Poujade se présentait comme le défenseur des petits contre les gros, fomentant sans cesse une fronde vis-à-vis de l’Etat mais aussi des institutions démocratiques, maniant sans vergogne la critique outrancière.
En quoi l’UDI, parti se revendiquant centriste, et son président Jean-Christophe Lagarde ont-ils des ressemblances avec ce que l’on appela le poujadisme, terme entré dans la langue française depuis et qui signifie un populisme revendicatif et démagogique?
Les preuves, malheureusement, abondent ces derniers temps avec une opposition systématique au gouvernement où sont utilités des arguments et des attaques plus que discutables.
A lire les tweets vengeurs de Lagarde, on se demande même si celui-ci n’est pas devenu, comme son ennemi mortel Hervé Morin, un homme de droite dont la seule préoccupation est d’exister en tentant de faire le buzz.
Le buzz poujadiste, justement, c’est ce qu’est en train de faire l’UDI, empruntant la rhétorique des gilets jaunes elle-même issue directement de celle du poujadisme, en s’opposant frontalement aux pouvoirs publics et aux autorités médicales en prônant la désobéissance civile de ses élus, sous couvert soi-disant de leur pouvoir de police locale, pour qu’ils prennent des arrêtés permettant la réouverture des petits commerces qui seraient les victimes d’une concurrence déloyale des grandes surfaces par la faute du gouvernement qui, dans le cadre de la crise épidémique de la covid19 a décidé de fermer les premiers tout en laissant ouvert les secondes.
Ainsi, Jean-Christophe Lagarde s’est fendu d’un communiqué de presse dans lequel il estime que «la mesure de fermeture des commerces de proximité – dits non essentiels – crée une concurrence déloyale entre les grandes enseignes autorisées à rester ouvertes et les commerçants indépendants, tout en augmentant le risque sanitaire puisqu’elle encourage les Français à se rendre dans des lieux où la fréquentation est beaucoup plus élevée que dans des commerces de centre-ville».
Et de poursuivre:
«Aucune étude scientifique n’a démontré que les petits commerces sont des lieux de contamination particuliers; à tout le moins pas davantage que les centres commerciaux ou les transports en commun qui demeurent ouverts.»
Et de conclure, donc, que «la mesure est donc disproportionnée par rapport à l’objectif sanitaire».
Toute cette argumentation est largement fallacieuse et, plus grave, dangereuse, parce qu’elle tend à faire croire que les décisions du Gouvernement prises, suites aux recommandations du Conseil scientifique dont des mesures demandées instamment par les médecins, ne sont pas légitimes alors même que des frondes populistes sont en train de voir le jour en France mais aussi dans d’autres pays d’Europe avec des manifestations violentes en Italie, en Espagne et même en Allemagne contre les politiques de lutte contre la covid19.
Dire que les grandes surfaces peuvent demeurer ouvertes et pas les petits commerces est un mensonge puisqu’à activités similaires, les commerces, petits ou grands, doivent être ouverts ou fermés.
Quant à prétendre que les grandes surfaces (comme les transports en commun) seraient des lieux de contamination plus dangereux que les petits commerces, c’est faire exprès de méconnaitre les voies de transmission des maladies dont on sait qu’elles se font beaucoup plus facilement dans des lieux petits que grands puisqu’il n’est pas possible d’avoir, le plus souvent, le respect de la distanciation ainsi qu’une ventilation efficace.
Pour ceux qui ont l’occasion de faire leurs courses, ce qui ne semble pas être le cas des membres de l’UDI, chacun a pu constater la promiscuité et la contiguïté dans laquelle les consommateurs se trouvent dans les magasins de petite surface et donc du danger encouru lorsque le virus circule comme il le fait actuellement.
Dire le contraire est un mensonge lourd de conséquences.
S’empressant de répondre présents à leur chef, plusieurs maires UDI ont pris des arrêtés pour autoriser l’ouverture de tous les commerces de leurs communes.
Bien sûr, l’autorité préfectorale les défèrera au Tribunal administratif et usera de son pouvoir de police pour empêcher les ouvertures mais tout cela est indigne d’un parti politique qui se dit centriste et donc responsable.
Personne ne nie, en effet, que la crise de la covid19 est gravissime en termes économiques et sociaux et qu’elle fait courir des risques énormes de faillites et de chômage, entrainant tous les pays de la planète dans une récession jamais vue malgré les plans de relance.
Mais si la crise est d’une telle importante c’est aussi parce que, lorsque l’on a réouvert les pays après la première vague (ou après la pause d’une vague unique), beaucoup trop de gens n’ont plus rien respecté et que des décisions malencontreuses ont pu être prises à tous les niveaux et dont nous payons le prix aujourd’hui.
Faire croire le contraire est criminel et n’aide pas, dans la durée, à éliminer le virus tant que nous n’aurons pas de vaccin et/ou de traitements efficaces.
Rappelons qu’au Sénat, la grande majorité des élus UDI ont voté contre la l’état d’urgence sanitaire dans une volonté politicienne qui, malheureusement, discrédite le Centre mais, surtout, donne des arguments à tous ceux qui ne veulent pas respecter les mesures sanitaires, mettant en danger la vie de nombre de personnes.
Ici, l’UDI agit exactement de la même manière que Donald Trump dont on croyait pourtant qu’il était pour la formation centriste le repoussoir extrême au vu des tweets rageurs et insultant à son encontre envoyés par Lagarde.
Se serait-on trompés?
Centristement votre.
Le Centriste
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.