Alors que les primaires démocrates viennent de commencer, la
machine médiatique couplée avec la communication des candidats se sont mises en
route et il n’est guère facile de faire un point sur la situation d’autant plus
que le tout est abreuvé par des sondages aussi approximatifs que contradictoires
comme nous avons eu l’occasion de le dire ici maintes fois (certains réalisés
le même jour donnant des résultats opposés!).
Pour autant, en essayant de réunir toutes les informations,
on peut tenter de dresser le tableau actuel de ces primaires et la place des
centristes qui ont nom, pour les principaux, Joe Biden, Michael Bloomberg, Amy
Klobuchar et la nouvelle coqueluche des médias français et européens (les
médias américains parlent de lui depuis longtemps), Pete Buttigieg.
Parlons d’abord sondages puisque les médias s’emballent dès
que l’un d’eux donne des résultats improbables.
C’est le cas avec celui de l’université de Quinnipiac (dont
les enquêtes se sont souvent trompées) qui met en tête le socialiste Bernie Sanders,
loin devant le centriste et favori de la primaire, Joe Biden, suivi, c’est une
première, par le centriste Michael Bloomberg qui devance la «liberal» Elizabeth
Warren, elle-même devant le centriste Pete Buttigieg et la centriste Amy
Klobuchar.
«Coup de tonnerre», selon les médias et «tournant» dans la
campagne?
Pas vraiment.
D’abord, ce n’est pas la première fois que Sanders devance
Biden dans un sondage.
Ensuite, deux autres sondages réalisés en même temps donnent
Biden devant Sanders.
Enfin, l’aggrégateur de sondages de Real Clear Politics
donne toujours Biden en tête devant Sanders qui précèdent Warren, Bloomberg,
Buttigieg et Klobuchar.
On le voit, pas encore de révolution sondagière malgré les
annonces fracassantes dont est coutumière l’équipe de campagne de Bernie
Sanders et les affirmations des médias.
Néanmoins, pour être plus précis, on peut noter un tassement
des intentions de vote en faveur de Joe Biden, une augmentation de celles en
faveur de Bernie Sanders, une forte augmentation en faveur de Michael
Bloomberg, une baisse pour Elizabeth Warren, une petite progression pour Pete
Buttigieg et un statu quo pour Amy Klobuchar.
Rien qui ressemble à un «tournant» pas plus que le caucus de
l’Iowa ne l’a été.
Car s’il semble que Buttigieg l’ait finalement emporté
devant Sanders, Warren et Biden, il n’est absolument pas représentatif du reste
de l’Amérique, pas plus que ne le sera la primaire du New Hampshire qui a lieu
aujourd’hui.
Cependant, il y a bien une dynamique médiatique pour Pete
Buttigieg qui semble devenir le chouchou des journalistes (il y en a un lors de
chaque élections qui peut d’ailleurs changer au cours de la campagne…) qui
pourrait devenir populaire grâce à ses bons résultats dans l’Iowa et à ceux que
prédisent les sondages à propos du New Hampshire.
A noter que depuis le début de la campagne, les médias n’ont
jamais été pro-Biden.
De même, il y a un certain essoufflement de ce même Joe
Biden, ce qui confirme l’idée que la plupart des premiers favoris connaissent
des baisses de régimes qui peuvent être parfois voire souvent le début de la
fin, ce qui n’est pas encore le cas pour l’ancien vice président.
A l’inverse, Bernie Sanders qui semblait devoir faire de la
figuration en 2020 après sa deuxième place en 2016, connait à nouveau une
dynamique certaine, à l’inverse de Warren, son adversaire de gauche, qui fléchit
inexorablement actuellement sans qu’elle soit totalement hors-course.
Mais celui qui monte et qui pourrait être la vraie surprise
est l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg qui s’est déclaré
tardivement, qui ne fait pas campagne pour les premières primaires et qui fait
le tour des Etats-Unis tout en dépensant des millions de dollars de son propre argent
dans une campagne de publicités politiques massives et percutantes (voir celle
réalisée pour la mi-temps du Superbowl, finale du championnat de football
américain et consacrée au contrôle des armes à feu).
Quand aux chances réelles de chacun de remporter la
victoire, il est trop tôt pour se risquer à un pronostic sérieux tant chacun
des candidats à des forces qui peuvent le booster (l’expérience pour Biden,
être le représentant de la gauche pour Sanders, le sérieux pour Bloomberg, la
brillance intellectuelle pour Warren, la jeunesse pour Buttigieg, être une
femme issue des cols bleus pour Klobuchar) mais également des faiblesses qui
peuvent devenir rédhibitoires (la mollesse pour Biden, la radicalité pour
Sanders, le statut social pour Bloomberg, la confusion pour Warren, l’orientation
sexuelle pour Buttigieg, le manque de charisme pour Klobuchar).
Il est à noter que tous les candidats dont on vient de
parler battraient Donald Trump lors de la présidentielle de novembre prochain.
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