Par Alexandre Vatimbella et Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous
publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas
nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat
et de faire progresser la pensée
centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen,
défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Débarrassée déjà du Royaume Uni, le pays qui pendant 48 ans a été une sorte d’ennemi de l’intérieur, tentant systématiquement de casser ses fondements et la paralysant maintes fois, l’UE doit continuer à faire le ménage pour être autre chose qu’un simple espace de libre-échange, ce à quoi veulent la limiter tous ceux qui souhaitent, comme des sangsues, profiter de ses bienfaits économiques, tout en refusant les devoirs et les règles qu’une union requiert, dont l’état de droit démocratique à la base même de sa existence.
Cette clarification pourrait être un bain de jouvence pour cet idéal qui était l’espoir des Pères de l’Europe.
Rien n’empêche, par ailleurs, d’avoir, par exemple, une alliance européenne plus vaste et concernant la paix, la stabilité et la sécurité du continent où le Royaume Uni, la Pologne et la Hongrie pourraient trouver leur place.
Le blocage, par la Hongrie et la Pologne du Budget européen et, dans la foulée, du Plan de relance adoptée pourtant à l’unanimité voici peu par les chefs d’Etat n’est qu’un odieux chantage parce qu’il a été décidé, fort justement, que le versement des fonds par Bruxelles dépendrait du respect de l’état de droit démocratique que ces deux pays bafouent désormais allègrement depuis des années.
Et il est bien évident que ce blocage n’est pas seulement un mouvement de mauvaise humeur conjoncturelle.
A chaque fois que cette problématique du non-respect de la démocratie par ces deux pays se posera, ils bloqueront tout ce qu’ils pourront grâce à la règle de l’unanimité en vigueur dans l’UE.
Certains préconisent d’abandonner cette dernière mais s’il ne s’agit pas d’une mauvaise idée pour le fonctionnent global de l’Europe, en revanche, cela ne changerait rien à ce que les dictacraties de la Hongrie et la Pologne en soient toujours membres (et continuent, par ailleurs à faire du chantage pour éviter les sanctions).
Or, il est bien évident que l’UE ne peut accepter en son sein de tels pays.
Certains diront que ceux-ci ne sont pas condamnés à avoir de tels dirigeants à leur tête, et ils auront raison.
De plus, les coalitions récentes en Italie, en Autriche et, toujours en cours, en Espagne où des partis extrémistes et antidémocratiques ont été associés au pouvoir, posent des questions proches de celles qui sont sur la table avec la Hongrie et la Pologne.
Reste que ces pays, à l’opposé de la Hongrie et de la Pologne, n’avaient pas restreint les libertés, ni attaqué l’état de droit démocratique.
L’auraient-ils fait que leur présence dans l’UE se serait posée exactement de la même manière qu’elle se pose aujourd’hui pour la Hongrie et la Pologne.
Et l’on se rappelle que des mises en garde avaient été adressées aux gouvernements italien et autrichien.
Quant au changement de majorité dans ces deux pays, il est vrai qu’elle est encore possible même si le contrôle des médias, de la justice et de l’administration par le parti politique au pouvoir augurent mal d’une transition démocratique.
Reste qu’il est possible d’imaginer une exclusion temporaire (les sanctions ne sont pas assez dures) qui toucherait certains secteurs comme l’économique, le social et le sociétal mais permettrait de garder des liens notamment en matière de sécurité, exclusion temporaire qui serait levée lorsque les règles de l’état de droit seraient respectées à nouveau.
Quoi qu’il en soit, l’Union européenne est devant la responsabilité de prendre des décisions qui touchent au cœur même de ce qu’elle est.
Manquer ce rendez vous serait une reculade des plus fâcheuses et qui serait un précédent peut-être mortifère.
Alexandre Vatimbella et Aris de Hesselin
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