Par Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international,
centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Les personnels médicaux peuvent être satisfaits: une grande
réforme du système de santé va être mis en place le plus rapidement possible et
elle sera radical comme vient de l’annoncer Emmanuel Macron.
«Il faut qu’on trouve d’autres modes de régulation, qui
partent du bas et du soin, et plus d’une logique budgétaire mais d’une logique
sanitaire», a-t-il ainsi déclaré.
Evidemment, le covid19 y est bien pour quelque chose ainsi
que la crainte que les revendications des professionnels de la santé soient
désormais encore plus massivement soutenus par une population reconnaissante de
leur implication dans l’épidémie et l’inquiétude qu’elle soit récupérée et
instrumentalisée par les populistes démagogues qui rêvent d’une insurrection et
d’une convergence des luttes comme on a pu entendre le dire certains
personnages qui furent au cœur du mouvement de déstabilisation de la démocratie
et de la république lors du mouvement de foule des gilets jaunes.
En passant, disons que surfer sur un virus qui a fait des
centaines de milliers de morts et continue à tuer, voilà qui en dit long sur la
noirceur et la saleté de ces énergumènes qui se rassemblent tous les samedis.
Mais il faut y ajouter la réelle prise de conscience que ce
système de santé avait des carences et, surtout, une réaction émotive à la
crise sanitaire que nous sommes toujours en train de vivre, certes avec moins
d’intensité mais qui pourrait revenir à plus ou moins court terme.
Pour autant, fallait-il annoncer que l’on va tout chambouler,
que l’on va faire le contraire de ce que l’on a fait jusqu’à présent et que l’on
va accéder à toutes les demandes des personnels de santé même les plus corporatistes?
Voilà qui n’est guère rassurant pour la pérennité d’un
système de soins qui, certes, nécessite des réformes suite aux carences constatées
lors de cette épidémie mais qui nécessite tout autant qu’on continue à le
structurer pour mettre fin aux dérives du passé et éviter celles de l’avenir.
Car de quoi on parle?
La santé en France possède des atouts indéniables qui ont
montré leur force ces dernières semaines et rien ne dit, pour l’instant, qu’il a
failli plus que d’autres, comme celui de l’Allemagne par exemple, qui serait
bien plus efficace selon une campagne médiatique récurrente.
Or, cela n’était pas le cas avant l’arrivée du covid19 et la
crise que le virus a suscitée est trop atypique pour que l’on puisse en tirer
des conclusions trop hâtives.
Certes, certaines décisions prises ces dernières décennies
ont montré leurs limites avec parfois la nécessité de les annuler ou de les adapter.
On pense notamment au numerus clausus qui avait un sens il y
a trente ans afin de limiter un nombre de médecins qui augmentait de manière
exponentielle mais qui est un frein, aujourd’hui, à un renouvellement du corps
médical.
En revanche, les efforts de rationalisation des soins notamment
par l’évaluation des pratiques médicales ne doit pas faire les frais de l’émotion
suscitée par l’épidémie actuelle.
On rappelle que pendant très longtemps les médecins ont
refusé que l’on évalue leur art, affirmant qu’ils ne pouvaient être jugés sur
les traitements qu’ils donnaient à leurs patients.
Ce qui permettait à nombre d’entre eux, non seulement, de
dépenser sans compter, mais aussi de prescrire des médicaments et des soins
dont on s’est aperçu au fil du temps qu’ils n’avaient aucun effet thérapeutique
avéré.
En outre, il ne faut pas oublier que l’on a du attendre la
deuxième décennie du XXI° siècle pour dérembourser l’homéopathie que l’on savait
scientifiquement inefficace depuis plus de 30 ans!
Et que l’on continue à rembourser les cures thermales qui n’ont
jamais prouvé leur utilité en tant que médicament…
Ces deux exemples caricaturaux sont loin d’être les seuls
résultats positifs de l’évaluation.
La mise en place de protocoles d’évaluation et de vérification
des effets thérapeutiques a été un bienfait qu’il ne faut surtout pas abandonner.
De même, la fermeture de lits ou la réorientation de certains
d’entre eux ont été des mesures pertinentes même si elles ont fait enrager les
équipes médicales qui les perdaient.
La production de médicaments génériques, dont on rappelle au
passage que nombre de médecins l’ont critiquée, a permis des économies substantielles
qui ont permis elles-mêmes de financer des secteurs et des recherches dédiées à
certaines pathologies qui le nécessitaient.
Il ne faut donc surtout pas crier haro sur une gestion plus
rigoureuse du système de soins car il en va de sa survie.
Vouloir donc réduire la rationalisation et l’évaluation des
soins à une simple mesure comptable comme ont tenté de le faire depuis leur
mise en œuvre des lobbys médicaux, est une hérésie, à la fois, parce qu’elles
ont permis d’avoir de meilleures pratiques médicales, donc de meilleurs résultats
pour les patients, et parce que cela a permis de dépenser l’argent des contribuables
et des assurés sociaux plus efficacement.
Revenir en arrière, guidé par l’affect, sous pression de l’émoi
naturel suscité par le covid19, serait une erreur politique que nous paierions certainement
un jour ou l’autre.
Alors, oui, une réforme d’ajustement est sûrement nécessaire
pour prendre en compte tout ce qu’a révélé la crise épidémique que nous vivons.
Non, tout ce qui a été fait jusqu’à maintenant n’était pas
une erreur comme semble le suggérer Emmanuel Macron.
Aris de Hesselin et Alexandre Vatimbella
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