Par exemple, du complotisme qui est sensé définir l’invention
de complots par des complotistes c’est-à-dire des gens qui créent ou qui
croient à des théories totalement fabriquées à partir de rien ou qui reposent
sur des faits qui ont été complètement détournés et/ou manipulés pour leur
faire dire autre chose voire le contraire de ce qu’ils signifient.
Pourquoi est-ce contre-productif voire dangereux d’utiliser
les mots complotisme, complotiste et théories du complot?
Tout simplement parce que le complot a toujours existé dans
l’Histoire et qu’il existera toujours, qu’il y a des personnes ou des groupes
de personnes qui ont ourdi des complots ou qui en préparent.
Si l’on utilise quasiment les mêmes appellations pour
dénoncer l’existence et l’inexistence de quelque chose, sans s’en rendre réellement
compte, on avalise ce que l’on veut détruire.
Ainsi, tout le monde sait l’existence passée, présente et
future que de vrais complots.
Dire qu’il ne faut pas croire aux thèses complotistes
revient à dire, pour certains des récepteurs de ce message, que l’on essaye de
leur faire croire que le complot n’existe pas alors qu’ils savent pertinemment
que c’est faux d’autant plus que ceux qui diffusent celui-ci reconnaissent la
réalité de certains d’entre eux, prouvés et démontrés.
Dès lors, pour eux, nier le complot dans son existence, c’est
donc nier une certaine réalité, donc se rendre coupable d’un complot niant le
complot!
Conclusion, Il est d’une importance capitale de trouver un
ou des termes plus adaptés à ce que l’on veut dénoncer c’est-à-dire la fabrication
de théories qui n’ont aucune réalité, aucun sens et qui sont forgées pour
tromper la population, pour la faire réagir d’une certaine manière en utilisant
(et détournant) ses émotions plutôt que son intelligence (que l’on essaye de
tromper).
Proposons alors d’autres mots plus proches de ce que l’on
veut caractériser.
Pour l’invention de complots, élucubrations semble être nettement
préférable.
Car l’élucubration est, selon le CNTRL, le portail lexical
du CNRS, une «production déraisonnable, extravagante».
Elucubrer selon Littré, c’est ainsi tenir de propos déraisonnables
et extravagants, être un élucubrateur ou une élucubratrice.
On pourrait donc, sur le modèle de complotisme, forger un
mot qui exprime le fait de produire des élucubrations et qui pourrait être «élucubrationisme».
Il n’est certes pas très joli mais complotisme ne l’est pas
plus!
En revanche, il aurait l’énorme avantage sur celui-ci de
dire mieux ce qu’il veut caractériser et dénoncer tout à la fois.
Dans une société démocratique, cette caractérisation au plus
près de l’action subversive qui est entreprise en inventant des complots, est essentielle.
Surtout l’utilisation d’un terme qui ne peut avoir une ambiguïté
comme l’est le complotisme, interdit que l’on fasse un rapprochement entre faux
et vrais complots pour insinuer que dénoncer les premiers revient à faire des
seconds…
Laissons donc le mot complot pour définir un «dessein
secret, concerté entre plusieurs personnes, avec l'intention de nuire à
l'autorité d'un personnage public ou d'une institution, éventuellement d'attenter
à sa vie ou à sa sûreté» (CNTRL) et utilisons élucubration, ces divagations et
extravagances absurdes et déraisonnables selon Larousse.
Evidemment, cela ne fera pas en sorte de freiner leurs
élaborations dans le but d’attaquer la démocratie mais cette rectification de
mot pour employer une terminologie de la pensée chinoise ancestrale permettra
au moins d’éviter la confusion et d’éclairer ceux qui ont envie de l’être.
Et c’est bien un individu éclairé qui fait un citoyen
responsable, seul garant à long terme de la démocratie républicaine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.