Sans médias libres pas de démocratie.
Mais sans médias responsables, pas de démocratie aussi.
D’où un problème récurrent pour la démocratie d’avoir des
médias aussi libres que possible et aussi responsables que nécessaires,
c'est-à-dire en les laissant libres de faire ce qu’ils veulent et en espérant
qu’ils soient le plus responsable possible.
Ici, le lecteur ne doit pas faire une erreur d’interprétation.
Je ne parle pas de la responsabilité judiciaire des médias
qui permet à tous ceux qui estiment avoir été diffamés ou accusés à tort par des
organes de presse d’aller demander réparation et condamnation devant les
tribunaux.
La responsabilité n’est même pas celle d’un code de
déontologie dont on connait la propension des journalistes de s’abriter
derrière ses règles pour justifier tout et n’importe quoi, celle dont je parle
est la responsabilité face à la mission de la presse qui justifie sa liberté:
informer l’individu pour qu’il soit un citoyen averti et capable d’agir en
toute connaissance de cause.
Or, si l’on regarde ce qui se passe dans la plupart des
démocraties de la planète, on en est loin.
Avant de développer, il est évident que les trois pouvoirs institutionnels,
garants de l’exercice concret de la démocratie, l’exécutif, le législatif et le
judiciaire connaissent eux aussi parfois des dérives dangereuses et
inacceptables.
Mais, à la différence des médias, ils ont des règles
strictes de fonctionnement, se contrôlent l’un l’autre et sont redevables
devant les citoyens par l’élection.
On peut donc les censurer pour avoir failli vis-à-vis de la
démocratie.
Les médias, eux, qui sont pourtant le «quatrième pouvoir»,
certes informel mais bien réel et même revendiqué, n’ont pas à rendre ce genre
de compte quand ils faillissent à leur mission d’informer et c’est tant mieux
pour la liberté d’opinion.
En revanche, c’est tant pis pour l’information citoyenne,
celle qui permet à la démocratie de fonctionner correctement.
Car sans citoyen bien informé (et formé), la démocratie
demeure formelle puisque celui-ci ne prend ses décisions que sur des
informations qui sont souvent biaisées, instrumentalisées voire fausses.
Cette réalité vient en partie de ce que toutes les opinions
peuvent s’exprimer ce qui permet à certaines idéologies populistes,
autoritaires ou dictatoriales de faire de la simple propagande déguisée en
information (ce que l’on appelle aujourd’hui fake news ou infox…).
L’autre partie est que les médias sont des entreprises
commerciales ou vivent dans un environnement concurrentiel.
Dès lors pour faire des profits ou simplement pour survivre,
elles doivent appâter le chaland en créant eux-mêmes l’événement ou en l’enrobant
jusqu’à la nausée de couches de clinquant.
Une pratique aussi vieille que la presse mais qui a pris des
proportions démesurées avec l’apparition des médias d’information continue 24
heures sur 24.
Deux mesures sont pourtant à même de réduire cette
problématique que l’on ne pourra jamais régler définitivement, l’éradication de
rumeurs, de mensonges, de «on-dit» et autres moyens de tromper le citoyen
n’étant guère possible à 100%.
La première est l’existence d’un vrai service public de
l’information qui n’existe aujourd’hui dans aucune démocratie.
La deuxième est la formation de l’individu aux médias afin
qu’il puisse avoir un regard critique sur l’information qu’ils délivrent, qu’il
puisse la décoder efficacement zet non qu’il en soit tributaire de manière
mécanique et passive.
Ces deux mesures sont essentielle pour que le citoyen se
fasse une opinion personnelle qui lui permette d’agir en toute connaissance de
cause (ou en meilleure connaissance de cause qu’il puisse le faire) pour ses
intérêts et ceux de la communauté dans laquelle il vit.
J’ai déjà évoqué plusieurs fois ce que devraient être un
service public vraiment indépendant, à la fois, du pouvoir en place et des
idéologies partisanes et de la structure indépendante qui devrait être à sa
base avec un contrôle citoyen constant et strict.
Quant à la formation des citoyens aux médias, elle est
beaucoup trop confidentielle et limitée actuellement pour leur permettre un
décodage utile et nécessaire.
Enfin, il est bien clair que ce n’est pas en rabotant la
liberté d’expression, donc la liberté d’opinion, donc la liberté de la presse que
l’on règlera le problème.
C’est en offrant une alternative crédible, un complément
nécessaire, une source honnête à un citoyen bien formé que l’on pourra faire en
sorte que les médias soient ce qu’ils auraient du être depuis le début de la
démocratie, son maillon fort.
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