Par Aris de Hesselin
et Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste
et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Il se peut bien que l’accord à
propos d’un plan de relance d’importance inédite sur lequel les 27 chefs de
gouvernements et d’Etats de l’Union européenne soit un événement historique d’ampleur
majeure notamment face à la crise épidémique de la covid19 et de ses
conséquences économiques et sociales.
Mais tout défenseur de la construction
européenne, d’une Europe fédéraliste et donc, tout centriste peut regretter que
ce grand succès de l’UE consacre uniquement et encore une fois sa seule
dimension économique.
On ne célèbre pas une Constitution
européenne ou l’élection d’un président européen au suffrage universel, une
seule armée européenne ou un même livre d’Histoire enseigné dans toutes les
écoles mais l’Europe vache à lait celle qui a permis, certes, des avancées non
négligeables dans des domaines comme l’agriculture ou l’industrie, voire dans la
monnaie unique pour ceux des pays de l’UE qui font partie de la zone euro sans
oublier bien sûr le marché unique, mais qui n’a rien à voir avec cette union
des cœurs et des esprits.
Il ne s’agit nullement de minimiser
ces succès de ces politiques communes dont les impacts ont été souvent considérables.
Cependant, toutes ces réussites, et
celle du plan de relance en fait partie, ne renforcent guère l’identité
européenne, celle d’appartenir à une même communauté et de partager des valeurs
communes et de partager un avenir identique.
Si cette identité n’est pas absente,
même dans la conclusion de l’accord du 21 juillet, elle est souvent diffuse et
marginale, voire même minimisée pour ne pas heurter les sensibilités nationalistes
des différents Etats membres.
D’ailleurs, le discours politique
qui nous est servi, ici, en France, n’est-il pas
celui d’un grand succès franco-allemand avant d’être
celui de l’UE toute entière?!
On se met plutôt d’accord parce que
l’on a besoin de l’Europe pour tel ou tel problème économique ou social à
régler, pas parce que l’on sent européen.
Evidemment, cela nous rappelle que
les pères fondateurs de l’Europe avaient préféré passer par l’union économique
plutôt que par le fusionnement politique parce qu’ils étaient conscients de la
difficulté de ce dernier et estimaient que les bienfaits de la première rapprocheraient
inexorablement les peuples et permettraient à l’idéal européen de se structurer
et de s’imposer.
Ce n’est pas ce qui s’est passé et
tout historique que ce plan soit, il n’est sans doute pas une étape majeure dans
l’intégration ou le fondement d’une nouvelle ère qui aurait débuté avant hier.
On aimerait beaucoup se tromper et
le futur sera peut-être sans merci avec nos
propos.
C’est tout ce que nous souhaitons mais
notre raison et notre bon sens nous empêchent une euphorie que tous les
européens convaincus ont décidée une bonne fois pour toutes de ne plus afficher
inconsidérément au vu de toutes les douches froides qui l’ont suivie.
Oui, nous espérons que les
Européens prendront conscience que notre seule planche de salut – et pas seulement en matière économique – est bien une Union européenne forte, intégrée et porteuse d’une
culture européenne et de valeurs humanistes.
Oui, nous espérons qu’une Europe vraiment
fédérale voit le jour, autant parce que nous croyons en la paix et le partage
que parce que nous savons que c’est la seule voie possible pour nous en sortir.
Non, notre idéal européen n’est pas
mort, il est simplement lucide.
Aris de Hesselin et Alexandre Vatimbella
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