lundi 30 mars 2020

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les profiteurs (politiques) de la crise


Dans toute crise, il y a des profiteurs.
Depuis le début de celle que nous connaissons actuellement avec l’épidémie de covid19, nombre de faits et gestes désolants, indignes er scélérats ont été commis come le rappellent les autorités et avec ce fatalisme exprimé par le Premier ministre sur ce que révèlent des moments comme celui-là avec le meilleur mais aussi le pire de l’humain et de l’Humanité.
Ce fut le cas dans d’autres moments comme, en France, lors de l’Occupation après la défaite de 1940 ou dans le monde, lors de famines, d’épidémies ou de catastrophes naturelles qui se sont succédé au cours des millénaires.
Ici, je voudrais évoquer une certaine catégorie de profiteurs qui sévissent systématiquement en ces occasions, les profiteurs politiques, ceux qui veulent tier avantage d’une crise pour faire prospérer leur personne ou leur idéologie.
Comme d’habitude, dans de telles moments, ils sont nombreux de par le monde et dans notre pays.
Le premier exemple qui vient à l’esprit est cette décision catastrophique d’avoir organisé le premier tour des élections municipales.
On sait qu’Emmanuel Macron était favorable à le reporter mais qu’il a dû céder face à la pression des oppositions qui menaçaient d’en faire un argument politicien sur l’absence de démocratie en France et l’autoritarisme du pouvoir en place qui, ne l’oublions pas, était, avant le début de l’épidémie, un des thèmes majeurs de tous les partis de gauche et de droite pour attaquer la majorité et tenter de la discréditer.
Et comment ne pas oublier que ce jeu opportuniste et irresponsable surfait allègrement sur le mouvement de foule des gilets jaunes dont la principale caractéristique avait été de dénier toute légitimité à cette même majorité malgré ses victoires aux élections et sur les tentatives subversives de certains syndicats (CGT, Sud, FO) qui instrumentalisaient sans vergogne aucune la grogne d’une partie de la population contre la réforme des retraites pour tenter de faire tomber le pouvoir.
Ce terreau fertile ne demandait qu’à être labouré pour produire une explosion politico-sociale dont la semence aurait été ce report des municipales…
Résultat: une parodie d’élection, des personnes contaminées dans les bureaux de vote et… la critique de ceux-là même qui avaient déjà chargé leurs fusils au cas où les municipales auraient été reportées!
Voilà ce que j’appelle les profiteurs de la crise qui ne se sont évidemment pas limité à cette opération indigne d’élus de la république.
Ainsi, on a vu les mêmes critiquer le confinement comme attentatoire aux libertés et demander des actions plus efficaces pour éviter la propagation du virus alors même que tous les spécialistes sans exception ont expliqué que ce confinement était nécessaire.
Mais en attaquant une mesure lourde et difficile pour la population tout en se posant en gardiens de leur santé, ces profiteurs entendaient bien capitaliser sur un nouveau mécontentement.
Quant aux propos indignés sur le manque de masque, faut-il rappeler à ceux qui s’en émeuvent de manière si ostentatoire que c’est par les décisions qu’ils ont prise eux et leurs majorités d’alors qu’on se retrouve dans cette situation.
Mais il est tellement tentant de montrer du doigt l’autre tout en s’absolvant de toute responsabilité tout en espérant en récupérer quelque chose…
Un autre exemple emblématique vient de la controverse sur la chloroquine et le personnage du professeur Raoult qui affirme que celle-ci doit être utilisée pour soigner les malades atteints du covid19.
Cette molécule, connue et utilisée pour d’autres pathologies depuis près de 80 ans n’est qu’une piste intéressante dont l’efficacité face à ce virus n’est absolument pas démontrée scientifiquement, non seulement en France, à part les travaux de Raoult, mais dans le monde, à part une enquête sujette à caution venue de Chine.
Personne ne dit, et le gouvernement avec, que peut-être, si l’on fait des travaux solides sur son action, elle ne soit efficace mais personne ne peut l’affirmer actuellement, en tout cas, aucun scientifique ou médecin, à part monsieur Raoult.
Mais, au lieu que cette discussion soit menée dans le milieu médicale et en particulier de la recherche, et qu’elle débouche le plus rapidement possible sur une décision uniquement prise sur des bases scientifiques, elle s’est invitée sur le terrain politique par les prises de positions inconséquentes de nombre de politiciens dont on ne sait s’ils connaissent un tant soi peu comment s’effectue une mise sur le marché d’un médicament pour une pathologie précise, notamment afin d’éviter que le remède soit pire que le mal, mais dont on sait plus sûrement qu’ils sont tous des opposants à la majorité en place…
Oui, les profiteurs politiques de la crise sont de sortie et ne croyez pas qu’ils rentreront sagement chez eux avant la sortie de l’épidémie ni qu’ils ne tenteront pas par la suite d’instrumentaliser cette dernière pour continuer leur travail de sape (et non dans un débat démocratique nécessaire et indispensable qui devra avoir lieu pour en tirer toutes les conséquences, à la fois sur les décisions prises et sur les circonstances de sa survenance).
Je finirai pas une autre catégorie tout aussi médiocre mais qui occupe la scène politico-médiatique en tant de crise: les donneurs de leçon.
Accueillis avec une complaisance plus que coupable par les médias, en particulier ceux qui sont des opposants au Président de la république et à son gouvernement, ils viennent nous dire ce qu’il aurait fallu faire, ce qui n’a pas été fait, qui est coupable, qui est innocent, ce qu’il faut faire, ce qu’il faudra faire, etc.
Des véritables encyclopédies du «yaka», «yavéka» et «yoraka»!
Souvent sans aucune légitimité de connaissance, ces «experts» médiatiques font penser à ces faux prophètes qui sévissent dans ces moments d’angoisse et qui viennent nous faire la leçon et nous dire comment faire pour nous sauver des foudres célestes ou de la fureur des éléments.
S’agrègent à ceux-ci, les corporatistes qui trouvent là un moyen assez minable de faire avancer leurs revendications professionnelles qui n’ont rien à voir avec la crise du moment dans une impudeur qui frise parfois la bêtise ou qui viennent régler leurs comptes sur les plateaux de télévision et les studios de radio.
Oui, les crises sont un terrain de jeu pour tous ceux qui pensent d’abord à eux-mêmes plutôt qu’aux autres, plutôt à leur carrière qu’au bien être des autres.
A nous de les laisser déblatérer et être ce qu’ils sont vraiment: de ridicules clowns mais aussi et malheureusement parfois dangereux… pour les autres.



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