Donald Trump |
Comme l’avait prédit le candidat démocrate à la présidentielle, Joe Biden, Donald Trump vient de déclarer qu’il fallait reporter les élections de novembre prochain au motif totalement fallacieux que le vote par correspondance induirait la plus grande fraude électorale que les Etats-Unis connaitront de toute leur histoire.
Lorsqu’il avait mis en garde les Américains contre cette
tentative de torpiller la démocratie, le centriste avait été vilipendé par les
républicains et la chaine d’extrême-droite Fox news, accusé de n’être qu’un
complotiste de bas étage et de faire peur pour pouvoir remporter le scrutin…
Rappelons que, non seulement, le vote par correspondance est
une institution dans le pays depuis toujours, mais qu’il n’a jamais induit de
fraude notable.
D’ailleurs, Trump vote… par correspondance!
Rappelons également que le président des Etats-Unis n’a
strictement aucun pouvoir pour reporter quelque élection que ce soit sauf à faire
un coup d’Etat!
Rappelons, enfin, que les Etats-Unis, depuis leur création,
n’ont jamais reporté aucune élection, même pendant la Guerre de sécession, même
pendant la Première et la Deuxième guerres mondiales.
C’est le seul pays au monde dans ce cas.
Mais le mensonge de populiste démagogue a plusieurs
objectifs qui démontrent une fois de plus qu’il est un danger réel pour la
démocratie et qu’il est plus que temps de se débarrasser de lui.
D’abord, comme la plupart de ses provocations, insultes et
mensonges, il s’agit de détourner la population et les médias de la très grave
crise épidémique, économique, sociale et sociétale que vit le pays actuellement
largement de par son incurie et son incompétence.
Puis, très prosaïquement, il sait qu’il a toutes chances de
perdre l’élection et que la reporter peut lui permettre de garder le pouvoir un
peu plus longtemps et, qui sait?
Ainsi, si, pendant cette période, l’épidémie de la covid19
disparaissait «par miracle» – selon ses propres termes – alors que les 150.000
morts viennent d’être dépassés, voire qu’un vaccin était trouvé, et que l’économie
repartait (elle vient de chuter de plus de 32% au deuxième trimestre, du jamais
vu), il pourrait éventuellement inverser la tendance même s’il oublie qu’avant
la crise actuelle, il était déjà donné largement perdant.
Ensuite, son annonce était de tester combien d’élus républicains
allaient se ranger à son opinion.
Il a du être très déçu puisqu’aucune personnalité de premier
plan ne l’a soutenu, pire, pour lui, tous les leaders importants du parti ont
montré leur désaccord avec cette possibilité.
Surtout, il s’agit, à moins de 100 jours du scrutin, de
jeter un doute, voire le discrédit sur les résultats de novembre prochain,
comme il l’avait fait en 2016 où il avait déclaré qu’il ne reconnaitrait pas la
victoire d’Hillary Clinton (et qu’il continue à prétendre qu’elle n’a pas gagné
le vote populaire par près de trois millions de voix d’écart et que de
nombreuses fraudes gigantesques ont été commises sans pouvoir en apporter le
début du début d’une preuve).
Cela lui permettra de ne pas reconnaitre sa défaite, ce qu’aucun
candidat des deux grands partis n’a jamais fait (même pas Al Gore en 2000) et
jeter la suspicion sur le vainqueur.
Mais le plus grave et le plus dangereux, c’est le message
que Trump fait passer à ces soutiens les plus fanatiques, ceux qui manifestent avec
des armes de guerre dans les lieux de la démocratie américaine, ceux qui ont
des propos racistes, ceux qui appellent à la violence, ceux qui diffusent et
croient toutes les théories complotistes, ceux qui ne croient ni à la réalité
de la covid19, ni au nombre de morts qu’elle a causé.
Oui, Trump prépare son peuple à toutes les réactions
possibles en lui demandant d’être prêt à toutes les éventualités et à le
soutenir s’il ne voulait pas quitter la Maison blanche pacifiquement ou s’il
voulait fomenter des troubles après sa défaite.
Oui, il joue le jeu du pire en tentant de délégitimer la
victoire de Biden et de justifier toute action violente qui s’en suivrait par
ses excités de fans.
Fantasme que tout cela, croyez-vous?
A Washington, un groupe composé de hautes personnalités
républicaines et démocrates se réunit périodiquement pour envisager la situation
où Trump n’accepterait pas les résultats et tenterait par tous les moyens de se
maintenir au pouvoir, et se montre très préoccupé par sa capacité de nuisance
en la matière parce qu’il possède le pouvoir exécutif dont on sait qu’il permet
beaucoup de choses aux Etats-Unis.
Même si aucune institution comme l’armée n’a montré jusqu’à
présent la moindre envie de soutenir Trump dans de tels agissements, la simple
existence de ce groupe montre à quel point la situation est grave.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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