Daniel Cohn-Bendit
publiquement regretté que la majorité s’oppose à EELV (Europe écologie
les verts) lors du deuxième tour des élections municipales.
Il a ainsi dénoncé ce qu’il qualifie de «folie anti-écolo»
de LaREM qui serait, selon lui, «inutile et contre productive», ajoutant, «c’est
vraiment idiot de construire un rempart anti-écolo».
On pourrait rétorquer au trublion de la politique dont on ne
sait jamais très bien où il se trouve sur l’échiquier partisan – ce qui est
loin d’être une qualité quand on fait de la politique – que c’est d’abord EELV
qui s’oppose frontalement à la majorité, au Gouvernement et au Président de la
république.
Dernier épisode en date, faut-il lui rappeler, les insultes
de Julien Bayou, son secrétaire national à l’encontre d’Emmanuel Macron, lequel
s’est permis de déclarer à propos d’un possible report des élections régionales
évoqué par ce dernier que «c’est une phrase de voyou que Balkany aurait pu
penser mais pas prononcer».
Bayou n’en est pas à ses premières insultes et critiques haineuses
à l’encontre du chef de l’Etat qu’il accuse de mener le pays «au précipice», le
comparant au président brésilien populiste démagogue et extrémiste de droite,
Bolsonaro, et n’hésitant pas à dire que «la politique qu'il mène c'est la pire
depuis Laval».
Un Bayou qui également
expliqué qu’il voulait que EELV soit une «alternative» à LaREM.
On n’a pas oublié non plus que EELV a, non seulement, défilé
avec les gilets jaunes mais que son candidat aux présidentielles de 2017 et
eurodéputé, Yannick Jadot, a publiquement appelé «à ce que des gilets jaunes
nous rejoignent».
Un Jadot qui n’a pas hésité à accuser Emmanuel Macron de reprendre
les «thèmes» et les «propositions» de Marine Le Pen et à affirmer qu’«aujourd'hui,
il ne fait pas que souffler sur les braises: il est en train de mettre le feu à
notre société» et qu’il «est en train d'organiser la victoire» de l'extrême
droite.
Une sénatrice du parti, Esther Benbassa, a même posé en photo
avec des personnes, dont une petite fille, portant une étoile jaune lors d’une
manifestation contre la soi disant islamophobie du pouvoir en place en faisant explicitement
une comparaison de la situation actuelle des musulmans en France avec celle de
la shoah et le gazage de millions de juifs par les nazis.
Quand aux alliances pour ces municipales entre LaREM et
EELV, Cohn-Bendit a sans doute «oublié» qu’au soir du premier tour, la candidate
LaREM à la mairie de Lille, Violette Spillebout, avait tendu la main à Stéphane
Baly, le candidat EELV, et que celui-ci avait répondu: «politiquement j’ai un
ennemi qui est LaREM».
Avouez qu’il y a sans doute de meilleurs «alliés politiques»
que ceux-là pour LaREM, cher monsieur Cohn-Bendit!
Mais la contrevérité la plus flagrante de ses propos, c’est
d’affirmer que s’opposer à EELV, c’est s’opposer aux écologistes.
Or, ce n’est pas parce que l’on combat EELV et son
positionnement à la gauche de la Gauche ainsi que ses dérives totalitaires (dans
les propos mais également dans certaines mesures d’«écologie punitive» prises par
les municipalités où ses représentants font partie de l’équipe dirigeante) que
l’on n’est pas écologiste, que l’on ne souhaite pas une politique écologiste et
qu’en l’espèce, pour LaREM, on ne soutienne pas une politique fortement teintée
d’écologie de la part du gouvernement.
Car, il «oublie» également de rappeler que le courant
écologique incarné par EELV vient majoritairement de l’extrême-gauche (et un
peu de la mouvance libertaire) et s’est toujours positionné contre la démocratie
républicaine libérale.
Issus des groupuscules radicaux de mai 68, ses premiers
militants voyaient dans l’écologie, tout autant une lutte pour l’environnement
qu’un mode de vie et, surtout, un moyen de contester l’ordre démocratique en place.
Le cas n’est pas spécifique à la France mais il a été particulièrement
prégnant dans notre pays.
Et après une tentative de se lester de ses idéologues très
souvent peu démocrates, EELV est retombée dans une radicalité qui n’est pas sans
lien avec un opportunisme de circonstance par l’instrumentalisation de la lutte
contre le réchauffement climatique qui devient une arme offensive pour le parti
contre la démocratie républicaine libérale.
Cependant, il n’y a jamais eu une homogénéité du mouvement
environnemental et écologique français.
Depuis toujours, on trouve des écologistes un peu partout
sur l’échiquier partisan, sans oublier de rappeler que les premiers militants
défenseurs de la nature se trouvaient souvent à l’extrême-droite, vénérant celle-ci
comme faisant partie intégrante de leurs mythes idéologiques.
On comprend bien qu’il n’y a pas de réelle possibilité d’alliance
de la part des centristes et des représentants de l’axe central avec un parti
qui les combat frontalement depuis 2017 même si l’on trouve, malheureusement,
des alliances locales, non pas avec des «écologistes», monsieur Cohn-Bendit, mais,
en l’occurrence avec ceux d’une formation de gauche radicale qui défend prioritairement
une vision particulière de la lutte pour l’environnement.
Mais cette impossibilité, encore une fois, vient bien d’EELV
et non pas de LaREM, remettons les choses à leur place.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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