«Je veux tomber enceint», je dis.
«Mais, mon bon monsieur, me répond-on, les hommes ne le
peuvent pas!»
«Mais alors, pourquoi, je demande, les femmes seules et les
femmes homosexuelles peuvent tomber enceintes, je croyais qu’il fallait un
homme pour que cela marche?»
«Pour ne pas discriminer» on me répond.
«C’est pourquoi, je veux tomber enceint, je dis, pour que
les hommes ne soient pas discriminés!»
On comprend bien dans l’absurdité de ce petit dialogue
imaginaire que l’argument de la discrimination est complètement illégitime car,
en l’occurrence, en matière de procréation c’est la nature, ici, qui discrimine
depuis que l’humain est apparu comme espèce et, à moins de nous créer par
quelque médication ou opération hermaphrodite capable de s’inséminer, deux
femmes ou deux hommes ne seront jamais capables de donner naissance à un enfant
naturellement (c’est pourquoi ils font appel à des techniques où des hommes et
des femmes interviennent pour uniquement donner la vie sans aucune
préoccupation de la personne à qui ils la donnent).
Pour ce qui est de l’adoption par des couples homosexuels, la
question posée et non résolue faut-il encore le rappeler, est celle de
l’absence d’éventuels problèmes et séquelles dans le développement de l’enfant
et dans sa vie d’adulte.
Question qui se pose évidemment également pour la PMA pour
toutes mais à laquelle se surajoute la conception même d’un enfant à naître
donc qui n’existe pas en dehors de ce projet de désir/plaisir d’un ou deux
individus.
Cependant, et c’est là l’essentiel, in fine, dans les deux
cas, on se préoccupe d’abord du droit à l’enfant (enfant objet) puis, de
manière auxiliaire, du droit de l’enfant (enfant sujet) quand on s’en préoccupe
tout court.
En tant que défenseur intransigeant du droit des enfants,
permettez-moi de ne pas être d’accord sur ce que je considère comme une
inversion des valeurs.
Je veux préciser immédiatement que je ne suis pas et je n’ai
jamais été pour les thèses de l’introuvable «famille traditionnelle», ce n’est
pas ce qui me motive, ce n’est jamais ce qui m’a motivé.
Alors, parlons du droit des enfants, seule référence
acceptable ici.
Nous sommes des sortes de dieux, nous, humains et animaux
(certains prétendent que les plantes aussi), qui sommes capables de donner ce
qui est le plus sacré: la vie.
Mais ce qui nous caractérise par rapport à la plupart des
animaux (et aux plantes), c’est que, nous, humains modernes, nous sommes
conscients de ce pouvoir de procréation et de son importance et que nous avons
les moyens de la provoquer avec des techniques et pas simplement la donner
naturellement.
Dès lors, cette conscience dans notre capacité à donner la
vie, à faire exister un être nous impose de réfléchir à cet acte, en regard de
nos valeurs humanistes, sur nos comportements moraux et éthiques.
D’autant que nous sommes capables de créer la vie en dehors
du processus naturel et donc de pouvoir offrir un enfant à une personne qui ne
pourrait pas en avoir normalement, soit à cause de problèmes médicaux, soit par
orientation sexuelle.
En un mot, notre pouvoir procréateur, dans une société
humaine du XXI° siècle, doit nous amener à considérer avant tout nos devoirs sur
l’être que nous créons, faisons naître et impliquons dans l’existence terrestre
et non les droits que nous avons sur lui, notre droit de l’avoir sur son droit
d’être.
Que les esprits chagrins se rassurent: donner un cadre
comportemental à partir des valeurs qui fondent nos sociétés fait bien partie
de nos devoirs.
Il ne s’agit pas de faire de l’enfant un roi, ce qui n’a
jamais existé, comme nous, nous nous considérons souvent comme des
tout-puissants notamment vis-à-vis… de nos enfants!
Non, il s’agit de ne pas faire des adultes des empereurs sans
conscience et sans responsabilité et, plus simplement, de parler des droits de
l’enfant avant les nôtres, de nos devoirs avant les siens, de son bienêtre
avant nos désirs.
Et ici une évidence: nous devons éviter toute action légale
qui peut avoir un effet négatif sur la vie de l’enfant et son développement.
Nous devons ainsi éviter que la société autorise des
pratiques dont nous ne sommes pas capables d’apprécier les conséquences.
Et c’est le cas pour ce qui est de la PMA pour toutes et de
l’adoption par tous.
Ce devoir catégorique est incontournable pour tout humaniste
alors que l’opposition à la PMA pour toutes et à l’adoption par tous peut
n’être que conjoncturelle s’il existe un consensus d’études sérieuses et
incontestables qui nous démontrent l’innocuité de ces actes.
Ce qui n’est absolument pas le cas actuellement malgré les
affirmations des promoteurs de la PMA pour toutes et de l’adoption par tous.
Mais c’est bien alors le principe de précaution qui doit
guider nos décisions en la matière parce qu’il en va de la vie d’un être
humain.
Enfin, pour les esprits chagrins évoqués plus haut et qui
feront en sorte de me cataloguer comme un opposant aux personnes LGTBQ+, je
tiens à leur rappeler que j’estime qu’elles sont égales à toutes les autres
personnes donc doivent voir leur dignité reconnues de la même manière et
qu’elles doivent bénéficier exactement des mêmes droits mais comme pour tout
autre personne si ceux-ci ne vont pas à l’encontre de la dignité de certains, s’ils
ne nient pas leurs droits.
Or c’est bien de cela qu’il s’agit dans le débat sur leurs
droits à l’enfant aujourd’hui.
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