Ensuite, en 2008, après huit années de présidence du républicain George W. Bush qui fut ponctuée par les attentats du 11 septembre, le fiasco de la guerre en Irak et de la plus grave récession économique que le pays ait connu depuis la Grande dépression de 1929, les commentateurs politiques estimaient que quel que soit le candidat démocrate, celui-ci l’emporterait face au candidat républicain.
D’où cette affirmation d’abord que même un âne gagnerait.
Et cet «âne» fut Barack Obama qui fit l’Histoire avec un grand H.
Mais, dès sa victoire les analystes pointèrent immédiatement que ce dernier fut «mal» élu.
Non pas que cette victoire fut le moins du monde contestable mais que son score était très décevant par rapport au raz-de-marée auquel on pouvait s’attendre après les échecs de Bush et sa popularité qui atteignait des scores abyssaux.
La raison principale qui expliquait cette situation était que le nouveau président était noir (en réalité il est métis mais s’est toujours qualifié d’afro-américain lors des recensements où chaque citoyen choisit lui-même à quelle communauté il veut appartenir).
En cette année 2020, les commentateurs prévoyaient une déferlante du candidat démocrate quel qu’il soit face à un président aussi erratique et incompétent que Donald Trump d’autant que la dernière année de son mandat a vu une crise sanitaire sans précédent avec la covid19 qui a déclenché une crise économique profonde alors même que le bonne santé du pays en matière économique était le seul crédit qu’une majorité d’Américains accordait – faussement, puisque celle-ci venait de l’ère Obama principalement – au populiste démagogue.
Or, aucune déferlante de la grandeur prévue n’a eu lieu même si, disons-le à tous les esprits chagrins qui s’en prennent une nouvelle fois aux sondages, tous ont prévu avec exactitude, au niveau national, la victoire populaire de Biden, donc ont eu raison même si les écarts se sont révélés moins larges que prévus (nous avons déjà eu l’occasion de dire que les sondages au niveau local était souvent beaucoup moins précis parce qu’en autres, il portaient sur des populations plus volatiles et moins nombreuses).
Bien sûr, Joe Biden l’emporte avec sans doute, in fine, près de cinq millions de voix d’avance et un nombre jamais atteint de voix, mais Trump a augmenté son score en voix et en pourcentage de 2016 avec une présence significative dans tous les Etats de l’Union, même les plus rétifs à sa personne comme la Californie, le Massachussetts ou les Etats de Washington et de New York.
Et il a réalisé de très bons scores dans plusieurs Etats et l’a même emporté dans ceux où on prédisait son éventuelle défaite comme en Floride ou au Texas.
Si une des raisons est que le Parti républicain s’est mué en parti trumpien en quatre ans, préférant un personnage vulgaire, haineux et incompétent à l’avenir du pays, il y a sans doute des raisons à trouver dans le ticket démocrate Biden-Harris.
On peut évidemment soutenir que le manque de charisme et l’âge avancé de Joe Biden a joué dans un manque d’enthousiasme de la part des électeurs qui pouvaient hésiter entre les deux partis, voire à voter pour un troisième candidat ou encore à s’abstenir.
Mais comme pour Obama, il ne faut pas oublier la présence de Kamala Harris une femme métis noire et indienne, ce qui a sans aucun doute rebuté beaucoup d’électeurs de voter démocrate.
Parce qu’Harris cumule deux handicaps: être une femme (ce qui a coûté en grande partie l’élection à Hillary Clinton en 2016) et n’avoir aucun sang blanc (Obama en avait 50% et, déjà, il avait perdu nombre d’électeurs).
On peut même supposer qu’un candidat républicain moins clivant que Trump aurait eu de grandes chances de l’emporter.
A l’opposé, peut-on prétendre, comme le font déjà certains, qu’un candidat beaucoup plus à gauche que Joe Biden comme, par exemple, le sénateur socialiste du Vermont, Bernie Sanders, aurait eu de meilleurs résultats?
Sans doute pas parce qu’il aurait rebuté beaucoup d’électeurs modérés mais il aurait eu de grandes chances de l’emporter tout de même.
En revanche, un ticket bien blanc aurait pu bénéficier de la déferlante que Biden et Harris n’ont pu susciter, ce qui en dit beaucoup sur l’état de la société américaine actuelle qui, décidément, cache nombre de cadavres dans ses placards.
Reste qu’au-delà des fragilités du ticket Biden-Harris, le fait que tous les deux étaient des centristes, donc porteurs de valeurs humanistes et favorables au consensus, a certainement joué positivement pour sa victoire.
Alexandre Vatimbella
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