samedi 5 décembre 2020

Propos centristes. France – Etre français aujourd’hui; définition de la laïcité; lutte contre la covid19; lutte contre les viols et agression physiques de mineurs; violences policières; Europe puissance, Europe politique et culture européenne…

Voici une sélection, ce 5 décembre 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.


► Emmanuel Macron (Président de la République)

- Qu'est-ce que c'est qu'être français aujourd'hui? C'est participer à un projet et à une citoyenneté. Etre français, ce n'est pas une couleur ou une religion. Etre français, c'est d'abord être un citoyen, adhérer à des valeurs, habiter une langue.

- Nous avons aujourd'hui une situation de violence permanente qui donne le fait que, quand une jeune fille va dans une émission de variétés grand public chanter avec le voile, elle est conspuée, elle doit partir, Mennel. Et vous avez une jeune fille qui critique l'Islam sur les réseaux sociaux (Mila), elle est harcelée, elle ne peut même plus être dans une école. Ça veut dire qu'on est devenu fous et que les gens ne respectent pas un principe fondamental de la République qui est ce qu'on appelle la laïcité, c'est-à-dire le fait que vous pouvez en France croire ou ne pas croire librement. La seule chose que je vous demande, c'est de respecter totalement les lois de la République et qu'en France on peut en effet critiquer absolument tout: président de la République, gouvernement, les journalistes, une religion, et que ce n'est pas une atteinte aux libertés ou quelque chose qui choque. (…) Cela montre "le moins bon visage des réseaux sociaux, celui du harcèlement à l'école et celui du harcèlement autour justement de la violence qui s'est installée autour de de la religion, et en particulier de l'Islam. La France n’a pas de problème avec l'Islam, elle a même une relation de longue date. Nous sommes l'un des premiers pays à avoir traduit le Coran. (…). La Sorbonne a été le lieu de débats théologiques. (...) Simplement nous avons construit notre République, notre projet collectif dans la séparation entre le politique et le religieux, c'est ça que parfois beaucoup de régions du monde ont du mal à comprendre.

- Ma définition de la laïcité: la liberté de croire ou de ne pas croire (…). Je n'ai pas à savoir ce que vous pensez, mais vous ne pouvez pas déroger à la République, parce que c'est ça, être Français. (...) La laïcité, ce n'est pas contre une religion, les religions sont partout dans la société.”

- [Covid19] Je ne crois pas à la vaccination obligatoire. D'abord, parce qu'on ne sait pas tout sur ce vaccin comme on ne sait pas tout sur ce virus. Ensuite, je crois beaucoup plus au travail par la conviction.

- [Covid19] Est-ce que tout a été bien fait? J'ai dit non. Est-ce qu'il y a un pays dans le monde qui l'a bien fait? Je ne l'ai pas vu. (…) Nous, Français, avons du mal à faire confiance et (…) nous attendons tout de l'Etat, nous attendons beaucoup de l'Etat.

- En France, les libertés sont réduites pour faire face à l’épidémie, oui, mais sur les autres sujets, je ne peux pas laisser dire cela. La France n’est pas un Etat autoritaire. On n’est pas la Hongrie ou la Turquie!

- Ne jouons pas camp contre camp, on doit jouer ensemble. On ne réussira pas la transition sur les pesticides si on n'est pas avec les agriculteurs, on ne réussira pas sur la transition de la mobilité si on n'entraîne pas tous les Français
[Il faut] être intraitable sur la transparence mais il ne faut pas être défiants les uns des autres (…). Transparence plus défiance égale défaillance mentale et scepticisme.

- Le nucléaire m’importe. Le nucléaire, c’est de l’emploi et c’est de l’énergie. Je ne suis pas antinucléaire. Je l’ai toujours dit avec beaucoup de force: On a cette chance, ne la sacrifions pas.

- [Rouvrir en partie les universités dès la mi-janvier] On va essayer, je touche du bois, si nos résultats sont là [en matière de lutte contre la Covid19], de commencer plus tôt et sans doute qu'on va essayer de reprendre davantage de TD [travaux dirigés] en présentiel, reprendre peut-être, si les chiffres sont bons, début janvier, des cours mais en demi-amphi"

- [Présidentielle 2022] En un sens, je suis candidat depuis le premier jour car je me suis construit pour convaincre et ainsi obtenir des résultats mais je ne suis pas en disposition d'être candidat parce que je ne prendrais plus les risques, je ne prendrais plus les bonnes décisions. C'est impopulaire ce que je suis en train de faire. Peut-être que je devrai faire des choses dures dans la dernière année de mon mandat, le dernier mois, qui feront que je ne pourrai même pas être candidat.

- Le besoin de sens [de la jeunesse] doit êtretransformé en engagement. Je veux que cette génération engagée soit une génération du faire, de l'action (...). Je veux être un allié de cette génération pour lutter contre les discriminations, le réchauffement climatique (...). Je veux en être un allié.

- [Violences contre les femmes] Il y en a encore trop et toujours trop. Notre société traverse quelques chose de formidable : on ne parlait pas du tout de ce sujet-là il y a quelques années. (…) Chaque violence envers les femmes est une violence de trop.

- [Violences familiales] Il faut faire en sorte que la parole se libère, d'abord donner les moyens de dire puis de porter plainte (...). Il faut qu'un discours public puisse entrer dans les foyers pour dire que toute violence est intolérable. (…) La violence, ça commence à la gifle. [Mais ce sont aussi] toutes les violences psychiques, psychologiques.

- [Convention citoyenne sur le climat] J'ai cent cinquante citoyens, je les respecte. Mais, quand ils ont écrit un truc, je ne vais pas le prendre comme le Coran ou la Bible! (…). Ce boulot, je le respecte, j'irai au bout avec eux, il y a un gouvernement, il y a un Parlement, on va le faire avec un texte de loi qui va être discuté en début d'année prochaine.”

- [Ecologie] On a arrêté des projets que personnes n'osaient arrêter, Notre-Dame-des-Landes, la Montagne d'or (…). On a décidé de la fermeture des centrales à charbon en France, on a remplacé 800 000 voitures polluantes par des véhicules moins polluants (…). Je n’ai pas de leçons à recevoir.”

-La transition écologique est évidemment nécessaire (…). On est quand même le pays où Jacques Chirac a dit très tôt 'Notre maison brûle', on est la génération chargée de l'application de ces principes. On n'arrivera pas à interdire les insecticides et les fongicides sans les agriculteurs.

- [L'absence d'interdiction du glyphosate] C'est une faute, une faute collective (…). Si on l'interdit en France, il y a une distorsion de concurrence quand les autres [pays européens] ne vont pas au même rythme que nous, et ça nous met en danger [économiquement] sans régler le problème. Quand on veut lutter contre les pesticides, l'Europe est au bon niveau

- [Mise en place d'un revenu de solidarité active pour les moins de 25 ans] Je ne suis pas un grand fan de cette solution. On a la garantie jeune, les bourses, les plans emplois compétences. Je préfère des solutions d'incitations de retour à l'emploi.

- [Interdiction de l’école à la maison] L'objectif, c'est de lutter contre ces groupes qui ont une idéologie et veulent sortir de la République des jeunes. On a fermé plusieurs 'écoles' de ce type en région parisienne. Elles étaient déclarées comme recevant l'école à la maison.

- Je ne crois pas à la cancel culture, je ne crois pas à ce qu'on efface une part de ce qu'on est (…), mais je crois à ne plus cacher une part de son histoire, noire qui vient d'Afrique, noire qui vient d'outre-mer ;

- Il y a énormément de Françaises et de Français qui basculent dans les extrêmes (…). Le mal, il est en nous, il ne faut pas chercher à le balayer. Comment cela a-t-il pu arriver? Ces dérives vers le séparatisme islamiste reposent sur nos échecs, sur l'échec du modèle d'intégration à la française.

- On a une génération qui reparle de colonisation alors qu'elle ne l'a jamais vécue. Elle reconstruit une appartenance à quelque chose parce que la République n'a pas su lui dire 'tu as une place là, tu es nous' et ça, c'est notre erreur. Nous sommes la génération qui doit dépasser ça.

- On a refoulé les langues étrangères des diasporas. Dans notre pays, on ne regarde pas le potentiel extraordinaire que nous avons : des jeunes qui parlent arabe, des langues africaines ou le turc. Ce que je veux faire, c'est remettre de l'enseignement de l'arabe dans la République pour éviter que cela ne soit détourné par d'autres. (…) On a énormément de jeunes dont les familles parlent arabe, dont la culture familiale est en langue arabe, ils apprennent le français et ils vont quand même continuer à perfectionner leur langue familiale à l'extérieur parce que la République leur offre peu d'enseignements.

- [Les discriminations au travail, au logement] alimentent le ressentiment. Cela ne justifie ni n'excuse le terrorisme, mais permet de l'expliquer et de le déconstruire (…). Ce n'est pas une politique de l'excuse, mais une politique de vérité.

- Est-ce qu'on est dans un pays où la liberté de manifester est en risque? Non. (…) Est-ce qu'on est dans un pays où la liberté des journalistes a été réduite? Non

- [Relations entre policiers et journalistes] La situation n'est pas idéale mais ne fait pas de notre pays un Etat autoritaire. [Il faut] apporter des réponses très pratiques et trouver le bon code d'usage (…). Les esprits se sont échauffés [sur l'article 24 de la loi Sécurité globale], ne laissons pas la France se faire caricaturer.

- Est-ce que tout citoyen ou journaliste pourra enregistrer un policier ou un gendarme dans la rue ? Oui. Est-ce qu'on pourra diffuser ces images sur les réseaux sociaux, par exemple ? Je pense que la réponse sera oui. Si on l'interdisait en France, vous trouverez un moyen de le faire par la Belgique ou par l'Italie, donc oui."

Oui, il y a des violences policières, si vous voulez que je vous le dise je le dis, je n'ai aucun problème, mais je ne veux pas donner crédit à un concept développé par les black blocs et l’extrême gauche pour uniquement s’attaquer à l’Etat. Nous avons une police à l'image de la société, dans laquelle il y a de la violence, du racisme. Mais y a-t-il une violence consubstantielle à la police, y a-t-il un racisme consubstantielle à la police, là, c’est non!

- Ce qui nous a fait honte à tous, c'est que les policiers ne soient pas exemplaires. Ce qu'il faut comprendre, c'est pourquoi ils en sont arrivés là, pourquoi ils se sont comportés de cette manière, il n'y a rien qui les excuse, rien qui ne les justifie. (…) Les jeunes et moins jeunes qui s'engagent dans la police, la gendarmerie ou d'autres services de secours, aucun ne s'engage pour prendre des coups ou en donner mais  pour servir la société. (…) Quand il y a des policiers ou des policières, gendarmes (...) qui ont des comportements qui ne sont pas à la hauteur de cet engagement, c'est encore plus grave. Il faut tout de suite y répondre, il faut tout de suite que ça puisse être identifié, sanctionné, soit de manière disciplinaire par le ministère de l'Intérieur, soit par la justice. (…) J'ai vu, comme vous, des images aussi graves, parfois plus, où une femme commissaire de police s'est fait rouer de coups, par des manifestants, par des fous et des gens ensauvagés. (…) Il y a de violence dans la société (…) J'attends d'un policier de l'exemplarité, je dirai qu'il y a zéro tolérance des deux côtés. (…) Mais ce qui est très important, ce qu'on n'ait pas qu'un regard sur la violence au risque de ne jamais sortir d'une espèce de circularité où il y a, je le dis entre guillemets, 'il y a le citoyen victime, et le policier violent'.

- Des lobbys, il y en a partout dans la société. J'ai vu le président de la Fédération de chasse, il y a plusieurs millions de chasseurs dans notre pays, c'est une activité qu'il faut encadrer et à laquelle il faut donner une place.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)

Élus, économistes, spécialistes des finances publiques : 10 personnalités vont proposer des scenarii de retour à l’équilibre des comptes publics affectés par la crise. Présidée par Jean Arthuis, cette commission sur l’avenir des finances publiques rendra ses travaux fin février.

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

Pour faire face à la crise, aux crises régionales, renforcer notre sécurité et soutenir la relance européenne, le renforcement des relations entre la France et l'Italie, pays voisin, ami et partenaire européen, est essentiel.

 

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

Excellent entretien avec mon homologue indien. Nos pays partagent une ambition commune sur le climat et la biodiversité et avancent vers une coopération pour réduire l’utilisation de plastiques à usage unique.

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

- [Rapport de l’Inspection générale de la réaction des services de l’État face à la situation de Samuel Paty, avant l’attentat du 16 octobre]  Ce rapport indépendant est une pièce du dossier judiciaire et contribuera à la recherche de la vérité par la justice. C’est important, non seulement de connaître toute la vérité, mais aussi d’analyser nos forces et nos faiblesses. Des forces, il y en a eu. Il y a eu une bonne réactivité et des réflexes professionnels, de la part de Samuel Paty, de la principale du collège et des différents acteurs dont les équipes «Valeurs de la République» de l’académie de Versailles. Le soutien de l’institution au professeur semble avoir été total. On peut voir des failles ensuite, a posteriori. L’une des leçons à tirer, c’est que les hypothèses les plus extrêmes ne sont pas à exclure. Nous avons un véritable enjeu autour de la protection des fonctionnaires. Elle doit être accentuée. La protection fonctionnelle, qui consiste à soutenir judiciairement un agent et à assumer les frais de justice, existe déjà. Elle aurait d’ailleurs été mise en route dans l’affaire Paty corrélativement au dépôt de plainte de la principale au nom du collège et le contentieux aurait évidemment été soutenu par l’institution. Cette protection fonctionnelle doit être la plus réactive et la plus systématique possible. Il y a ensuite la protection par les forces de l’ordre qui doit être renforcée dans certains cas. Elle peut aller de la présence de la police aux abords d’un établissement jusqu’à la protection d’un professeur.

- Nous menons déjà une politique de lutte contre le cyber harcèlement. Mais par ailleurs, concernant la haine en ligne, il nous faudra des outils juridiques nouveaux, notamment pour nos relations avec les plateformes des réseaux sociaux, afin de mieux analyser les menaces et mieux retirer et poursuivre les contenus haineux.

- [Plus de 790 incidents ont été signalés à l’occasion de l’hommage à Samuel Paty] Ils sont la conséquence de la franchise que j’ai demandée à tous les acteurs. Aujourd’hui, je crois qu’il est beaucoup plus clair pour tout le monde qu’il est indispensable de signaler tout fait et de se faire aider dès que l’on se sent en difficulté. L’augmentation des signalements, qui je le rappelle sont très différents les uns des autres, et plus ou moins graves, est une bonne chose, et traduit l’augmentation de la réaction de chacun et de l’institution. Les équipes «Valeurs de la république» ont été très présentes sur le terrain pour contribuer à rétablir les situations. Des poursuites pénales ont été engagées dans les cas les plus graves.

- Certaines forces essayent de ringardiser le principe de laïcité à l’échelle nationale et internationale. On essaye de faire croire que cette idée serait trop française ou trop désuète. Je pense tout le contraire. Le défi du radicalisme islamiste est un défi non pas religieux mais politique. C’est un projet politique d’atteinte à la démocratie. À nous d’expliquer cela sur le plan intellectuel et politique - ce que je fais - et d’avoir un «tonus républicain», avec des projets concrets, pour être à la hauteur de l’enjeu.

- [Laïcité] Je suis à l’unisson des orientations du président de la république et du premier ministre, lesquels ont eu des mots extrêmement clairs sur ces sujets-là. Dans la majorité parlementaire, il peut y avoir des nuances. Mais il y a aussi des évolutions importantes car tout le monde est conscient de la défiance à l’égard de la République.

- [Islamo-gauchisme à l’université] J’ai été universitaire avant d’être ministre. Mon propos, qui ne vise pas l’université dans sa globalité, dont je défends les libertés, mais des postures intellectuelles, est fait pour créer de la lucidité, de la clarté sur les enjeux politiques du débat intellectuel. Certains ont fait semblant de croire qu’il s’agissait d’une attaque contre l’université en général. Ce n’est bien sûr pas le cas et mon intention n’était pas de créer une polémique à ce sujet. Certains avancent masqués ou sans se rendre compte de la portée de leur idéologie. Quand on a de la violence politique, de l’antisémitisme, du radicalisme et du racialisme dans la sphère des idées, il est de ma responsabilité d’intellectuel et de politique de le dénoncer. Ensuite, chacun vient avec ses idées. Cela oblige chacun à se repositionner clairement par rapport à cette question. J’ai vu beaucoup de gens nier toute connivence avec l’islamisme. Tant mieux.

- [Instruction à domicile] Nous avons prévu dans la loi de prendre en compte des situations particulières d’élèves et de leurs familles. Mais notre visée est claire. Nous avons des milliers d’enfants à protéger contre la violation de leurs droits. Quand vous êtes envoyé enfant dans des pseudo-écoles, voilé de la tête aux pieds pour certains, pour vous faire endoctriner d’une pensée qui ne reconnaît pas les valeurs fondamentales de notre République, c’est un problème pour la République tout entière et c’est d’abord un danger pour l’enfant. [Les familles] continueront d’avoir le choix de l’école publique ou de l’école privée, sous contrat ou hors contrat. Plusieurs milliers d’enfants parmi ceux instruits à domicile sont soumis à une forme de radicalisme ou de phénomène sectaire. La loi Gatel m’a permis de m’opposer à l’ouverture de certaines écoles hors contrat. Mais nous sommes aujourd’hui encore dans une position délicate pour fermer les écoles hors contrat qui posent problème. Avec ce projet de loi, nous pourrons être plus efficaces.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)

- Notre promesse, avec Emmanuel Macron, de baisser les impôts est tenue. En 2020: 80% des Français ne paient plus de taxe d’habitation, soit un gain moyen de 590€ par an pour 22,4 M de foyers. 17,3 M de foyers ont vu baisser de 300€ en moyenne leur impôt sur le revenu.

- Le plafond d'utilisation quotidien des tickets restaurants de 18€ à 39€ est prolongé jusqu’au 1er septembre 2021. Les tickets pourront être utilisés dans vos restaurants dès la réouverture ou en retrait de commande en semaine, le week-end et les jours fériés.

 

Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)

- Nous lançons ce mois-ci une concertation avec syndicats et patronat pour permettre aux travailleurs des plateformes (chauffeurs VTC, livreurs à vélo...) d'être mieux représentés pour faire valoir leurs droits et d’avoir une meilleure protection sociale.

- Tout jeune qui s'engage dans une démarche vers l'emploi pourra bénéficier d'une rémunération allant jusqu'à 500€ selon ses besoins. Aucun jeune ne doit être empêché de s'engager vers l'emploi ou dans une formation parce qu'il aurait des difficultés financières.

- Restaurants, bars, salles de sport, discothèques, entreprises de l'événementiel… les secteurs les plus impactés par la crise bénéficieront de la prise en charge par l’Etat de 10 jours de congés payés. C'est un nouvel accompagnement massif pour les aider à faire face.

- Réunis avec mes homologues européens pour un échange sur les dossiers sociaux qui nous rassemblent. J'ai rappelé l'engagement de la France pour un salaire minimum européen et une meilleure protection des travailleurs des plateformes.

 

Olivier Véran (ministre des Solidarités et de la Santé)

- Une chose est sûre : la peur du vaccin n’arrêtera pas le virus. Pasteur disait « ayez le culte de l’esprit critique ! ». Distinguons donc l’esprit critique, qui permet d’avancer avec exigence, de l’esprit suspicieux, qui trouve toutes les mauvaises raisons pour ne pas avancer.

- On les pensait incurables, mais aujourd'hui on guérit des maladies génétiques graves. Grâce à votre générosité et à la mobilisation des milliers de bénévoles du Téléthon.

- Qui sont les premières victimes sociales de l’épidémie ? Les familles modestes, les foyers aux minima sociaux, les jeunes précaires. Tous celles et ceux qui ont vu leur situation déjà fragile basculer. Nous devions leur venir en aide.

- La vaccination covid19 reposera sur la mobilisation de tous les professionnels de santé, en confiance avec les usagers. J'ai réuni aujourd’hui l'ensemble des acteurs au lendemain de l'annonce de notre stratégie, je le ferai chaque semaine.

- L’objectif de la vaccination est de réduire le nombre de formes graves de la covid19, et donc la pression sur notre système de santé. En janvier 2021, la vaccination sera proposée dans les établissements pour personnes âgées aux résidents et aux personnels vulnérables au virus.

 

Frédérique Vidal (ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)

- Retour progressif en présentiel pour les étudiants dès janvier confirmée par Emmanuel Macron. Au travail dès à présent pour cette mise en œuvre.

- Avec Emmanuel Macron à l'Institut Imagine, pionnier dans la découverte de gènes de susceptibilité dans le développement de formes graves de Covid-19. Un moment d'échanges passionnants sur sa vision de l'avenir de la recherche et de l’innovation en santé en France. L'occasion pour le Président de la République d'y annoncer le lancement de PariSanté Campus, qui va faire de la France un des leaders mondiaux en matière de recherche et d’innovation en santé numérique.

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

Je suis venue à la rencontre d’agents publics à Evreux pour m’assurer de l’application effective de la circulaire que j’ai signée le 2 novembre, après l’assassinat de Samuel Paty, pour renforcer leur protection sur les réseaux sociaux. Le gouvernement est à leurs côtés.

 

Marc Fesneau (ministre chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne)

- Emmanuel Macron et Valéry Giscard d'Estaing partagent sans doute le fait d'avoir tous deux été élus présidents de la République jeunes avec une volonté réformatrice et émancipatrice. Et dans chacune de leur élection, ils ont en commun d'avoir souhaité dépasser les clivages, les fameux « deux Français sur trois » et « en même temps », sans s'être adossés à une formation politique. Mais au-delà de la rupture avec l'immobilisme, comparaison n'est pas raison. Les temps ne sont pas semblables, les années 1970 ne ressemblent pas à 2020 et les défis ne sont pas les mêmes.

- François Bayrou dans l'héritage giscardien a la place de celui qui, héritier de ce courant de pensée, l'a fait vivre, l'a incarné et en a assuré l'indépendance et l'existence.

- Je vous mets au défi de trouver un quinquennat qui, en trois ans et demi, a fait face à autant de crises. Les Gilets jaunes, les grèves contre la réforme des retraites, la pandémie de Covid19, le terrorisme et les crises internationales… Nous ne sommes pas épargnés. Jamais autant de réformes ont été conduites au cours d'un quinquennat, des réformes que beaucoup appelaient de leurs vœux mais que personne n'avait osé engager. Il n'est donc pas illogique, qu'au milieu de toutes ces turbulences, des difficultés émergent. Comme toujours, il y a des soubresauts dans la vie politique, je ne vous dirai pas le contraire, mais nous n'assistons pas à une fronde parlementaire comme a pu en connaître le quinquennat précédent. Dans des eaux tempétueuses, la majorité – pour des gens qui, pour la plupart, au départ, n'avaient pas une grande expérience du Parlement – tient solidement. Imaginez la crise des Gilets jaunes avec un des autres candidats de l'élection présidentielle de 2017. Je ne suis pas sûr qu'autant seraient allés sur les ronds-points pour discuter. Les députés de la majorité vont au charbon avec courage et sincérité, c'est ce qui les a probablement renforcés. Vous savez, comme je suis de l'ancien monde, je n'ai aucun mal à défendre celui qu'on appelle le nouveau ! (rires).

- Si vous voulez me faire dire qu'il y a eu des contrariétés, la réponse est oui. Mais quand on regarde les épisodes les plus tumultueux du quinquennat, c'est rarement sur l'essentiel que ça se joue : prenez l'exemple de l'article 24 récemment, le débat s'est focalisé sur un seul article d'une loi beaucoup plus globale. Si dans les oppositions, certains critiquent notre gestion de tel ou tel dossier sur les plateaux, d'autres, et parfois les mêmes, je ne les citerai pas, reconnaissent, en aparté, qu'ils n'aimeraient pas être à notre place. Je ne dis pas que ce que nous faisons est parfait, mais je crois que les Français voient toute la complexité de la tâche dans la crise actuelle. Depuis que je suis arrivé au gouvernement, je me demande : quand est-ce que l'on a pu respirer ? Si nous sommes des amateurs, alors où sont les professionnels ? Dans les rangs de l'opposition ? Cela m'avait échappé !

- Sur l'article 24, le problème vient plus d'une ambiguïté sur la formulation. Cela étant dit, et ce n'est pas pour nous dédouaner, nous sommes dans une époque de tensions permanentes. Il n'y a pas une journée où il n'y a pas un problème à régler surtout en pleine crise sanitaire. Quand ce ne sont pas les stations de ski, ce sont les commerçants. Quand ce ne sont pas les commerçants, c'est le nombre de fidèles dans les églises, etc. À l'inverse, sur les grands chantiers – je pense au rapprochement avec l'Allemagne, la fondation d'une Europe plus forte ou notre retour sur la scène internationale – de réformes structurelles en matière d'éducation, de travail, de santé… Beaucoup a été fait. Il est toujours compliqué de gérer le temps long quand on est confronté aux urgences permanentes du court terme. C'est difficile pour les Français comme pour le gouvernement de se projeter quand le virus se joue de nous.

- [Article 24 de la loi Sécurité globale] On perdrait la face parce qu'on se met d'accord avec les parlementaires ? Soyons sérieux ! Je rappelle que le texte a été très largement voté d'ailleurs avec les voix de députés LR de l'Assemblée nationale. Quand un article, que l'on a voté de bonne foi, inquiète encore parce que des ambiguïtés persistent, alors on le retravaille. C'est tout l'objet du travail parlementaire.

- Qui peut croire que le président de la République partage la conception des droits de l'homme de Viktor Orban ? Soyons sérieux, là encore. Il faut parfois rappeler quelques évidences qui échappent à beaucoup ! En France, le juge constitutionnel est libre. Les médias sont libres. La justice est libre. Je n'accepte pas la petite musique du procès en restriction des libertés qui nous est fait. Jamais l'État de droit a été affaibli dans notre pays.

- Depuis mars dernier, la crise Covid19 a nécessité d'imposer des restrictions à certaines libertés publiques dans un cadre qui a été voté par le Parlement et validé par le Conseil constitutionnel. Tout au long de la crise sanitaire, nos institutions démocratiques ont exercé leur mission. Alors que le gouvernement gère cela, le Parlement a ouvert des commissions d'enquête et la justice engage des procédures. Cette situation exceptionnelle rend l'opinion beaucoup plus sensible au sujet des libertés publiques, mais ce débat n'est pas nouveau. Que l'on se souvienne des mesures prises en 2015 dans le contexte terroriste : il a toujours été difficile de trouver des points d'équilibre et de compromis dans ces débats-là. Ce n'est pas une question de tentation, c'est une question de conjoncture. J'entends les mêmes critiques qu'à l'époque de la loi Avia sur la haine en ligne. Il y a un nécessaire travail de régulation à mener sur les plateformes des réseaux sociaux – outils aussi formidables que détestables – pour justement préserver ces libertés publiques. On peut se féliciter que Twitter se mobilise sur les tweets de Donald Trump, mais pourquoi ne pas en faire autant pour les appels au meurtre de propagandistes djihadistes ? Quand on veut contrôler ces derniers, on nous dit : « Attention, vous risquez de toucher à la liberté d'expression. » Quand le Conseil constitutionnel censure une partie des dispositions de la loi Avia, il écrit qu'il est d'accord sur le principe, mais que laisser trop peu de temps aux plateformes pour modérer les contenus peut encourager une forme d'autocensure a priori. Je l'entends, mais quel est le bon délai ? L'assassinat de Samuel Paty s'est organisé en moins de 72 heures. Je peux comprendre que Twitter ait besoin de plus de temps pour analyser les contenus diffusés, mais M. Paty, lui, ne l'a pas eu, ce temps. S'exprimer sur les réseaux sociaux, c'est un sujet de liberté publique. Être professeur et enseigner la liberté d'expression au travers de caricatures sans risque de se faire assassiner, c'en est un aussi, et j'y suis profondément attaché.

- Le président de la République est au rendez-vous total de ce qu'était sa promesse de 2017 : transformer le pays. Si vous ne vous attaquez aux problèmes assez tôt, bon courage pour prendre les virages qu'il faut prendre à horizon de dix ans. C'est valable pour la crise climatique comme pour la réforme du système de santé. J'écoute benoîtement les leçons des uns et des autres sur ce sujet, mais qui a résolu la question du numerus clausus ? Nous. Sauf que les effets ne seront perçus que dans dix ans. Si ceux qui nous disent depuis vingt ans qu'il faut faire sauter ce verrou l'avaient bel et bien fait quand ils étaient aux responsabilités – ils l'ont tous été – nous n'en serions pas là. J'entends aussi ceux qui nous disent qu'il faut impérativement augmenter le salaire des personnels de santé, mais pourquoi ne l'ont-ils pas fait, eux ? De fait, les transformations que nous engageons peuvent parfois donner l'impression à certains que nous allons trop vite mais si on n'accélère jamais, alors il sera vraiment trop tard. La vérité, c'est que la France n'a pas préparé ses réformes depuis trente ans et a toujours mis sous le tapis les sujets de transformation. On nous a reproché la crise des Gilets jaunes, mais dire « pour le climat, ça attendra », c'est mentir aux Français. Le pays souffre de l'incapacité à éclairer les problèmes et à trouver des consensus politiques pour les régler.

- La promesse de 2017, c'était le dépassement des clivages, le renouvellement, l'émancipation, le travail. Le sujet sécuritaire était moins au cœur des préoccupations collectives mais n'était pas absent, en suivant toujours une ligne claire : l'ordre républicain et la liberté ; la fermeté et la dignité.

- [Proportionnelle intégrale toujours d'actualité?] Ce n'est pas tant une question de calendrier qu'une question politique. C'est un débat qui mériterait d'être au moins mis sur la table. François Bayrou avait raison en disant que c'est une réforme de début de quinquennat, dans la foulée d'une présidentielle. Sur le fond, dans un pays qui souffre de sa bipolarité entre majorité et opposition, je pense que la proportionnelle est un formidable outil pour favoriser des coalitions et permettre des compromis pour bâtir du consensus. Certaines s'interrogent plus facilement sur ce sujet quand elles sont dans l'opposition que dans la majorité d'ailleurs. Que pensent les autres formations politiques?

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

- Il y a 150 ans disparaissait Alexandre Dumas. Comme le rappelait le Président de la République hier, ses héros et ses épopées ont marqué notre mémoire collective. Métis à l'accent créole, il incarnait aussi notre "France plurielle". Aujourd'hui, la République lui rend hommage.

- Les discriminations, hélas, se déploient partout. Emploi, logement, éducation, santé, sport comme contrôles d’identité : dans tous les domaines la couleur de peau, l’origine, la religion peuvent être un frein, une assignation. Voilà pourquoi la plateforme antidiscriminations annoncée par Emmanuel Macron est une grande avancée. Pour l’égalité concrète. Pour la République en actes.

 

Emmanuelle Wargon (ministre chargée du Logement)

- Adapter le logement des personnes âgées pour leur permettre de rester chez eux plus longtemps en autonomie, c'est un enjeu d'avenir et un impératif de solidarité.

- [Hébergements d'urgence pour les sans-abris ] Ce n'est presque plus jamais de la promiscuité. Ce sont beaucoup des hôtels ou des centres (...) les protocoles covid19 sont respectés.

- [Hébergements d'urgence] Je défendrai toujours le principe fondamental de l'accueil inconditionnel (...) on héberge tout le monde.

 

Jean-Baptiste Djebbari (ministre chargé des Transports)

- Le train et l'avion sont complémentaires. On gagnerait à ne pas les opposer.

- On ne laisse pas tomber nos compagnies aériennes. Tous les pays n’ont pas fait ce choix. Il y aura une phase de consolidation du secteur. La France devra s’en servir ; résister, mais aussi conquérir.

- Renouveler les flottes d'avions = moins de carburant consommé = moins de pollution et moins de dépenses = plus d’écologie et plus d’économies

 

Olivier Dussopt (ministre chargé des Comptes publics)

Engagement tenu! En 2020 la surpression de la taxe d’habitation c’est un gain moyen de 590€ pour 22,4 millions de foyers fiscaux. 80% des ménages ne paient plus de TH ! Avec Emmanuel Macron, nous rendons du pouvoir d’achat aux Français. En 2021, la TH baissera d'un tiers pour les 20% de ménages qui la paient encore aujourd'hui. Elle aura totalement disparu en 2023.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- Ne faisons pas d'Amazon et de ses entrepôts en France des boucs émissaires. Le vrai sujet, ce sont les plates-formes qui opèrent depuis l'étranger avec 0 emploi en France: entre mauvaise empreinte carbone, non respect des consommateurs et fraude fiscale, le voilà le combo à combattre.

- La France a précommandé 200 millions de doses de vaccins contre la covid19. Dès que les autorisations de mise sur le marché seront données, et nous en attendons pour la fin du mois, la stratégie de distribution débutera.

- Le Président de la République a annoncé la création d'une plateforme de signalement des discriminations. Lorsque l'on traite un sujet, il faut le rendre visible et le mesurer. La discrimination à l'embauche par exemple et les préjugés associés doivent être pris à bras le corps.

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

- [Possibilité de fondre l’article 24 de la proposition de loi "sécurité globale" dans l'article 25 du projet de loi "séparatisme"] L'objectif général est de protéger les gens - qu'ils soient policiers, journalistes, professeurs...- des menaces voilées qui peuvent exister à leur encontre, et notamment sur les réseaux sociaux. Mais les deux articles ne visent pas les mêmes publics, ni les mêmes faits. En ce moment, le travail parlementaire se poursuit et la majorité parlementaire a dit qu'elle souhaitait réécrire cet article. (…) La démocratie poursuit son chemin. Le texte n'est d'ailleurs pas dans les mains de la droite sénatoriale mais du Sénat dans son ensemble. J'ai toujours trouvé très sain qu'un texte soit étudié par deux chambres différentes : les textes ressortent généralement enrichis et améliorés du Sénat. Ensuite il y aura une deuxième lecture du texte, qui reviendra à l'Assemblée nationale, et les débats vont se poursuivre. C'est positif, ce qui se passe en ce moment : un texte continue à être débattu, les critiques sont entendues, et chacun se remet en question.  (…) L'article 24 vise à protéger les forces de l'ordre et la liberté d'expression. Je respecte la séparation des pouvoirs. L'article 24 est dans les mains du pouvoir législatif qui est en train de travailler. Ensuite on proposera avec Gérald Darmanin le 9 décembre au Conseil des ministres le projet de loi "confortant les principes républicains". 

- L'électorat macroniste est attaché à l'ordre public et il est favorable à la volonté de mieux protéger les policiers qui sont menacés. Mais l'électorat de base d'En Marche est aussi un soutien indéfectible de la liberté de la presse, et il considère que la liberté n'est pas négociable. Le mouvement s'est fondé en grande partie autour des principes de liberté et, dans son livre Révolution, Emmanuel Macron les mentionne beaucoup : dans l'économie, l'entrepreneuriat, l'existence humaine, la lutte contre l'assignation identitaire, religieuse, territoriale... Le contexte global, d'une pandémie qui remet en cause nos libertés pour sauver des vies humaines, est un vrai défi politique pour rester arrimé fidèlement à nos valeurs. Mais l'électeur d'Emmanuel Macron n'est pas celui de Benoît Hamon : c'est quelqu'un qui est d'accord pour soutenir les policiers et mieux les protéger. D'ailleurs, on dit souvent que la majorité des députés En Marche sont des anciens du PS, qu'ils viennent de la gauche ; j'observe qu'ils ont majoritairement voté cette loi parce qu'ils sont d'accord. 

- [Loi sur le séparatisme et contrat d'engagement républicain] L'idée, avec ce contrat d'engagement, est de faire en sorte que toutes les associations qui demandent des subventions publiques s'engagent sur plusieurs principes : la dignité ; l'égalité femmes-hommes et la non-discrimination ; la fraternité et le rejet de la haine ; le respect des symboles de la République ; la liberté de conscience ; la protection de l'intégrité physique et morale ; le respect de la légalité et de l'ordre public. Nous voulons être certains que les associations subventionnées les défendent. Notre volonté c'est que ce contrat d'engagement ait aujourd'hui valeur de loi et puisse soutenir des élus de tous bords qui ont déjà décidé de mettre en place de tels contrats. Je pense notamment à Michaël Delafosse, maire socialiste de Montpellier, ou Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, affiliée LR dira-t-on. 

- On généralise les "CLIR", les cellules de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire : on a demandé qu'il y ait une CLIR tous les mois ou tous les quinze jours dans tous les départements, en fonction du territoire. J'en ai présidé une dernièrement, j'en présiderai une bientôt probablement avec Roxana Maracineanu et Jean-Michel Blanquer, l'idée c'est que l'on puisse passer au peigne fin les activités qui posent problème, pour lesquels il y a eu des signalements de radicalisation ou de pratiques contraires à ce que nous avons évoqué. Une association qui tiendrait des propos antisémites dans ses boucles WhatsApp ou sur sa page Facebook pourrait voir sa subvention tomber ; une association qui piétinerait le drapeau français pourrait aussi se la voir retirer ; comme une association qui demanderait aux gens, de force, de prier ou avoir des pratiques religieuses particulières, car il s'agit d'endoctrinement. 

Nous ne voulons pas un euro d'argent public pour les ennemis de la République. Les subventions de l'État aux associations représentent chaque année entre sept et huit milliards d'euros : ce sont des sommes énormes auxquelles il faut rajouter les sommes données par les collectivités. En ce qui concerne la méthode, je lance deux cycles de consultation pour affiner encore les termes de ce contrat d'engagement et le rendre compréhensible pour tous. C'est pour cela qu'il y aura une consultation, lancée avec ma collègue Sarah El Haïry, auprès de grandes associations qui représentent le secteur pour savoir ce qu'elles attendent de cette charte. Et un échange avec les représentants des élus locaux sur le contenu, mené avec Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Dès la semaine prochaine, avec Gérald Darmanin, nous recevrons l'Association des maires de France pour échanger sur ce contrat d'engagement, car c'est un outil au service des élus.  (…) Quand il y a obligation, ce n'est pas contesté. Les élus sont aujourd'hui confrontés à des situations difficiles : par exemple au Conseil régional d'Ile-de-France, ça fait 26 fois que le groupe Front de Gauche dépose un amendement pour supprimer la charte de la laïcité ! Le maire de Montpellier fait face à une fronde contre la mise en place de cette charte. Donc la valeur obligatoire dans la loi protège aussi les élus des pressions. 

- [Tutelle préfectorale] Cette disposition vise à travailler sur ce que l'on appelle la "carence républicaine" : l'idée est que lorsqu'un maire prend une délibération contraire aux valeurs de la République, le préfet pourra suspendre cette délibération sous le contrôle de la décision du juge, qui interviendra au bout de quelques jours. Il faut protéger chaque citoyen, quel que soit son lieu de vie.    Un maire ne pourra plus décider de subventionner une association qui fait l'apologie du terrorisme ; il ne pourra pas prendre des décisions en fonction de raisons religieuses, comme manger obligatoirement halal ou cacher dans les cantines scolaires ; ou encore décider qu'il n'y aura plus de livres de science dans la bibliothèque municipale mais uniquement des livres complotistes... 

- Il ne faut plus qu'on laisse l'espace des réseaux sociaux uniquement aux gens qui font l'apologie du terrorisme ou qui l'excusent ou qui véhiculent une idéologie radicale. Cette unité est en train d'être créée. Il y aura à terme plusieurs dizaines de personnes mobilisées pour ne pas laisser dire des choses fausses. Par exemple, à la suite du discours des Mureaux du président, certains ont dit : "le président a fait un discours antimusulman" ou "le président déteste les associations de musulmans", ce n'est pas du tout ce qu'a dit le président. Les gens qui entretiennent volontairement la confusion entre musulmans et islamistes sont des gens qui veulent instrumentaliser cette question. (…) C'est un combat extraordinairement difficile, mais les seuls combats qui sont perdus d'avance sont ceux qu'on ne mène pas. C'est une approche nouvelle que l'on adopte en s'inspirant de ce qui se fait dans plusieurs pays européens, par exemple, au Royaume-Uni. C'est essentiel : on ne peut pas partir du principe que les islamistes radicaux sont des fous dans leur coin et que personne ne les écoute. Il y a des gens qui se radicalisent en regardant les réseaux sociaux.  

- Quand un préfet diligente un contrôle dans une école illégale, non déclarée et qu'une organisation dit que c'est de l'abus de pouvoir, il est important que quelqu'un rappelle les règles, notamment en matière de protection de l'enfance. Oui, les services sont fondés à mener des contrôles. Après, chacun se fera son avis, mais il est important d'entendre la version de la République. 

- Philosophiquement, je n'adhère pas au projet de voiler une petite fille de quatre ans. Maintenant, le projet de loi confortant les principes républicains n'a pas vocation à traiter la question du voile.  

- [La lutte contre la polygamie figure dans la loi contre les séparatismes] Il y a un bloc de mesures que j'ai rajouté pour renforcer la dignité humaine et l'égalité entre les femmes et les hommes. Aujourd'hui, 200 000 femmes vivent dans une situation de mariage forcé. Les ONG pourront désormais faire des signalements à l'officier d'état-civil qui devra le signaler au procureur (article 40) et recevoir séparément les deux époux. Contre la polygamie, je souhaite que l'on ne donne plus de titre de séjours aux gens qui sont polygames - je parle bien de polygamie, pas de polyamour, chacun fait ce qui veut dans sa vie privée - ou les retirer lorsque ces personnes sont déjà sur le sol français. C'est souvent la CAF qui s'en aperçoit, par exemple lorsqu'il y a double allocation versée ou des difficultés à remonter des situations de filiations.  

- [Interdiction de l'instruction à domicile] Il est important de rappeler l'objectif de cette mesure. Il existe une vraie injustice dans le départ dans la vie entre un enfant qui va à l'école de la maternelle jusqu'à 10 ans, qui rencontre d'autres enfants et celui qui a reçu uniquement un enseignement religieux à la maison. Ce sur quoi on veut légiférer, ce sont les enfants qui ne reçoivent aucune éducation et sont pris dans une dérive sectaire à la maison.   Mais il faut aussi accepter, dans le respect du principe général qui est l'école pour tous, les cas particuliers de gens qui ont un projet pédagogique d'école à la maison. Il ne faut pas s'arc-bouter. Si on a une leçon à tirer des débats autour de l'article 24 et de la proposition de loi sur la sécurité globale, c'est que c'est important d'être dans le respect des prérogatives de chacun. Pour le gouvernement, Jean-Michel Blanquer proposera sa mesure. Après il écoutera ce que les parlementaires ont à dire.  

- La pire chose au monde, c'est d'éviter le débat sur ces sujets. Les questions d'approche de la laïcité, ce sont des questions très personnelles qui touchent au lien qu'on a à la religion, à la manière dont on envisage la relation entre les pouvoirs publics, les cultes... Ce sont des sujets d'étude, mais aussi de passion, épidermiques pour beaucoup de gens. Moi, ma ligne, c'est la laïcité, point. C'est important de défendre la neutralité des services publics et la liberté de culte. Mais, dans le respect, toute position peut être entendue. La meilleure chose à faire, c'est justement de débattre. 

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- Royaume-Uni, vous n’êtes pas dans l’Europe alors vous avez plus de contrôles, plus de contraintes. Nous sommes prêts. On espère encore avoir un accord. Nos intérêts, nos pêcheurs seront défendus jusqu’au bout. 

- Qu’est-ce que ce mécanisme sur l’Etat de droit ? C’est dire : vous ne respectez pas des valeurs fondamentales, alors vous avez moins d’argent européen. C’est logique.

- [Brexit] Si l'accord n'est pas bon, nous utiliserons le droit de veto.

- [Brexit] On défend nos intérêts en commun au niveau européen. Si l’accord n’était pas bon, nous nous y opposerions. Nous ferons notre propre évaluation de ce projet d’accord, nous le devons aux Français, aux pêcheurs et aux autres secteurs économiques.

- [Brexit] Il faut se préparer à un risque de no-deal. Ce n’est pas ce qu’on le souhaite… mais je veux dire à nos pêcheurs, aux producteurs, aux citoyens qui nous écoutent que nous n’accepterons pas un accord à de mauvaises conditions.

- [Transparence vaccin covid19] Les députés européens s’en préoccupent, ils ont raison, et la Commission européenne doit leur donner l’accès pour contrôler de manière démocratique les contrats.

- [Vaccin covid19] On a fait le choix de concilier rapidité, l’achat commun européen, donc moins cher, la garantie d’accès à tous les vaccins, et une parfaite sécurité dans nos procédures.

- [Europe politique] Je suis convaincu que l’on tuerait l’Europe si on l’évoquait uniquement sous un angle économique. Depuis sa création et jusqu’aux récentes crises qu’elle a traversées, on dit de l’Europe qu’elle est « sortie de nulle part ». Comme si on pouvait ignorer des millénaires de creuset culturel européen. Certains disent – je pense, à tort – que c’était un projet par essence technocratique, mais je crois que ce serait faire offense aux fondateurs. On oublie en effet que les institutions elles-mêmes sont nées d’un coup de génie politique et on se tromperait à penser qu’un Monnet, un Schuman ou un Gasperi étaient déconnectés des réalités politiques.  À l’heure actuelle, c’est cette réalité politique qu’il faut remettre dans l’Europe. On fait comme si parler de l’Europe dans les médias était un acte militant. Je pense qu’il faut à la fois retirer cet aspect militant dans le fait de s’intéresser à l’Europe et remettre de la politique militante dans l’affrontement idéologique que nous devons avoir sur le contenu des politiques européennes. Dans ce sens, je pense que la crise récente, et peut-être l’héritage des crises précédentes (zone euro, migration, Brexit), est positive parce qu’elle a remis de la confrontation et du débat dans un objet qui était perçu comme technique et froid. Au printemps dernier, les interpellations entre dirigeants par médias interposés ont été très saines à cet égard, car aucune démocratie ne fonctionne sans débat.

- L’Europe est souvent réduite à une polarisation entre ceux qui l’aiment et qui acceptent tout, et ceux qui nient son existence même, veulent sa disparition, éludent le sujet ou en font un bouc émissaire. Cette vision manichéenne n’est pas saine car l’Europe est avant tout un projet politique. On peut le détester, on peut l’adorer, on peut vouloir le réformer mais il y a une gamme d’opinions qu’il faut assumer et entrechoquer.

- [Europe puissance] Si cette approche se fait aussi tardivement c’est en partie parce que le projet européen a lui-même été construit contre cette idée. À l’origine, l’Europe était un projet de réconciliation entre des pays ayant entretenu un rapport maladif à la puissance. À l’extérieur de leurs frontières en allant chercher l’aventure coloniale, et à l’intérieur en cultivant, dans un espace pourtant limité, leur domination technologique, industrielle, commerciale, scientifique et politique. Cette soif de puissance a mené au suicide collectif. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a été placée sous la tutelle – bienveillante, mais tutelle néanmoins –  des États-Unis. À l’inverse de la Grande Guerre, le Vieux Continent a alors amorcé la construction d’un cadre politique de coopération dont la réconciliation franco-allemande fut la pierre angulaire, le premier vaccin collectif contre cette avidité de puissance. Jusqu’à la fin de la Guerre Froide, l’Europe s’est vu déposséder de tous ses outils de puissance. Elle a ensuite traversé une période de transition post-Soviétique pendant laquelle elle n’avait plus d’ennemi, seulement une tutelle – moins forte et moins bienveillante – avec les États-Unis qui s’intéressaient, légitimement, de plus en plus au vaste monde et de moins en moins à l’Europe. Ce que la France et d’autres pays européens assument désormais, c’est une nouvelle projection mentale et concrète vers la puissance. Voilà le défi des cinquante années à venir : tourner l’Europe vers l’extérieur sans briser la réconciliation interne, combiner le retour de la puissance et le maintien de la coopération patiemment construite durant les soixante-dix premières années du projet européen. C’est un changement de mentalité majeur, car jamais l’Europe n’a connu ce triangle d’être à la fois mondiale, pacifique et puissante. D’ailleurs, je ne suis pas certain qu’une grande puissance non-impériale ait déjà endossé ce rôle.

- Le curseur franco-allemand a beaucoup évolué au cours des soixante-dix dernières années. Aujourd’hui, il y a entre la France et l’Allemagne une nouvelle relation forte et convergente mais qui n’a jamais été – et n’est pas vouée à être – une relation d’équivalence ou de symétrie. La France et l’Allemagne sont certainement les deux pays qui se sont le plus détestés ces 150 dernières années. C’est une erreur de croire que le franco-allemand ne marche pas à cause de ces différences. Le franco-allemand ne fonctionne pas lorsque l’on ne trouve pas de terrain d’entente aux différences. Il n’y a rien de pire qu’un franco-allemand d’auto-célébration, où l’on met les divergences sous le tapis alors qu’elles existent. Nous n’avons pas le même rapport à la puissance extérieure, nous n’avons pas le même rapport à la Turquie, à la Russie, aux États-Unis, à l’armée, aux élites, aux grandes entreprises ou à l’économie. Mais, la force de ce binôme est justement de parvenir à se rapprocher pour trouver un compromis entre deux pôles si différents. C’est une relation précieuse, qui s’entretient à force de travail, de symboles, de relations quotidiennes entre les administrations, les ministres , les chefs d’État et de gouvernement. De Gaulle et Adenauer étaient d’ailleurs convaincus de la nécessité de cette coopération précisément pour ces différences. Nos deux nations entretiennent un rapport différent au projet européen et à l’idée de puissance. Il ne s’agit donc ni d’un acte de dilution, ni d’un acte de soumission mais de compromis permanent. L’Europe de manière générale n’est pas un effacement de nos différences mais une subtile combinaison de désaccords, que l’on parvient à atténuer. Le franco-allemand est l’archétype de cela et la crise récente l’a montré. Je pense qu’il y a une force dans le binôme actuel Merkel-Macron. Ils ont compris ces trois éléments : caractère irremplaçable du franco-allemand, nécessité de commencer par mettre nos désaccords sur la table et travailler de manière précise et confiante pour les surmonter afin d’entraîner les autres partenaires. Cela n’est pas désuet dans une Europe à 27. Angela Merkel comme Emmanuel Macron n’ont jamais perdu de temps à chercher une alternative au franco-allemand. Ce qui est souvent le drame des Présidents français, c’est de mettre un an ou deux à refaire le cheminement intellectuel qui les amène à considérer que le franco-allemand est non seulement utile, mais aussi irremplaçable.

[Plan de relance européen] Il y a, avec le plan de relance, un capital de confiance qui s’est recréé entre la France et l’Allemagne à partir d’un désaccord. Au début de la crise, ce désaccord était assez violent, il n’était pas dissimulé. La France s’est engagée avec l’Italie, l’Espagne, la Belgique et d’autres, pour dire : « Il faut de la solidarité, il faut mutualiser nos dettes. » L’Allemagne s’y opposait et puis nous avons recréé une négociation qui a permis, assez vite, de basculer vers un compromis franco-allemand permettant un compromis européen. Il faut essayer de tirer sur le fil de ce capital de confiance et l’étendre à d’autres domaines. Il ne faut donc pas se laisser déstabiliser par la perspective prochaine de l’élection allemande. Les cycles politiques sont courts, cela n’empêche pas des projets de long terme. Dans le domaine économique, en matière de politique étrangère, il faut essayer de graver un certain nombre de coopérations dans le marbre. Avant même le plan de relance d’ailleurs, nous avions lancé la coopération industrielle de défense, avion (SCAF) et char du futur (MGCS). Cela n’était pas facile et il y aura encore d’autres difficultés malgré le moment de confiance que nous connaissons actuellement. Nous avons quelques mois devant nous pour concrétiser ces projets de manière irréversible, lancer un certain nombre de grandes coopérations communes et surtout essayer de définir nos relations vis-à-vis de deux grands partenaires. Je pense au Royaume-Uni et aux États-Unis, avec qui nos divergences existent mais ne sont pas un gouffre insurmontable. 70 ans d’arrière-plan historique, politique et psychologique nous précèdent. En France, nous avons tendance à avoir ce rapport exclusif et autonome à la puissance. Parfois d’ailleurs, nous surestimons un peu nos forces, cela fait partie de notre mythe national. Il faut trouver un terrain d’entente, se servir des jalons posés dans les domaines de sécurité et de défense, comme la création d’un fonds européen de défense, ou une plus grande implication dans les crises internationales.

- Il ne faut pas attendre des Américains qu’ils gèrent notre rapport à la sécurité ou à la lutte contre le terrorisme en Afrique. La lutte d’influence qui se joue en Méditerranée orientale n’est pas non plus le problème des États-Unis. Nous réglerons ces défis ensemble, entre Européens. De même, nous affronterons les menaces de cyber-attaques de nos grands voisins, d’abord en tant qu’Européens. Je crois qu’il n’y aura pas de bascule après le changement de chancellerie à Berlin. Je crois que Mme Merkel elle-même a ancré un « réflexe » européen en Allemagne qui restera fort.

- Je pense qu’il n’y aura pas un lieu unique [dans lequel peut s’élaborer la relation transatlantique] mais que nous avons effectivement une sorte de forum commun à inventer. Peut-être que cela commencera avec des étapes institutionnelles, comme un sommet annuel transatlantique UE-USA, qui n’existe pas aujourd’hui. Il n’existe pas de sommet qui soit porteur d’un retentissement politique aussi fort que celui que nous pouvons avoir avec la Chine ou d’autres partenaires. Dans la mesure où nous n’envisagions pas cette relation d’égal à égal avec les États-Unis, nous pensions sans doute que le lieu de rencontre à privilégier était l’OTAN.  Il faudra également réussir ce que nous avons raté avec l’administration Trump : un agenda commun sur la Chine ou sur le rapport au commerce qui sont deux choses intrinsèquement liées. Même si elle se voulait plus destructrice que constructive, la perspective de réforme de l’OMC que M. Trump proposait avait le mérite de soulever les bonnes questions. À savoir qu’il était nécessaire de redéfinir les règles du commerce international, que nous avions sans doute été trop obsédés par l’abaissement des barrières douanières et pas assez par la reconstruction de règles communes en matière de propriété intellectuelle et de transfert de technologies par exemple. Nous nous sommes soudainement réveillés avec le sentiment que la Chine et quelques autres en avaient profité. Il s’agit d’une illustration de que l’on doit reconstruire avec les États-Unis mais il n’y a pas de lieu qui permette d’entreprendre cette reconstruction à l’heure actuelle. Il faut donc que nous soyons imaginatifs pour construire un dialogue transatlantique qui permettra de maintenir la dynamique au-delà des rencontres diplomatiques ponctuelles. Énormément de formats ont, à ce titre, été inventés dans les relations transatlantiques d’après-guerre, dans le domaine des think tank, de la sécurité ou au travers de sommets parfois tant décriés… Il faut des lieux de pensée et de coopération communs. En matière climatique par exemple, la question se pose de l’ancrage durable des États-Unis dans l’Accord de Paris. Je n’ai pas encore toutes les réponses à ces enjeux mais c’est sans doute la relation sur laquelle nous avons le plus de choses à réinventer. L’Europe, et plus particulièrement le partenariat franco-allemand, doit donc se pencher sur cette reconstruction. Nous aurons d’ailleurs exactement le même défi avec le Brexit puisque, en quittant Bruxelles, le Royaume-Uni quitte ce club de discussions quotidiennes, d’échanges  variés qui dépassent le seul champ économique. Il est donc primordial de créer des lieux de socialisation communs, à la fois transatlantique et transmanche. Cela constitue un des défis majeurs de la présidence française au Conseil de l’UE en 2022. 

- Il n’y a jamais eu d’ambition culturelle européenne. Pour diverses raisons, probablement contradictoires mais qui se sont néanmoins accumulées. Nous sommes restés dans l’anecdotique – ce qui n’est pas une critique – je pense qu’il s’agit de petits projets très ciblés qui s’insèrent néanmoins dans un projet d’ensemble beaucoup plus grand. De fait, Erasmus est systématiquement cité. Il s’agit d’un magnifique projet, certes, mais qui ne représente que 5 % des étudiants européens et ne concerne donc pas l’ensemble de la jeunesse européenne. Il y a donc eu l’anecdotique d’une part et, de l’autre, la crainte qu’à force d’encourager les échanges et la mobilité, nous risquerions de créer un grand melting pot culturel effrayant, une super culture avec tous les écueils tacites que cela implique, à savoir l’impérialisme d’une culture unique ou l’écrasement des identités nationales et locales. En d’autres termes, nous aboutissons à une « culture light » qui comprend quelques traits de caractère communs, mais plus occidentaux et mondialisés qu’ils ne sont spécifiquement européens. Sur ce sujet, l’extrême gauche et l’extrême droite, les hyper-internationalistes et les hyper-nationalistes se sont rejoints sur le rejet de l’idée de culture européenne. Pour ma part, je revendique le fait de parler d’une identité européenne commune. Dans la mesure où l’identité est reliée à l’État, certains vous diront que l’évocation d’une identité européenne commune est un point de vue fédéraliste aboutissant à un super-État (culture, État, économie unique). Ce super-État fait particulièrement peur en France, puisque l’identité nationale et l’État se sont beaucoup superposés. Néanmoins, je reste persuadé que toute communauté politique durable a besoin d’une identité commune.   Il se trouve par ailleurs que cette identité européenne est réelle à bien des égards. Elle existe dans la somme des grands génies culturels ou des responsables politiques européens, qui sont très divers mais admettent beaucoup de points communs. Nous évoquons souvent Érasme mais l’interaction des arts européens ne se résume pas à lui seul. Un peintre flamand a inspiré la peinture italienne, qui a fécondé la Renaissance française, etc. L’Europe a toujours été – et c’est ce que disait très bien G. Steiner – par la guerre ou par la coopération – un creuset de rencontres. La culture européenne n’a pas attendu la CECA pour apparaître. Reconnaître l’identité européenne, c’est tout simplement revenir à ce qui devrait être une forme d’évidence, qui n’efface rien de nos subtilités locales et nationales. L’Europe a toujours été l’articulation de divers échelons : du plus petit au plus grand. La renaissance italienne qui irrigue toute l’Europe n’est pas née de l’Italie unifiée – qui n’existait pas – mais de quelques villes qui ont parfois rayonné (Florence ou Rome à l’époque) sur tout le continent. Amsterdam a aussi été une forme de capitale européenne, par la banque et le commerce… Venise de la même façon. Paradoxalement, c’est la création d’une couche institutionnelle européenne qui a effacé l’idée de culture commune. Or, cette couche institutionnelle ne sera jamais un ciment. Comme disait Jacques Delors, « on ne peut pas tomber amoureux d’un grand marché », comme on ne tombe pas amoureux de la Commission européenne, de même que personne ne tombe amoureux d’un Conseil constitutionnel. C’est la conséquence d’un sentiment d’être en commun. C’est pour cela que la citation souvent attribuée à Jean Monnet – « si c’était à refaire, je commencerais par la culture » est apocryphe. Comme si un père fondateur allait inventer la culture européenne. George Steiner montre très bien cette notion de ciment culturel européen, par l’évocation de la culture et de l’institution du café où vous avez une dispute amoureuse, un complot politique ou une rencontre entre amis, etc... Nous avons des éléments culturels européens qu’il faut assumer au lieu d’essayer de les diluer, de les superposer ou de les renier. Il faut les remettre sur le devant de la scène. Mettre des visages sur les billets, généraliser Erasmus ou encore créer des studios de production cinématographiques communs, tout ceci n’est pas anecdotique, ni une super-construction pensée par de super-technocrates. Il s’agit de la reconnaissance d’un héritage qui devrait être aussi évident pour n’importe quel chef d’État européen qu’il l’était pour François Ier.

- [Reconnaissance de la culture européenne] Il y a sans doute besoin d’une forme de reconnaissance ou de verbalisation par les institutions européennes ou par quelques leaders européens. Une des initiatives lancées au début du mandat d’Emmanuel Macron, qui reste encore embryonnaire, c’est la circulation des œuvres. Heureusement, cela existe déjà, la Vénus peinte par Botticelli est un patrimoine commun, mais il est nécessaire de systématiser la circulation et les échanges des œuvres en Europe. Il n’y a pas de mode d’emploi unique pour ces initiatives. L’idée d’Erasmus est venue de quelques ministres européens qui se sont réunis avant d’avoir un financement des institutions européennes et de prendre de l’ampleur. La fête de la musique, pour prendre un autre exemple profondément culturel, a été lancée par un ministre de la Culture français, mais elle est aujourd’hui célébrée par plusieurs pays européens. Il en est de même pour les journées du patrimoine ou le pass culture qui trouve son origine en Italie. Personne n’est propriétaire de la culture européenne. Ce que je regrette, c’est que l’on ait l’impression de la recréer et de se justifier de vouloir le faire, alors qu’elle précède le projet européen politique. Ceux qui bâtissaient les cathédrales ne se demandaient pas s’ils étaient européens, ils ne s’en revendiquaient certainement pas en ces termes, mais ils l’étaient. Nier l’importance de cette appartenance commune ou en avoir peur, à la fois comme s’il s’agissait d’un vernis superficiel ou de la négation de nos identités nationales et locales, serait une erreur de raisonnement qui pourrait conduire à la destruction de l’identité européenne. Personnellement, je n’ai aucun problème avec les mots de «souveraineté», «identité» et « frontières », qui ne contribuent pas à faire de l’Europe un super-État. Ces mots et ces idées constituent, d’abord, tout simplement la condition de survie du projet européen. Il s’agit ensuite de la simple reconnaissance d’un berceau culturel européen que nous n’avons pas créé en 1950 mais qui a été brassé depuis la Grèce Antique et l’Empire Romain par des conquêtes, des dominations et aujourd’hui par une forme de coopération pacifique un peu miraculeuse.

Je ne crois pas à l’opposition entre le passé et le futur. L’Europe n’est pas un délire technocratique. L’Europe a été créée comme un cadre politique démocratique et libéral, avec une infrastructure culturelle préexistante, qui ne nous enferme pas dans le passé, même si ce rapport au passé est constitutif de l’identité européenne. Il s’agit d’une différence notable avec les Américains qui évoluent avec l’obsession du lendemain. Les Européens, eux, vivent avec l’obsession de la veille. Il faut vivre avec ce rapport au passé.  Encore aujourd’hui, la Macédoine et la Bulgarie ne parviennent pas à s’entendre sur l’origine de la communauté macédonienne. Nous avons une obsession de l’histoire mais il ne faut pas que cela soit synonyme de refus de l’avenir. L’Europe a toujours été ce mélange, cette fierté et cette angoisse du passé. Il n’y a aucune raison que l’Europe soit un «  continent musée  » – aimer Stendhal ou contempler  Canaletto ne doit pas nous empêcher d’être les meilleurs du monde dans le domaine spatial ou de développer la 5G ou de nouvelles technologies climatiques, etc. En revanche, si notre relation au passé nous empêche de nous projeter dans l’avenir, le succès européen sera grandement compromis. Le cas d’Orban est d’ailleurs intéressant, il développe une idéologie conservatrice assumée, en captant deux éléments qui font sa force politique  : la peur du déclin et le rapport à l’Histoire. Mais nous pouvons mettre à profit notre gloire passée et notre angoisse du déclin – majoritairement démographique – pour un projet d’avenir. Personnellement, je considère qu’une politique démographique européenne est souhaitable et n’est pas une absurdité. Le budget européen pourrait en effet financer des allocations familiales. C’est un projet d’intérêt commun et de survie européenne dans les décennies à venir. Beaucoup d’européens sont angoissés par ce déclin démographique. Nous le percevons en Italie où la démographie est déterminante face aux migrations, en Hongrie et dans les pays de l’Est où parfois un quart ou un tiers de la jeunesse a quitté le pays, souvent pour d’autres pays européens comme l’Allemagne. Ce rapport à la population et à la culture est très fort, c’est donc une raison supplémentaire d’affronter ce débat et d’endosser nos responsabilités communes en portant ces sujets ensemble. Acceptons qu’il y ait une identité européenne, acceptons le risque d’un déclin européen mais faisons en sorte qu’il ne soit pas fatal et insupportable, afin de nous projeter et de créer des politiques industrielles, climatiques et démographiques communes. Ce n’est pas en pointant du doigt certains pays de l’Est ou en contemplant le passé avec nostalgie et fierté que l’on rendra le projet européen plus fort.  

- [Europe puissance] Nous retrouvons ici une logique quasi-similaire à celle des pères fondateurs qui ont fondé la construction européenne sur des expériences. Je ne crois pas que l’on se réveillera demain matin avec un Conseil européen qui couvrira tous les sujets et définira une feuille de route pour les cinq prochaines années. Il faut être pragmatique, il y aura toujours des divergences, mais il faut définir des axes d’action, des outils de puissance, des priorités à partir des préoccupations des Européens. Je n’ai jamais été fasciné par le débat sur la dénomination entre fédération, confédération, communauté d’États. L’Europe est une catégorie politique atypique, mais il ne faut pas chercher à la ramener à une catégorie existante, il faut assumer une forme d’anomalie ou de caractère singulier qui réside dans sa vocation à le rester durablement. Ne perdons pas de temps à essayer de trouver un cadre uniforme ou une appellation d’origine contrôlée à ce projet. Son leadership et sa nature s’imposent en quelque sorte d’eux-mêmes. Je crois beaucoup à la différenciation, qui rejoint la notion d’expérimentation. Prenez, ces derniers jours, les attaques terroristes en France et en Autriche : les deux pays ont par la force des évènements mis en place un agenda commun et entraînent les autres par l’émotion, la prise de conscience, la volonté d’agir. Aller à tâtons n’est donc pas une preuve de faiblesse, l’Europe est un projet particulier, un projet unique, sans recette, sans précédent, il faut donc qu’il existe et cohabite des clubs, des formats, des initiatives ou divers fora même si cela doit se faire dans un cadre d’ensemble. Le leadership se prend aussi par des initiatives. À partir d’initiatives spécifiques provenant d’un nombre restreint d’États, la Commission, par son pouvoir d’initiative, permettra de développer ces cadres à l’ensemble des États membres. Il existe de nombreuses initiatives qui confirment ce système de fonctionnement, le mandat d’arrêt européen, le Parquet européen, Schengen, l’Euro, les universités européennes. « Chercher le numéro de téléphone », pour reprendre une métaphore historique, est une quête vaine : il n’y aura pas de numéro unique, il n’y aura pas de président de l’Europe, pas pour le moment en tout cas, mais il y en a plusieurs. Lorsque nous cherchons à combler ce vide de pouvoir par une réponse institutionnelle, le problème du leadership ne s’en trouve jamais résolu pour autant. Nous ne devons donc pas nous épuiser à ce genre de rationalisation. Au contraire, ceux de la « génération spontanée » qui amènent le leadership et mettent en place des initiatives, doivent être encouragés car c’est notamment par ces coups de sonde que l’Europe se sédimente, se structure, se stabilise et non par un forum unique. En revanche, il y a un socle commun, des fondations communes que l’on doit préserver et entretenir puisqu’il s’agit du point de départ de la différenciation. La différenciation ne peut exister que lorsque nous sommes solides sur nos appuis. Dans dix ans, la monnaie fera peut-être partie de ce socle commun pour les 27. Les frontières, les institutions, ce sentiment d’appartenance, cette volonté de puissance : nous devons les partager. 

- Il n’y a pas d’offre politique parce que beaucoup ont raisonné de manière statique en pensant que la demande n’existait pas, et que l’on ne pouvait pas créer la compréhension ou le goût de l’Europe. Or, il y a un substrat culturel et identitaire européen qui existe comme l’a montré le président de la République en s’adressant au cœur des Européens, lorsqu’il a assumé des symboles comme l’hymne à la joie ou le drapeau européen. Je pense que le sentiment européen est beaucoup plus fort qu’on ne le croit et nous aurions tort de le nier ou de l’enfermer dans un format institutionnel. À l’image de ces symboles, il y a plusieurs formats d’Europe. Il y a une Europe des régions, une Europe des villes. Pendant la crise par exemple, les responsables politiques du Grand Est ont insisté sur le traumatisme de la quasi-fermeture de la frontière avec l’Allemagne. Pour eux, le fait même d’avoir un contrôle de police entre les deux pays était une situation douloureuse. Et en même temps, il y a l’immense reconnaissance envers l’Allemagne pour l’accueil des patients français. Cette crise nous a d’ailleurs rendus très sensibles à cette Europe qui n’a pas été décidée depuis la chancellerie en Allemagne, l’Élysée en France ou le Berlaymont à Bruxelles mais qui est multiforme et multifacette. Ce côté kaléidoscopique de l’Europe rejoint le sens profond de la culture européenne : « unie dans la diversité« , cette combinaison de la querelle de clocher et de l’adhésion à sa commune, que l’on soit en Belgique ou en Italie, à laquelle vient s’ajouter une surcouche culturelle qui revient épisodiquement depuis Charlemagne. Jouons toutes ces cartes à la fois. D’Erasmus à la réunion des maires des capitales européennes, du groupe de Višegrad au club des pays Méditerranéens en passant par les jumelages de villes et d’écoles, tout cela constitue l’Europe. Tout cela injecte une petite dose d’Europe dans les vies personnelles de chacun. Le Collège d’Europe, entre autres choses, n’est que la reconnaissance et le prolongement d’une œuvre quasi millénaire avec la seule différence, non négligeable, qu’elle est désormais pacifique et démocratique. Nous devons entretenir cet acquis.

 

Sarah El Hairy (secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)

Je veux ici saluer le comportement de notre jeunesse durant la crise. Elle est au rdv et elle se mobilise très largement, par le Service civique, dans les missions d’intérêt général MIG du SNU ou encore sur la Réserve civique, partout sur notre territoire.

 

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)

Nous devons mieux réguler les contenus sur les grands réseaux sociaux mais aussi adapter nos politiques de concurrence pour mieux réguler leur empreinte.

 

Adrien Taquet (secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles)

[Autorisation de l’adoption plénière pour les couples pacsés ou concubins] En renforçant la filiation aux deux membres du couple, on renforce les droits de l’enfant.

 

► Haut Commissariat au Plan

François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)

- Garantir le pluralisme, c'est pacifier la société.

- Il est important d'associer la société civile à la délibération politique. Au Haut-Commissariat au Plan j'ai choisi comme partenaire civil le Cese(Conseil économique, social et environnemental], pour consulter et construire nos décisions.

- Nous militons pour une ouverture à d'autres modes d'expression du suffrage, vote par correspondance, ou internet qui s'ajouterait au vote en présence ou par procuration. (…) Une loi électorale juste est le seul moyen d'apprendre aux courants à se parler, à s'écouter, à échapper, dans l'obligation du débat, aux affrontements caricaturaux. (…)La question de la loi électorale est centrale. Une loi juste pour l'élection des députés est un rééquilibrage nécessaire de la légitimité.

- En soutenant les forces de l'ordre, on ne justifie rien des violences inacceptables qui doivent être punies, on défend des principes dont la conciliation est la raison d'être de notre droit et notre démocratie.

- Nous ne pouvons pas vivre sans sécurité, et nous ne voulons pas vivre sans l'exercice des libertés réelles.

- Nous n'avons pas seulement à sauvegarder, pas seulement à relancer, nous avons à reconstruire.

- Je propose que la "dette covid19" soit cantonnée précisément et soit remboursée avec un différé le temps que notre pays se redresse

- L'argent du plan de relance ne doit pas nous faire fermer les yeux sur nos faiblesses. Nous avons découvert sur des produits essentiels, nous étions menacés d'être en rupture. Indépendance et sécurité sont nos objectifs.

- Le gouvernement français est de tous les gouvernements du monde celui qui a mobilisé le plus d'argent pour le plus d'effort de soutien, de relance, de solidarité.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

Oui nous devons continuer à réformer notre pays, plus encore avec la crise que nous vivons. Et nous le ferons ensemble avec nos partenaires de la majorité présidentielle.

 

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- Je crois à la laïcité. Mais elle ne doit pas être utilisée comme arme de combat contre certaines religions, et contre l'islam en particulier.

- Convaincre sans relâche. Parler aux Français. Assumer la vérité, même quand elle dérange. Plus de deux heures de sincérité et de courage. Face aux crises qui secouent notre pays, nous avons besoin d’une volonté et d’un cap: Emmanuel Macron les incarne.

- Contre la Covid19 une nouvelle étape commencera dans quelques semaines : la vaccination, pour se protéger et pour protéger les autres. La France sera au rendez-vous. La gratuité sera la règle. La transparence totale est essentielle pour que chacun puisse être informé et rassuré.

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

- "Manifestation contre la loi sécurité globale" Ceci n'est pas une manifestation. Quant à la loi sécurité globale : qui de ces factieux s'y est intéressé ? L'a lue ? A suivi nos débats. Arrêtons ici cette hypocrisie. Et réaffirmons notre total soutien à nos forces de l'ordre.

- La lutte contre les violences sexuelles et sexistes est et doit rester une priorité.

 

Laetitia Avia (porte parole)

- Être français ce n’est ni une couleur ni une religion. C’est d’abord être citoyen et adhérer à des valeurs. C’est appartenir à une histoire enrichie de toutes nos histoires.

- On attaque la France sur la liberté d’expression ? Il n’y a pas un pays comme nous qui a protégé la liberté d’expression. Où étaient-ils au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty pour affirmer le droit de blasphémer ?

 

Alexandra Louis (députée)

- Des associations continuent de réclamer la présomption irréfragable de non-consentement pour les mineurs de moins de 15 ans. Pourquoi ne pas être allée dans ce sens dans votre rapport ? Que préconisez-vous à la place, pour renforcer l'interdiction de tout acte sexuel entre un majeur et un mineur de moins de 15 ans? Lorsqu'on parle de mineurs, ce n'est pas sur l'idée de consentement que nous devons nous interroger, mais sur l'idée de discernement. Pour pouvoir consentir, il faut savoir faire la part des choses et savoir quelle est la portée de ses actes. Or, on considère que des mineurs de moins de 15 ans n’ont pas le discernement pour ça. En recherchant le consentement dans une agression sexuelle ou un viol, on veut protéger la liberté sexuelle. Lorsqu'il s'agit de mineur, on veut protéger l’intégrité physique et psychique. Et cela se fait avec la question du discernement. L’idée est donc de créer des infractions de viols et agressions sexuelles spécifiques pour les mineurs. Il faut poser un principe très simple : les rapports sexuels entre un mineur de moins de 15 ans et un majeur sont prohibés, et intégrer des exceptions, notamment pour prendre en compte les couples de jeunes adolescents. Il ne faudrait pas que dans un couple entre deux mineurs de 17, 15 et 14 ans, le jour où le premier devient majeur, il soit automatiquement renvoyé devant la cour d’assises.

- [Prescription glissante pour les crimes sériels commis sur les mineurs] Il s’agit d’un mécanisme de connexité qui existe déjà dans la jurisprudence mais n’est pas beaucoup appliqué. Le principe : au deuxième crime commis sur un mineur par un même auteur, le délai de prescription du premier est interrompu. Car ce qu'il se passe bien souvent, c’est que, pour un même auteur, certains crimes sont prescrits et pas d’autres. Avec ce mécanisme, les actes d’enquêtes relatifs au second crime vont permettre d’interrompre le premier délai de prescription, s’il n’est pas déjà acquis. Cela permet de limiter la prescription dans le cadre des crimes sériels. 

- Le délit d’exhibition sexuelle ne peut pas s'appliquer à des hommes qui se masturbent dans le métro à travers leur pantalon, parce que leur sexe n'est pas apparent. Par contre, ce même délit permet de poursuivre les Femen qui, à des fins politiques, dénudent leur poitrine. Considérer qu’il s’agit d’une exhibition sexuelle alors que c’est une finalité politique est un problème. L’idée serait d’avoir un nouveau délit d’exhibition sexuelle qui ne sanctionne pas la nudité mais l’obscénité et des gestes et des actes à vocation sexuelle.

- [Libérer la parole des victimes d'inceste] Il est très important d'en parler, de nommer les choses. Je remarque que le mot est trop peu utilisé dans les médias. Il faut aussi miser sur la prévention, évoquer le sujet auprès des enfants notamment lors des séances d’éducation à la vie sexuelle ou affective. Il faut leur apprendre un certain nombre de choses. Un enfant qui connait son corps, sait ce qu’on a le droit de faire ou pas avec lui, c’est un enfant plus protégé, qui sera plus à l’aise pour parler. Je propose aussi de faire de l’inceste une réelle circonstance aggravante, ce qui n’est pas le cas aujourd'hui en droit français.

- [Campagne nationale sur le consentement] On imagine que le viol conjugal est violent. Or il y a des tas de sorte de viols. Une psychologue m’a donné un jour un exemple très intéressant d’un conjoint qui empêcherait sa femme de dormir pour avoir un rapport sexuel. Il ne la violente pas physiquement, mais psychiquement ; et ça s’appelle un viol. Je pense qu’il faut être clair sur ce qu’est un consentement. Il y a encore beaucoup d’idées reçues à ce sujet.

 

► Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Nathalie Loiseau

La démocratie ne peut être considérée comme acquise. Elle est menacée à la fois de l'extérieur et de l'intérieur de l'UE. La désinformation, les cyberattaques, les interférences étrangères dans les processus électoraux sont des efforts convergents de la même guerre hybride. Toutes les institutions de l'UE, mais aussi les États membres, les sociétés civiles, les médias et les plateformes numériques doivent unir leurs forces et redoubler leurs efforts afin de faire face à ces menaces. Je salue l'engagement fort de la Commission européenne, tel qu'il se reflète dans le plan d'action pour la démocratie européenne. "

 

Pascal Canfin

[Tribune à propos du plan européen de transition écologique]
Plus aucun esprit sérieux ne conteste la nécessité d’agir à grande échelle pour lutter contre la crise climatique. En Europe, nous sommes engagés dans un changement sans précédent de nos politiques publiques. En 2018, lorsque la France a proposé de se fixer comme objectif la neutralité climatique en 2050, seuls deux Etats européens ont répondu à l’appel. Deux ans plus tard, c’est devenu l’objectif officiel de l’Union européenne. C’est aussi celui porté maintenant par Joe Biden aux Etats-Unis, par le nouveau premier ministre japonais, et même par la Chine qui s’est officiellement dotée d’un objectif de neutralité climat en 2060.
Mais il ne suffit pas de se fixer des objectifs, encore faut-il avoir un chemin crédible pour les atteindre : crédible sur le plan industriel, sur le plan financier, et sur le plan de la justice sociale et territoriale. C’est tout l’objet du Green Deal européen.
Crédibilité industrielle, tout d’abord. Nous avons déjà beaucoup de solutions entre les mains, et nous accélérons pour résoudre les problèmes qui se posent encore pour, par exemple, continuer à baisser le coût du stockage de l’énergie issue des renouvelables ou trouver les moyens de fabriquer de l’hydrogène vert à grande échelle. Quelque 170 grands patrons européens ont rejoint l’« alliance pour une relance verte », initiée au printemps 2020, et ont approuvé l’augmentation des objectifs de réduction des gaz à effet de serre de 40 % à 55 % en 2030.
Les règles des aides d’Etat aux entreprises sont également en train de changer pour faciliter les coopérations industrielles entre grandes entreprises européennes lorsqu’elles investissent dans les solutions décarbonées – à l’image de l’alliance pour la fabrication européenne de batteries destinées aux voitures électriques –, afin d’être moins dépendants des technologies coréennes ou chinoises.
Sur le plan énergétique, la réforme à venir en juin 2021 du marché européen du carbone aura comme conséquence d’accélérer la sortie du charbon en Allemagne ou en Pologne, par exemple. En revanche, le nucléaire restera une question nationale tant l’Europe est divisée sur ce sujet entre ceux qui voient d’abord dans cette industrie une source d’énergie décarbonée et ceux qui considèrent en priorité les risques et les déchets qui lui sont associés.
L’idée selon laquelle l’autonomie stratégique, la souveraineté industrielle et la transition écologique vont de pair est un fondement du Green Deal européen. C’est pourquoi la proposition, là encore largement initiée par la France, d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, pour protéger nos industries du dumping climatique potentiel de leurs concurrents, doit faire l’objet d’une loi européenne en juin 2021.
Ce mécanisme garantira que les importations de produits industriels paieront le même prix du carbone que nos propres entreprises. Et nous devons faire de même pour nos agriculteurs : organiser le changement des pratiques en verdissant la politique agricole commune, tout en les protégeant des concurrences déloyales issues d’importations qui ne respectent pas les mêmes règles du jeu. C’est l’enjeu de la réforme en cours des accords commerciaux et du refus de l’accord avec le Mercosur par une majorité du Parlement européen, comme par les gouvernements français, irlandais et autrichien.
Crédibilité financière ensuite. Le plan de relance européen consacrera au moins 37 % du total aux investissements verts, soit environ 250 milliards d’euros en trois ans ! C’est le plus important investissement écologique jamais décidé dans le monde. Par ailleurs, aucun investissement financé par le plan de relance européen ne devra nuire au climat et à la biodiversité. Pour financer cela, la Commission européenne va lever 250 milliards d’euros d’obligations vertes, devenant ainsi le premier émetteur au monde de titres financiers verts. Quant à la Banque centrale européenne, elle est en train de changer ses règles pour favoriser les actifs verts dans l’économie.
Crédibilité sociale enfin. L’une des conditions fondamentales de réussite du Green Deal est de ne laisser personne au bord du chemin. Cela est vrai pour la quinzaine de régions encore massivement dépendantes du charbon, en Pologne ou Roumanie par exemple. Un fonds de 17 milliards d’euros y accompagnera la transition.
L’Europe va également changer de braquet dans la lutte contre la précarité énergétique qui frappe des millions de familles pauvres, locataires de passoires thermiques dont les factures d’énergie sont parfois plus élevées que les loyers ! En octobre, la Commission a pour la première fois pris l’engagement d’établir des normes de performance énergétique obligatoire sur le parc de logements existants et non plus simplement sur les nouveaux logements. Le plan de relance européen, mais aussi la Banque européenne d’investissement, devenue en 2019 la Banque du climat de l’Union, viendront en aide aux propriétaires qui n’auraient pas les moyens de financer ces travaux d’efficacité énergétique.
Le Green Deal entend faire changer les comportements des acteurs économiques, non par de simples incitations à la marge mais par des changements de normes tout en apportant, lorsque c’est nécessaire, les moyens financiers de s’adapter. Le caractère contraignant de ces changements est d’ailleurs en permanence l’objet d’une bataille politique, les Etats étant souvent les premiers à freiner lorsqu’il s’agit, par exemple, de créer des sanctions financières en cas de non-respect des nouveaux objectifs.
Pour la première fois, l’Europe déploie un réel plan de transition écologique, qui touche l’ensemble des politiques publiques de manière cohérente et globale. Distancée par les Etats-Unis et la Chine dans la révolution numérique, elle a tout en revanche pour gagner la bataille de la transition écologique.
Continent le moins doté en ressources fossiles, il est de notre intérêt économique de remplacer les importations d’énergies fossiles par des technologies « made in Europe ». Nous disposons du plus grand nombre de brevets dans les technologies décarbonées. Si nous menons le Green Deal à son terme, la Silicon Valley de la transition écologique sera en Europe. Et nous aurons inventé un nouveau modèle de prospérité dont nous pourrons être fiers.

 

Valérie Hayer

L'Europe est à la croisée des chemins. Des accords budgétaires annuels sont possibles, quand il n'y a pas de veto. Nous encourageons maintenant la Hongrie et la Pologne à penser à l'Europe, à elles-mêmes et à agir dans un esprit véritablement européen."

 

Fabienne Keller

Les terroristes et les criminels sont de plus en plus organisés, agressifs et violents. Faisons d'Europol un acteur encore plus central de la sécurité européenne. Nous voulons qu'Europol renforce davantage la coordination entre les forces de police nationales et s'affirme comme un centre d'analyse et d'innovation et pour mieux lutter contre les nouvelles menaces hybrides. Vers un FBI européen!

 

 

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