Emmanuel Macron |
Lors de son intervention télévisée du 14 juin, Emmanuel Macron n’a pas fait d’annonces particulièrement importantes, indiquant que celles-ci se feront plutôt à partir du mois de juillet.
Le Président de la République, tout en indiquant la généralisation
de déconfinement à tout le pays (sauf Mayotte et la Guyane) avec encore quelques
restrictions sur certaines activités, a surtout voulu donner quelques grands axes
sur le «plan de reconstruction» qu’il prépare et qui sera «économique, écologique et solidaire».
Avec cet impératif: «nous
devons faire pleinement repartir notre économie en continuant de protéger les
plus fragiles», c'est-à-dire les aînés, les plus pauvres et les jeunes par une «relance
solidaire».
L’objectif:
«Ouvrir une nouvelle étape afin de retrouver pleinement la
maîtrise de nos vies, de notre destin, en France et en Europe.»
Et il a poursuivi:
«Ce sera la priorité des deux années à venir que je veux
utiles pour la nation. C’est aussi le cap de la décennie que nous avons devant
nous. Retrouver notre indépendance pour vivre heureux et vivre mieux.»
Il a ainsi indiqué que ce plan se ferait avec l’Europe et qu’il
s’agissait de mettre en place «une économie forte, écologique, souveraine et
solidaire».
Car, «la seule réponse est de bâtir un modèle économique
durable, plus fort, de travailler et de produire davantage pour ne pas dépendre
des autres».
Et cela dans un contexte difficile puisque «notre pays va
connaître des faillites et des plans sociaux multiples en raison de l’arrêt de
l’économie mondiale».
Pour autant, cela se fera sans augmenter les impôts et en
évitant au maximum les licenciements.
En cette dernière matière, il estime qu’«il nous faut créer
de nouveaux emplois en investissant dans notre indépendance technologique,
numérique, industrielle et agricole» et que cela passe par la mise en place d’«un
vrai pacte productif».
Emmanuel Macron a aussi
évoqué l’actualité des manifestations contre le racisme et les violences
policières.
Il a d’abord affirmé que «Nous unir autour du patriotisme
républicain est une nécessité».
Puis il s’est voulu ferme sur les principes:
«Nous serons intraitables face au racisme, à l’antisémitisme
et aux discriminations et de nouvelles décisions fortes seront prises. Mais ce
combat noble est dévoyé lorsqu’il se transforme en communautarisme, en
réécriture haineuse ou fausse du passé. Ce combat est inacceptable lorsqu’il
est récupéré par les séparatistes. Je vous le dis très clairement ce soir mes
chers compatriotes, la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son
Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt
lucidement regarder ensemble toute notre Histoire (…) avec une volonté de
vérité et en aucun cas de revisiter ou de nier ce que nous sommes.»
Quant aux forces de l’ordre, il leur a rendu un hommage appuyé:
«Nous ne bâtirons pas davantage notre avenir dans le
désordre. Sans ordre républicain, il n’y a ni sécurité, ni liberté. Cet ordre,
ce sont les policiers et les gendarmes sur notre sol qui l’assurent. Ils sont
exposés à des risques quotidiens en notre nom, c’est pourquoi ils méritent le
soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la Nation.»
► Voici l’intégralité
de l’intervention d’Emmanuel Macron
Je veux ce soir vous parler des jours qui viennent, de notre
organisation face à l’épidémie, tirer les premières leçons de cette crise, et dessiner
en quelques lignes notre nouveau chemin.
A partir de demain, nous allons pouvoir tourner la page du
premier acte, en quelques sortes, de la crise que nous venons de traverser,
Dès demain, tout le territoire - à l’exception de Mayotte et
de la Guyane où le virus circule encore activement - tout le territoire donc
passera dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « zone verte », ce qui
permettra notamment une reprise plus forte du travail, et la réouverture des
cafés et restaurants en Île-de-France.
Dès demain, il sera à nouveau possible de se déplacer entre
les pays européens. Et à partir du 1er juillet, nous pourrons nous rendre dans
les Etats hors d’Europe où l’épidémie sera maîtrisée.
Dès demain, en hexagone comme en Outre-mer, les crèches, les
écoles, les collèges se prépareront à accueillir à partir du 22 juin tous les
élèves, de manière obligatoire et selon les règles de présence normale.
Il faudra continuer d’éviter au maximum les rassemblements
car nous savons qu’ils sont les principales occasions de propagation du virus :
ils resteront donc très encadrés.
Le second tour des élections municipales pourra se dérouler,
dans les communes concernées, le 28 juin.
Enfin, pour nos aînés en maisons de retraite ou en
établissements, les visites devront désormais être autorisées.
Nous allons donc pouvoir retrouver le plaisir d’être
ensemble, de reprendre pleinement le travail mais aussi de nous divertir, de
nous cultiver.
Nous allons retrouver pour partie notre art de vivre, notre
goût de la liberté. En somme, nous allons retrouver pleinement la France.
Cela ne signifie pas que le virus a disparu et que nous
pouvons baisser totalement la garde. Il nous faudra pour longtemps encore vivre
avec lui, respecter les règles de distance physique, l’été 2020 ne sera pas un
été comme les autres, et il nous faudra veiller à l’évolution de l’épidémie
pour nous préparer au cas où elle reviendrait avec plus de force.
La lutte contre l’épidémie n’est donc pas terminée mais je
suis heureux, avec vous, de cette première victoire contre le virus. Et je veux
ce soir penser avec émotion à nos morts, à leurs familles, dont le deuil a été
rendu plus cruel encore en raison des contraintes de cette période.
Clore aujourd’hui le moment entamé avec le début du
confinement n’avait rien d’une évidence.
Si nous pouvons rouvrir le pays, c’est parce qu’à chaque
étape de l’épidémie chacun a pris sa part. Le Premier ministre et le
Gouvernement ont travaillé d’arrache-pied, le Parlement s’est réuni, l’Etat a
tenu, les élus de terrain se sont engagés.
Le 16 mars, nous avons fait le choix humaniste de placer la
santé au-dessus de l’économie en vous demandant de rester chez vous. Vous avez
alors fait preuve d’un sens des responsabilités admirable. Et grâce à
l’engagement exceptionnel de nos soignants et de toutes les équipes, l’ensemble
des malades qui en avaient besoin ont pu être pris en charge à l’hôpital ou
dans la médecine de ville.
Grâce à tous ceux qui parmi vous ont continué à travailler,
malgré l’angoisse bien souvent, pour assurer les services essentiels à la
Nation, nous avons pu nous nourrir et continuer de vivre.
Lorsque le 13 avril dernier, je vous ai annoncé une sortie
du confinement à partir du 11 mai - je sais que beaucoup alors le déconseillaient,
il n’y avait pas de consensus, les avis étaient très différents y compris parmi
les scientifiques – mais nous avons collectivement et méthodiquement préparé ce
qu’on a appelé le déconfinement. Là encore, tout le monde a travaillé
d’arrache-pied, nous avons surmonté les craintes, les angoisses. Et vous êtres
ressortis à nouveau et avez repris le travail. Nous avons bien fait. Nos
usines, nos commerces, nos entreprises ont pu redémarrer.
La nouvelle étape qui s’ouvre à partir de demain va
permettre d’accélérer la reprise. Il le faut et là aussi je compte sur vous.
Car nous devons faire pleinement repartir notre économie en continuant de
protéger les plus fragiles.
Nous n’avons pas à rougir mes chers compatriotes de notre
bilan. Des dizaines de milliers de vies ont été sauvées par nos choix, par nos
actions. Nous avons su doubler en quelques jours nos capacités de réanimation,
organiser des transferts de centaines de patients entre régions et avec les
pays voisins, approvisionner les commerces, réorienter notre production
industrielle, inventer des solidarités nouvelles.
La période a montré que nous avions du ressort, de la
ressource. Que, face à un virus qui nous a frappés plus tôt et plus fort que
beaucoup d’autres, nous étions capables d’être inventifs, réactifs, solides.
Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait et de notre
pays.
Bien sûr cette épreuve a aussi révélé des failles, des
fragilités : notre dépendance à d’autres continents pour nous procurer certains
produits, nos lourdeurs d’organisation, nos inégalités sociales et
territoriales.
Je veux que nous tirions toutes les leçons de ce que nous
avons vécu et avec vous comprendre ce que nous avons mieux réussi ou moins bien
réussi que nos voisins. Nos forces, nous les conforterons, nos faiblesses, nous
les corrigerons vite et fort.
Le moment que nous traversons et qui vient après de
nombreuses crises depuis quinze ans, nous impose d’ouvrir une nouvelle étape
afin de retrouver pleinement la maîtrise de nos vies, de notre destin, en
France et en Europe.
Ce sera la priorité des deux années à venir que je veux
utiles pour la Nation.
C’est aussi le cap de la décennie que nous avons devant
nous. Retrouver notre indépendance pour vivre heureux et vivre mieux.
Avec l’épidémie, l’économie mondiale s’est quasi-arrêtée.
Notre première priorité est donc d’abord de reconstruire une
économie forte, écologique, souveraine et solidaire.
Depuis le premier jour de la crise, notre mobilisation est
totale. « Quoiqu’il en coûte » : tel était l’engagement que j’avais pris devant
vous dès le mois de mars. Chômage partiel, prêts aux entreprises,
accompagnement des commerçants, des indépendants, soutien des plus précaires :
tout a été mis en œuvre par le Gouvernement pour sauvegarder nos emplois et
pour aider chacun. Nous avons décidé des plans massifs pour les secteurs les
plus durement touchés : l’industrie automobile, l’aéronautique, le tourisme, la
culture, la restauration, l’hôtellerie, et nous poursuivrons. Au total, nous
avons mobilisé près de 500 milliards d’euros pour notre économie, pour les
travailleurs, pour les entrepreneurs, mais aussi pour les plus précaires. C’est
inédit. Et je veux ce soir que vous le mesuriez aussi pleinement. Dans combien
de pays tout cela a-t-il était fait ? C’est une chance et cela montre la force
de notre Etat et de notre modèle social.
Ces dépenses se justifiaient et se justifient en raison des
circonstances exceptionnelles. Mais elles viennent s’ajouter à notre dette déjà
existante. Nous ne les financerons pas en augmentant les impôts : notre pays
est déjà l’un de ceux où la fiscalité est la plus lourde, même si depuis trois
ans nous avons commencé à la baisser. La seule réponse est de bâtir un modèle
économique durable, plus fort, de travailler et de produire davantage pour ne
pas dépendre des autres. Et cela, nous devons le faire, alors même que notre
pays va connaître des faillites et des plans sociaux multiples en raison de
l’arrêt de l’économie mondiale.
C’est pourquoi, j’assumerai avec vous, avec toutes les
forces de notre pays, avec le tissu de nos entreprises, avec nos salariés comme
nos indépendants, nos corps intermédiaires, je m’engagerai dans cette
reconstruction économique.
Il nous faut d’abord tout faire pour éviter au maximum les
licenciements. C’est pour cela qu’avec les syndicats et le patronat, nous
avons lancé une négociation pour que, dans toutes les entreprises, nous
arrivions à préserver le plus d’emplois possible malgré les baisses d’activité.
Il nous faut créer de nouveaux emplois en investissant dans
notre indépendance technologique, numérique, industrielle et agricole. Par la
recherche, la consolidation des filières, l’attractivité et les relocalisations
lorsque cela se justifie. Un vrai pacte productif.
Il nous faut créer les emplois de demain par la reconstruction
écologique qui réconcilie production et climat : avec un plan de modernisation
du pays autour de la rénovation thermique de nos bâtiments, des transports
moins polluants, du soutien aux industries vertes. Cela passera aussi par
l’accélération de notre stratégie maritime, nous qui sommes la deuxième
puissance océanique mondiale. La convention citoyenne rendra dans quelques
jours son travail, qui contribuera à ce projet.
Cette reconstruction doit aussi être sociale et solidaire.
Une relance par la santé comme nous avons commencé à le faire avec la
négociation du Ségur qui, non seulement revalorisera les personnels soignants
mais permettra de transformer l’hôpital comme la médecine de ville par des
investissements nouveaux et une organisation plus efficace et préventive.
Une relance solidaire qui permettra de mieux protéger nos
aînés, mieux protéger aussi les plus pauvres d’entre nous.
Une relance sociale et solidaire enfin, par un
investissement massif pour l’instruction, la formation, et les emplois de notre
jeunesse. Nous le lui devons : nous lui avons tant demandé durant la période.
Elle va encore avoir un été et une rentrée si difficile et c’est elle qui porte
la dette écologique et budgétaire.
Ce plan de reconstruction se fera avec l’Europe qui, après
des débuts timides, s’est hissée à la hauteur du moment. L’accord
franco-allemand autour d’un endettement conjoint et d’un plan d’investissement
pour redresser l’économie du continent est un tournant historique. En
empruntant pour la première fois ensemble, avec la chancelière d’Allemagne,
nous proposons aux autres Etats européens de dire « nous » plutôt qu’une
addition de « je ». C’est le résultat d’un travail acharné, initié par la
France, et que nous menons depuis trois ans. Ce peut être là, une étape inédite
de notre aventure européenne et la consolidation d’une Europe indépendante qui
se donne les moyens d’affirmer son identité, sa culture, sa singularité face à
la Chine, aux Etats-Unis et dans le désordre mondial que nous connaissons. Une
Europe plus forte, plus solidaire, plus souveraine. C’est le combat que je
mènerai en votre nom dès le conseil européen de juillet et dans les deux années
à venir.
Cette reconstruction économique, écologique et solidaire
sera la clé notre indépendance. Elle sera préparée durant tout l’été avec les
forces vives de notre Nation pour être mise en œuvre au plus vite.
L’indépendance de la France pour vivre mieux exige aussi
notre unité autour de la République. Tel est le deuxième axe de cette nouvelle
étape. Je nous vois nous diviser pour tout et parfois perdre le sens de notre
Histoire. Nous unir autour du patriotisme républicain est une nécessité.
Nous sommes une Nation où chacun, quelles que soient ses
origines, sa religion doit trouver sa place. Est-ce vrai partout et pour tout
le monde ? Non.
Notre combat doit donc se poursuivre, s’intensifier pour
permettre d’obtenir les diplômes et les emplois qui correspondent aux mérites
et talents de chacun et lutter contre le fait que le nom, l’adresse, la couleur
de peau réduisent encore trop souvent encore l’égalité des chances que chacun
doit avoir.
Nous serons intraitables face au racisme, à l’antisémitisme
et aux discriminations et de nouvelles décisions fortes seront prises.
Mais ce combat noble est dévoyé lorsqu’il se transforme en
communautarisme, en réécriture haineuse ou fausse du passé. Ce combat est
inacceptable lorsqu’il est récupéré par les séparatistes.
Je vous le dis très clairement ce soir mes chers
compatriotes, la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son
Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt
lucidement regarder ensemble toute notre Histoire, toutes nos mémoires, notre
rapport à l’Afrique en particulier, pour bâtir un présent et un avenir
possible, d’une rive l’autre de la Méditerranée avec une volonté de vérité et
en aucun cas de revisiter ou de nier ce que nous sommes.
Nous ne bâtirons pas davantage notre avenir dans le
désordre.
Sans ordre républicain, il n’y a ni sécurité, ni liberté.
Cet ordre, ce sont les policiers et les gendarmes sur notre sol qui l’assurent.
Ils sont exposés à des risques quotidiens en notre nom, c’est pourquoi ils
méritent le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la
Nation.
Enfin, il me reviendra avec vous de bâtir de nouveaux
équilibres dans les pouvoirs et les responsabilités. C’est le troisième axe que
je vois à cette nouvelle étape. J’en ai la conviction profonde : l’organisation
de l’Etat et de notre action doit profondément changer.
Tout ne peut pas être décidé si souvent à Paris.
Face à l’épidémie, les citoyens, les entreprises, les
syndicats, les associations, les collectivités locales, les agents de l’Etat
dans les territoires ont su faire preuve d’ingéniosité, d’efficacité, de
solidarité.
Faisons-leur davantage confiance. Libérons la créativité et
l’énergie du terrain.
C’est pourquoi je veux ouvrir pour notre pays une page
nouvelle donnant des libertés et des responsabilités inédites à ceux qui
agissent au plus près de nos vies, libertés et responsabilités pour nos
hôpitaux, nos universités, nos entrepreneurs, nos maires et beaucoup d’autres
acteurs essentiels.
Ce projet d’indépendance, de reconstruction n’est possible
que parce que, depuis trois ans, nous avons mené un travail sans relâche pour
l’éducation, l’économie, la lutte contre les inégalités dans notre pays. Parce
qu’aussi nous nous sommes battus pour notre projet européen et notre place dans
l’ordre international.
Je ne crois pas que surmonter les défis qui sont devant nous
consiste à revenir en arrière, non.
Mais les temps imposent de dessiner un nouveau chemin. C’est
ainsi que chacun d’entre nous doit se réinventer comme je l’ai dit et que nous
devons collectivement faire différemment et vous l’avez compris ce que j’ai
commencé ce soir à esquisser, je me l’applique d’abord et avant tout à
moi-même.
C’est dans cet esprit de concorde que j’ai demandé aux
Présidents des deux chambres parlementaires et du Conseil économique, social et
environnemental de proposer quelques priorités susceptibles de rassembler le
plus grand nombre. C’est aussi dans cet esprit que j’ai engagé des
consultations larges que je poursuivrai durant les prochains jours.
Je m’adresserai à vous en juillet pour préciser ce nouveau
chemin, lancer les premières actions. Et cela ne s’arrêtera pas.
Nous avons devant nous des défis historiques.
Pour les relever, n’oublions jamais nos forces : notre
histoire, notre jeunesse, notre sens du travail et de l’engagement, notre
volonté de justice, notre capacité de créer pour dire et changer le monde,
notre bienveillance.
Agissons ensemble avec toutes ces forces chevillées au
corps.
Ayons ensemble cette volonté de conquérir, cette énergie du
jour qui vient.
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