Ce n’est pas le monde d’après que nous devons imaginer mais bien construire le monde «dès maintenant», celui de toute de suite sans attendre la fin de l’épidémie – on pourrait même ajouter sans même se soucier de l’épidémie –, celui dont nous savons pertinemment de quoi il doit être constitué et depuis longtemps.
De même, ce n’est pas en fantasmant sur un monde parfait et
idyllique que nous parviendrons à nos fins mais bien en bâtissant un monde à partir
de la réalité et des nécessités incontournables du présent.
Changeons donc le monde et pas de monde.
Un monde qui doit avoir deux composantes cardinales: être
plus juste et être plus vert pour le rééquilibrer et lui redonner un destin
commun et une espérance.
Il ne s’agit pas d’être précautionneux en disant cela mais
seulement de reconnaître que nous n’aboutirons à rien en nous assignant des
objectifs inatteignables quand bien même ils seraient les plus légitimes.
C’est toute la manière de faire du Centrisme.
Mais quand je dis plus juste et plus vert, je ne parle pas
d’ajustements à la marge, je signifie que nous devons prendre des mesures importantes
pour faire en sorte que les écarts scandaleux entre mes riches et les pauvres
soient réduits drastiquement, partout dans le monde, et que nous commencions
réellement et concrètement cette transition écologique vitale et non de que
nous prenions des décisions qui ne sont souvent que des gadgets ou des pis-aller.
Pas de révolution donc (qui souvent nous fait revenir au
point de départ avec une situation encore pire) mais bien des réformes puissantes
afin de changer le monde et qui permettront ensuite d’autres réformes pour les approfondir,
la mécanique réformatrice étant un processus constant d’adaptation et de
progrès mais qui nécessite parfois, comme maintenant, des coups d’accélérateurs
parce que nous n’avons pas su enrayer certaines dérives ces dernières décennies.
Mais ne nous leurrons pas, l’humain est demeuré l’humain.
C’est toujours celui qui fait valoir ses propres intérêts avant
tout, comme depuis le début de l’Humanité, et qui préfère vivre riche que pauvre,
celui qui considère souvent l’écologie comme une contrainte difficile à accepter
s’il ne sent pas concerné.
Dès lors, il ne s’agit pas de nier les aspirations profondes
des individus mais de les canaliser et de mettre au centre de tout le respect
et la responsabilité.
Ces deux notions, respect et responsabilité, sont
essentielles si l’on veut vraiment un monde qui change et se réforme
positivement.
Sinon, quelles que soient les mesures adoptées, nous
retomberons dans les mêmes travers.
C’est dire que la tâche n’est guère simple mais qu’elle est
indispensable, incontournable.
Et si la crise épidémique peut avoir eu un effet, c’est de
nous faire vraiment prendre conscience qu’il était plus que temps d’agir.
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