Il ajoute que «si le Conseil scientifique m'avait dit que
les maintenir mettrait la santé des Français en danger, je ne les aurais pas
maintenues» et que par son choix, il ne voulait pas que «le pays pense qu'il y
avait une manipulation, que les gens puissent se dire que j'avais trouvé là un
prétexte pour ne pas les organiser»
D’ailleurs, poursuit-il, «le Premier ministre a consulté
toutes les forces politiques et personne n'a pensé qu'il fallait les reporter.
Il en est de même lorsque je consulte Richard Ferrand et Gérard Larcher».
Enfin, il a cette phrase stupéfiante: «les gens ont sans
doute été davantage contaminés ces jours-là dans les bars ou les sorties en
plein air que dans les bureaux de vote»!
Reprenons, monsieur Macron.
D’abord, c’est bien que vous preniez l’entière
responsabilité de cette décision et que vous sembliez l’assumer totalement.
Pourtant, vous vous retranchez immédiatement derrière l’avis
du Conseil scientifique que vous n’aviez aucune obligation de suivre et dont on
se demande par ailleurs comment il a pu vous donner carte blanche alors même
que la très grande majorité du corps médical estimait que c’était une erreur
d’organiser ce premier tour.
Sans doute que l’irresponsabilité de ce conseil lui a permis
de s’engager à la légère sachant que c’est vous qui seriez, in fine, le responsable.
Ce qui, soit dit en passant, n’est pas très reluisant pour
ses membres…
Puis, vous vous retranchez derrière la volonté de toutes les
forces politiques de vouloir organiser ces élections.
Mais il ne suffit pas que des politiciens qui voyaient
d’abord leur intérêt et celui de leurs partis respectifs, appellent à cette
organisation pour que vous le fassiez de peur qu’ils tentent d’instrumentaliser
votre refus.
De même, vous vous retranchez derrière les «gens» qui, selon
vous, auraient pu penser à une manipulation.
Mais de quels «gens» parlez-vous?
Des populistes et des extrémistes qui vous insultent toute
la journée et, avec vous, la démocratie républicaine?
Parce que, moi, voyez-vous, je n’aurais pas parlé de
manipulation et je suis sûr que je n’étais pas le seul dans ce cas.
Mais, ce qu’il y a de plus choquant dans vos propos, monsieur
le président, c’est quand vous dites qu’il y a certainement eu plus de
personnes infectées le jour des municipales dans les bars et dans les parcs que
dans les bureaux de vote.
C’est indécent!
Car, quand bien même ce serait vrai, cela vous donnait-il le
droit d’infecter, ne serait-ce qu’une seule personne par votre décision?!
En tant que responsable politique et premier d’entre eux,
vous avez comme premier devoir de protéger les Français.
Dans ce cadre, éviter qu’un seul cas de covid19 ait lieu en
plus en reportant ce premier tour des élections municipales était une décision
d’un chef d’Etat.
Les organiser était la décision d’un simple homme politique
qui avait peur des conséquences pour sa carrière et son image.
C’est inqualifiable et c’est une faute.
Cette faute n’est sans doute pas pénale, ni même civile,
mais elle politique.
Vous avez préféré mettre la vie de vos concitoyens en jeu
dans une sorte d’utilitarisme politicien à la Bentham que de vous inspirer de
l’humanisme kantien (j’emprunte ici cette distinction à l’excellent article de
Claire Chartier dans le magazine l’Expresse, «le déconfinement, une rude
question de morale»).
Et il aurait été bon que vous acceptiez d’avoir fait une
faute au lieu de justifier votre décision par des scientifiques, des
politiciens et des «gens» irresponsables.
Parce que vous pouvez avoir quelques circonstances
atténuantes dans le cadre d’une crise épidémique qui a fait commettre des
erreurs et des fautes à tous les dirigeants de la planète, qui a fait dire tout
et n’importe quoi aux experts (les vrais, pas les pantins médiatiques) et dont
on ne sait pas encore comment elle va évoluer et se terminer et quelles seront
ses conséquences (aussi importantes que prévues, plus graves, moins
cataclysmiques?).
Mais vous préférez vous enfermer dans votre logique où
personne ne voulait, selon vous, reporter ces élections.
Eh bien moi, je vous ai trouvé quelqu’un: moi!
Moi qui vais voter systématiquement mais qui a considéré qu’en
remplissant son devoir civique, il pouvait contracter un virus dont la
virulence pouvait mettre en danger ses proches et que donc sa responsabilité l’enjoignait
de rester chez lui.
Moi qui ai du choisir entre mon droit de vote et la santé de
ma famille à cause de votre décision et qui considère que c’est indigne de m’avoir
obligé à ce choix et qu’il s’agit, ni plus, ni moins, d’un déni de démocratie puisque
je n’ai pu voter pour élire le maire de ma ville fin de protéger les miens.
Et qui, lorsque l’on a annoncé que des personnes avaient été
contaminées dans les bureaux de vote ne s’est pas réjoui en disant «je vous
l’avais bien dit» mais s’est désolé d’une décision incompréhensible et s’est
félicité d’être rester chez lui.
Parce que voici ce que j’écrivais avant ce scrutin:
«Oui, en vous rendant demain dans un
bureau de vote, vous avez bien un risque d’être en contact avec le virus et de
tomber malade, c’est une évidence, et malgré toutes les précautions que
prendront les municipalités pour organiser le scrutin pour qu’il soit le plus
sûr sanitairement parlant.
La question essentielle, ici, est:
cela en vaut-il la peine?
Si nous ne votons pas demain, est-ce
que notre vie est en danger?
Est-ce que la démocratie est en
danger?
Est-ce que le pays va être
désorganisé ou en danger?
A ces trois questions, la réponse
est non, toujours non.
Reporter les élections municipales
ne créera, non seulement, aucun danger, ni même aucun dysfonctionnement
démocratique.
Alors pourquoi prendre le risque
d’envoyer des électeurs dans des bureaux de vote quand on peut faire
différemment.»
Malgré vos explications, votre réponse n’est toujours pas
justifiée.
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