Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de
personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces
points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée
centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées
centristes.
L’adage selon lequel la vengeance est un plat qui se mange froid n’est pas approprié à propos de celle qui anime la «vieille politique» à l’égard d’Emmanuel Macron et de LaREM.
Parce qu’ici, elle est même consommée à chaud, voire à température bouillante, sans doute au degré auquel elle a saisi les politiques de tous bords qui ont cru leur dernière heure (politique) arrivée lorsque le nouveau venu a commencé à piétiner leurs plates bandes puis s’est approprié leur pré carré et s’est retrouvé à l’Elysée avec ses amis qui ont, telle une vague, se sont emparés de l’Assemblée nationale, le tout, non pas en douce, mais par le suffrage universel, faut il encore le rappeler à ceux qui leur font constamment des procès en illégitimité.
Cette frayeur s’est également propagée dans tous les mouvements populistes qui ont craint que le macronisme ne vienne chasser sur les mêmes terres qu’eux et leur pique leur clientèle parce qu’il adoptait certaines de leurs postures voire de leurs discours et de leurs agirs.
D’où ce déferlement de haine, de violence – pas uniquement verbale –, de vulgarité, de mensonges, de procès d’intention qui se déverse sans répit depuis plus de trois ans, d’abord sur le candidat Macron puis sur la majorité en place et le Président de la République, le tout relayé complaisamment par des médias, soit proches des courants idéologiques apeurés, soit à la recherche de cette catégorie de la population toujours gourmande de la mise au pilori des gouvernants quels qu’ils soient (ça ne vous rappelle rien, monsieur Hollande?!)
Et une fois les digues de la retenue démocratique détruites, la boue nauséabonde a tout envahi puis s’est collée et a durci devenant le paysage politique que l’on connait actuellement, modelé dans sa version moderne par ces politiciens de la pire espèce qui sévissent à nouveau aux Etats-Unis depuis l’ère Reagan – ils avaient été également très puissants dans la deuxième partie du XIX° siècle – et qui ont réussi, non seulement, à gangréner leur démocratie (dont Trump est la conséquence et non la cause) mais à exporter leurs combines dans les autres pays démocratiques notamment en Europe avec des succès électoraux comme en Grande Bretagne, en Italie, en Pologne, en Hongrie et ailleurs, sans oublier la montée du populisme radical en France, en Allemagne, en Espagne, entre autres.
Ce qu’il y a de particulier à la France, c’est que cette «vieille politique» s’est emparée de ces techniques pour se venger de Macron d’autant plus que celui-ci avec son «en même temps» a investi la sphère centriste, celle qui, par positionnement, subit logiquement et inévitablement quand elle est au pouvoir, l’encerclement de la Droite et la Gauche alors alliées objectives qui se relayent sans cesse dans leurs offensives contre le Centre ou la centralité.
Pour elles, le Centre est soit leur appendice quand il est faible, soit leur ennemi quand il est fort mais n’est jamais réellement accepté et, surtout, respecté.
Mais cette vengeance est due, non pas à un quelconque complot ou tromperie, seulement à l’échec de cette droite et cette gauche depuis les années 1970.
La responsabilité n’est pas à chercher ailleurs qu’en leur sein, ce qui, évidemment, nécessiterait une honnêteté que les structures partisanes les représentant n’ont pas comme de coutume.
Le plus consternant dans l’affaire est qu’il n’y a pas de «nouvelle politique»!
Emmanuel Macron n’est pas cet alchimiste qui aurait inventé la pierre philosophale, celle qui aurait rabattu les cartes partisanes et créé un nouveau courant idéologique.
Il n’a fait, ce qui est déjà considérable, de donner à l’axe central (si bien identifié et caractérisé ici par Alexandre Vatimbella) la force nécessaire pour gouverner maintenant alors que l’on prévoyait que cette conquête du pouvoir serait bien plus longue.
Du coup, ce déferlement, au-delà de s’attaquer à une mouvance centrale, a surtout été une arme dévastatrice contre la démocratie et la république, qui a fragilisé leurs structures et leurs organisations, qui a insufflé plus qu’un doute sur leurs légitimités et dont ceux qui l’utilisent sans vergogne auront à rendre compte devant l’Histoire.
Notamment ceux qui, au lieu de mener une vendetta indigne contre Macron, devrait le remercier d’avoir empêché l’extrême droite de prendre le pouvoir en 2017.
Mais pour cela, il faudrait avoir, non seulement, le sens de la responsabilité ainsi que du courage et de la dignité, trois choses qui sont trop souvent absentes chez nombre de ceux qui font profession de faire de la politique.
Jean François-Borrou
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