Emmanuel Macron et Jean Castex |
«Reconstruire» et, surtout, «reconquête» sont parmi les maîtres
mots des discours officiels de Jean Castex (sans oublier évidemment celui d’«emploi»),
notamment ceux de politique générale qu’il a délivrés devant l’Assemblé nationale
et le Sénat.
Tout comme l’est encore celui de «réforme» mais avec des
enrobages comme celui de l’existence d’un «nouveau contexte» qui tend à
enfermer de manière stricte celle-ci dans celui-là voire à l’édulcorer
fortement.
Et puis un nouveau venu ou plutôt un ancien réhabilité,
celui de «réconciliation», certes encore peu utilisé mais qui, selon le Premier
ministre, est une «première ambition» qualifiée d’«immense».
Car voilà peut-être la principale ligne directrice de la
seconde et dernière partie du quinquennat d’Emmanuel Macron, réconcilier les Français
entre eux et avec leurs gouvernants.
Pour certains il ne s’agit que d’une posture électoraliste à
deux ans de la prochaine présidentielle.
Pour d’autres, ils se rappelleront que le Président de la
république a souvent utilisé, par le passé, réconcilier et réconciliation,
comme, par exemple, dans son premier discours après son élection, le 14 mai
2017 à l’Elysée où il affirmait, «j'aurai la volonté constante de réconcilier
et rassembler l'ensemble des Français».
De même dans le discours délivré au Congrès réuni à Versailles
en juillet 2017.
Il disait alors: «Ce qui nous est demandé par le peuple
français, c’est de renouer avec l’esprit de conquête qui l’a fait, pour enfin
le réconcilier avec lui-même.»
Ou encore:
«En retrouvant l’esprit de nos institutions, nous
redonnerons à la nation tout entière le sentiment de retrouver la maîtrise de
son destin et la fierté de reprendre en main le fil de son histoire. C’est la
condition même de la réconciliation de notre pays.»
La réconciliation fait donc partie intégrante du projet macronien
et du discours du Président.
En réalité, la réconciliation devait être la ligne
directrice de la deuxième partie du quinquennat alors que la réforme était
celle de la première partie.
Remettre d’abord la France à niveau avant de réunir et
redistribuer, tel était l’agenda d’Emmanuel Macron.
Mais les événements (des gilets jaunes à la covid19) en ont
décidé autrement.
Reste que la phase de réconciliation, si elle est dans l’ordre
des choses, à la fois par le programme proposé par Macron aux Français et par la
nécessité du moment, risque de porter un coup d’arrêt fatal à la phase de
réforme qui n’était pas encore terminée, ayant pris le retard que l’on sait.
On comprend le dilemme dans lequel se trouve aujourd’hui le
Président de la République.
Néanmoins, on se rappelle également que le cœur même de son
élection était la promesse de réformer la France, ce qui aurait permis ensuite
de la réconcilier.
Or, si la première phase reste inachevée dans ses objectifs affichés
pour le quinquennat (la réforme, elle, en tant qu’outil est une nécessité constante
de mise à niveau), cela risque d’empêcher une réelle réconciliation qui se fera
sur un socle bancal.
A moins que cette dernière partie de quinquennat ne soit pas,
comme l’on dit des commentateurs, d’inspiration sarkozyste mais plutôt chiraquienne
où l’on parle de réformes que l’on ne fait jamais pour privilégier, non pas une
réelle réconciliation, mais une paix politique et sociale.
Cela a certes permis à Jacques Chirac de faire deux mandats
mais, en même temps, a fait perdre un terrain immense à la France qu’elle paie
encore aujourd’hui.
C’est bien contre cet immobilisme «radsoc» comme le qualifiaient
certains en mémoire des politiques consensuelles mais immobiles d’une partie
des radicaux de la Troisième république et mis en pratique par Chirac, que Macron
été élu.
Tourner le dos à cette nécessité réformatrice serait une
sorte d’aveu d’échec même si l’on comprend bien l’importance de la nécessité
réconciliatrice.
Ici, l’on attend avec un réel intérêt ce que peut donner le «en
même temps».
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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