Car il ne faut pas s’y tromper, une grande partie de ces députés qui quittent La république en marche pour rejoindre d’autres formations ou en créer de nouvelles (ou des groupes à l’Assemblée) ont avant tout comme objectif de trouver un lieu où ils pourront plus facilement se faire réélire qu’avec l’étiquette de macroniste qui ne leur semble plus porteuse auprès des Français.
C’est bien évidemment le cas pour les députés qui rejoignent le Mouvement démocrate de François Bayrou après un appel du pied plus qu’explicite du président du groupe à l’Assemblée nationale, Patrick Mignola comme viennent de le faire trois d’entre eux en ce début septembre.
D’ailleurs, les propos de certains d’entre eux qui font profession de foi d’avoir toujours été proche du parti créé par le nouveau commissaire au plan, démontrent bien qu’ils avaient choisi LaREM en 2017 pour avoir plus de chances d’être élus et qu’ils feront que le chemin inverse en 2022 pour une raison identique.
L’un des nouveaux transfuges, le député du Calvados, Christophe Blanchet, ne déclare-t-il pas être «cohérent avec mon engagement politique depuis mes plus jeunes années en tant que militant UDF puis MoDem» alors même qu’il a choisi l’étiquette LaREM en 2017?!
Mais ce changement de costume mais pas de peau – tous les partants vers le MoDem jurent la main sur le cœur qu’ils restent fidèles à leur soutien à Emmanuel Macron et à sa politique et tous rappellent leur engagement centriste – sera-t-elle une stratégie gagnante en 2022?
Rien n’est moins sûr.
Parce que le MoDem n’existe aujourd’hui à l’Assemblée nationale que par le bon vouloir de ce même Emmanuel Macron qui a distribué en 2017 des circonscriptions à François Bayrou pour qu’il ait des députés et que le MoDem seul n’est sans doute pas capable de gagner beaucoup plus que moins d’une dizaine de sièges en étant optimiste.
Parce que ces élus oublient que l’électorat macroniste n’est pas le même que celui de Bayrou et que nombre d’électeurs du premier ne voteront jamais pour des membres du parti du dernier, en particulier un certain nombre de ceux qui viennent de la Droite.
Pire, ils pourraient être vus comme des traitres à la cause et perdre une partie de l’électorat qui demeure attaché au «ailleurs» et au «en même temps» quelle que soit la véracité concrète de ces positionnements.
Parce que l’élan qui a porté Emmanuel Macron à l’Elysée puis à avoir une majorité absolue à l’Assemblée ne concerne en rien le Mouvement démocrate qui plafonne depuis sa création à moins de 10% lors des élections et qu’il n’y a aucun élément qui laisse penser aujourd’hui qu’il puisse en être autrement et qu’il puisse créer une dynamique en sa faveur.
C’est même l’inverse qui pourrait avoir lieu si les prochaines législatives (qui suivront la présidentielle où Macron risque d’être battu) sont un vote sanction contre la majorité actuelle.
Ces transfuges espèrent sans doute, comme tous les députés MoDem, qu’il y aura une forte dose de proportionnelle lors des prochaines législatives qui permettent au parti centriste de ne pas trop perdre d’élus.
Mais rien ne dit que ce sera le cas car il faudrait une loi qui ne semble pas être la priorité, ni du gouvernement, ni des députés LaREM pour l’instant à deux ans des prochaines échéances électorales nationales.
Leur pari semble donc assez aléatoire en ce qui concerne leur futur politique mais pose en retour une autre question, celle de la pérennité de LaREM en cas de défaite d’Emmanuel Macron en 2022 qui est d’évidence le seul vrai ciment qui réunisse entre eux les élus du parti présidentiel.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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