Emmanuel Macron |
Tel est évidemment le cas du macronisme.
Pour ne parler que de la V° République et de sa forte incarnation
du pouvoir en la personne du président de la république en place, on peut
affirmer sans grands risques que de se tromper que, comme le pompidolisme, le
giscardisme, le mitterrandisme, le chiraquisme, la sarkosysme et le
hollandisme, le macronisme ne survivra évidemment pas au mandat de son porte flambeau.
Quant au gaullisme, il semble encore vivant parce que l’on
peut y mettre ce que l’on veut dedans mais il a en réalité disparu comme les
autres après le départ de son créateur de l’Elysée.
Et s’il y a encore quelques gaullistes ou qui se prétendent
comme tels – et qui jouent de l’ambiguïté que le terme a acquis avec temps et
par référence à une figure historique où la référence est plutôt désormais le
Seconde guerre mondiale que sa présidence entre 1958 et 1969 –, on ne trouve
plus guère de giscardiens, de mitterrandistes, de chiraquiens, de sarkosystes
et encore moins de hollandistes (s’il en a jamais existé, François Hollande
inclus…) affichés, tout juste des fidèles et des nostalgiques qui ne font pas
un courant de pensée vivant et actuel.
Pourquoi? Parce que ces idéologies n’en sont pas vraiment et
se rattachent essentiellement à la Droite (de Gaulle, Pompidou, Giscard
d’Estaing – qui avait en plus un certain tropisme centriste –, Chirac, Sarkozy)
et à la Gauche (Mitterrand, Hollande).
Pour Macron c’est le Centre (et non un indéfinissable
«ailleurs»…).
Ajoutons que ces présidents ont réussi, en particulier lors
de leurs premières années d’exercice du pouvoir, à rassembler au-delà de leur
camp, ils ont généralement terminé leur mandat par un retour dans leur famille
politique d’origine (si ce n’est pas tout à fait le cas pour Mitterrand, c’est
que lors de son second mandat, la majorité sur laquelle il devait s’appuyer
n’était plus seulement de gauche mais comptait des centristes et des gens de
droite).
Mais ne nous méprenons pas: cela ne signifie pas que le
passage de ces personnalités n’ont pas marqué la vie politique du pays et que
leur œuvre ne représente rien de concret ou de durable.
L’élection du président de la république au suffrage
universel par de Gaulle, la majorité à dix-huit ans par Giscard d’Estaing, la
suppression de la peine de mort par Mitterrand, sont quelques exemples parmi
d’autres qui le démontrent sans l’ombre d’un doute.
Car si ce n’est donc pas la pensée des présidents qui
demeurent ou leur projet politique, leur action, ce qu’ils ont fait
concrètement lors de leur passage au pouvoir, elle, est leur véritable leg
politique au pays.
Bien sûr, leurs propos et leurs programmes ont contribué à
façonner les courants politiques d’où ils venaient mais jamais ils ne les ont
supplantés ou ont abouti à créer un nouveau courant de pensée original
détrônant le triumvirat Gauche-Centre-Droite.
Et ce sera le cas d’Emmanuel Macron comme des autres après
que son élection, comme d’ailleurs celles des autres, aient été l’objet de
conjectures sur une «nouvelle donne» idéologique.
En revanche, on trouve et on trouvera encore demain une
Droite, une Gauche et un Centre.
Pourquoi?
Tout simplement parce qu’il s’agit d’une grille de lecture
des idées et des actions politiques, rien de plus.
C’est avant tout un outil qui permet au citoyen de s’y
retrouver et de pouvoir choisir ses représentants dans une certaine
connaissance de pour qui et pour quoi il vote.
Alors, oui, il peut y avoir un certain panachage avec des
mesures prises par un même président qui peuvent être cataloguées de droite, de
gauche ou du centre.
La «pureté» idéologique n’existe évidemment pas et
l’inclination de chaque président (et/ou de la majorité sur lequel il
s’appuie), implique ce semblant de patchwork, semblant parce qu’in fine, il
n’est guère difficile de dire de quel bord il était.
Et même si François Mitterrand a parfois été qualifié de
«président de droite» et que Jacques Chirac a été présenté comme un
«radical-socialiste», leurs présidences ont été pour le premier à gauche et
pour le second à droite parce qu’en plus d’être des hommes de gauche et de
droite, ils s’appuyaient sur des majorités qui étaient à gauche et à droite et
dont, s’ils n’étaient pas prisonniers, ils en étaient redevables.
La majorité présidentielle d’Emmanuel Macron, elle, est bien
au centre et essentiellement du Centre même si elle possède une aile droite et
une aile gauche.
Enfin, même si les livres d’Histoire (et ceux de sciences
politiques) parleront bien de ces «ismes», ils les remettront évidemment en
perspective avec notre grille de lecture allant de gauche à droite et dont la
pertinence, malgré ce qu’en pensent beaucoup de citoyens des pays
démocratiques, reste entière parce qu’elle apporte la clarté nécessaire à la
vie politique même si elle ne peut rendre toutes les subtilités de l’action
mais qui n’influent pas sur la couleur politique principale de celle-ci parce
qu’elles ne sont, au bout du compte, que des subtilités.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Vous écrivez : "Quant au gaullisme, il semble encore vivant parce que l’on peut y mettre ce que l’on veut dedans mais il a en réalité disparu comme les autres après le départ de son créateur de l’Elysée."
RépondreSupprimerQuelle erreur, quelle tromperie...
Le gaullisme est né en 1970 après la disparition du Général. Avant, point besoin de terme en "isme". De Gaulle était là.
Aujourd'hui le gaullisme existe, y compris dans les thèmes "révolutionnaires" comme la participation réelle dans les entreprises.
Il suffit aussi, sauf pour ceux qui veulent l'ignorer, souvent par paresse, d'analyser la vie politique d'aujourd'hui. Il ne se passe pas une seule année, notamment électorale, sans que quiconque ne se réfère au Général. Certes, il y a des imposteurs ! Mais il y a aussi des gaullistes qui militent pour ses idées qui sont encore très modernes.
voir www.gaullisme.fr