Si l’on regarde la composition du nouveau gouvernement force
est de reconnaitre que le «en même temps» existe toujours avec un dosage entre
personnalités représentant l’aile gauche, celle représentant l’aile droite et
celles l’aile centriste avec également une partie de l’équipe venant de la
société civile.
Surtout, l’axe central (regroupement humaniste, progressiste et
réformiste allant des libéraux de droite aux sociaux libéraux de gauche en passant
par les libéraux sociaux du centre) est bien le fondement de sa constitution
Ce premier constat doit être évidement complété par l’importance
des postes dévolus à chaque courant politique.
Du côté de l’aile gauche de la majorité, on a le nombre
puisque pas moins de douze personnalités la représentent alors qu’elles ne sont
que huit du côté de l’aile droite et seulement quatre pour l’aile centriste
encore une fois très mal servie.
Quant à l’importance des postes, il est d’abord à noter que
les numéros deux, trois et cinq du gouvernement viennent de l’aile gauche alors
que venant de l’aile droite il y a le numéro un, le Premier ministre et les
numéros trois et quatre.
Ici, ailes gauche et droite sont dans une sorte d’égalité
Quant à l’aile centriste, sa première représentante vient en…
dixième position!
Du point de vue des attributions, il est plus difficile de
se prononcer.
L’aile droite semble l’emporter puisqu’elle a dans ses rangs
le Premier ministre, le ministre de l’Economie, le ministre de l’Intérieur et
le ministre de l’Education.
Cependant, on ne peut pas dire que les domaines d’intervention
des représentants de l’aile gauche soient de peu d’importance puisqu’on y
trouve celui de l’écologie qui doit être l’aiguillon principal de toute
politique (même si la relance économique possède la priorité), des affaires étrangères,
de la défense, de l’agriculture ou de la santé.
Est évidemment hors jeu l’aile centriste qui se retrouve avec
les relations avec les collectivités locales, avec le Parlement et a en charge la
mémoire et les anciens combattants ainsi que la mer…
Ce n’est évidemment qu’à l’analyse de l’action de la nouvelle
équipe et à la direction politique qu’elle recevra du Président de la
République que l’on pourra dire où se situe son point d’ancrage principal.
A ce sujet, juste avant la nomination de ses membres, Emmanuel
Macron avait déclaré:
«Le projet que j’ai porté en 2017 et
sur lequel les Français m’ont élu reste au cœur de ma politique. Mais il doit
s’adapter aux bouleversements internationaux et aux crises que nous vivons : un
nouveau chemin doit être dessiné. À chaque étape de la reconstruction de notre
pays, nous aurons à cœur de ne laisser personne au bord du chemin. Cette
reconstruction sera mise en œuvre par un gouvernement de mission et de
rassemblement.»
Il y a ici un rappel sans équivoque
à l’ambition du «en même temps» et d’une politique progressiste, à la fois,
libérale et sociale, identité principale de l’axe central, mais également une
référence non moins évidente à une situation du pays qui n’est plus du tout la
même qu’en 2017.
Et, au moment où le temps du social était venu, après la
remise à niveau économique qui avait toujours été le choix de la première phase
du quinquennat, avec néanmoins quelque retard du à la situation réelle de l’économie
du pays et aux mouvements de foule, voilà que l’épidémie de covid19 a frappé avec
comme impératif catégorique d’avant tout faire repartir la machine économique,
donc de privilégier l’économique au social par obligation.
De même, il est
important de se souvenir que sans l’«accident» Fillon en 2017, aujourd’hui la
France serait gouvernée par un Président de la République, un Gouvernement et
une majorité de droite.
Emmanuel Macron a profité de l’erreur de casting de LR qui a
préféré Fillon à Juppé (lui aussi représentant de l’axe central) pour se faire
élire puis avoir une large majorité de députés mais il n’a jamais oublié la
sociologie politique du moment – et elle s’est constamment rappelée à lui –, la
nomination d’Edouard Philippe à Matignon procédant de cette simple et évidente
constatation.
Comme l’est celle de Jean Castex, ancien conseiller de Nicolas
Sarkozy qui vient de remplacer Philippe au poste de Premier ministre.
En outre, il ne faut pas oublier que le «en même temps»
n’est pas à proprement parler une notion centriste qui lui préfère celle de «juste
équilibre».
Ayant dit cela, le «en même temps» d’Emmanuel Macron a bien
des attaches centristes dans la volonté de gouverner au centre, d’être, à la
fois, libéral et social et de rechercher le point de consensus ainsi qu’un
équilibre juste.
Il est bien une notion de l’axe central.
Mais si l’on peut mettre en pratique le «juste équilibre» et
tenter de s’y maintenir quel que soit l’environnement politique, économique et
social, ce n’est pas le cas du «en même temps» qui requiert des conditions
spécifiques pour qu’il puisse fonctionner.
Or, de par les événements qui se sont produits depuis le
début du quinquennat d’Emmanuel Macron ainsi de par les oppositions qu’il a
rencontrées dès le départ dans le monde politique mais également dans certains
groupes de la société, il a été lentement fracassé par ceux-ci et celles-là
même si rien ne prouve qu’il ne peut plus fonctionner.
In fine, on ne trouve pas, ni dans les propos tenus par le
Président de la République, ni dans la composition du nouveau gouvernement, ni
dans sa feuille de route des indications qui pourraient signifier un
infléchissement à droite ou à gauche de la politique suivie depuis trois ans maintenant
et qui a été le plus souvent centrale voire centriste malgré la pauvreté de ses
représentants dans les ministères.
Il n’est donc pas temps de faire des procès d’intention qui
n’ont d’autres buts que de discréditer une action et une équipe avant même que
la première se révèle et que la deuxième se soit mise à travailler.
Ce n’est qu’à l’usage que l’on saura exactement de quelle
couleur politique l’une et l’autre sont les plus proches.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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