Par Jean-François
Borrou & Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un
journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde et
intitulée «Des médias publics en bonne santé sont une force pour les démocraties»,
sept des dirigeants de ces organismes qui se doivent d’assurer le service d’informer
et de former du mieux possible les citoyens en font l’éloge ainsi que de leurs
missions.
Et ils ont raison d’expliquer le rôle essentiel que ces médias
jouent et doivent jouer dans les démocraties républicaines ainsi que leur sine
qua non indépendance non-négociable vis-à-vis du pouvoir en place.
Il en va, et nous l’avons dit très souvent ici parce que c’est
un combat crucial pour le Centrisme et les centristes, dans la défense des valeurs
humanistes sur lesquelles sont assis nos régimes de liberté et d’égalité.
Sans médias chargés de délivrer une information citoyenne la
plus juste et la plus vraie possibles, les individus ne sont pas capables de se
former un jugement sur la réalité des choses et donc de choisir en fonction de
cette réalité au mieux de leurs intérêts et de ceux de leurs proches.
Comme l’expliquent ces responsables, il ne faut évidemment pas
confondre médias publics avec médias d’Etat, ces derniers étant contrôlés
directement par le pouvoir en place et ne font que de la propagande et du bourrage
de crâne comme c’est le cas, par exemple, en Chine, en Russie, en Corée du Nord,
en Iran mais aussi, dorénavant en Pologne ou en Hongrie qui sont pourtant des
membres de l’Union européenne…
Reste que la défense de ces médias publics serait plus efficace
de la part de leurs responsables s’ils s’attelaient à vraiment faire en sorte
de délivrer une parole qui soit la moins partisane.
Pour prendre l’exemple que nous connaissons le mieux, celui
de la France, le tropisme de gauche affiché, voire revendiqué, par des médias
comme franceinfo ou France inter avec toute la désinformation qui va avec dès
lors que l’on analyse les faits par rapport à une grille idéologique ne permet
pas à leur présidente une autosatisfaction pourtant revendiquée dans cette
tribune.
Les médias de service public en France ont connu une
histoire mouvementée depuis toujours.
Si leur personnel a toujours penché plutôt à gauche, ils ont
été pendant longtemps la voix du pouvoir en place qui était de droite et dirigés
par des hommes et des femmes fidèles au gouvernement en place.
Du Général de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, l’évident
contrôle de ces outils au profit du pouvoir était criant et indécent.
Mais l’on ne doit pas oublier que François Mitterrand en «dédroitisant»
les directions des médias publics les a, en même temps, gauchisés sans vergogne
et à son profit comme le faisaient, pour le leur, ses prédécesseurs de droite...
La privatisation de TF1 par Jacques Chirac, pour qu’elle
devienne une chaine de droite même lors d’une alternance politique, procédait
toujours de la même logique, le contrôle de l’information audiovisuelle.
Si le Président de la République actuel et son gouvernement
ne contrôlent rien, c’est plus une anomalie historique qu’autre chose, due à l’élection
surprise d’Emmanuel Macron et à son positionnement «ni gauche, ni droite».
Mais cette absence de contrôle étatique (une bonne chose) a
permis à l’emprise idéologique des médias publics par la gauche de perdurer et
de s’amplifier (une mauvaise chose) au détriment de l’information de service
public due aux citoyens (ce pourquoi ils payent avec leurs impôts).
Ecouter ou regarder franceinfo, c’est avoir des informations
par le prisme de la gauche parfois même de la gauche radicale (on peut, pour ce
qui est des chaines d’information en continu, avoir le prisme de droite, voire
de la droite extrême, avec LCI, BFMTV et CNews…).
De plus, en dehors même de la présence constante et a priori
d’une idéologie dans l’information délivrée par les médias publics français, se
pose la question de la formation même du personnel chargé de ce travail, les
journalistes.
Trop souvent l’inexactitude est au rendez-vous (et si vous
êtes attentifs, vous constaterez qu’il n’y a jamais de rectification à une
erreur commise, parfois des reportages comportant des fausses informations passent
en boucle l’entière journée!) quand ce n’est pas l’acculturation même des journalistes
qui est en cause (et pas toujours des plus jeunes et des moins bien payés).
Oui, ces responsables ont entièrement raison de défendre les
médias publics, ils sont indispensables et le seront de plus en plus au fil du
temps pour informer le plus correctement possible le citoyen.
Mais il leur reste énormément de travail pour assoir définitivement
une crédibilité qu’ils revendiquent avec beaucoup d’imprudence et un peu d’impudence
ou, alors, une complète méconnaissance même ce de qui se passe sur leurs antennes…
Le chantier d’une information citoyenne est gigantesque mais
à la hauteur des objectifs qu’elle doit atteindre: faire de l’individu un
citoyen capable de prendre les décisions concernant sa vie en toute connaissance
de cause.
Mais on en est encore loin.
Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella
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