Pete Buttigieg |
[Mise à jour le 7 février à 10h15]
Après une longue attente due à des problèmes techniques sur
l’application informatique utilisée, les résultats du caucus de l’Iowa,
première étape traditionnelle des primaires démocrates, ont été enfin
publiés dans leur intégralité, trois jours après sa tenue mais aucun candidat n'a été déclaré vainqueur!
En effet, des erreurs ont été notées dans les décomptes ce qui a amené la direction du Parti démocrate à demander aux
responsables de l’Iowa de procéder à un nouveau comptage, ce qui, selon nombre de commentateurs, pourrait prendre un certain temps…
Une situation ubuesque qui risque de coûter cher à l’Iowa qui
pourrait perdre sa place de premier Etat à voter dans les primaires, place qui était
déjà largement mise en cause par le peu de représentativité qu’il a au niveau national
alors qu’il peut en avoir une grande dans le déroulement de la nomination d’un candidat
à la présidence en donnant à certains une dynamique et à d’autres un coup d’arrêt
brutal.
Rappelons qu’un caucus comme celui de l’Iowa est une série
de «réunions de voisins» (une dans les 1765 bureaux de vote de l’Iowa, par
exemple) où chaque participant indique pour qui va sa préférence et se réunit
alors avec ceux qui ont la même opinion.
Ensuite, une discussion s’engage où chaque groupe tente de
convaincre les autres que son candidat est le meilleur.
Puis l’on procède à un vote afin de sélectionner les
candidats «viables» et une nouvelle discussion s’engage avant le vote final.
Ensuite, on rassemble tous les votes et l’on élit les
délégués locaux qui choisiront, plus tard, les délégués de l’Etat par un
système à plusieurs étages qui permet à chaque délégué de changer son vote (ce
qui arrive rarement).
Les résultats donnés par les médias le soir même (ou, en
l’occurrence, deux jour après), ne sont donc pas le résultat final qui est,
lui, décidé lors d’une convention au niveau de l’Etat.
Les caucus sont très peu nombreux (et avec des règles qui
peuvent varier quelque peu), beaucoup d’Etats ayant renoncé à en organiser
parce qu’ils n’ont pas les critères d’un vrai choix démocratique qui impose un
vote secret, notamment.
De plus, comme il faut se déplacer et assister à des
réunions parfois interminables, très peu d’électeurs y participent, ce qui leur
donne peu de représentativité.
Quant aux gagnants de ce caucus de l’Iowa, ils ont connu des
fortunes diverses.
Ainsi, dans 55% des cas depuis 1972, le gagnant du caucus
fut, par la suite, désigné candidat des démocrates, comme ce fut le cas pour
Jimmy Carter (en 1976) et Barack Obama (en 2008), élus par la suite président
des Etats-Unis.
En revanche, Bill Clinton (en 1992), lui, n’arriva qu’en
troisième position avec seulement 3% des suffrages ce qui ne l’empêcha pas de
remporter ensuite la primaire puis la présidentielle.
Le vainqueur hypothétique serait donc Pete Buttigieg,
l’ancien maire de la ville de Southbend dans l’Indiana qui se déclare comme
centriste.
S’il possède indéniablement quelques atouts dont sa jeunesse
(par rapport aux âges de ses principaux concurrents…), son passage dans l’armée
et son programme réaliste mais avec une personnalité qui peut néanmoins séduire
les liberals (démocrates de gauche), il a également des handicaps évident comme
son manque de mandat national (il n’a jamais été représentant ou sénateur) ou
son manque de notoriété.
Quant à son orientation sexuelle (il est homosexuel et
marié), il est difficile de savoir si elle sera un atout ou un handicap
rédhibitoire.
On peut penser que lors des primaires démocrates, elle peut
être, dans nombre d’Etats dont ceux de la côte Est et ceux de la côte Ouest,
une dynamique dans une Amérique largement libérale.
En revanche, pour ce qui est de l’élection générale, elle
peut être un mur infranchissable pour attirer un certain nombre d’électeurs
conservateurs ou modérés qui ne sont pas prêts à élire un homosexuel, comme
certains sondages le suggèrent.
Et la réaction consternante d’une électrice du caucus de
l’Iowa, demandant à changer son vote en faveur de Buttigieg en apprenant qu’il
était homosexuel montre que ce mur est loin d’être virtuel…
Cependant, il est possible que cela ne joue pas en sa
défaveur si l’on se rappelle que Barack Obama fut élu premier président noir,
entre autres parce que les deux mandats de George W Bush avaient totalement
discrédité les républicains pour une majorité d’électeurs américains.
Ce qui pourrait être le cas pour Trump qui, s’il possède une
base très fidèle, peut très bien perdre nombre d’électeurs républicains ou
«independents» (sans affiliation partisane) dégoûtés par le personnage et son
comportement.
Mais il ne faut pas oublier, non plus, que la victoire
d’Obama fut beaucoup plus étriquée que prévue pour un candidat démocrate, une
des raisons étant que nombre d’électeurs anti-Bush ne voulaient pas voter pour
un Afro-américain…
Le perdant de ce caucus est évidemment le centriste Joe
Biden, le favori jusqu’à présent des primaires démocrates (toujours en tête
dans les sondages sur les primaires), celui qui semble le plus à même de battre
Trump à l’heure actuelle, donc qui est encore le «bon» centriste pour la
présidentielle (ainsi, dans les sondages, Biden bat systématiquement Trump
alors que Trump bat Buttigieg plus souvent que ce dernier ne le bat).
L’ancien vice-président de Barack Obama arrive en quatrième
position derrière Buttigieg mais aussi derrière Bernie Sanders et Elizabeth
Warren, les deux candidats de gauche.
Même si cela ne préjuge pas encore de ses chances de
remporter les primaires, en tous cas, cela semble donner un certain crédit à la
candidature de Michael Bloomberg qui avait indiqué qu’il se présentait aux
primaires démocrates parce qu’il ne croyait pas dans les chances de Biden de
remporter la nomination démocrate puis l’élection face à Trump.
L’ancien maire centriste de New York ne participait pas au
caucus de l’Iowa parce qu’il n’avait pas la possibilité de s’y inscrire,
s’étant déclaré candidat trop tard.
De même, il ne participera pas aux prochaines primaires
comme celles du New Hampshire mais compte sur une dynamique (encore difficile à
évaluer même s’il est monté dans les sondages où il se place devant…
Buttigieg!).
Un mot sur l’autre candidate centriste des primaires
démocrates, Amy Klobuchar, qui arrive en cinquième position avec un score
nettement supérieur à ses intentions de vote au niveau national, ce qui lui
donne un petit espoir de créer son «momentum» (dynamique).
► Voici les résultats du caucus de l’Iowa:
- Pete Buttigieg (ancien maire de
South Bend, Indiana), 26,21%;
- Bernie Sanders (sénateur du
Vermont), 26,12%;
- Elisabeth Warren (sénatrice du
Massachussetts), 17,98%
- Joe Biden (ex-vice-président
d’Obama & ex-sénateur du Delaware), 15,85%
- Amy Kobluchar (sénatrice du
Minnesota), 12,27%
- Andrew Yang (entrepreneur
newyorkais), 1,02%
- Tom Steyer (homme d’affaires), 0,33%
(Selon un décompte sur 100% des bureaux de vote mais non validé
par la direction du Parti démocrate / les pourcentages sont ceux qui concernent les délégués obtenus par chaque candidat et non le nombre de voix car si Buttigieg remporte le plus grand nombre de délégués, c'est Bernie Sanders qui remporte le vote populaire / Michael Bloomberg, ancien maire
de New York, ne concourrait pas lors de ce caucus)
► Derniers sondages nationaux (duels Biden-Trump et
Buttigieg-Trump)
NBC news/Wall
Street journal (2 février)
- Joe Biden
50%- Trump 44%
- Pete
Buttigieg 46%- Trump 45%
IBD/TIPP (31 janvier)
- Joe Biden 49%- Trump 48%
- Pete Buttigieg 45%- Trump 48%
LA Times/USC (30 janvier)
- Joe Biden
49%- Trump 40%
- Pete
Buttigieg 40%- Trump 43%
ABC news/Washington
Post (27 janvier)
- Joe Biden
50%- Trump 46%
- Pete
Buttigieg 45%- Trump 48%
► Les résultats dans la course à la primaire démocrate selon
l’agrégateur de sondage Real Clear Politics:
- Joe Biden (ex-vice-président
d’Obama & ex-sénateur du Delaware), 27%
- Bernie Sanders (sénateur du
Vermont), 21,8%;
- Elisabeth Warren (sénatrice du
Massachussetts), 14,4%
- Michael Bloomberg (ancien maire
de New York), 10,6%
- Pete Buttigieg (ancient maire
de South Bend, Indiana), 7%;
- Amy Klobuchar (sénatrice du
Minnesota), 4%
- Andrew Yang (entrepreneur
newyorkais), 3,6%
- Tom Steyer (homme d’affaires), 2,2%
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