● Emmanuel Macron
(Président de la République)
[Allocution à Mulhouse sur l’épidémie de covid19, 25 mars]
Je tenais à venir aujourd’hui ici, à Mulhouse, en Alsace,
dans cette région Grand-Est, dans cette région qui est à ce jour la plus touchée
par l'épidémie de Covid19 et l'une des premières frappées en France, il y a
près d'un mois. Dans le Grand-Est, plusieurs centaines de nos compatriotes ont
perdu la vie. Plus de 700 se trouvent en état grave, placés en
réanimation. Je m'associe à la douleur des familles, des proches et veux leur
dire que la Nation toute entière est à leurs côtés.
Je veux aussi, ce soir, saluer la mémoire des soignants qui
ont payé de leur vie leur engagement pour soigner d'autres vies, sauver
d'autres vies depuis le début de cette épidémie. Le premier soignant est tombé
il y a quelques jours à Compiègne. Trois soignants ont perdu la vie dans la
région Grand-Est, ils avaient décidé de soigner coûte que coûte. Un gynécologue
obstétricien ici à Mulhouse, un médecin généraliste, dans la commune de
l'hôpital en Moselle et un médecin généraliste à Colmar, une ville elle aussi
très durement touchée. Nos pensées accompagnent leurs familles, leurs proches,
toute la communauté des soignants.
Mes chers compatriotes, je vous ai dit il y a quelques jours
que nous étions engagés dans une guerre, une guerre contre un ennemi invisible,
ce virus, le Covid19 et cette ville, ce territoire porte les morsures de
celui-ci. Lorsqu'on engage une guerre, on s'y engage tout entier, on s'y
mobilise dans l'unité. Je vois dans notre pays les facteurs de division, les
doutes, toutes celles et ceux qui voudraient aujourd'hui fracturer le pays
alors que nous ne devons avoir qu'une obsession : être unis pour combattre le
virus. J’en appelle à cette unité, à cet engagement : être unis.
Vous avez un Gouvernement qui est à la tâche, œuvrant pour trouver les
solutions et se battant. Le ministre de la Santé reviendra dans les prochains
jours, comme il l'a déjà fait et comme il le fait constamment sur les sujets
les plus sensibles, en toute transparence. Le sujet des masques, des
respirateurs, des tests et des traitements pour apporter toutes les
explications, toutes les demandes d'informations légitimes, mais sans que nous
ne cédions à aucune forme de division sans que jamais nous ne céderons au flot
de fausses informations. Nous n'avons qu'une priorité : battre le virus.
La Nation tout entière est mobilisée. Mobilisation d'abord
des services de l'Etat, qui est totale, et ici, dans le Grand-Est depuis le
début. Sur le plan sanitaire, d'abord, tout est mis en œuvre pour que le
service, nos services de santé puisse faire face à la vague. L'Agence régionale
de santé a lancé très tôt un appel au volontariat des personnels soignants.
Plus de 1 000 engagés ont répondu présent dans la région, dont 250 ici à
Mulhouse. Une organisation s'est mise en œuvre consistant à déprogrammer les
opérations qui n'étaient pas urgentes pour libérer des lits, mobilisant le
secteur privé, faisant jouer toute la solidarité entre l'hôpital, le secteur
privé et la ville. Les respirateurs sont arrivés, d'autres hôpitaux, des Armées.
Un déploiement complet a été fait. Nous avons ici, dans cette région, mis en
place une organisation, une méthode inédite qui sera répliquée partout où elle
sera utile.
Solidarité aussi nationale qui joue à plein. Plusieurs
transferts ont été organisés vers des régions moins touchées. Une trentaine de
patients ont ainsi été conduits dans d'autres hôpitaux de la région. Trois
opérations menées par les Armées ont permis de transférer 18 patients vers
d'autres régions. Et demain, un train médicalisé sera affrété pour transférer
une vingtaine de patients à nouveau. La mobilisation de nos systèmes de santé
est totale. Je veux saluer tous les personnels de l'hôpital, des hôpitaux de la
région, mais aussi tous les médecins de ville que j'ai croisé tout à l'heure et
avec qui j'ai pu discuter, et l'ensemble du secteur sanitaire, médico-social et
social.
Mobilisation aussi de tous les services de l'Etat. Je veux
saluer les préfets qui, aux côtés des responsables sanitaires, se sont
mobilisés pour assurer la continuité des services publics. Tous les services de
l'Etat sont mobilisés, nos policiers, nos gendarmes, nos douaniers, l'ensemble
de nos fonctionnaires, nos enseignants, à qui aussi je veux dire merci car ils
continuent de s'occuper de notre jeunesse de manière physique pour les enfants
de nos personnels soignants mais de tous les autres aussi, sans relâche. Je
veux ici aussi remercier l'ensemble des collectivités locales, la région, le
département, l'agglomération et la ville et l'ensemble de leurs personnels qui
n'ont cessé d'être également au front.
Enfin, je veux remercier nos voisins allemands, suisses,
luxembourgeois, qui ont pris en charge une trentaine de patients lourds, comme
nous l'avons fait il y a quelques semaines pour nos voisins italiens. C'est
cela aussi l'Europe, la vraie, cette solidarité.
Ici, dans cette première région si lourdement touchée, cette
mobilisation a été exemplaire. L'organisation a permis collectivement de nous
améliorer pour apporter une réponse indispensable. Ici, nous avons fait bloc
pour soigner, pour sauver. C'est en activant tous les leviers de la solidarité
et en faisant bloc que nous pourrons faire face en Corse, où la situation est
déjà très difficile, puis demain, dans les Hauts-de-France, en
Bourgogne-Franche-Comté, en Île-de-France, en Outre-mer aussi, où des
situations extrêmement tendues sont en train d'arriver. Dans chacun des
territoires que je viens d'évoquer, la situation, chaque jour, est plus
difficile et c'est la même organisation qui se met en place. Elle se met en
place aussi parce qu'une formidable mobilisation nationale est là, et je veux
vous en féliciter et vous en remercier, mes chers compatriotes. La réserve
sanitaire d'abord, avec plus de 40 000 inscrits, permet d'apporter des bras,
des soutiens à des femmes et des hommes qui se réengagent pour aider. Plus de
100 000 d'entre vous se sont engagés sur la plateforme "Je veux
aider" pour là aussi, à leur manière, avec leurs moyens, apporter une aide
au milieu de cette crise. C'est cette France fraternelle qui nous permettra de
tenir et de vaincre.
Mais derrière cette organisation, il y a toujours et avant
tout les femmes et les hommes. Je suis ici à Mulhouse, à leurs côtés, pour leur
rendre hommage. Dans cette guerre, il y a en première ligne l'ensemble de nos
soignants, qu'ils interviennent à l'hôpital, en ville, dans les EHPAD, dans nos
établissements accueillant des personnes en situation de handicap, dans les
services à domicile, qu'ils soient médecins, infirmiers, ambulanciers,
pharmaciens, aides-soignants. Tous sont en première ligne. Les yeux sont
cernés, la fatigue est présente. L'angoisse est là pour eux-mêmes, pour leurs
collègues, pour leur famille. Je l'ai vu aujourd'hui avec beaucoup de force. La
Nation tout entière est derrière eux, reconnaissante. Elle rend hommage chaque
jour. Elle est à leurs côtés à chaque instant. Avec un courage exceptionnel,
ils font face. Ils sauvent des vies. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir.
Nous serons là aussi au rendez-vous de ce que nous devons, au-delà de cette
reconnaissance et du respect. J'ai demandé au gouvernement d'apporter une
réponse claire et forte de court terme pour l'ensemble des personnels soignants
comme pour l'ensemble des fonctionnaires mobilisés, afin de majorer les heures
supplémentaires effectuées sous forme d'une prime exceptionnelle pour pouvoir
accompagner financièrement cette reconnaissance. Mais plus largement, nos
soignants qui se battent aujourd'hui pour sauver des vies se sont hier battus,
souvent pour sauver l'hôpital, notre médecine. Beaucoup a été fait, sans doute
pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. L’engagement que je prends ce
soir pour eux et pour la nation toute entière c’est qu’à l’issue de cette crise
un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des
carrières sera construit pour notre hôpital. C’est ce que nous leur devons,
c’est ce que nous devons à la Nation. Cette réponse sera profonde et dans la
durée.
Je veux aussi saluer l’ensemble des femmes et des hommes qui
sont en deuxième ligne et qui permettent à nos soignants de soigner, et au pays
de continuer à vivre. Ce sont les femmes et les hommes qui transportent, qui
hébergent, qui dépannent, qui nettoient, qui réparent. Ce sont nos
agriculteurs, ce sont l’ensemble des femmes et des hommes qui sont dans le
secteur de l’alimentation, des commerces de première nécessité, ce sont nos
livreurs, nos caissiers et nos caissières, c’est tout ce peuple travailleur de
France qui se bat, qui, je le sais, parfois, est angoissé, souvent pour
eux-mêmes et leurs familles, mais permet au pays de vivre. Je veux ce soir avec
beaucoup de force les remercier et leur apporter tout le soutien de la Nation.
Je sais les attentes qu’il y a là aussi pour être mieux protégé et le
gouvernement fera le maximum pour apporter toutes les réponses avec les
contraintes qui sont les nôtres, toujours en transparence. Vendredi, je
rassemblerai l’ensemble des partenaires sociaux et un très gros travail a été
fait ces derniers jours pour, secteur par secteur, apporter les meilleures réponses
pour organiser le travail, pour mieux protéger au travail. Je veux remercier
l’ensemble des employeurs de tous ces secteurs qui ont beaucoup fait là aussi
pour que la nation continue à vivre. Cette deuxième ligne est indispensable et
je veux remercier tous nos compatriotes qui, avec courage, chaque jour,
permettent au pays de continuer à vivre dans ce contexte. Leur travail, leur
engagement, leur courage sont aussi notre fierté.
Et il y a la troisième ligne, celles et ceux qui peuvent
télétravailler ou rester à la maison, arrêter leur activité pour un temps ou
qui y sont contraints parce que le secteur d’activité a fermé et qui
contribuent aussi à l’effort de la Nation en restant chez eux, en respectant
les règles de confinement qui ont été édictées par le gouvernement, en
réduisant les contacts, en luttant contre la propagation du virus. Je vous
remercie, mes chers compatriotes, de cette part que vous prenez à l’effort
collectif. Elle est indispensable, pour protéger notre système de santé, pour ralentir
ce virus et protéger l’ensemble de nos soignants, de nos réanimateurs, pour
permettre de sauver un maximum de vies, pour protéger aussi nos aînés et les
plus fragiles.
Chacun a un rôle, et dans ce contexte nos armées ont un rôle
et je veux les en remercier, et je terminerai par là. Nos armées sont déjà
mobilisées comme ici, à Mulhouse, avec cet hôpital de campagne dans lequel je
viens de me rendre et par la mobilisation aussi du service de santé dans son
intégralité. Cet hôpital a été monté dans des délais records par le service de
santé et l’armée de terre. Les 5 hôpitaux d’instruction des armées sont aussi
mobilisés, où des malades sont déjà pris en charge. Des opérations de transport
sanitaire aérien et maritime ont déjà été réalisées par des avions
ravitailleurs, dont les opérations Morphée de l’armée de l’air, le
porte-hélicoptères amphibie Tonnerre, d’autres missions de soutien encore.
Partout, je le sais, nos militaires sont prêts et déterminés.
Nous sommes en guerre et face à ce qui se profile, ce pic de
l'épidémie qui est devant nous, j'ai décidé, sur proposition de la ministre des
Armées et du chef d'état-major des Armées, de lancer l'opération Résilience.
Cette opération, distincte de l'opération Sentinelle qui continue de se
concentrer sur la lutte contre le terrorisme quant à elle, cette opération
Résilience sera entièrement consacrée à l'aide et au soutien aux populations
ainsi qu'à l'appui aux services publics pour faire face à l'épidémie de
Covid-19 en métropole et en outre-mer, en particulier dans les domaines
sanitaire, logistique et de la protection. Dans ce cadre, j'ai d'ores et déjà
décidé de déployer immédiatement le porte-hélicoptères amphibies Mistral dans
le sud de l'Océan Indien et à partir de début avril le porte-hélicoptères Dixmude
ira se positionner dans la zone Antilles Guyane en soutien de nos territoires
ultramarins.
Mes chers compatriotes, Mesdames, Messieurs, je reviendrai
dans quelques jours faire un point complet de la situation, vous dire les
décisions prises pour les semaines à venir et les décisions plus profondes que
j'entends prendre pour la nation. Mais ce soir je voulais être là, aux côtés de
nos soignants, aux côtés de nos armées, aux côtés de nos malades, pour dire que
toute la Nation est engagée, engagée dans ce combat. Chacun a un rôle à y
jouer, chaque citoyen, parce que la Nation française est un bloc et parce que
dans cette guerre nous devons faire bloc, être unis, fiers et reconnaissants
pour le rôle de chacun et tenir l'unité et le courage nous permettront de
vaincre. Nous ne sommes qu'au début mais nous tiendrons.
Nous tiendrons parce que nous ne cèderons rien. Nous
tiendrons parce que nous en avons la force.
● Gouvernement
[Nota: dans ce
gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons
cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie
selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Edouard Philippe
(Premier ministre)
- [Discours sur la présentation des 25 premières ordonnances
prises en application de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid19]
Ce matin, le conseil des ministres a adopté 25 ordonnances
sur la base des habilitations votées par le Parlement ce week-end. Le nombre
est historique - il faut remonter à 1958 pour trouver un précédent équivalent :
c’est bien le signe que l’urgence dicte sa loi.
Jeudi et vendredi derniers, samedi, puis dimanche, le Sénat
puis l’Assemblée nationale ont voté, dans des délais exceptionnels dont je les remercie,
la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19. Grâce à cet ensemble
d’ordonnances prises sur le fondement de cette loi, notre pays est aujourd’hui
juridiquement armé pour organiser l’état d’urgence sanitaire que la situation
impose. L’objectif de ce régime provisoire est de protéger au mieux nos
concitoyens – à commencer par nos soignants, qui se battent en première ligne.
Je ne veux pas me contenter de rendre hommage à leur courage. J’entends leurs
demandes et je les assure qu’elles sont absolument prioritaires, qu’il s’agisse
des équipements, de protection d’abord, des moyens de transport des malades, de
l’hébergement temporaire ou des financements. C’est la priorité des priorités
du Gouvernement. Le second objectif de ce régime d’urgence est de limiter
autant que faire se peut les graves dommages économiques et sociaux que
provoque inévitablement le confinement. Premier point : le soutien aux
entreprises. Une première série d’ordonnances comporte des mesures de
solidarité exceptionnelles pour maintenir à flot les petites entreprises les
plus vulnérables. Il s’agit de soutenir leur trésorerie afin d’éviter des faillites
et des licenciements.
Ces ordonnances portent sur : la création du Fonds de
solidarité doté d’un milliard d’euros, dont 250 millions d’euros en provenance
des régions. Il s’adressera aux très petites entreprises, aux microentreprises
et aux indépendants les plus touchés par l’épidémie ; le report du paiement des
loyers, des factures d’eau, de gaz et d’électricité ; la prorogation des délais
légaux ; l’adaptation des règles concernant les marchés publics ; l’obligation
des contrats de vente de voyages et de séjours ; la protection des réseaux de
télécommunications, fortement sollicités dans cette période de confinement.
Dans tous ces domaines, parfois très concrets, nous
apportons des solutions juridiques qui vont permettre aux acteurs économiques
d’affronter cette période dans de meilleures conditions. Le deuxième point,
c’est la protection des plus vulnérables. Nous prolongeons l’éligibilité aux
minimas sociaux pendant la période de la crise, sans réexamen de conditions.
Ceci concerne le revenu de solidarité active, la complémentaire santé
solidaire, l’allocation aux adultes handicapés, l’allocation d’éducation de l’enfant
handicapé. Là encore il s’agit de faire en sorte que les droits soient
préservés et poursuivis pendant toute la période de confinement. C’est la même
logique qui nous anime s’agissant des droits des demandeurs d’emploi qui
viendraient à expiration : ils vont être prolongés le temps de l’état
d’urgence. Dans le même esprit, l’attribution du complément employeur est
assouplie pour les arrêts de travail. La trêve hivernale est prolongée jusqu’au
31 mai 2020 ainsi que la période durant laquelle les fournisseurs
d'électricité, de chaleur, de gaz peuvent procéder à l'interruption des
contrats. Enfin, nous assouplissons les conditions de garde d’enfants chez les
assistantes maternelles pour accroître les capacités d’accueil.
Le troisième axe est celui du droit du travail, qui est
aménagé temporairement pour permettre l’organisation d’une véritable économie
de guerre. Dans les secteurs vitaux et sous conditions, les entreprises
pourront déroger – temporairement et avec compensations ultérieures - aux
durées maximales du travail et aux règles de repos hebdomadaire et dominical.
De même, des dispositions spécifiques permettent d’aménager les congés payés et
les jours octroyés dans le cadre de la réduction du temps de travail. La
ministre du Travail aura l’occasion de préciser ces dispositifs. Enfin, nous
organisons le bon fonctionnement des services publics. Nous prenons des mesures
exceptionnelles en faveur des établissements de santé et des établissements et
services sociaux et médico-sociaux, en apportant des garanties sur les montants
octroyés par l’assurance maladie aux différents établissements de santé. Il se
trouve que ces établissements de santé ont parfois déprogrammé des opérations,
ils voient parfois leur fonctionnement financier heurté par l’épidémie et le
confinement. Il s’agit là encore de leur donner toutes les garanties
nécessaires pour qu’ils puissent poursuivre leur activité dans de bonnes
conditions. De même nous allons aider à la continuité de l’accompagnement et de
la protection des personnes accueillies, y compris à domicile. Pour la justice,
il faudra préserver les droits et la sécurité de nos concitoyens et concentrer
l’activité judiciaire sur les cas les plus graves, aménager les procédures aux
règles du confinement.
Dans un registre très différent, diverses mesures vont
permettre d’organiser la continuité des paiements de l’Etat et des
collectivités territoriales. Le premier train des 25 ordonnances prises
aujourd’hui sera complété par d’autres ordonnances dans les prochains jours.
Ainsi, dans les prochains jours l’Etat assurera la prise en
charge totale des indemnisations versées aux salariés par les entreprises en
cas d’activité partielle, dans la limite de 4,5 SMIC. Et pour ne pas pénaliser
les entreprises, un délai de 30 jours leur sera accordé pour déposer leur
demande, avec effet rétroactif. Là encore la ministre du Travail viendra
expliquer ce dispositif essentiel pour permettre aux entreprises de passer un
cap redoutablement difficile.
Une ordonnance viendra compléter dans les tout prochains
jours ce dispositif en améliorant l’indemnisation des salariés à temps partiel
et celle des apprentis, et en l’ouvrant aux particuliers employeurs. Il y a là
encore quelque chose d’important.
Avant de laisser les ministres présenter en détails les
ordonnances adoptées dans leurs domaines respectifs, je voudrais souligner les
moyens exceptionnels qu’elles dégagent pour faire face à la brutalité du choc
que subit le pays. C’est évidemment d’abord un choc sanitaire, et c’est
l’urgence sanitaire qui occupe tous les esprits aujourd’hui. Mais c’est aussi,
et ce sera de plus en plus, un choc économique, un choc social. Nous ne sommes
qu’au début de la crise et le président de la République a demandé à nouveau
aujourd’hui au Gouvernement de prendre tous les moyens nécessaires dans la
durée. Je le dis donc simplement aux Français : c’est un effort long auquel
nous nous préparons et auquel nous allons tous ensemble faire face.
- Nous avons prévu des avions cargo
qui iront chercher des masques en Chine. Les commandes sont passées, les avions
sont affrétés. On peut évoquer l’image du pont aérien.
- Notre objectif : la solidarité de
la Nation à l’égard de tous ses territoires. Compte-tenu des limites de l’offre
sanitaire, les préfets des Outre-mer seront sans doute amenés à prendre des
mesures plus sévères que celles qui prévalent sur le territoire métropolitain.
Christophe Castaner
(ministre de l’Intérieur)
- Ce que nous devons collectivement
comprendre, c'est que la question de la durée du confinement est en bonne partie
entre nos mains. Du respect des gestes barrières par chacun dépend la santé de
tous.
- Nous avons pris des mesures de confinement
extrêmement exigeantes pour les Français et comme l'a annoncé le Premier
ministre, nous les avons renforcées. Nous devons faire en sorte qu'elles soient
scrupuleusement respectées : c'est la clé pour sauver des vies, pour aider nos
soignants, pour que l'on puisse vaincre ce virus ensemble. C'est ce sur quoi
nous travaillons avec force aujourd'hui. Nous voulons faire preuve d'un maximum
de pédagogie et répondre au mieux à toutes les questions des Français. Mais
lorsque ces mesures ne sont pas respectées, nous devons pouvoir sévir. C'est pourquoi, la loi d'urgence sanitaire, qui est entrée en vigueur hier,
prévoit une augmentation des sanctions s'il est constaté une seconde violation
dans les 15 jours des mesures de non-respect du confinement, et
jusqu'à 3 750 euros d'amende et six mois de prison si quatre
violations sont constatées dans un délai de 30 jours. La sanction n'est pas
tout : il faut que chacun comprenne qu'en s'affranchissant des règles il joue
avec sa vie, celles de ses proches et des soignants.
- Nous savons que les effets du confinement,
notamment du fait de la durée d'incubation du virus, ne peuvent pas se mesurer
immédiatement et qu'il nous faudra du temps pour avoir des résultats. Mais ce
que nos concitoyens doivent comprendre, c'est que la question de la durée du
confinement est en bonne partie entre leurs mains : mieux le confinement sera
respecté, moins le virus circulera et plus vite nous pourrons sortir
sereinement de cette situation.
- Je veux saluer l'engagement exceptionnel
de nos forces de l'ordre. Policiers et gendarmes - ainsi que les
sapeurs-pompiers, mais aussi les associations de la sécurité et de la
protection civile - font un travail remarquable. Les forces de sécurité sont à
pied d'oeuvre pour faire respecter le confinement et assurer la sécurité les
Français. Je sais pouvoir compter sur eux. Au sujet de la question
spécifique du port du masque, les organisations syndicales de policiers ont pu
échanger avec le directeur général de la Santé. Des garanties ont été apportées
comme l'autorisation de porter des masques pour les policiers, gendarmes et
personnels en contact avec le public, dès lors qu'ils estiment être en présence
d'une personne qui présente des symptômes de la maladie. J'ai donné des instructions dès le 13 mars dernier, pour que chaque
véhicule de patrouille et d'intervention dispose d'un kit contenant des masques
et du gel hydroalcoolique. Mais, je le rappelle, la priorité est d'abord et
avant tout de protéger ceux qui nous soignent et sont en première ligne dans la
lutte contre le virus et la crise sanitaire sans précédent que nous traversons.
Ils sont, de fait, les plus exposés.
- Quand la liberté individuelle menace la
vie des autres, nous devons l'encadrer. Nous le faisons mais pas à n'importe
quel prix. Le projet de loi a été adopté par l'Assemblée nationale comme par le
Sénat. Il renforce le contrôle parlementaire des mesures prises par le
gouvernement. Il faut rappeler le caractère exceptionnel du moment. Toutes les
décisions que nous prenons se font dans le respect du droit et dans un cadre
démocratique strict ; nous reviendrons devant le Parlement dans deux mois,
puis un an. Et si nous demandons aujourd'hui aux Français de renoncer à
certaines libertés, c'est pour mieux pouvoir en profiter demain. Je sais les
Français en soutien.
- Si les maires disposent d'un pouvoir de
police administrative générale sur le territoire de leur commune, les arrêtés
instaurant des couvre-feux, au titre de la police sanitaire, sont de la
responsabilité du préfet. Nous sommes dans une démarche de coconstruction.
C'est pourquoi nous avons demandé aux préfets d'être particulièrement à
l'écoute des maires : si ces derniers observent un problème particulier qui
justifierait une telle mesure, ils peuvent alerter le préfet en ce sens. Je ne
souhaite ni couvre-feu général - France entière - ni visant qu'un seul quartier
d'une commune. C'est aussi dans cet esprit que nous avons
décidé d'autoriser les polices municipales à contrôler le respect des mesures
de confinement. J'ai été maire de Forcalquier pendant 16 ans. J'en ai
acquis une conviction forte : c'est que ce sont les élus locaux qui apprécient
le mieux les situations locales et notre confiance envers les communes est
forte.
- Le Premier ministre a été clair : les
marchés sont interdits mais dans certains cas, précis, connus par les acteurs
locaux, lorsqu'un marché est la seule possibilité pour un village, une commune,
un quartier d'avoir accès à des produits frais, le préfet peut, après
consultation du maire l'autoriser. Dans ce cas, il convient de vérifier qu'il
n'y ait que de produits alimentaires frais, que les étals soient suffisamment
espacés et les gestes barrières respectés.
- Nous prenons nos décisions en
responsabilité, en suivant l'avis du conseil scientifique. Tout le monde n'a
pas la chance d'avoir un balcon ou un jardin. Certaines personnes vivent dans
moins de 20m² à Marseille comme ailleurs. Nous limitons ces sorties : une heure
par jour, dans un périmètre restreint, à 1 km maximum de chez soi en respectant
les gestes barrières. Les forces de l'ordre veilleront au respect des règles, notamment
grâce aux attestations. Mais, je compte sur le discernement des Français, sur
leur clairvoyance. Ce n'est qu'en respectant le confinement au maximum que nous
pourrons vaincre l'épidémie.
- Dans cette période, la nature humaine se
montre dans ce qu'elle a de meilleur, et j'ai beaucoup d'exemples de
solidarités exceptionnelles ; mais aussi, parfois, malheureusement, dans ce
qu'elle a de pire. Les vols de masques, de matériel médical... sont
inacceptables. À Marseille, par exemple, entre le 28 février et le
3 mars, c'est 2 150 masques chirurgicaux qui ont été volés au sein de
l'hôpital de La Conception. Les enquêtes se poursuivent. Je ne peux les commenter,
mais je peux vous garantir que les auteurs de tels actes ne resteront pas
impunis.
- Dans cette crise, nous nous sommes fait
une promesse : disponibilité et pédagogie. Nous nous tenons à l'écoute. Le site
du gouvernement a déjà mis en ligne une foire aux questions qui est complétée
au fur et à mesure des interrogations qui nous reviennent. J'invite chacun à le
consulter, il permet déjà de répondre à beaucoup d'interrogations. Beaucoup de questions aujourd'hui se multiplient et certaines n'ont pas de
réponse dans l'instant. Je sais qu'il y a de l'anxiété, des situations
terribles. Je sais que des initiatives solidaires naissent aussi, à travers le
pays, comme dans notre région et qu'elles sont magnifiques. Alors, tenez bon,
résistez face à ce virus : nos sacrifices d'aujourd'hui sont les jours heureux
de demain.
Jean-Yves Le Drian
(ministre des Affaires étrangères)
- [Déclaration suite à la réunion du G7 sur le COVID19 du 25
mars]
J’ai participé à la réunion des ministres des affaires
étrangères du G7 organisée par visio-conférence ce 25 mars 2020, sous la
présidence des Etats-Unis.
Les ministres des affaires étrangères du G7 ont consacré,
avec le Haut représentant de l’Union européenne, l’essentiel de leur discussion
à la réponse à apporter à la pandémie du Covid-19.
Cet échange se situait dans le cadre fixé par les chefs
d’Etat ou de gouvernement lors de leur réunion du 16 mars.
Ils ont fait le point sur la situation dans leurs pays
respectifs et ailleurs dans le monde, s’agissant de l’étendue de la pandémie et
des mesures prises. Ils ont exprimé leur solidarité avec tous ceux touchés par
la maladie. Une très large convergence est apparue sur les points suivants, mis
en avant en particulier par les participants européens :
La nécessité de renforcer la coopération internationale pour
lutter contre le Covid-19 et en particulier le soutien indispensable à
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), tant dans la réponse directe à la
crise que pour le renforcement des systèmes de santé et la recherche.
L’impératif que constitue l’aide aux pays plus vulnérables,
en particulier en Afrique. La France a proposé que les pays du G7 portent,
ensemble, cette priorité au G20, sans méconnaître les besoins ailleurs dans le
monde. Les pays vulnérables ont besoin d’une aide dans le soutien à leurs
systèmes de santé et ils auront besoin d’une aide économique, en particulier
compte tenu de l’impact de la crise sur les cours des matières premières. La
priorité partagée sera d’aider à maintenir les systèmes de santé des pays
vulnérables en état de marche, et de permettre à ces pays un accès équitable
aux diagnostics, aux traitements et aux vaccins qui seront développés. Il en va
de la solidarité avec les pays vulnérables, comme de la nécessité d’éviter une
résurgence de l’épidémie après que celle-ci sera résorbée dans d’autres pays du
monde
La nécessité d’une coordination dans nos actions pour permettre
le retour de nos ressortissants en déplacement temporaire à l’étranger.
L’effort massif dans lequel nous sommes engagés, qui a déjà permis le retour en
France de près de 100.000 ressortissants au 25 mars, se poursuivra. Il suppose
que les aéroports et les grands hubs aéroportuaires soient maintenus ouverts,
tout comme les routes aériennes. Comme nous l’avons proposé, les pays du G7
coordonneront leurs efforts vis-à-vis des pays tiers à cette fin.
Le Ministre a souligné la nécessité de combattre toute instrumentalisation
de la crise à des fins politiques et estimé que l’unité de tous dans la lutte
effective contre la pandémie devait aujourd’hui primer sur toute autre
considération. Avec ses collègues, il a rappelé la nécessité d’assurer le large
accès à une information établie sur des bases scientifiques, celle-ci
constituant un aspect clé de la lutte contre la pandémie.
Les Ministres ont également souligné l’importance du volet
économique et financier, abordé par leurs collègues responsables des finances,
en insistant sur la nécessité de permettre la continuité et la sécurité des
chaines d’approvisionnement.
- La situation que nous vivons est totalement exceptionnelle.
Nous n’avons jamais vu dans l’histoire de l’aviation de telles fermetures de
frontières, de liaisons, d’aéroports dans le monde. La semaine dernière, il y
avait encore 130.000 Français en voyage à l’étranger. Déjà, plus de 80.000 de
nos compatriotes ont pu revenir en France ces derniers jours! Nous sommes en
train d’organiser de nouveaux vols. Je n’ignore pas que beaucoup de nos
compatriotes sont encore en attente et s’impatientent. Je veux leur dire que
nous travaillons d’arrache-pied, nuit et jour, pour dénouer toutes les
situations problématiques.
- Ce que traverse aujourd’hui l’Italie est une tragédie pour
elle et pour l’Europe entière et nous nous mobilisons pour l’aider. L’Italie bénéficiera
des achats européens groupés de matériels de protection qui vont aboutir dans
les prochains jours, comme de la réserve stratégique médicale qui sera bientôt
mise en place par l’Union européenne. La France a pris sa part dans le cadre de
cet effort de solidarité européenne. Nous n’avons jamais fermé la porte à
l’Italie et nous ne laisserons jamais tomber nos amis transalpins.
- Tout n’a pas été parfait. L’Europe n’a peut-être pas
suffisamment anticipé l’ampleur de la crise. Elle a pu être un peu «lente au
démarrage». Des décisions unilatérales et nationales ont pu être prises sans
coordination. C’est vrai. Mais je crois qu’il est inexact d’affirmer que
l’Europe, aujourd’hui, n’apporte pas de réponse commune et unie. Nous avons,
ensemble, pris la décision de fermer les frontières extérieures de l’UE et de
l’espace Schengen. Nous avons veillé, ensemble, à ce que les contrôles mis en
place aux frontières internes des pays n’entravent pas la circulation des
marchandises vitales à notre approvisionnement. Nous avons, ensemble, engagé
des moyens conséquents pour lancer des achats groupés d’équipements de
protection et de matériels médicaux. Nous avons, avec les institutions, mis à
disposition 187 millions d’euros pour la recherche sur le Covid19. L’échelon
européen est tout aussi crucial pour limiter l’impact économique de cette
crise. La Banque centrale européenne l’a montré en lançant un programme de 750
milliards d’euros pour assurer le financement de l’économie. Les partenaires
européens prennent, ensemble, des décisions qui n’ont jamais été prises dans
l’histoire de notre union. Le signal est clair: nous n’hésiterons pas à innover
ensemble pour protéger les secteurs les plus touchés et leurs salariés, à
chaque fois que cela sera nécessaire. Je crois donc que chacun, en Europe, a
aujourd’hui bien conscience de la nécessité de faire bloc face au virus.
- À mes yeux, la question la plus urgente aujourd’hui est
plutôt de savoir comment nous pouvons améliorer notre capacité de réaction à
cette crise inédite, dans sa dimension sanitaire, mais aussi dans ses
implications économiques, sociales, sécuritaires, à court et à moyen terme. La
crise met à rude épreuve les systèmes de santé dans le monde entier ; elle
pourrait, demain, affecter des États, en Afrique en particulier, dont les
capacités sanitaires risquent de se trouver dépassées très rapidement. C’est la
raison pour laquelle le président de la République a appelé à la tenue rapide d’un
sommet extraordinaire du G20, afin de renforcer la coordination internationale
face à l’épidémie, de soutenir ensemble la croissance mondiale et d’organiser
la solidarité avec les États les plus vulnérables.
- Le temps n’est pas à la polémique. Le gouvernement et
l’ensemble des services de l’État sont pleinement mobilisés pour faire face à
cette crise d’une extrême gravité. S’agissant des masques, la priorité est de
faire en sorte que les soignants y aient accès dans la durée. Toute la
stratégie s’articule autour de cet impératif. Et je le rappelle, les gestes
barrières, la distanciation sociale et le respect strict du confinement, par
chacun, nous protègent tous. Une stratégie de tests a par ailleurs été mise en
place sur la base des avis de nos scientifiques. Là aussi, permettez-moi un
rappel: ils ne sont pas faits d’abord pour mesurer la progression de
l’épidémie, mais pour la contenir.
- Le réel clivage est plutôt celui qui oppose, d’un côté,
les défenseurs de l’action multilatérale, et de l’autre, ceux qui, sur la scène
internationale, pensent pouvoir faire cavalier seul. Face au coronavirus, nous
avons besoin de coordination et de coopération. Pour freiner la progression du
virus, pour doter chaque État du matériel sanitaire nécessaire, pour mettre au
point un vaccin le plus rapidement possible, nous devons agir ensemble.
Aujourd’hui, il est clair que la solidarité est l’autre nom du pragmatisme. La
preuve: elle fonctionne dans les deux sens. En février, nous avons fourni des
masques aux autorités chinoises. La semaine dernière, elles nous en ont à leur
tour envoyé.
- Le modèle chinois, c’est le confinement intégral! Nous
n’en sommes pas très loin. Je ne suis donc pas sûr qu’il y ait un «modèle
chinois». Il y a un modèle global, celui du confinement et de l’absence de
contact, qui seul permet de ne pas laisser passer le virus et d’empêcher que
l’épidémie ne se propage.
- Aujourd’hui, nous sommes dans le temps de l’action.
Demain, viendra celui des conséquences à tirer de cette crise sans précédent.
Et là, j’espère que nous pourrons dire que le multilatéralisme a gagné. À la
fois parce que nous serons venus à bout de la pandémie en unissant nos forces
et aussi parce que notre capacité d’action collective sortira renforcée de la
crise.
- La France a des partenaires partout dans le monde, bien
au-delà de l’Occident. Quand ils parviennent à endiguer l’épidémie, nous nous
réjouissons avec eux. S’ils prennent des initiatives susceptibles de
fonctionner aussi chez nous, nous nous en inspirons. Ce virus est notre ennemi
commun, face à lui, nous sommes tous dans le même camp.
- En nous mobilisant face à cette crise, nous apprenons
collectivement à mettre la solidarité au centre de la vie internationale. Voilà
un changement géopolitique majeur! Et je compte tout faire pour qu’il
s’inscrive dans la durée, car une fois que nous aurons dépassé la crise en
France, nous devrons aider des pays vulnérables à combattre ce fléau pour qu’il
disparaisse totalement. Et ce n’est pas seulement une question d’humanité,
c’est aussi notre intérêt bien compris. Je crois que nous devrons
collectivement tirer les leçons de cette crise pour l’Europe, pour le système
des Nations unies, pour le multilatéralisme. La France sera fidèle à son rôle
et son histoire et fera des propositions ambitieuses, le moment venu.
Nicole Belloubet
(ministre de la justice)
- Dans l’esprit même de la Déclaration des droits de l’Homme
de 1789, la liberté n’a jamais été considérée comme absolue. Pour des raisons
d’ordre public, la sécurité, la salubrité et la santé, on peut les atténuer.
Ces limites de solidarité en termes de santé publique sont essentielles.
- Il n’est pas du tout question que les dispositions [de
l’état d’urgence sanitaire] entrent dans le droit commun. Elles sont prises
pour une durée limitée dans le temps, et je ne vois pas pourquoi il faudrait
ensuite prolonger ces mesures. La crise sanitaire a une limite dans le temps,
donc les mesures cesseront rapidement après. Tout ça est cadré, et c’est très
important pour s'assurer que nous sommes bien dans un état de liberté et une
démocratie. On n’est pas du tout dans l’idée de se donner les pleins pouvoirs.
Ces ordonnances sont encadrées par une loi qui a été adoptée par le Parlement,
nous ne pouvons pas sortir de l’habilitation qu'il nous donne. Au fond, c'est
la question de comment on préserve les règles de l’État de droit dans des
circonstances exceptionnelles.
- Tout ce que demande le Parlement est légitime",
admet-elle. "Mais je trouve qu’au moment où nous sommes, il y a quelque
chose de curieux, de décalé, à vouloir déclencher des commissions d’enquête dès
maintenant. Évidemment, quand la crise sera passée, la démocratie devra exercer
tous ses droits. [Demander une commission aujourd'hui] je trouve ça
regrettable, ce qui est important ce ne sont pas les gesticulations ou les
mots, c’est l’action.
- Dix détenus ont été testés positifs, et 450 sont
symptomatiques. Nous avons pris deux types de mesures : des mesures de
protection sanitaire (parloirs suspendus, mais mesures de compensation :
forfait téléphonique et télévision gratuits ; 116.000 masques pour les
surveillants pénitentiaires ; une possibilité de confinement pour les
personnes qui ont des symptômes), et des mesures permettant de mettre fin à
l’incarcération d’un certain nombre de détenus pour soulager la tension
pénitentiaire. (…) Nous examinons au cas par cas les situations des personnes à
deux mois de la fin de leur détention : ça suppose que ces personnes aient
un logement, qu’elles n’aient pas été condamnées pour des faits criminels graves,
de terrorisme ou des violences intra-familiales. Je suis opposée à une mesure
générale, qui viserait par exemple à libérer les personnes en détention
provisoire.
- Les juges sont là, judiciaires et administratifs. Ils vont
d’abord juger les contentieux urgents, puis les contentieux les plus courants.
Les institutions démocratiques fonctionnent, c’est essentiel.
- Nous avons absolument voulu, dans les ordonnances,
conserver le rôle des avocats, en leur donnant tous les moyens pour l’assurer.
Nous allons être livrés de manière extrêmement importante en gel
hydroalcoolique, pour que tous les tribunaux puissent en bénéficier très
rapidement. Pour les masques, la doctrine gouvernementale c’est d’en donner le
maximum au personnel de santé.
Florence Parly
(ministre des Armées)
- Résilience : le nom de
l’opération militaire que nous lançons. Objectif : venir en aide à la
population. Soutenir l’État et les services publics. Les Armées sont au
rendez-vous.
- [Opération résilience] Le choix du
nom "résilience" ne doit rien au hasard. La résilience, c'est la
capacité à surmonter les chocs et à les dépasser
- Résilience est distincte de
Sentinelle, qui se consacre exclusivement à la lutte anti-terroriste. Les
Armées, en même temps, continueront à assurer pleinement leurs missions de
protection de la France et des Français, sur le territoire national comme à
l’étranger.
- Les armées n'ont pas vocation à dresser des contraventions
en cas de non-respect du confinement (...) Le maintien de l'ordre ne fait pas
partie des missions des militaires. Le maintien de l'ordre, c'est le cœur de
métier des policiers et des gendarmes, donc il n'est pas question de changer
ces règles.
Bruno Le Maire
(ministre de l’Economie et des Finances)
- Une ordonnance signée par Emmanuel Macron interdit la
suspension, l’interruption et la réduction de la fourniture d’électricité, de
gaz et d’eau pour les petites entreprises affectées par le COVID19. Ces entreprises peuvent
échelonner dans le temps leurs factures sans pénalité. L’ordonnance prévoit
également la possibilité pour les TPE et les PME de demander le report ou la
suspension des loyers sur la base de l’accord que nous avons trouvé avec les
bailleurs.
- Les prêts garantis par l’État sont
disponibles depuis ce matin pour toutes les entreprises affectées par la crise
sanitaire. Ils peuvent atteindre 25% du chiffre d’affaires annuel.
- Les TPE, indépendants,
micro-entrepreneurs, professions libérales touchés par la crise du coronavirus peuvent bénéficier du
Fonds de solidarité et solliciter une aide de 1500€, à partir du 1er avril. Pour
les entreprises qui connaissent le plus de difficulté, une aide complémentaire
de 2000 euros peut être obtenue au cas par cas auprès des Régions dès le 15
avril.
Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- Pour que nos hôpitaux, nos foyers,
notre pays fonctionnent en période de confinement, il faut des professionnels
de l’énergie sur le
terrain. Depuis le début de cette crise, nous accompagnons le secteur pour
protéger ces femmes et ces hommes. Merci Fabien pour votre engagement!
- Le président a exprimé ce soir
l’importance de faire bloc. Les soignants en 1ère ligne, ceux qui sont en ligne
arrière et permettent au pays de vivre et chaque citoyen en respectant les
règles du confinement. Chacun à notre poste, surmontons cette épreuve.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l’Education)
- Les professeurs de France font un
travail extraordinaire, ne comptant ni leur temps ni leur énergie, pour suivre
tous nos élèves en ces circonstances exceptionnelles. Tous les Français peuvent
être fiers de notre service public. Remercions chaque jour nos professeurs.
- Scolarité à distance : "Nous
devons compenser les inégalités familiales. C'est pourquoi j'ai demandé que
chaque famille puisse être contactée au moins une fois par semaine pour qu'il y
ait un suivi personnalisé.
Olivier Véran
(ministre de la Solidarité et de la Santé)
- Le consensus scientifique est clair
: ne donnez pas un médicament sans preuve, mais menez des études cliniques pour
chercher ces preuves. C'est ce que nous faisons. Et vite. Je ne ferai pas de
pari sur la santé des Français.
- Nous montons en puissance avec les
tests, bientôt plus de 20.000 par jour. En parallèle, nous analysons de
nouveaux tests, plus rapides, plus simples, diffusables largement.
- On est en train d’augmenter le
nombre de tests qu’on est capable de faire. On attend de nouveaux tests plus
rapides, plus simples.
Didier Guillaume
(ministre de l’Agriculture)
Il n'est pas question que l'on déferle dans un grand magasin
comme quand il y a des soldes. C'est fini cette histoire! Chacun rentre avec la
distance de sécurité. Il y a des contrôles, les gens comptent et je crois que
les choses se passent bien.
Franck Riester
(ministre de Culture)
Aux Français qui sont en première
ligne pour nous protéger, nous nourrir, nous soigner : merci. À tous les
autres, vous aussi vous pouvez sauver des vies. Un seul message: #RestezChezVous.
Gérald Darmanin
(ministre des Comptes publics)
- Les comptes 2019 publiés par l’Insee démontrent le sérieux
budgétaire du gouvernement depuis 2017 (déficit et dette en baisse). C’est ce
sérieux qui nous permet aujourd’hui de faire face à la crise avec des bases
plus solides.
- Quelle que soit leur taille, quel
que soit leur secteur, toutes les entreprises peuvent bénéficier du chômage
partiel si le télétravail est impossible. Le gouvernement
est au rendez-vous pour soutenir l’emploi et le
secteur économique durement touché.
Muriel Pénicaud
(ministre du Travail)
- Aux salariés qui travaillent sur la
deuxième ligne de front afin d’assurer la vie quotidienne des Français et
soutenir les soignants, les entreprises pourront attribuer une prime
exceptionnelle sans charges ni impôts.
- En région Grand-Est (comme en Ile-de-France), 8200 élèves-infirmiers et élèves aides-soignants vont
pouvoir venir en renfort des soignants qui œuvrent chaque jour auprès des
malades coronavirus.
Je débloque 11M d’€ pour cette action.
- Les ordonnances ont été adoptées en conseil des ministres
pour: éviter défaillances et licenciements, protéger les salariés en ouvrant
largement le chômage partiel, permettre aux plus précaires de conserver leur
indemnisation chômage même en fin de droits.
- Chômage partiel: en deux jours, 500
000 salariés et 60 000 entreprises supplémentaires protégés. Depuis le début de
la crise, ce sont 1,2 million de salariés et près de 100 000 entreprises
concernées. Nous protégeons les entreprises et les emplois. depuis le début de
la crise, seules 28 demandes de chômage partiel ont été refusées par sur tout
le territoire, de façon justifiée.
- Pour les renforts saisonniers agricoles indispensables,
nous lançons un guide santé & sécurité des salariés, une plateforme dédiée
au recrutement, l'autorisation de cumuler chômage partiel & activité
agricole.
Julien Denormandie
(ministre de la Ville et du Logement)
Les 25 ordonnances publiées aujourd’hui apportent des
solutions concrètes pour les secteurs du logement, de la construction et de
l’hébergement en cette période de confinement. Les ordonnances permettent
notamment: prolongation de la trêve hivernale jusqu’au 31 mai, prolongation des
contrats de syndic jusqu’à la prochaine AG, prolongation des permis de
construire, facilitation du financement des associations par les collectivités
territoriales.
Frédérique Vidal (ministre
de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation)
- Les étudiants en médecine font
preuve d’un engagement incroyable. Ils font honneur à l’ensemble des
professionnels de santé qu’ils rejoindront. Ils se sont massivement mobilisés
et il est de notre devoir de les aider en retour en restant chez nous.
- Merci aux étudiants en santé
mobilisés partout en France depuis quelques semaines dans les hôpitaux en renfort
dans les SAMU ou bénévoles pour garder les enfants des personnels hospitaliers.
Leur engagement les honore et honore les carrières auxquelles ils se destinent.
- Dans l’enseignement supérieur, les
enseignants sont actuellement pleinement mobilisés pour assurer la continuité
pédagogique et je tiens à les en remercier. On assiste à une mobilisation
exceptionnelle de leur part, au service de notre jeunesse.
Amélie
de Montchalin (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes)
- Il aurait été impensable il y a quelques mois de toucher
aux règles européennes qui ont été levées pour combattre cette crise
exceptionnelle. Il faut anticiper sans tabous l’après, prendre des décisions
inédites pour la relance, l’investissement.
- Cette crise révèle que personne ne
peut s’en sortir seul. Tout l’enjeu du Conseil
européen va être de créer de nouvelles
solidarités contre le COVID19, de nouveaux instruments pour la relance européenne, et pour
soutenir la coopération concrète entre les territoires.
- Face au COVID19, nous agissons désormais
en Européens. Tous ont vu que seule l’action coordonnée est efficace pour
protéger les citoyens. Demain, il faudra faire plus pour eux, ensemble.
- Il y a 63 ans, à Rome, les Européens unissaient
leurs forces pour créer un marché commun. Aujourd’hui, plus que jamais, avec le
COVID19, cette union
est vitale. Si nous voulons une Europe qui soit à la hauteur des aspirations de
1957, 2020 doit être une année d’action.
Cédric O (secrétaire
d’Etat chargé du numérique)
- J'annonce aujourd'hui un plan de 4
milliards d’€ pour soutenir la trésorerie de nos startup en cette période de crise. La French
Tech est un pilier de notre économie et de nos
emplois.
- Versement anticipé du CIR et des
aides à l'innovation, financement de bridges, adaptation des critères de
garantie de prêt... Le plan spécifique de soutien à la trésorerie des start-up
de 4 milliards d’€ a pour objectif d’aider la French
Tech à traverser cette crise
- Soutenir nos start-up c’est
préserver nos emplois d’aujourd’hui et de demain. C’est également agir pour
notre souveraineté technologique.
- Échange avec les fonds de
capital-risque français, pour m’assurer qu’ils assumeront leur part de soutien
aux start-up et répondre à leurs questions sur les mesures d’urgence pour les
entreprises.
Gabriel Attal
(secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education)
Merci à tous les Français qui ont déjà
rejoint la réserve civique sur jeveuxaider.gouv.fr ! Élan solidaire exceptionnel face à la crise.
Agnès
Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre
de l'Economie et des Finances)
Le comité stratégique de la filière automobile s’est réuni
aujourd’hui par audioconférence pour faire un point sur la situation et les
mesures de soutien immédiates aux acteurs. Dès aujourd’hui, il faut aussi
anticiper les conditions de la reprise d’activité.
Jean-Baptiste
Djebbari (secrétaire d’Etat aux Transports)
- Nous avons besoin de trains en cette période. Nous
conservons donc un trafic minimal pour ceux qui disposent d’un motif légitime.
Et nous nous assurons que les gestes barrières soient bien respectés à bord.
- Les rapatriements se poursuivent et près de 90 000 Français ont déjà pu
revenir. Le travail continue pour celles et ceux encore en attente. Ils seront
de retour dans les prochains jours.
Marlène Schiappa
(secrétaire d’Etat à l’Egalité hommes-femmes et à la Lutte contre les
discriminations)
Vous subissez des violences conjugales? Sachez que
nous sommes à vos côtés. Même pendant le confinement les services de l’Etat & les associations sont
mobilisées.
● LaREM
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Richard Ferrand
(président de l’Assemblée nationale)
L’intérêt général comme l’avenir des
entreprises ne sont pas compatibles avec le versement en 2020 de dividendes sur
les exercices passés.
Stanislas Guerini
(délégué général)
En ces temps de crise, la solidarité
entre les membres de la zone euro doit jouer à plein. Nous sommes confrontés aux
mêmes défis. Face aux dégâts causés par le coronavirus, notre réponse ne peut
être que commune.
Aurore Bergé
(porte-parole)
Le président exprime en notre nom à
tous notre reconnaissance envers ceux qui sont en première ligne, ceux qui
soignent, et annonce un plan massif d'investissement et de revalorisation des
carrières. Et à ceux qui sont en deuxième ligne et permettent au pays de vivre.
●MoDem
Patrick Mignola
(président du groupe à l’Assemblée nationale)
L’économie française doit tenir le
choc.
Sarah El Hairy
(porte-parole)
- Parce qu'il faut que notre économie tienne, voici les
premiers éléments du Fond de solidarité pour les indépendants, microentrepreneurs, professions libérales...
- Personne ne nie le manque de masques, mais Macron a été à la hauteur.
L'heure est à l'unité, et ceux qui doivent rendre des comptes les rendront plus
tard.
- Notre nation est toute entière sur
le pont, notre armée qui est déjà à l'œuvre dans les évacuations des patients, dans
la mobilisation de son service de santé, va se voir déployer à travers l'opération résilience pour soutenir la
population en métropole en outre-mer.
- Notre meilleure arme contre le Covid19 reste le confinement.
●Mouvement radical
Laurent Hénart
(président)
- J'ai pris la décision d'instaurer
un couvre feu et
d’interdire les regroupements à Nancy pour faire en sorte que les efforts de confinement consentis par une
large majorité de la population ne soient pas compromis par le comportement de
quelques uns.
- Pour permettre aux forces de police
de faire respecter le confinement, j'ai pris la décision d’instaurer un couvre feu quotidien,
de 22h à 5h, et d’interdire sur la commune de Nancy tout regroupement de plus de deux personnes âgées de plus de
10 ans sur l’espace public.
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