Ne serait-ce que pour défendre la
démocratie républicaine.
C’est vrai que l’on en parle depuis
longtemps et que si toutes les tentatives, nombreuses, qui se sont faites jour pour
proposer une nouvelle offre politique aux Américains, ont été des échecs, il
semble exister une réelle fenêtre pour qu’une initiative centriste voit le jour
et puisse s’implanter.
Car l’intolérance de plus en plus grande
de la Droite et de la Gauche, prisonnières de leurs ailes radicales et
extrémistes, est devenue un réel repoussoir pour un grand nombre d’Américains
qui sont obligés de voter démocrate s’ils ne partagent pas les idées réactionnaires
des républicains et républicain s’ils ne veulent pas d’un monde communautariste
voulu par les démocrates où, chez les uns et chez les autres, l’intolérance, le
rejet, voire la mise au pilori, de ceux qui ne pensent pas comme eux, la
violence et les pratiques totalitaires sont devenus leur mode d’action.
Mais un troisième parti national et situé
au centre de l’échiquier politique – et malgré ce que l’on vient de dire –
aurait-il une chance de se hisser à la hauteur des deux qui dominent la vie
politique depuis le milieu du XIX° siècle, de l’emporter lors d’une présidentiel
ou même, tout simplement, d’exister électoralement parlant?
D’autant que le système des grands
électeurs pour la présidentielle et majoritaire à un tour pour les représentants
et les sénateurs ne facilitent guère l’implantation d’une nouvelle formation
Les politistes et politologues
s’écharpent sur cette question depuis longtemps.
Beaucoup de spécialistes estime qu’il
n’existe pas d’espace politique suffisant pour une formation centriste alors
que d’autres prétendent le contraire.
Ici les chiffres se contredisent et
permettent à chacun de prétendre avoir raison!
Ainsi, les sondages récurrents sur l’envie
d’un parti du Centre montrent qu’une majorité d’Américains sont pour, entre 58%
et 60%, par exemple, pour celui de l’institut Gallup qui a été réalisé à périodes
répétées au cours des deux dernières décennies.
A l’inverse, la part des «independents»
(ceux qui affirment n’être affiliés à aucun des deux grands partis) qui se
disent centristes est d’environ 15% selon les enquêtes d’opinion (les autres
étant proches de ces partis et parfois même beaucoup plus radicaux quant à leur
positionnement partisan).
Néanmoins, cela ne signifie pas qu’une
partie de l’électorat républicain et, surtout, une partie de l’électorat
démocrate ne soient pas centristes et que s’il y avait la possibilité de voter
pour une formation située au centre de l’échiquier politique qui aurait une
vraie chance de l’emporter, ils ne portent pas leurs bulletins en sa faveur.
Tous les sondages montrent qu’il existe
une frange non-négligeable d’électeurs républicains et surtout démocrates qui
se disent centristes.
La victoire du centriste Joe Biden, d’abord
lors de la primaire démocrate puis lors de l’élection générale en est une
preuve.
Tout comme l’avait été les deux mandats de
Barack Obama auparavant.
Reste qu’il faudrait la conjonction de
plusieurs éléments en sa faveur pour qu’une nouvelle formation voit le jour.
Si l’on peut estimer que l’une d’elle,
une crise de la démocratie à laquelle se surajoute une crise de la société sur
laquelle s’est greffée les crises sanitaire, économique et sociale, est
remplie, une autre, tout aussi importante ne l’est pas, des personnalités de
premier plan qui s’investissent dans l’entreprise.
Ainsi, une des seules initiatives qui fut
couronnée d’un certain succès fut la création d’un parti progressiste au début
du XX° siècle qui bénéficia de l’aura d’un de ses leaders, l’ancien président
extrêmement populaire, Theodore Roosevelt qui était, par ailleurs, un centriste.
Pour autant, sa candidature à la
présidentielle de 1912 fut un échec puisqu’il ne parvint pas à l’emporter et
les progressistes disparurent au fil des ans et des élections.
Aujourd’hui on ne voit pas un Barack Obama,
un Bill Clinton ou une Hillary Clinton quitter le Parti démocrate et fonder un
parti centriste.
Quant à Mickael Bloomberg qui se
positionne comme «independent», il a dû, à chaque fois qu’il s’est présenté à
une élection, s’affilier à l’un des deux grands partis existants (républicain
lorsqu’il concourra avec succès pour la mairie de New York, démocrate lorsqu’il
tenta sans succès d’être candidat à la présidentielle de cette année).
Reste que si l’émergence d’un parti centriste
puissant ressemble plus à une gageure qu’à une réelle possibilité du fait de
tous les obstacles dont nous venons de parler, l’urgence, elle, est bien là.
Et parfois l’urgence soulève des
montagnes.
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