Obama élu en 2008, cela pouvait être un «accident» de l’Histoire, une sorte de situation exceptionnelle qui ne se reproduit plus jamais.
Sa réélection en 2012 n’en était pas un et prouvait a posteriori que 2008 ne l’était pas non plus.
Car, oui, un accident de l’Histoire n’est voué qu’à se produire une seule fois.
C’est pourquoi la présidentielle de 2020 était si importante pour la démocratie américaine, pour la démocratie tout court.
Car, si Donald Trump avait remporté un second mandat, sa victoire de 2016 aurait validé a posteriori bien autre chose que le passage d’un populiste démagogue, incapable, escroc et menteur à la Maison blanche, élu par des grands électeurs alors qu’il avait largement perdu le vote populaire.
Elle aurait démontré d’abord qu’un système électoral inique et totalement dépassé mais que personne n’a voulu réellement changer avant 2016 dans une sorte de fétichisme imbécile d’un texte – la Constitution de 1787 – souvent dépassé mais érigé en icône indépassable, peut la tuer.
Surtout, elle aurait démontré qu’un peuple peut choisir à nouveau de porter au pouvoir un de ses adversaires, confirmant les précédents en la matière qui, malheureusement, ne furent pas plus des accidents mais que l’on espérait être des événements du passé.
Oui, c’aurait été un coup de massue pour la démocratie républicaine, pour l’humanisme, pour la démocratie étasunienne et pour le Centre, battu deux fois de suite.
C’aurait été une claque sévère pour toutes les valeurs, les principes et les règles sur lesquelles se fondent cette démocratie républicaine.
Cette dernière aurait-elle pu se relever de cette débâcle infligée de l’intérieur même d’un pays qui est sensé en être le phare et par la volonté des électeurs, ceux-là même dont elle a fait les garants de son existence alors même qu’ils ne devraient pas avoir la légitimité de la supprimer ou de l’affaiblir?
Rien n’est donné pour toujours, l’Histoire a tôt fait de le rappeler à ceux qui énoncent des vérités premières sur ce que sera l’avenir lointain.
L’Humanité est passée par tellement de régimes différents et incompatibles entre eux qu’il serait présomptueux et ridicule de s’avancer sur ce terrain.
Pour autant, la défaite de Trump, telle qu’elle se dessine, si elle relativise quelque peu sa victoire de 2016, n’est pas sans importantes conséquences qui pourraient annoncer de sombres événements.
Le fait qu’il n’est pas été balayé par le suffrage universel mais, au contraire, qu’il est obtenu un peu plus de 47% des suffrages et surtout aux alentours de 72 millions de voix montre que les sous-bassement antidémocratiques sur lesquels reposent sa présidence populiste, démagogue, haineuse et contraire à toutes les valeurs humanistes, sont plus vivants que jamais dans une partie importante de la population américaine.
Deux choses semblent donc apparaitre clairement.
D’abord, le futur proche dans toutes les pays démocratiques risque d’être chaotique, cette défaite plus qu’honorable (électoralement parlant) donnant aux populistes et aux extrémistes de tout bord des raisons d’espérer, notamment en France pour la présidentielle de 2022 où déjà un Mélenchon et une Le Pen ont fait acte de candidature.
Ensuite, elle démontre ce que je dis avec nombre d’autres depuis longtemps, que la démocratie est un objet de grande valeur mais d’une fragilité constitutive parce qu’elle reste sous la menace de personnages comme Trump et de mouvements de foule qui peuvent les soutenir.
Elle doit donc être constamment régénérée et réformée pour faire face aux défis qui se présentent à elle et son existence nécessite, prioritairement, des citoyens éclairés, c'est-à-dire correctement formés et informés, sans quoi elle est vouée à être ballottée sans cesse et à la merci d’un populiste ou d’un extrémiste un peu plus malin que les autres ou se trouvant là au bon moment.
Trump est donc peut être un accident de l’Histoire mais pas ce qu’il représente et qui, en ce premier quart de XXI° siècle a repris une vigueur des plus inquiétantes.
C’est cela qui est la leçon la plus grave et la plus désespérante de cette présidentielle américaine.
Pour l’instant.
Car, une autre bien plus cataclysmique et qu’il faut espérer ne pas être pas les prémisses d’une catastrophe démocratique et être seulement le signe éphémère d’une réaction de dépit passagère, est le refus de Trump de concéder sa défaite, refus dans lequel il entraîne une grande partie de son administration, comme le ministre de la justice qui vient d’autoriser les procureurs fédéraux à engager des enquêtes sur des fraudes électorales sans aucune preuve existante, nombre d’élus républicains à l’instar du séditieux sénateur de la Caroline du Sud, Lindsay Graham, qui exhorte ses amis politiques à ne jamais reconnaitre la victoire de Biden, et une partie imposante de son électorat dont les plus ultras sont prêts à descendre armés dans la rue pour imposer leur choix.
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