Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un
journaliste proche des idées centristes.
Comme on a pu le remarquer, depuis la présidentielle et les
législatives de 2017, il y a eu, de la part de certains milieux politiques et
de plusieurs médias, la volonté et le désir permanents, voire obsessionnels, de
casser la majorité centriste.
Les motifs étaient divers, allant
de la haine du Centre à la non-reconnaissance de la légitimité démocratique
d’Emmanuel Macron en passant par des petits calculs et arrangements politiciens,
sans oublier, évidemment, la velléité des extrémistes et des populistes de
détruire, au-delà de la majorité en place, la démocratie républicaine honnie.
Cette volonté et ce désir s’est
même trouvée à l’intérieur de cette majorité présidentielle!
Ce qui n’est pas aussi étonnant
que cela si l’on se rappelle que les ralliements à Emmanuel Macron et à En marche!
ont été parfois de simples décisions opportunistes et la concrétisation de minables
ambitions personnelles permises par l’émergence d’un nouveau mouvement.
Il y a donc toujours eu à
l’intérieur de LaREM des gens qui n’auraient jamais du s’y trouver s’ils avaient
eu un tant soit peu de dignité et de respect des électeurs.
Mais, il faut dire que l’organisation
même de la formation présidentielle ainsi que son besoin de candidats en 2017 –
sa jeunesse ne lui avait pas permis de former une base suffisamment et
profondément nombreuse de personnes impliquées réellement dans le projet macronien
–, avaient nécessité de manière, in fine coupable, que l’on ne soit pas trop
regardant sur certains candidats qui ont été élus députés.
D’un certain côté, les responsables
de LaREM récoltent ce qu’ils ont un peu semé même s’ils essayèrent de filtrer
les candidatures avec les résultats mitigés que l’on constate.
Néanmoins, si erreurs de casting
il y a eu, disons malgré tour que les députés élus sous la bannière de la majorité
présidentielle et d’En marche! devraient tous avoir, sans exception, un
honnêteté politique dans leur engagement derrière un homme et une politique.
Ce que n’ont eu aucun de ceux qui
ont décidé de quitter l’un et l’autre.
Ad minima, on aurait pu espérer
qu’ils démissionnent mais c’était sans doute trop leur demander comme ce fut le
cas par le passé d’autres politiciens qui se sont retournés en cours de mandat
exercé au nom du peuple contre ceux qu’ils avaient promis de soutenir durant le
temps de celui-ci.
François Hollande se rappellera sans
doute toujours avec douleur de ses frondeurs…
En tout cas, cette suite de départs
a quelque chose de lamentable et de malsain pour les principes de la démocratie
bafouées par des gens qui considèrent que leur mandat leur permet de trahir
ceux qui les ont élus tout en faisant croire qu’ils obéissent à leurs
convictions alors même qu’ils ne sont guidés que par leurs uniques ambitions
personnelles.
Toujours est-il qu’ils sont du pain béni pour l’opposition
et les médias de gauche et de droite qui ne manquent pas une occasion de noter avec
l’emphase partisane qui les caractérise, le départ d’un élu (ou son expulsion),
sans parler des fake news sur l’implosion à brève échéance de la majorité
présidentielle.
C’est de nouveau le cas actuellement avec, parait-il les
velléités de députés LaREM d’aller former un nouveau groupe à l’Assemblée nationale
– ce qui ferait qu’elle n’aurait plus la majorité absolue dans l’hémicycle –,
information qui, si l’on s’en rappelle a été maintes fois annoncée au cours de
ces trois dernières années…
Mais même si c’était le cas, cela n’empêcherait pas Emmanuel
Macron de posséder encore une très large majorité absolue puisqu’il pourrait
compter sur, outre les députés LaREM, ceux du MoDem et quelques autres.
Mais, quelle que soit la réalité de nouveaux départs, il est
assez bizarre de se réjouir que des élus du peuple puissent retourner leurs
vestes, voire de les encourager à le faire pour des politiques et des médias
qui affirment être des défenseurs de la démocratie.
A moins que ce ne soit que quand elle va dans le sens de
leurs intérêts et de leur appartenance partisane…
Jean-François Borrou
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