Pete Buttigieg |
Rien n’obligeait celui que les médias considèrent comme la
«révélation» de ces primaires à se retirer à ce stade de la compétition pour
décrocher l’investiture à la prochaine présidentielle face à Donald Trump.
Cependant, le maire de la ville de South Bend dans l’Indiana
savait qu’il avait peu de chances de gagner et qu’il avait beaucoup d’atouts
pour peser sur la future nomination du candidat démocrate et il a également
pris date pour l’avenir.
Il faut dire que Pete Buttigieg accumulait plusieurs
handicaps malgré sa victoire surprise lors du caucus de l’Iowa et sa bonne
prestation lors du caucus du New Hampshire.
La première qui faisait également une partie de ses atouts
était qu’il était une personnalité nouvelle mais donc largement inconnue du
grand public.
La deuxième est qu’il n’avait pas une grande expérience de
la gestion politique, South Bend étant une ville de 100.000 habitants et il n’a
jamais détenu de mandat national qui démontre sa capacité à diriger la première
puissance mondiale.
La troisième était son orientation sexuelle.
Homosexuel assumé et marié, il n’a pas pu présenter une
image positive auprès de certaines communautés qui ne sont pas prêtes à voter
pour un tel candidat.
C’est le cas en premier lieu de la communauté afro-américaine,
extrêmement conservatrice sur le sujet.
En ce sens, la primaire de Caroline du Sud était un test
important puisque une grande partie des électeurs étaient noirs.
Et son très mauvais résultat a démontré qu’il ne pouvait
compter sur le vote noir, ce qui est rédhibitoire pour être choisi comme candidat
démocrate.
C’est sans doute la raison principale de son abandon cette année
et de sa probable candidature dans les années à venir.
Car il avait, à l’inverse, nombre d’atouts.
Le premier est son intelligence, le deuxième son
positionnement politique (il est un progressiste modéré) et ses idées en phase avec
la partie de la société américaine qui ne vote pas Trump, la troisième sa
jeunesse et la quatrième, sans doute dans un futur assez proche, son appartenance
à la communauté gay qui est encore aujourd’hui un frein à son ambition
politique.
En se retirant, Buttigieg a dit vouloir unifier le Parti démocrate
afin que celui-ci gagne en novembre prochain et mette dehors le populiste démagogue
et incompétent qui occupe actuellement la Maison blanche.
Mais il a également dit une autre chose importante:
«Je n’attends pas avec impatience un scénario où tout se
résumerait à Donald Trump et à sa nostalgie de l’ordre social des années 1950
et à Bernie Sanders et à sa nostalgie de la politique révolutionnaire des
années 1960».
Il s’est donc clairement positionné au centre en rappelant
aux nombreux démocrates qui s’apprêtent à voter pour Sanders que celui-ci n’incarne
pas les idées du parti et qu’il représente un danger, certes nettement moindre
que Trump, mais un danger tout de même.
Reste à savoir si son message passera bien à ses électeurs
et à ceux qui s’apprêtaient à voter pour lui et donnera un coup de pouce à Joe
Biden voire à Michael Bloomberg, les deux centristes le mieux à même de faire
barrage à Sanders puis de battre Trump.
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