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lundi 7 décembre 2020

Actualités du Centre. Congrès MoDem: pour Bayrou, Giscard a montré la voie que Macron emprunte

François Bayrou, le président du Mouvement Démocrate, a clôturé le Congrès de son parti qui s’est tenu le 5 décembre avec un discours dans lequel il a rendu hommage à l’ancien président de la république, Valéry Giscard d’Estaing qui vient de décéder et dont, selon lui, la gouvernance au centre est bien celle qu’a choisi d’emprunter également l’actuel hôte de l’Elysée, Emmanuel Macron.

«Ce que nous avons construit volontairement, sciemment, avec Emmanuel Macron, a-t-il expliqué, c'est le même élan, c'est le même projet, c'est la même jeunesse de l'époque. C'est le même courage pour porter des réformes nécessaires et c'est la même volonté de dépassement des frontières archaïques. »

Mais son discours s’est également focalisé sur les enjeux du moment qui sont pour Bayrou d’une ampleur sans précédent avec la crise sanitaire, la crise économique et la crise sociale et sociétale.

Et d’expliquer que c’est bien la démocratie qui vit un moment de vérité alors qu’elle est attaquée de toute part.

«Dans le monde de 2021, vers lequel nous allons, l'état de la démocratie n'est pas rassurant, selon lui. La démocratie, qui devrait être le respect des droits et du droit, est mise en cause par la manière dont le débat s'organise, par la cataracte de haines qui se donnent libre cours sur les réseaux sociaux. La démocratie, qui devrait être préservation de la raison, est déstabilisée par les fanatismes, par les superstitions, par les complotismes et par la mise en cause de plus en plus ouverte de la science et des vérités les mieux établies. La démocratie qui est culture du compromis, du respect des opinions différentes, du travail en commun, qui dépasse ou est appelée à dépasser les divergences, la démocratie est assaillie par les stratégies électorales fondées sur l'affrontement systématique et la culture de la peur. Et la démocratie qui est, par nature, pluraliste est aujourd'hui bannie dans une immense partie du monde, au profit de systèmes de domination qui veulent tout diriger et tout contrôler des individus et des groupes. Et donc, la démocratie est affaiblie de l'intérieur et attaquée de l'extérieur.»

De même, Il a plaidé pour le couple liberté-sécurité indispensable à la démocratie:

«Je défends les deux principes, les deux impératifs que nous connaissons : nous sommes et nous devons être intraitables sur la sécurité et nous sommes naturellement intraitables sur les libertés. Et, si l'on y réfléchit, la démocratie, c'est ce qui permet de concilier les deux. Nous ne pouvons pas vivre sans sécurité. »

Un couple sans lequel l’Etat de droit ne peut exister et donc la démocratie ainsi que pour une modernisation de celle-ci, notamment dans la participation des citoyens, en particulier pour qu’ils puissent s’exprimer avec leur bulletin de vote lors des élections alors que l’on constate des baisses de participation préoccupantes.

Ses propos ont été très consensuels vis-à-vis du gouvernement et du président de la république sans ces piques qu’il avait coutume de planter dans l’action de ceux-ci au début dans les premières années du quinquennat de Macron.

Sans doute que sa nomination comme Commissaire au plan en est une des raisons mais aussi la crise qui nécessite une solidarité forte de la majorité présidentielle même s’il a tenu à rappeler la bonne santé du MoDem et l’augmentation du nombre de ses députés due à des transfuges du groupe LaREM…

 

► Voici le discours de François Bayrou

"Chers amis, je suis très heureux, bien entendu, d'avoir entendu Marielle pour la première fois depuis cinq mois, dans nos rangs et devant nos responsables et militants.
Il y a eu le Président de deux Français sur trois qui a été, en réalité, on l'oublie trop souvent, populaire presque jusqu'au bout, vainqueur de justesse et vaincu de justesse et, pour nous, il y eut, avec lui, beaucoup de jeunesse, beaucoup de culot, beaucoup de rires et des attachements qui ne s'effaceront pas, même quand les divergences politiques apparaîtront.
Puis, il y a eu cette proposition politique faite au pays et c'est le plus important. De cette proposition politique, encore aujourd'hui, nous sommes les soutiens et les garants. Cette proposition politique, c'était le refus de la France coupée en deux, c'était le pays gouverné au centre, la démocratie décrispée, les droits de l'opposition, la modernisation du pays, une économie puissante, le TGV, l'effort vers l'indépendance énergétique, la liberté des prix, une société réformée, la reconnaissance du droit des femmes, le divorce par consentement, l'interruption volontaire de grossesse dépénalisée, la promotion des femmes à des postes de responsabilité, l'élan européen, l'élection du Parlement européen au suffrage universel, le Conseil européen, la marche vers l'euro et, pour le monde, le G7 et, pour notre défense, Kolwezi.
Quel bilan en cette année ! Et, dans ce bilan, qui, aujourd'hui, y compris de ses opposants acharnés de l'époque, pourrait remettre en cause une seule des décisions dont je viens de faire la liste ?
Dans son premier discours de Président de la République, il y avait cette phrase : "De ce jour, date une ère nouvelle de la politique française". Cette promesse a été tenue et, pour tous ceux qui ont cru à cette promesse, pour tous ceux qui l'accompagnèrent, pour tous ceux qui ont partagé cet élan, il est juste qu'il y ait, si longtemps après, à l'endroit de Valéry Giscard d'Estaing de l'homme, du Président, du combattant, un mouvement de gratitude.
On ne peut pas faire une minute de silence, mais on peut entendre la pensée émue et reconnaissante qui est la nôtre et, je veux le dire aussi, une pensée fidèle.
Ce que nous avons construit volontairement, sciemment, avec Emmanuel Macron, c'est le même élan, c'est le même projet, c'est la même jeunesse de l'époque. C'est le même courage pour porter des réformes nécessaires et c'est la même volonté de dépassement des frontières archaïques.
Il faut tout de même l’ajouter, puisque nous faisons de la politique, il y a encore quelque chose de commun, c'est cette revendication de rupture et l'exploit d'une élection, seuls contre tous. Je mets le mot "seuls" au pluriel, car, dans les deux cas, nous étions là avec le vainqueur et autour de lui.
C'est notre congrès. Le Premier ministre Jean Castex nous fera l'amitié de s'exprimer après moi à la fin de ce propos et je remercie tous ceux de nos amis et alliés qui sont venus participer au congrès, soit de En Marche, soit de Agir, Thierry Breton, Commissaire européen, ainsi que les Ministres du Gouvernement, les principaux qui se sont exprimés.
Je veux vous dire simplement que je suis très fier de ce mouvement politique que nous avons construit ensemble et je suis sûr que, vous qui avez participé par centaines ou un peu plus d'un millier toute la journée, à ces débats, interactifs et virtuels, mais cette virtualité est aussi une réalité, que vous avez eu le sentiment que c'était une grande richesse que d'avoir entendu, d'avoir vu, d'avoir senti autant des nôtres s'exprimer aussi brillamment.
On vient d'entendre Marielle. Permettez-moi de citer les membres du Gouvernement et de signaler au passage que nos membres du Gouvernements sont quatre femmes et un homme : Jacqueline Gourault, Marc Fesneau, Geneviève Darrieussecq, Nathalie Elimas, Sarah El Haïry.
Je remercie Patrick Mignola et les 58 maintenant Députés qui forment notre groupe. Patrick m'a appelé pour me faire des remontrances, car, ce matin, j'avais dit que nous étions 55. Nous sommes bien 58.
Je veux remercier nos douze Sénateurs. Vous me permettrez de dire un mot de Jean-Marie Jean-Marie Vanlerenberghe qui sert d'animateur depuis longtemps dans ce groupe du Sénat, nos parlementaires européens : Marie-Pierre Vedrenne, Catherine Chabaud, Sylvie Brunet, Laurence Farreng, Christophe Grudler, là encore quatre femmes et un homme. S'il y a un mouvement qui assure la promotion féminine, nous sommes fiers d'être celui-là.
Je ne veux pas oublier non plus que Max Orville, dans l’ordre de succession du Parlement européen, est le premier remplaçant. On imagine ou on espère que des promotions ministérielles lui ouvriront la place de siéger à Strasbourg.
Je veux remercier notre Secrétaire général Jean-Noël Barrot, car il travaille beaucoup et très bien et je ne suis pas le seul à m'en apercevoir. Je veux remercier - Jean-Noël l'a fait - chacun, chacune dans la petite équipe vaillante de nos services et tous les responsables de terrain et vous tous qui êtes là.
Valéry Giscard d'Estaing nous a quittés et a été emporté - cela n'a pas beaucoup été dit - par cette maladie du Coronavirus qui aura marqué notre temps ; cette épidémie qui a bouleversé le monde et provoqué la crise la plus lourde que la planète ait rencontrée depuis la guerre.
Ai-je besoin de le dire, mais peut-être faut-il le marquer, car, là encore, l'actualité va plus vite et fait peut-être adopter des points de vue qui ne seraient pas exacts. De cette crise nous ne sommes pas sortis.
Alors, bien sûr, il y a des espoirs de vaccin et ce serait pour nous tous une magnifique nouvelle que l'année nouvelle apporte avec elle cette garantie de préservation pour l'humanité, mais de tout cela, nous ne sommes pas certains, ni de l'efficacité du vaccin contre la maladie ou la transmission du virus, ni de sa tolérance, ni de son administration aux patients et nous ne sommes pas encore assurés de l'adhésion des Français à la vaccination.
Toutefois, les conséquences, en revanche, nous les découvrons tous les jours. Il faudra des années, peut-être davantage, pour que ces conséquences s'effacent.
Alors, il faut en prendre la mesure. Pour notre pays, la perte sèche en produit intérieur, c'est plusieurs centaines de milliards d'euros et ce manque à gagner se cumulera avec la même perte l'année prochaine.
Pour notre pays, la dépense publique qui a permis de soutenir les entreprises en péril, les salariés menacés de chômage, les plus fragiles par des aides directes, tout cela représente aussi plusieurs centaines de milliards d'euros supplémentaires.
Le plan de relance et les mesures de soutien sous des formes diverses, filières, entreprises, collectivités, tout cela pèse aussi plus d'une centaine de milliards d'euros.
Le Gouvernement français a été, de tous les Gouvernements du monde, celui qui a mobilisé le plus d'argent pour le plus d'effort, de soutien, de relance et de solidarité.
Alors, comment avons-nous pu mobiliser de tels moyens pour consentir un tel effort et comment adopter une politique durable pour maîtriser le cours de cet endettement dans les années qui viennent et pour en sortir le jour, quand il viendra, de la guérison ?
Ce sont de graves et lourdes questions que les Français se posent et permettez-moi de les formuler en votre nom, moi qui ai mené tant de combats sur les déficits et sur la dette.
D'abord pour noter que si, dans le passé, nous avions été plus cohérents comme nation et particulièrement si les gestionnaires de l'État avaient été plus conséquents à l'époque de ces combats, nous aurions eu aujourd'hui davantage de moyens à mobiliser et moins lourds de conséquences au moment de la survenue de la crise. Mais il y a eu deux bouleversements dans ce paysage qui étaient, pour beaucoup, inattendus. D'abord il y a 28 ans, il s'est passé quelque chose que l'on a un peu oublié, sur lequel on a glissé, c'est qu'il y a 28 ans, nous avons remporté une grande victoire. Nous avons remporté une grande victoire sur nous-mêmes, mais aussi pour notre pays et une victoire dont nous profitons pleinement aujourd'hui, car, en 1992, grâce à l'effort conjoint du gouvernement de François Mitterrand et de la partie européenne de l'opposition, toute l'UDF, une partie du RPR de l'époque, les Français ont décidé, après un intense débat, et à une majorité de 1 %, d'abandonner pour ceux qui le voudraient leur monnaie nationale et de construire une monnaie unique pour l'Europe, l'Euro, et de se doter d'une BCE.
On se demandait tout à l'heure pourquoi cet effort est possible ? Eh bien la réponse est que c'est car nous avons cet outil crédible et unique à la surface de la planète que nous pouvons consentir un tel effort, mais je voudrais poser une question : où en serions-nous aujourd'hui si, dans cette crise, ce 1 % de majorité d'il y a 28 ans avait manqué, si nous n'étions pas entrés dans cet espace de stabilité et de protection que nous garantit une des grandes banques centrales de la planète ?
Eh bien, la vérité est que nous serions forcés d'emprunter sous la surveillance des marchés et forcément incapables de mobiliser les sommes immenses que requiert la crise et nous subirions les assauts de la spéculation.
Qui, parmi les opposants de l'époque, voudrait aujourd'hui s'avancer devant les Français et affirmer : "Nous devons sortir de l'euro et reprendre à notre compte et solidairement les emprunts que requiert cette crise ?".
Où sont-ils, les critiques et les contempteurs comme l'on dit et les prophètes de l'éclatement de notre Union ? Où les entend-on ? En réalité, je veux vous dire un secret : ils ne veulent qu'une chose, c'est que l'on oublie leurs déclarations d'hier. !
Il y a un deuxième élément dans ce changement qui a permis cet effort, c'est qu'il s'est passé à la surface de la planète une révolution intellectuelle, une révolution de doctrine qui fait que les politiques économiques et financières des grands ensembles du monde ont changé.
Jusque-là, on vivait sur la solidité du bon sens, l'argent était emprunté à un taux qui était à peu près proportionnel au risque encouru par l'emprunteur et, si le risque était faible, les taux étaient bas, mais, si le risque était fort, les taux étaient hauts.
C'étaient des politiques qui n'aimaient pas trop le risque et qui avaient la crainte constante de l'inflation, dont on a vécu toutes les difficultés après la guerre. C'étaient des politiques que l'on appelle conventionnelles, mais il s'est passé quelque chose, la banque centrale américaine, la première, car elle a, dans son mandat - c'est très important et je me suis beaucoup battu pour que nous y réfléchissions, nous, Européens - dans ses obligations, dans ses engagements, non seulement la défense de la monnaie, mais aussi le plein-emploi.
Et, en raison de cette obligation, ceux qui pensent la politique monétaire américaine sont entrés de plain-pied dans une démarche dont très peu ont saisi l'audace qui est en vérité une politique de rupture en inventant une politique non conventionnelle garantissant publiquement, officiellement qu'elle était prête à soutenir l'économie américaine, quoi qu'il en coûte et jusqu'au plein-emploi.
Il y a peu d'observateurs parmi les non-spécialistes qui ont perçu ce tournant et c'était pourtant une révolution qui a conduit à une baisse générale des taux sur la planète, allant pratiquement jusqu'à des taux zéro, parfois à des taux négatifs - on vous verse un intérêt pour que vous empruntiez -, qui a amené à des politiques de création monétaire très abondante, tous azimuts.
Pendant longtemps, les classiques, les conventionnels - on en connaît beaucoup - ont dit : "Cela ne pourra pas durer". Et, pourtant, la vérité du moment, à l'encontre de ce que l'on croit être le bon sens spontané, comme on le ressent, c'est que tout indique que cela va durer. Il se trouve donc qu'au moment même où la traversée de la crise requiert des sommes immenses d'argent public, les banques centrales permettent que des crédits à 0 % irriguent notre économie.
C'est une situation, il faut que vous vous souveniez, pour les plus âgés et les plus jeunes, qui ne s'est jamais rencontrée dans l'histoire du monde.
Cette situation est-elle sans risque ? Je vais vous dire, franchement, non. Il y a des risques et nul ne sait vraiment comment les maîtriser. Le premier de ces risques est que cela creuse les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres, entre ceux à qui on peut prêter, car ils ont notamment des très grosses fortunes, et les autres.
Il y a donc un creusement en raison de cette situation monétaire. Il y a des creusements d'inégalités qui sont considérables et, si vous regardez le cours des affaires que vous pouvez lire dans les journaux économiques, vous allez voir qu'il y a de très grandes acquisitions consenties par de très grandes puissances financières et qui sont en réalité oui, en effet, un accroissement des inégalités.
Alors, il y a des risques, mais à l'heure présente, convenons-en, Thierry Breton le disait tout à l'heure, il y a aussi des avantages. C'est un monde - pour une fois l'expression est juste - nouveau.
Alors cette disponibilité inédite, l'argent presque gratuit, nous permet de passer un cap, mais elle ne nous dispense pas d'ouvrir les yeux sur ce que la crise nous a fait découvrir de nos faiblesses et je vais en énoncer quelques-unes.
Nous avons découvert que, nous, France, qui nous vivons comme un grand pays, nous nous étions laissés aller jusqu'à devenir, concernant des produits essentiels et mêmes vitaux, dépendants de productions et de livraisons sur lesquelles nous n'avions pas la main.
Nous avons découvert, par exemple, que, sur les médicaments essentiels, ceux qui permettent de lutter contre le cancer, des antibiotiques, des anti-inflammatoires, des molécules pour les anesthésies et simplement le paracétamol que chacun a dans sa pharmacie, nous étions menacés d'être en rupture de fournitures.
Cette crise-là a donc révélé notre dépendance et notre premier devoir dans cette crise, avec à l'esprit le fait qu'il peut y en avoir d'autres ou que probablement il y en aura d'autres, est de garantir notre indépendance et notre sécurité. On l'a fait dans d'autres domaines. On l'a fait admirablement avec nos forces armées. L'armée française est, je crois, aujourd'hui, sans discussion, la première armée européenne.
Il faut le faire aussi dans le domaine économique et des productions. Nous devons le faire en définissant les filières stratégiques et les productions clés qui garantissent aux Français leur sécurité et leur capacité technologique.
Nous avons découvert une deuxième chose que je veux reprendre avec vous, car cela va nous ouvrir des obligations, des devoirs et des missions, c'est que la France et son modèle social sont fragiles.
J'ai rappelé qu'au service de notre solidarité à l'égard des entreprises, des salariés et des familles dans la crise, nous avons dépensé, reprenant les mêmes mots que la Banque centrale américaine : "Quoi qu'il en coûte".
Cela a constitué une dette Covid19 très importante et je veux m'arrêter une seconde à cette idée, car un grand nombre de Français qui nous écoutent, particulièrement parmi ceux qui nous ont suivis quand on menait le combat juste contre la dette à l'époque, n'y voient plus clair dans cette question.
De l'argent qui paraît sortir de nulle part, comment va-t-on gérer la sortie de cet endettement ?
Je veux répondre clairement à cette question, proposer une réponse en votre nom et proposer une méthode.
Cette dette Covid19 a une caractéristique, c'est qu’elle n'est pas la dette de notre responsabilité. Le virus est venu d'ailleurs et personne ne sait d'où. Je ne crois d'ailleurs pas, pour ma part, que l'on puisse en affecter la responsabilité à qui que ce soit.
Cette dette Covid19, il faut donc l'isoler du reste de notre endettement, la cantonner, définir précisément quelles sont les sommes qui ont été dépensées pour la crise du Covid19 et que l'on n'aurait pas dépensées autrement. Et il faut annoncer que cette dette, nous la rembourserons, mais avec ce que l'on fait quand on achète une maison ou un appartement, avec un différé de remboursement jusqu'au moment où notre pays se sera redressé.
Mais nous la rembourserons dans 5 ans, dans 8 ans, dans 10 ans et sur une longue période, sur 25 ans, 30 ans, 40 ans, pourquoi pas. Mais nous la rembourserons.
Pourquoi ? Je lis quelquefois que des esprits rapides, des personnalités ou des forces politiques imaginent que l'on pourrait purement et simplement supprimer la dette.
Je veux dire pour être véridique que, naturellement, c'est un leurre et c'est un leurre pour une raison simple, car un pays qui ne rembourserait pas sa dette ne pourrait plus jamais emprunter, y compris pour investir. Et le « en même temps », « quoi qu'il en coûte », cela ne veut pas dire que cela ne coûte pas. Cela veut dire que nous ne mesurons pas l'effort au service de ceux qui sont en première ligne, mais, on le voit bien, et c'est aussi une leçon pour nous, ce modèle social ne peut être garanti que s'il est financé et il ne peut être financé que si nous restaurons notre capacité économique à l'égard des pays les plus avancés au monde.
Ce défi, pour nous, nous l'avons repéré depuis longtemps.
Il y a quelques années, nous avons fait une campagne présidentielle ensemble sous le slogan : "Produire en France" et ce slogan, à l'époque, portait à sourire les plus savants et les plus brillants.
Aujourd'hui, restaurer notre appareil productif, c'est une question de survie. Il n'y a pas de modèle social performant s'il n'y a pas de modèle économique à la hauteur et la production du pays, qu’elle soit intellectuelle, industrielle, agricole et les services, au bout du compte assume seule le financement de la protection sociale qui est le vrai contrat social du pays.
Quand on laisse partir les produits, en réalité, on laisse partir la recherche, on laisse partir la réflexion, on laisse partir le marketing. Nous avons donc besoin de restaurer tout cela, car cela s'est, en France, terriblement affaibli.
Je vais vous donner un seul chiffre, je n'abuserai pas : l'industrie en Allemagne, c'est 25 % du produit intérieur, l'industrie, en France, c'est 13 %, la moitié et encore, dans la mécanique, dans l'aéronautique dans l'énergie, c'est-à-dire les fleurons de notre industrie, la crise a fait que des fragilités nouvelles nous sont imposées, dans la voiture, dans l'aéronautique, par exemple. Donc, nous n'avons donc pas seulement à sauvegarder notre économie, mais nous avons à relancer, nous avons à reconstruire.
Vous me permettrez de dire au passage que c'est, pour moi, dans la mission du Plan qui m'a été confiée par le Président de la République, une obsession et un engagement de chaque instant.
Je voudrais aborder une deuxième grande question qui taraude les Français, c'est la grande question de la sécurité et de la sécurité en rapport avec les libertés. Il est fascinant de voir, comme toujours dans les grands débats du pays, que ce sont des grandes questions de principes qui reviennent.
Le passage que je vais consacrer à la sécurité, c'est aussi en pensant aux manifestations inacceptables qui ont lieu en cet instant dans Paris en particulier et ce sont ces images-là que j'ai devant les yeux quand je défends ces principes.
Je défends les deux principes, les deux impératifs que nous connaissons : nous sommes et nous devons être intraitables sur la sécurité et nous sommes naturellement intraitables sur les libertés. Et, si l'on y réfléchit, la démocratie, c'est ce qui permet de concilier les deux. Nous ne pouvons pas vivre sans sécurité.
Sur l'épidémie, sur l'ordre public, sur la lutte contre le terrorisme, la sécurité est un impératif catégorique qui ne se discute pas et qui se discute d'autant moins que la sécurité, c'est d'abord la sécurité des plus fragiles, des plus économiquement faibles, des plus âgés et nous savons bien que ce n'est pas une liberté que de casser des vitrines ou pire encore, comme ils disent, que de "casser du flic".
La sécurité, c'est une liberté et les commerçants des avenues de Paris, de certains centres-villes de province qui, samedi après samedi, voient leurs vitrines exploser, leurs fichiers jetés sur le trottoir. Quelle responsabilité ont-ils ? Pourquoi les cible-t-on ? Quelle est la justification de cette violence ?
Et bien, il n'y a qu'une justification ou qu'une raison en tout cas, c'est que le désordre, pour ceux-là, est une fin en soi. Le désordre n'est pas un accident, c'est le désordre qu'ils visent.
Ces femmes et ces hommes, je pense aux commerçants, ont des obligations, des charges de famille, ils ont des familles. C'est une responsabilité sociale et même une responsabilité de droit que de ne pas laisser faire ces désordres.
Je veux évoquer les mots d'ordre qui sont inacceptables, intolérables, d'agression contre les policiers. Les policiers, ce sont nos forces de sécurité, ce sont nos forces de sécurité à tous, ceux qui les ciblent nous ciblent et ce ne sont pas des privilégiés. Pour la plupart, comme on dit, ce sont des "fils du peuple", des enfants de milieux sans privilèges. Ils ont franchi un degré de l'échelle méritocratique en s'engageant comme ils s'engagent et ils ne sont pas protégés - ils n'ont pas à l'être - contre leurs propres erreurs. Ils ont à respecter une déontologie exigeante qui justifie de dures sanctions en cas de manquements.
Alors, quand des gens qui profitent de ces manifestations pour assouvir leurs instincts, très souvent des gens installés dans la vie, très souvent des bourgeois, comme on dit, et pas toujours jeunes, regardent les policiers en face et leur crient "suicidez-vous", eh bien ceux-là, ce n'est pas par préférence, mais c'est de notre devoir qu'on leur dise notre condamnation des uns et notre soutien des autres.
En les soutenant, quand ils sont si violemment agressés, comme cette jeune femme Commissaire de police qui a été blessée cette semaine en manifestation, en les soutenant, on ne justifie rien des violences inacceptables par exemple contre Michel Zecler qui doivent être punies comme telles, comme inacceptables.
On défend des principes dont la conciliation est la raison d'être de notre droit et de notre démocratie, c'est d'être présent auprès de ceux qui en ont le plus besoin et de défendre la sécurité de tous. Or, la sécurité de tous ne se défend qu'avec une organisation de la société et des forces de sécurité qui méritent le soutien de tous ceux qui sont attentifs aux injustices.
Je voudrais aborder un troisième chapitre avec la question de la démocratie.
Dans le monde de 2021, vers lequel nous allons, l'état de la démocratie n'est pas rassurant. La démocratie, qui devrait être le respect des droits et du droit, est mise en cause par la manière dont le débat s'organise, par la cataracte de haines qui se donnent libre cours sur les réseaux sociaux.
La démocratie, qui devrait être préservation de la raison, est déstabilisée par les fanatismes, par les superstitions, par les complotismes et par la mise en cause de plus en plus ouverte de la science et des vérités les mieux établies. La démocratie qui est culture du compromis, du respect des opinions différentes, du travail en commun, qui dépasse ou est appelée à dépasser les divergences, la démocratie est assaillie par les stratégies électorales fondées sur l'affrontement systématique et la culture de la peur.
Et la démocratie qui est, par nature, pluraliste est aujourd'hui bannie dans une immense partie du monde, au profit de systèmes de domination qui veulent tout diriger et tout contrôler des individus et des groupes.
Et donc, la démocratie est affaiblie de l'intérieur et attaquée de l'extérieur.
Alors est-ce que je puis dire en même temps que je la défends, que nous ne savons pas ou nous ne savons plus faire marcher la démocratie et probablement chez nous en France sommes-nous plus fragiles de ce point de vue que dans d'autres pays européens en particulier ?
Pourquoi ? La concomitance de l'élection présidentielle et des élections législatives fait que l'habitude s'est prise que, dans notre pays, le pouvoir basculait brutalement d'un bord sur l'autre : tout le pouvoir à ceux qui gagnent et plus rien, même s'ils ont réuni des millions de citoyens, à ceux qui ont perdu l'élection majeure.
Or, garantir le pluralisme n'est pas seulement une question de justice, c'est pacifier la société, car, quand le pluralisme est respecté, on apprend à se parler, on apprend à discuter, à s'écouter et les passions reculent pour laisser la place à un débat et à des décisions qui sont prises dans des mécanismes reconnus par tout le monde.
C'est pourquoi je veux dire ou répéter, car cela a été dit beaucoup dans la journée et que nous le disons depuis longtemps, que la question de la loi électorale est centrale, particulièrement dans un pays comme le nôtre où l'élection du Président de la République au suffrage universel concentre beaucoup de pouvoir entre les mains de l'élu et confie donc, en même temps, à un seul homme la responsabilité de l'orientation du pays.
Alors, beaucoup de gens disent : "On consent à dire que la loi électorale que vous défendez est juste, la loi électorale de justice, on veut bien dire qu'elle est juste, mais il y a des risques épouvantables de revenir à la quatrième République". Je veux vous dire que c'est absurde, car ces risques-là, les institutions de la Ve République les ont bannis une fois pour toutes et nous devons donc comprendre que ces risques n'existent plus et qu'il faut essayer, au contraire, de retrouver les avantages de ce pluralisme, d'abord car c'est un rééquilibrage nécessaire de la légitimité et car c'est - je le disais - le seul moyen d'apprendre aux courants différents à se parler, à s'écouter et à échapper aux affrontements caricaturaux.
Et il n'y a pas de risque, car le Président de la République, élu au suffrage universel, a, lui, tous les moyens d'empêcher que les divisions ou les désordres n'empêchent l'action publique d'agir. Il a le droit d'opposer ou en tout cas d'obliger à respecter ses engagements dans la préparation de la loi, il a la menace de dissoudre l'Assemblée nationale, il a le référendum, il a la possibilité de s'adresser au pays et donc tout ce que le Général de Gaulle a conçu, c'est que l'on puisse avoir le pluralisme et, en même temps, la garantie que ce risque n'existera plus.
D'ailleurs, pour ceux qui veulent s'en convaincre, il suffit qu'ils relisent le texte fondateur de la Ve République, beaucoup plus ancien, plus de 10 ans avant la création de la Ve République - le discours de Bayeux - dans lequel le Général de Gaulle explique exactement son idée, à savoir que l'on va faire échapper les Gouvernements et l'Exécutif aux manœuvres parlementaires - c'est le mot qu'il emploie - et que le Président de la République élu au suffrage universel - ce n'était pas encore le suffrage universel mais c'était l'idée - composerait son Gouvernement - écoutez bien cette phrase - en tenant compte des nuances de l'Assemblée nationale.
Il ne dit pas "en fonction de la majorité de l'Assemblée nationale", il dit "en tenant compte des nuances de l'Assemblée" et c'est une dérive à laquelle on s'est livré que de croire qu'en réalité, c'est la majorité de l'Assemblée qui doit former le Gouvernement.
Il suffit de relire les textes fondateurs pour comprendre que nous avons dérivé et glissé depuis un certain temps.
Il y a un deuxième problème, c'est que nous ne savons même plus organiser l'expression du suffrage.
J'entendais tout à l'heure Patrick ou Marc dire que l'on n'avait pas assez réfléchi à la progression de l'abstention aux élections municipales, car tout le monde s'est laissé entraîner à penser que l'abstention aux élections municipales, c'était le virus.
Il est possible que cela ait été le cas au premier tour, mais, au second tour, ce n'était pas du tout cela, car l'abstention, notamment dans les villes importantes, était un symptôme et un symptôme grave, c'était soit le désintérêt, soit le sentiment d'inutilité du vote, soit l'indifférence à l'enjeu, comme si les citoyens voyaient très bien que leur cadre de vie était important et que cela les intéressait, mais ne voyaient plus le lien direct entre le vote et le cadre de vie.
C'est pourquoi nous militons - et je parle en particulier aux Parlementaires de notre mouvement - pour une ouverture à d'autres modes d'expression du suffrage : vote par correspondance ou vote par Internet qui ne remplacerait pas le vote dans l'urne et dans l'isoloir, mais qui s'ajouterait au vote en présence ou au vote par procuration.
Je suis stupéfait, quand on voit qu'aux États-Unis, ce sont plus de 100 millions de suffrages - vous entendez bien -, plus de 100 millions de suffrages qui ont été exprimés par correspondance sans qu'à l'heure qu'il est, en dépit des soubresauts de M. Trump et des plaintes artificielles, on ait pu, jusqu'à ce jour, trouver une seule anomalie dans l'organisation du vote.
Alors, on voit bien que les critiques qui, chez nous, font - j'allais dire - la "fine bouche" sont, à mon avis, déplacées.
En Allemagne, les élections municipales ont eu lieu en même temps que notre premier tour et elles ont pu se tenir, car elles offraient aux citoyens la possibilité du vote par correspondance.
En Suisse, les consultations recueillent souvent plus de 90 % des voix qui s'expriment. Je n'ai jamais entendu dire qu'il y avait des risques sur la démocratie suisse, Jean-Noël.
Je veux donc simplement répéter cela : on a besoin d'une modernisation, on a besoin d'une ouverture et j'engage les Parlementaires de notre mouvement à se saisir de ces questions sans timidité, car je suis sûr qu'il y a là un moyen d'augmenter la participation citoyenne.
Je voulais aborder un chapitre supplémentaire dans cette difficulté de notre démocratie et dans ce que nous pouvons apporter.
Je veux traiter de la question de l'association de la société civile à la délibération politique et je m'adresse en particulier avec amitié à Marc Fesneau, qui a une partie ou l'essentiel de cette responsabilité au Gouvernement.
Je vais partir de ce que l'on a vécu. J'ai été frappé du débat ayant eu lieu sur l'organisation du culte dans les églises. Tout le monde sait ce que je pensais et ce que je pense de la jauge fixée à trente personnes, que je jugeais, comment dire, assez peu logique, car trente personnes dans une chapelle et trente personnes dans une cathédrale, ce n'est pas tout à fait la même chose.
Or, il se trouve qu'une décision dans des domaines de cet ordre, une décision contraignante, chaque fois que l'on peut, il faut qu'elle apparaisse logique, d'abord à ceux qui devront la respecter et probablement eût-il été plus naturel, mais nous ne savons pas très bien faire cela en France, de définir une telle décision avec les principaux intéressés, non pas seulement dans un dialogue discret ou secret dans une antichambre ou au téléphone. Il n'y a aucun inconvénient à ce qu'un dialogue public permette de fixer des règles de cet ordre.
Alors, j'ai choisi, dans le Commissariat au plan, de prendre le Conseil économique social et environnemental comme partenaire car le CESE, c'est la chambre de la société civile organisée. Ce n'est pas la seule, il peut y en avoir d'autres, mais je suis sûr que nous pouvons faire naître des modes de préparation de la décision publique dans lesquels les principaux intéressés soient directement associés, consultés et que ce soit avec eux que l'on construise, on dit aujourd'hui que l'on co-construise la décision.
Je veux aborder, comme une obligation là aussi, la question de l'environnement. Cette question dit quelque chose d'extrêmement important et que, je crois, les plus jeunes d'entre nous ressentent très bien, c'est que nous sommes responsables du monde. Il y a deux grandes questions devant nous, dont la première est la protection de la biodiversité et la seconde est la question de l'énergie.
Je suis très fier que ce soit l'un d'entre nous, Yann Wehrling, qui soit chargé, pour représenter la France, de cette responsabilité de défense et de promotion de la biodiversité. C'est une ligne de responsabilité à l'égard de nos enfants et à l'égard de la planète dont nous avons la charge.
Il est de notre responsabilité et de notre devoir - je le dis pour les trois ans qui viennent, puisque cette élection ouvre une nouvelle période - d'être en première ligne de la défense et de la promotion de la biodiversité.
De la même manière, la question du climat se concentre sur la baisse continue et volontaire pour un pays comme le nôtre suivant nos engagements, en particulier la baisse des émissions de gaz à effets de serre.
C'est un geste de responsabilité et c'est un geste d'exemplarité.
Je suis les débats qu'il y a dans les autres pays européens sur cette question et ces débats se concentrent aujourd'hui sur le remplacement, le plus vite possible ou assez vite, des moteurs thermiques par des équipements électriques sur les voitures ou au moins sur les poids lourds.
Cela signifie que la question de la production électrique va être, là aussi, en première ligne - elle va dominer les débats sur l'énergie - et la question de production électrique décarbonée, c'est-à-dire énergie solaire, énergie hydroélectrique et il faut avoir le courage de le dire, énergie nucléaire en France.
Nous avons pris une avance sur tous les pays du monde sur la production d'énergie sans rejets de gaz à effets de serre et un certain nombre d'entre nous rêve que nous nous effacions de ce champ de compétence.
J'ai été très heureux que, hier, durant son interview à Brut, le Président de la République rappelle cette évidence-là. Il y a, là, quelque chose qui est une responsabilité pour nous tous et c'est une responsabilité que nous ne devons pas éluder. Cela veut dire aussi qu'il faut travailler, pour certains sur les batteries, pour d'autres sur l'hydrogène.
Nous devons assumer de dire la vérité et non pas de nous échapper comme, trop souvent, cela arrive.
Un sondage disait récemment que les Français croyaient que c'étaient les centrales nucléaires qui étaient, à 80 %, responsables des rejets de gaz à effets de serre. Alors il faut simplement dire, pour que tout le monde l'entende : central nucléaire = zéro rejet de gaz à effets de serre, zéro rejet. C'est la manière la plus protectrice contre les rejets de gaz à effets de serre.
Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas d'inconvénients, il y en a partout, mais, au moins, si nous voulons une politique cohérente en matière d'énergie, si nous voulons une politique cohérente en matière d'environnement, alors il faut que nous la bâtissions sur des principes solides et c'est une des forces de la France. Il n'y a aucune raison d'abandonner cette force-là.
Je voudrais dire un mot de notre mouvement en dernier point.
Je suis très heureux de ce que nous avons fait et je suis très heureux en particulier de la force de cette équipe et du caractère transgénérationnel, comme l'on dit, de ceux qui la forment.
Nous avons pris soin, tous ensemble, que soient représentés ou accèdent à la responsabilité des femmes et des hommes - j'ai dit qu'il y avait presque plus de femmes que d'hommes - de générations différentes, de ceux qui ont mené les combats - j'en suis - de ceux qui les assument aujourd'hui, comme la génération, par exemple, de Marc Fesneau, de ceux qui ont commencé à les mener et occupent des responsabilités, comme les plus jeunes membres du Gouvernement et les plus jeunes membres de notre équipe. Je regardais Sarah, j'aurais pu regarder Nathalie. Je regarde Jean-Noël.
Nous avons pris soin d'équilibrer la représentation et de faire monter, autant que nous le pouvions, des vocations nouvelles et des talents nouveaux. Je ne sais pas si, comme moi, vous avez été frappés d'écouter les débats et de voir à quel point la réflexion, l'aisance, la capacité d'expression était désormais répartie parmi tous les responsables qui ont accédé récemment aux responsabilités.
Et donc, de ce point de vue, c'est une grande fierté.
J'ai une attente qui n'a pas été satisfaite. Je regarde tous ceux qui ont travaillé avec moi. Il y a 15 ans au moins que je me bats pour que nous inventions un nouveau militantisme. Je m'adresse à tous ceux qui sont de l'autre côté de cet écran. Je suis persuadé que nous devons changer la forme de l'engagement. L'engagement classique : adhésion, cotisation, fédération départementale. C'est un engagement qui a sa valeur, mais je pense qu'il faut que nous imaginions, là aussi, d'autres formes d'engagement.
Je plaidais pour d'autres formes d'expression du suffrage. Je suis pour que nous ayons d'autres formes d'engagement.
J'adresse aussi des messages personnels que tous les responsables de notre mouvement entendront. J'ai la détermination que nous bâtissions tout de suite la fédération Internet que j'appelle de mes vœux depuis longtemps, car beaucoup d'entre nous ne sont pas au contact d'une organisation départementale qui, souvent, siègent ou s'expriment depuis le chef-lieu.
Ils ont parfaitement le droit de participer au débat, de se faire entendre et je garantis - nous sommes au mois de décembre - qu'avant la fin de l'hiver, nous aurons une fédération Internet exemplaire, un mode de participation au débat exemplaire et je voudrais que nous réfléchissions ensemble aux étapes différentes et complémentaires qui déterminent l'engagement.
Très souvent, on s'engage sans savoir très bien où l'on va, très souvent, on s'engage sans avoir la certitude que c'est le bon mouvement politique, les bonnes méthodes, que l'on soit respecté. Les gens ont peur, par exemple, que, quand on adhère, on ne soit plus libre. Or, il suffit qu'ils fassent un stage dans nos rangs pour vérifier que ce n'est pas parce qu’on adhère que l'on n'est plus libre. C'est tout à fait le contraire.
Je suis sérieux en disant que c'est une obligation pour nous, nous qui avons l'habitude, j'allais presque dire historique, de l'engagement politique, des débats traditionnels, classiques, conventionnels. Ils ont toute leur valeur, mais je rencontre très souvent des jeunes qui nous disent : "Vous ne voulez pas nous raconter comment cela s'est construit, tout cela ?".
Oui, il faut qu'on le fasse et il faut que, chez nous, des personnes, des femmes, des hommes et des jeunes sentent qu'ils partagent quelque chose avec nous sans être sûr de vouloir aller tout de suite au bout d'un engagement politique.
Un engagement progressif qui respecte la liberté et les choix de chacun et qui innove en matière de débats, en matière d'échanges, comme nous avons innové aujourd'hui.
Voilà les quelques mots que je voulais dire pour notre congrès, pour les mois que nous allons vivre.
Vous avez tous compris que c'est une grande mission qui est devant nous, une grande mission qui est devant le Président de la République. Il a une lourde charge, il a des qualités hors du commun pour les assumer, mais il a aussi rencontré des obstacles hors du commun.
Je ne crois pas qu'il y ait eu une période, un Président de la République récent, en tout cas dans la Ve République, qui ait connu autant de crises en si peu de temps et de crises qui mettaient en cause l'unité et la solidité du pays.
Le Président et la majorité présidentielle doivent donc assumer, dans des temps qui sont difficiles, la promesse de renouveau qui est celle de 2017.
C'est une lourde responsabilité devant le Gouvernement - je m'adresse en particulier au Premier Ministre qui va me succéder à cette tribune et à nos amis Ministres -, car il doit affronter au présent et au futur un défi, on l'a dit, sanitaire, économique, social, démocratique sans précédent et assumer en même temps l'engagement environnemental qui a été le nôtre.
C'est une grande responsabilité devant nous, mouvements politiques, car nous portons quelque chose qui est infiniment précieux et, dont on l'a dit, infiniment discuté, qui porte les valeurs les plus profondes de la démocratie, alors que cette aspiration à la conscience et à la responsabilité est mise au défi comme elle ne l'a jamais été et nous devons donc inventer, en un temps inédit, de nouvelles réponses.
C'est une lourde responsabilité devant nous, tous ensemble, qui formons le peuple français, parce que nous avons deux choses à faire en même temps - je souris en prononçant ces trois mots -, nous avons, en même temps, à corriger les insuffisances et les erreurs passées et à construire, pour l'avenir, un modèle de société à vocation universelle, comme c'est la mission de la France de la concevoir, de la pensée et de commencer à la réaliser.
Car c'est cela qu'il faut comprendre, je crois, quand on regarde l'histoire et la réalité profonde de notre pays. La France ne peut pas être elle-même si elle ne se projette pas dans l'avenir avec des valeurs, valeurs qui rendent son projet unique. Ce sont des valeurs morales. Liberté, égalité, fraternité, ce sont trois exigences morales.
La France a des valeurs morales, des valeurs sociales, des valeurs de liberté et de créativité. La France ne peut être elle-même qu'ayant charge d'âmes, charge de familles, charge d'entreprises, besoin de prospérité et d'emploi. Elle se bat tous les jours en gardant les yeux fixés sur un idéal universel qui est de justice, de liberté et de responsabilité.
C'était un beau congrès, inédit par sa forme. Je remercie ceux qui l'ont organisé et je vous remercie d'y avoir participé, même à distance, mais pas de manière virtuelle, à distance mais réellement.
Merci à tous.

 

 

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