Dans cette
rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne
reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but
d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées
centristes.
Valéry Giscard d’Estaing |
Si Valéry Giscard d’Estaing fut centriste, il le fut pour une courte période de sa carrière politique, grosso modo de 1974 à 1978 (campagne présidentielle incluse).
Le reste du temps il évolua entre libéralisme et conservatisme où se mêlèrent des périodes réformistes à des périodes très interventionnistes et parfois des périodes plus réactionnaires.
Sa formation politique, les Républicains indépendants étaient un rassemblement hétéroclite de modérés et de droitistes durs qui montre bien l’ambiguïté qui pouvait exister dès l’origine dans le giscardisme.
Il ne fut pas un libéral style anglo-saxon mais pas tout à fait un libéral de l’école française plus sociale et keynésienne que sa consœur venue des îles britanniques, se situant dans une sorte d’entre deux.
Un des exemples les plus emblématiques est cette réforme de l’audiovisuelle entreprise pour casser l’ORTF gaulliste (et gangréné par les syndicats), cette «voix de la France» chère à Pompidou et Peyrefitte, sensée donner de l’air au secteur de l’audiovisuel public.
Mais cela n’empêcha jamais une intervention du pouvoir qui devint de plus en plus prégnante au fil du temps – et identique à celle du passé – avec des directeurs de rédaction qui recevaient des «conseils» quand ce n’étaient pas des directives voire des ordres, un interventionnisme qui allaient même jusqu’aux radios «privées» d’alors (RTL, Europe1, RMC, Sud radio) dont les téléphones sonnaient à chaque fois que l’Elysée n’était pas satisfait de telle ou telle traitement de l’information.
Giscard connaissait le pouvoir des médias et s’en méfiaient et cette méfiance prit le pas sur la libéralisation qui vint ensuite avec l’ère Mitterrand où le privé put véritablement concurrencer le public (qui, lui, demeura phagocyté par le pouvoir politique).
Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il fut un réformateur dont l’objectif était de faire entrer la France dans la modernité.
Mais cela ne le qualifie pas de centriste, ni même de progressiste, pour autant, car son prédécesseur, George Pompidou, voulait également moderniser le pays.
Cependant, ce qui rapproche Valéry Giscard d’Estaing d’un Centrisme contemporain, c’est que le modernisme dont il état adepte passait par une libéralisation de la société et non pas simplement de l’économie.
Ses premières réformes emblématiques comme la majorité à dix-huit ans, l’IVG et le divorce par consentement mutuel montrent bien cette volonté de casser un carcan sociétal.
Il est sûr qu’au début de sa présidence, il voulut élargir sa majorité et investir cet axe central allant des réformistes des droite aux libéraux de gauche qu’à définit ici Alexandre Vatimbella.
Mais il se heurta de front à la droite gaulliste (et aussi à la sienne) et reçut une fin de non recevoir de la gauche sociale-démocrate à part quelques ralliements personnels de seconds couteaux.
Dès lors, le point d’équilibre de sa majorité évolua de plus en plus vers la droite (même si le patron de l’UDF était Jean Lecanuet) et les dernières années de sa présidence réactivèrent ce carcan qu’il voulait sincèrement détruire auparavant.
Ainsi, ce retour en arrière fut une des raisons de sa défaite en 1981 couplé avec le désir de changement qui se manifestait dans le pays sans oublier la trahison du RPR qui incita presque ouvertement ses sympathisants à le faire battre.
Il y a donc eu deux Valéry Giscard d’Estaing.
Dans les hommages, on constate que c’est manifestement le libéral qui est largement préféré et évoqué mais il ne s’agit là que d’une période très datée de sa longue carrière politique.
Jean François-Borrou
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