Par Jean-François Borrou
Assemblée nationale |
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée
centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un
journaliste proche des idées centristes.
Or donc un nouveau groupe a été formé à l’Assemblée nationale.
Il n’est pas composé d’une cinquantaine de membres comme ont
voulu nous le faire croire ses créateurs – et des médias en quête de sensationnalisme
anti-Macron – il y a quelques semaines, ni même de la vingtaine qu’ils
revendiquaient encore il y a quelques jours mais d’une quinzaine (17 très exactement).
Ses membres viennent essentiellement de LaREM qu’ils soient
partis (voire exclus pour plusieurs d’entre eux) du parti présidentiel depuis
les trois dernières années ou à l’occasion de la formation de ce groupe qui a
décidé de s’appeler «Ecologie démocratie solidarité» dans une volonté manifeste
de tenter de récupérer trois mots à la mode et tellement instrumentalisés ces
derniers temps.
La principale information qui préside à ce nouveau rassemblement
de députés n’est pas les personnes qui le composent, ni même ses idées mais le fait
qu’il fait perdre la majorité absolue à LaREM à l’Assemblée nationale (mais qui
pourrait la retrouver bientôt) mais pas à la majorité présidentielle qui est
toujours dominante avec l’apport des élus MoDem et ceux d’Agir.
C’est dire le peu d’importance politique de cette initiative
et de ses membres qui prétendent ne vouloir être «ni dans la majorité, ni dans
l’opposition», ce qui signifie, évidemment, qu’ils sont dans l’opposition
puisqu’ils ont quitté la majorité…
Certains se sont émus, à juste titre, que les promoteurs de
ce groupe aient choisi une crise pandémique avec toutes ses implications sanitaires
mais aussi économiques, sociales et sociétales pour jouer leurs cartes
personnelles au moment où le pays a plus besoin d’unité que de division.
D’autres notent que la raison évoquée, les soi-disant
dérives droitières du Président de la République et du Gouvernement, semble un
peu à contretemps au moment où le pouvoir amorce un virage à gauche pour sortir
le pays d’une possible catastrophe économique et sociale.
Mais, justement, pour ces «dissidents», c’était maintenant
ou jamais.
Car leur volonté de scission qu’ils ont habillée d’un vernis
idéologique aurait été de moins en moins crédible dans les semaines et les mois
qui viennent avec les mesures qui vont être prises.
Dès lors, il fallait accélérer le mouvement quitte à ne se
retrouver qu’une poignée et en espérant être le réceptacle à d’autres
défections dans le futur.
Quant à leur «ambition» qui est de «Répondre à l’urgence
écologique, moderniser la démocratie, réduire les inégalités sociales et
territoriales», elle est identique à celle de la majorité qu’ils viennent de
quitter!
Parlons un peu maintenant de ceux qui ont rejoint ce groupe.
On y trouve, notamment, deux personnages qui n’en sont pas à
leur première trahison politique.
Il y a d’abord l’ancienne socialiste Delphine Batho qui, mécontente
du sort qu’on lui fit sous le précédent quinquennat, devint une opposante absolue
à François Hollande après avoir fait partie de son gouvernement.
Il y a Cédric Villani, celui qui n’a pas accepté de ne pas
être nommé comme candidat LaREM pour les municipales à Paris et qui avait déjà
trahi son engagement politique en se présentant contre le candidat officiel du
parti puis refusant tout rapprochement par la suite.
On y trouve également Matthieu Orphelin, un proche de Nicolas
Hulot, ce ministre qui déversa sa rancœur contre un gouvernement dont il fut le
ministre de la Transition écologique lorsqu’il se rendit compte que faire de la
politique ne ressemblait pas exactement à animer une émission de télévision.
Quant à Aurélien Taché, son parcours démontre plus une ambition
personnelle que politique.
Notons enfin que s’il n’existe pas de mandat impératif pour
un élu dans une démocratie républicaine libérale et parlementaire, et
heureusement, aucun des membres de ce nouveau groupe n’a envisagé un seul
moment d’aller se représenter devant les électeurs pour savoir s’il avait
encore une légitimité après avoir retourné sa veste.
Car élus pour défendre une politique qui n’a pas changé fondamentalement
depuis l’élection d’Emmanuel Macron, leur décision aurait sans doute nécessité
une nouvelle élection.
Reste que, pour l’instant, la création de ce groupe est un
épiphénomène politique mais malheureusement pas politicien.
Jean-François Borrou
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