La montée identitaire est une des conséquences de la montée
de l’autonomisation irresponsable, égocentrique, assistée, insatisfaite,
irrespectueuse et revendicative de l’individu – celle qui demande une sur-égalité,
un sur-respect et une sur-dignité par rapport aux autres – tout autant qu’elle
en est une des causes.
Mais elle n’est certainement pas, comme on entend certains
le dire, une excroissance de l’individualisme, elle en est plutôt le dévoiement
extrême ainsi que celui de son concept central, l’individualité.
Si les revendications identitaires veulent séparer et
opposer, l’individualisme, lui, veut garantir à l’individu responsable la
protection de son individualité dans un monde où nous vivons ensemble, donc où
nous respectons l’autre autant que nous-mêmes, où nous sommes semblables dans
nos différences ontologiques et non de communautés tout autant fantasmées que
séparatistes dans leur essence et dont on ne peut trouver aucune légitimité dans
la nature, n’étant que des constructions culturelles.
La notion de race est, par exemple, totalement liée au
discours identitaire mais n’a pas sa place dans celui de l’individualisme.
De même, les cultures communautaires sont l’apanage des
théories identitaires alors que seule la culture mondiale composée d’une
myriade de cultures individuelles est celle de l’individualisme.
Et le respect de la personne trouve son point d’ancrage dans
l’individualisme et certainement pas dans le communautarisme identitaire qui la
réduit à n’être qu’un élément d’un tout qui doit allégeance à cette condition
existentielle.
Quand les identitaires veulent séparer, les individualistes
veulent associer.
Quant les identitaires veulent que certains groupes soient
plus égaux que d’autres, les individualistes considèrent que tous sont
également égaux dans leurs différences individuelles et non collectives.
Quand les identitaires instrumentalisent la liberté pour
tenter de la bâillonner, les individualistes la réclament pour tous sans autre
restriction que celle des autres.
L’individualisme parle à la personne quand le
communautarisme la noie dans un groupe, pire l’emprisonne dans celui-ci, lui
déniant sa réelle différence, son individualité qui n’est et ne peut jamais
être réductible à l’identité d’une quelconque communauté.
C’est pourquoi l’individualisme est profondément humaniste
en tant qu’il part de l’humain, de sa dignité, de son individualité
irréductible, de son droit ontologique à la liberté alors que le
communautarisme recèle en lui tous les interdits des idéologies totalitaires.
Les identitaires communautaristes, eux, se servent de
revendications individualistes pour imposer leurs discours et leurs volontés
alors même qu’ils tournent le dos à tout ce que l’individualisme défend.
C’est pourquoi, tout discours qui oppose est une attaque
contre la dignité humaine alors que tout discours qui reconnait l’individualité
de chacun et de tous porte haut les valeurs humanistes parce qu’à la base, il
reconnait à chacun sa différence et le respect qui lui est du dans une égalité
parfaite.
L’identité rattachée à un groupe quelconque n’est le plus
souvent qu’une duperie alors que l’individualité est le fondement même de la
substance ontologique de chacun, en définitive le lieu de sa vraie identité.
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