisations politiques ont parlé de « déclaration de
guerre » après l'intervention du chef de l'Etat. Je le répète, ce sont des
postures belliqueuses parfaitement excessives qui n'ont pas lieu d'être.
D'autres sont heureusement ouverts au dialogue. L'intérêt général, l'intérêt
des travailleurs et des jeunes générations, est dans l'aboutissement d'un
accord.
Stanislas Guerini
(délégué général)
- Sur les régimes spéciaux, nous ne
bougerons pas: ils prendront fin. Sur l'âge pivot, le groupe que je préside
souhaite ardemment un accord politique
- Le mouvement de grève doit cesser.
Cette réforme sera menée au bout car elle apporte de la justice sociale. Mais
nous devons avoir l'esprit de compromis.
Pendant que Jean-Luc Mélenchon légitime en permanence les violences, Olivier Faure multiplie les fausses informations sur la réforme des
retraites. Les Français et Françaises méritent mieux que cela. Nous leur devons
un débat public de qualité.
Gilles
Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
- Nous portons cette réforme des retraites depuis le premier jour
de la campagne présidentielle, nous voulons qu’elle réussisse. Les députés LaREM souhaitent ardemment que
nous trouvions un accord politique rapide avec les syndicats réformistes.
- Sur l'âge pivot, nous pouvons
examiner toute proposition si elle permet d’aboutir à un compromis rapide pour
commencer les discussions parlementaires sereinement. Ce qui n’est pas
négociable : cet accord politique devra garantir l'équilibre financier durable
du système.
Aurore Bergé
(porte-parole)
- [Tribune sur l’affaire Matzneff]
Je n'ai jamais aimé l'idée de tribunaux médiatiques. Mais
quand Adèle Haenel choisit Mediapart plutôt que le dépôt de plainte, il faut
bien reconnaître que c'est parce que nos tribunaux ont échoué et notre société
plus encore. Nous avons renforcé la législation et allongé le délai de prescription
mais notre société a encore un sujet avec les agressions sexuelles. Une
tolérance. Une complaisance. Si Polanski est un grand réalisateur, il n'est pas
seulement un réalisateur. Il est aussi un homme qui a drogué puis sodomisé une
enfant de 14 ans. La réalité est celle-ci. Personne ne devrait l'escamoter pour
mieux tenter de la rendre acceptable.
Après Polanski, c'est Matzneff qui est aujourd'hui l'objet
de la discorde. On revoit les émissions d'alors. On retrouve la violence qui
s'exerçait contre la rare voix qui désapprouvait sa présence lors d'une
émission de Bernard Pivot, la journaliste et écrivaine Denise Bombarbier. On
plaide en faveur de ce «vieil homme de 83 ans» dont on n'aurait pas le droit de
troubler le repos. Peu importe qu'il ait pu saccager la vie de petites filles
et de petits garçons. On condamne celle qui ose révéler ce qu'ils étaient si
nombreux à savoir et à cautionner.
Violer un enfant de 12 ans est le même crime qu'il ait été
commis en 1968 ou en 2019
On parle pourtant ici d'un auteur qui n'a eu de cesse de
revendiquer sa pédocriminalité. Un homme qui a eu tables ouvertes, micros tendus
et émissions littéraires à ses pieds. Comment la génération qui a été
celle de la liberté a-t-elle pu revendiquer la plus totale et la plus infecte
des soumissions? Comment peut-on aujourd'hui justifier cela au nom d'"une
époque qui a changé" et devrait refuser de juger le passé? Violer un
enfant de 12 ans est le même crime qu'il ait été commis en 1968 ou en 2019.
Nous ne sommes pas des censeurs en l'affirmant, nous nous plaçons du côté du
droit. Certains ont dû oublier qu'à l'époque le code pénal existait et
sanctionnait déjà les actes sexuels avec des mineurs de moins de 15 ans ! Nous
ne sommes pas des puritains en refusant de minorer un crime.
Dénier aux enfants des années 1970 d'avoir été des victimes,
c'est justement effacer le crime et ses conséquences traumatiques. C'est
empêcher que les enfants d'aujourd'hui se sentent légitimes à parler s'ils
pensent que comme leurs aînés, ils ne seront pas écoutés. En vérité, on
perçoit tant l'embarras d'une génération que la gêne qui nous touche à l'égard
des artistes. Si cet homme était votre plombier, votre boulanger ou votre
fleuriste, même s'il était le meilleur dans son domaine, vous vous seriez
empressé de trouver quelqu'un d'autre. Vous auriez passé le mot pour éviter que
d'autres ne l'engagent. Alors comment expliquer que l'on persiste à avoir cette
indulgence coupable quand les agressions et crimes sexuels concernent des
artistes?
L'artiste ne peut se cacher derrière son art pour échapper à
ses responsabilités de justiciable
L'art n'a que faire de la morale. Et heureusement. L'art
peut tout et doit pouvoir tout tenter, dire, décrire, montrer, transformer.
C'est l'honneur de la France d'avoir toujours célébré la création, de ne pas
avoir fait entrer le puritanisme dans les œuvres comme aux États-Unis où l'on
efface les acteurs de films déjà tournés.
Mais l'artiste ne peut se cacher derrière son art pour
échapper à ses responsabilités de justiciable. Et ceux qui aiment l'art et les
artistes devraient sans hésitation refuser toute complaisance coupable, tout
tapis rouge, toute tribune sauf à se vautrer avec l'artiste dans le narcissisme
le plus total et dire aux victimes : vous comptez moins que les bourreaux,
protégés par la place particulière qu'ils occupent dans notre
société. Aimer l'art et les artistes, c'est accepter de ne rien laisser
passer à celles et ceux qui ont cette place si essentielle dans notre vie et
notre monde. Ça ne sera jamais une question d'époque.
●UDI
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ne sont pas retranscrits]
Jean-Christophe Lagarde (président)
- [Elimination du général iranien] Souleimani tué par
Donald Trump, dauf pour sa réélection et vendre plus de pétrole de schiste, ce
président est débile. Résultat de l’opération: 1) les civils occidentaux obligés
de quitter l’Irak 2) la coopération anti terroriste avec l’Irak cesse 3)
l’opposition à l’Iran est affaiblie.
Nathalie Goulet (sénatrice)
- [Tribune: «Finissons-en avec le délit de naïveté!»]
L’année commence par un cruel attentat à Villejuif, à
quelques heures de la commémoration des attentats de Charlie Hebdo et de
l’hypercasher. Qu’avons nous appris de la lutte contre le terrorisme islamique
et la radicalisation?
Ces deux derniers jours ont été symptomatiques.
Le parquet de Créteil, saisi du dossier, a communiqué des
éléments qui rapidement pouvaient faire penser à un attentat mené par un homme
radicalisé. Bien entendu, le respect de l’enquête est essentiel, mais pourquoi,
sur ce cas comme sur d’autres, être si hésitant quant à la terminologie à
employer?
Un homme converti à l’islam, ayant des ouvrages religieux,
ayant rédigé un message manifestement orienté et ayant frappé ses victime au
cri d’Allah Akbar, semble être une personne radicalisée, même si il n’est pas
connu des services pour ces faits.
Bref ce drame, quelques mois après les meurtres de la
Préfecture de police de Paris perpétrés par un agent converti et radicalisé,
nous conduit à faire un bref bilan de la lutte contre la radicalisation.
Certes ce type d’attaque que l’on surnomme le terrorisme aux
mille entailles est imprévisible, c’est un terrorisme de voisinage, de
proximité, destiné à effrayer la population, qui frappe n’importe où en France
mais aussi à Londres ou ailleurs dans le monde.
Mais combien de temps encore le sang va-t-il couler à cause
de notre naïveté, de nos négligences, de notre manque de vigilance ou de
mauvaises transmissions d’informations?
La réalité, c’est que les moyens de lutte contre la
radicalisation ne sont pas suffisants. Il faut donc répéter ce qui a été
longuement énoncé à de multiples reprises. À savoir que les services de police,
de gendarmerie et de sécurité sont épuisés, comme l’a souligné un rapport
sénatorial et comme l’expriment des syndicats de police. Il n’est plus temps de
pérorer sur des estrades en se congratulant. Certes beaucoup a été fait en cinq
ans, mais il reste tant à faire!
La lutte contre la radicalisation est une priorité.
La lutte contre la radicalisation est une priorité, cessons
de laisser des prêcheurs salafistes intriguer en toute liberté, y compris dans
des locaux municipaux comme à Rouen en septembre dernier.
En effet, à la rentrée des classes, une association
musulmane de la ville avait invité pour une conférence dans la mairie annexe de
la ville Otman Iquioussen, un prêcheur connu pour appartenir au réseau des
Frères musulmans, sans même que la préfecture ne soit informée directement ou
indirectement. Va-t-on laisser encore longtemps de tels conférenciers
s’exprimer dans des lieux publics avec le soutien tacite de nos municipalités?
Interdisons également les collectes de fonds organisées sur
notre territoire pour des écoles religieuses où l’on professe la haine des
valeurs de la République, comme j’en ai fait la demande au Sénat.
J’avais dénoncé récemment une telle collecte, qui promettait
également une déduction fiscale sur les dons récoltés, au profit du centre de
formation des oulémas, une structure mauritanienne que le gouvernement
mauritanien a fait fermer tant le risque était grand d’y voir enseigné un islam
radical! Et pour cause, les personnalités liées à ce centre sont étroitement
liées aux Frères musulmans!
Cessons donc de prétendre lutter contre la haine en ligne en
votant une loi (certes d’affichage) de la main droite, alors que la gauche on
laisse diffuser les propos insupportables de l’application #Eurofatwa sans
lever le petit doigt.
Les formations des imams en France ne sont, du reste,
toujours pas en place. De ce point de vue rien ne bouge, bien au contraire nous
continuons à laisser faire cette formation par les pays d’origine alors que
c’est en France qu’il faut former les ministres du culte et les aumôniers.
C’est faisable dans le respect de la loi de 1905 ; encore faut-il le vouloir...
Nous ouvrons les portes à des imams, des récitateurs et des
psalmodieurs pendant le Ramadan, qui arrivent avec des visas de tourisme et
dont nos services ignorent parfois le parcours.
Même si elle est parfois une gageure, il faut aussi insister
davantage sur la déradicalisation des individus identifiés par nos services.
Les associations de lutte contre la radicalisation sont abandonnées sans moyens
ni coordination, et le comité de prévention de la délinquance et de la
radicalisation, le CIPDR, ne donne toujours pas d’évaluations sérieuses des
méthodes utilisées (en imaginant qu’il ait fini par en développer une...).
On aurait aussi pu aussi imaginer une prise en compte «à
froid» du rapport des députés sur la lutte contre radicalisation. Il vaut mieux
agir que réagir!
Si l’on ajoute à cette situation fragile les vrais enjeux de
sécurité liés à l’absence de structures de contrôle et de suivi des 400 djihadistes
qui ont terminé leur peine et qui vont être libérés de prison dans les 12
prochains mois, ainsi que la question toujours en débat du retour des
terroristes défaits d’Irak et de Syrie... Notre République a du souci à se
faire.
En matière de sécurité nationale, il y a d’importants trous
dans la raquette.
Cessons de pêcher par délit de naïveté, il faut une action
forte et une tolérance zéro à l’égard des ennemis de la République. Cette fois,
les mesures à prendre ne doivent pas consister en des rustines mais dans un
plan construit et financé.
Le Premier ministre avait lancé un tel plan il y a deux ans,
qui marquait un tournant positif dans prise en compte de la lutte contre la
radicalisation. Où en est sa mise en oeuvre? Nous manquons d’éléments
d’évaluation des outils mis en places.
Pourtant, nous ne sommes pas désarmés face aux terroristes,
puisque plus de cinquante attentats ont été déjoués ces dernières années.
Mais il manque encore des moyens intellectuels et financiers
pour lutter contre la radicalisation: si des mesures fortes ne sont pas mises
en place, nous allons laisser le sujet aux mains des extrêmes, qui prêchent
leur haine de l’islam et considèrent qu’il est incompatible avec la République.
Ils ont pourtant raison au moins sur ce point: en matière de sécurité
nationale, il y a d’importants trous dans la raquette.
Nous devons mettre en place dans le cadre des lois de la
République les outils nécessaires pour mettre un terme aux zones de non droit
et au développement d’un islam politique.
Le slogan «pas d’amalgame» est périmé: il faut agir, et
vite.