Actualités du Centre. Pour s’émanciper de LaREM, le MoDem veut la proportionnelle

L’Assemblée nationale

On ne peut pas accuser les centristes d’opportunisme en matière de proportionnelle tant leurs partis la réclament depuis longtemps.

C’est même une des demandes récurrentes du Mouvement démocrate de François Bayrou, héritier en cela de l’UDF, pour les élections législatives.

Néanmoins, les positions en faveur de tel ou tel système de proportionnel ont varié selon les époques.

On se rappelle ainsi qu’après avoir demandé la proportionnelle intégrale à circonscription unique, le MoDem penchait plutôt, ces dernières années, pour une dose importante de proportionnelle dans le cadre de circonscriptions régionales.

Or, le document rédigé par le parti centristes que vient de dévoiler le Canard Enchaîné plaide à nouveau pour une proportionnelle de liste à deux tours dans le cadre de circonscriptions départementales.

On comprend l’intérêt de ce système électoral pour le MoDem actuel.

Cela lui permettrait, d’une part, de s’émanciper complètement de LaREM qui lui a fourni la totalité des circonscriptions où ont été élus ses députés et, d’autre part, d’espérer une meilleur représentation si l’on estime qu’il peut atteindre entre 8% et 10% des voix, ce qui est généralement son étiage maximum (le score de plus de 17% des voix lors de la présidentielle de 2007 en faveur de Bayrou n’étant pas représentatif de sa force électorale).

Ainsi d’une quarantaine de députés actuellement, il pourrait passer à une cinquantaine.

La question est de savoir si cette volonté de changer le système électoral à moins de deux ans des prochains scrutins nationaux pourra se faire car plusieurs écueils rendent cette possibilité plus qu’aléatoire.

D’abord, il faudrait que LaREM (et donc le Président de la République) soit d’accord ce qui n’est absolument pas le cas puisque si la proportionnelle était bien dans le programme électoral d’Emmanuel Macron en 2017 (une des raisons du soutien de Bayrou à sa candidature), elle ne l’était que dans l’instillation d’une dose de 25% dans un système qui restait largement majoritaire et avec une baisse du nombre de députés, ce que ne prend pas en compte le document du MoDem.

Ensuite, il faudrait que le temps parlementaire puisse le permettre alors que nous sommes en pleine crise sanitaire, économique et sociale et que les priorités sont manifestement et légitimement ailleurs.

De plus, il y a de nombreux opposants à cette réforme en particulier au Sénat même s’il est possible de contourner ce dernier puisqu’une loi simple (et non constitutionnelle) peut suffire à changer le mode de scrutin comme cela avait déjà été évoquée lors que la discussion sur la réforme des institutions qui n’avaient pu avoir lieu, notamment à cause du mouvement des gilets jaunes.

Sans oublier que la mise en place de cette proportionnelle pourrait apparaitre comme une volonté de limiter la casse pour la majorité présidentielle en 2022 comme ce fut le cas en 1986 lorsque François Mitterrand fit voter une proportionnelle intégrale pour les législatives, ce qui n’empêcha pas le naufrage du PS et permit au Front national d’avoir 35 députés…

Reste que le Mouvement démocrate devrait bientôt déposer une proposition de loi en vue de mettre en place la proportionnelle sans que l’on sache encore si elle reprendra la teneur de ce document de travail ou si elle sera plus modérée et ne demandera qu’une dose plus ou moins importante de proportionnelle.

Rappelons que la proportionnelle permet une meilleure représentation du vote des électeurs mais empêche souvent l’émergence d’une majorité solide.

De même, elle permet à des partis extrémistes ou à des petits partis d’entrer à l’Assemblée nationale et de, souvent, pratiquer l’obstruction, paralysant de fait l’action publique.