jeudi 22 octobre 2020

Présidentielle USA 2020. Les Américains sont-ils en train de se réveiller du cauchemar Trump?


Rien n’effacera la tâche indélébile de l’élection de Donald Trump que portera à jamais la démocratie américaine comme c’est le cas avec Pétain en France, Poutine en Russie voire Hitler en Allemagne puisque tous ces personnages sont parvenus au pouvoir légalement.

Bien sûr, dans le degré d’infamie il y a des différences mais ces événements électoraux et légaux montrent bien que la démocratie peut jouer contre elle-même.

Reste que Trump demeurera à jamais la preuve que les Etats-Unis ne sont pas à l’abri d’un basculement de la démocratie vers un régime populiste qu’il soit ou non réélu le 3 novembre prochain, dans douze jours maintenant.

Tous les sondages sans exception le donne perdant avec parfois des marges impressionnantes ce qui laisse à penser que les Américains se réveillent du cauchemar de ces quatre dernières années.

Pour autant, ces mêmes sondages donnent encore au président sortant plus de 40% des intentions de vote, ce qui peut sembler – et est énorme – en regard du personnage et de la manière dont il a gouverné le pays.

Le pire, sans doute, dans ces 40% ne sont pas les extrémistes, les radicaux, les racistes et les haineux mais bien ces électeurs qui sont prêts à s’allier avec le diable au nom de leurs convictions religieuses (ils savent qui est le bonhomme mais il leur donne ce qu’ils demandent) ou de ceux qui ont été proprement endoctrinés par plusieurs décennies de mensonges de l’aile ultra-conservatrice du Parti républicain sur la menace existentielle qui pèserait, selon elle, sur les Etats-Unis du fait, non pas du Parti démocrate qui n’en est que le bras armé, mais avant tout de la démocratie elle-même présentée comme un complot contre des «valeurs américaines» instrumentalisées pour certaines, réécrites pour d’autres et, souvent, inventées pour le reste d’entre elles.

Car, au fil du temps et souvent de manière inaperçue, les républicains ont mené une guère contre les valeurs – les vraies –, les principes et les règles de la démocratie libérale représentative, comme l’avaient fait en leur temps, après la Guerre de sécession les fameux «dixiecrats», ces démocrates racistes et conservateurs du Sud (les électeurs de ces Etats ne voulant absolument pas voter alors pour le Parti républicain, «le parti de Lincoln») qui avaient inventé la ségrégation dont il ne faut jamais oublié qu’elle fut le modèle pour les instigateurs de l’apartheid en Afrique du Sud.

Comme leurs devanciers, ces républicains font tout pour en empêcher les noirs mais aussi les minorités et des groupes identifiés comme des opposants de voter, en adoptant des lois limitant la démocratie, et en charcutant la carte électorale afin d’avoir toujours la majorité des sièges même en étant minoritaires en voix.

Dès lors, quel que soit le résultat du 3 novembre, l’empreinte de Trump sur le pays ne va pas s’estomper aussi facilement (d’autant qu’il aura réussi à nommer trois juges à la Cour suprême et qu’il y a de grandes chances que la majorité très conservatrice désormais de celle-ci s’érige en contrepouvoir de Biden s’il est élu) et que ceux qui vont mettre un bulletin de vote dans l’urne en sa faveur et malgré ce qu’ils savent de ce qu’il est, n’auront pas disparu le lendemain de sa possible défaite, sans même parler des factieux qui disent organiser déjà la résistance et qui, dans l’ombre, préparent des attentats et des troubles comme on l’a vu avec l’arrestation de membres d’une milice armée qui voulait provoquer un véritable carnage dans le Wisconsin tout en kidnappant sa gouverneure, Gretchen Whitmer, tout simplement parce que Trump l’avait dénoncée à la vindicte de ses fanatiques parce qu’elle avait prise des mesures fortes et utiles afin de lutter contre l’épidémie de la covid19!

Et puis, l’ère trumpienne, qu’elle dure quatre ou huit ans, n’est pas sortie de nulle part, elle fait partie de l’histoire même des Etats-Unis où des forces violentes et enragées, alliées souvent avec des politiciens véreux, ont sans arrêt contesté la démocratie américaine des Pères fondateurs, pourtant déjà bien imparfaite (le collège des grands électeurs qui élit le président en étant une des preuves car prévu pour empêcher un populiste comme Trump d’être élu, ce mécanisme contesté l’a permis!).

Certains pensent que tout le mal que recèle la société étasunienne vient du problème de l’esclavage.

Et s’il est vrai que cette réalité d’un pays qui a du faire le pire carnage de son histoire en s’entretuant pour y mettre fin tout en refusant d’aller jusqu’au bout de la logique démocratique (le Nord a bien gagné la guerre mais le Sud a gagné la paix comme nous le rappelle, par exemple, le triomphe du film Autant en emporte le vent – adaptation d’un bestseller – qui était dans la lignée de celui de Naissance d’une nation, premier film à succès du cinéma américain, qui glorifiait le Ku Klux Klan), est bien plus qu’une épine encore bien enfoncée dans son pied, elle ne peut expliquer à elle seule les dérives actuelles.

Au-delà d’un petit peuple blanc qui craint pour sa survie, bien endoctriné par les républicains, c’est aux soubresauts d’une nation qui n’a jamais choisi réellement son camp auxquels on assiste en ce début de XXI° siècle où, après avoir élu George W Bush, les Américains ont élu Barack Obama puis Donald Trump (même si ce dernier n’a pas gagné le vote populaire comme c’était le cas lors de la première élection de Bush mais personne ne s’est levé entre les deux scrutins pour demander le changement des règles électorales).

De quoi s’interroger sur ce que veut la société américaine…

C’est sans doute un manque de maturité que l’on souhaiterait être désormais évacué après l’expérience trumpienne mais que la raison et la réalité nous disent que tout ne sera pas réglé, loin de là, si le centriste Joe Biden est élu le 3 novembre.

 

Alexandre Vatimbella

 

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