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samedi 29 février 2020

Actualités du Centre. Espagne – Quel avenir pour les centristes de Ciudadanos?

Après la défaite cinglante des dernières législatives de décembre 2019 et la démission dans la foulée de son créateur, Albert Rivera, le parti centriste Ciudadanos tente, tant bien que mal de se reconstruire.
Alors que la formation semblait avoir le vent en poupe, des sondages la mettant même en tête d’élections générales dans le courant de l’année dernière, elle s’est effondrée devant l’inextricable choix qu’elle a du faire entre une alliance avec les socialistes du PSOE qui flirtent avec l’extrême-gauche de Podémos et les partis indépendantistes de certaines provinces (ce qui lui permet de gouverner le pays actuellement avec un gouvernement minoritaire) et une alliance avec les droitistes du PP (Parti populaire) qui flirtent avec le parti d’extrême-droite, Vox, où l’on retrouve les nostalgiques de l’ère Franco et qui a réussi, dans le paysage politique espagnol chaotique a obtenir des résultats électoraux significatifs (il a même devancé Ciudadanos lors des dernières législatives).
Choix inextricable car Ciudadanos a été créé autour de deux idées fortes: la première était de lutter contre la corruption endémique de la vie politique espagnole avec les scandales qui ont touché le PSOE mais surtout le PP; la deuxième est de lutter contre le communautarisme qui gangrène cette même vie politique où les partis nationalistes (comme ceux de Catalogne et du Pays basque) luttent pour l’indépendance des provinces alors même que les centristes, eux, mettent en avant la nécessaire et indispensable unité du peuple espagnol en défendant le «constitutionnalisme», c'est-à-dire une souveraineté reposant sur l'ensemble des citoyens et non sur les communautés autonomes.
Sans oublier les fondamentaux centristes autour des droits de l’individu, de sa liberté dans l’égalité ainsi que la laïcité.
On voit bien qu’aucun des deux principaux partis qui se sont partagés le pouvoir ces dernières décennies ne répondent aux souhaits de Ciudadanos qui espéraient jusqu’à l’automne 2019 devenir à terme le principal parti politique espagnol.
Mais la radicalité montante des oppositions entre la Droite et la Gauche, au lieu de lui bénéficier, l’a plombé jusqu’à remettre en cause son existence même.
Car il était impossible à Ciudadanos et à Rivera de s’allier avec les socialistes avec qui, pourtant, ils partageaient nombre de points de vue sur la politique économique et sociale à mettre en œuvre, parce que ceux-ci se rapprochaient pour de simples raisons électoralistes d’une extrême-gauche dangereuse et de nationalistes prêts à faire éclater l’unité de l’Espagne.
Et il lui était également impossible de se rapprocher du PP parce que celui-ci a effectué un virage à droite toute, notamment pour contrer la montée en puissance de Vox avec qui il a conclu des accords pour gouverner certaines provinces.
Devant ce choix impossible, Ciudadanos a longtemps refusé les alliances, ce qui a joué in fine à son encontre parce que le parti semblait avaliser le blocage des institutions qui ont abouti à plusieurs élections législatives de suite, aucune formation ou coalition ne parvenant à obtenir la majorité à la chambre des députés des Cortès.
D’autant que les centristes, après avoir caressé le rêve de devenir le premier parti politique, ont commencé à baisser dangereusement dans les sondages.
En partie, parce que Ciudadanos s’est retrouvé à s’opposer frontalement à tous les partis nationalistes (ce qui, rappelons-le, est une des raisons de son existence), aux côtés, non seulement, du PP mais de Vox et que cette proximité dans le combat a permis à ses adversaires de faire des amalgames qui ont commencé à troubler l’image du parti et de ses dirigeants.
Ces critiques violentes et récurrentes se sont focalisées sur les accords de gouvernement que Ciudadanos et le PP ont conclu dans certaines provinces et municipalités pour faire barrage aux nationalistes car le PP avait conclu des accords avec Vox.
Et si Ciudadanos a toujours refusé de parler avec Vox, le parti centriste a été accusé d’hypocrisie parce qu’il gouvernait avec un parti qui, lui, l’avait fait (on a même connu une campagne de dénigrement en France afin d’atteindre Emmanuel Macron puisque Ciudadanos, à la même époque, présentait sa liste aux élections européennes et faisait partie de la coalition centriste européenne dans laquelle on retrouvait également LaREM…).
Mais pour Albert Rivera, la situation nécessitait une telle ligne de front, lui, le Catalan qui voyait sa province totalement gangrénée et ingouvernable du faite des nationalistes dont on n’a pas oublié le référendum illégal qu’ils ont organisé pour proclamer ensuite l’indépendance, tout aussi illégale, de leur province.
Aujourd’hui, Ciudadanos essaye tant bien que mal de se reconstruire et aura bientôt un nouveau président qui pourrait être une présidente en la personne d’Inés Arrimadas, lieutenante de Rivera, d’origine catalane comme lui et sur la même ligne politique.
Mais sa faiblesse actuelle laisse en suspens son avenir d’autant qu’Arrimadas a privilégié des alliances pour les élections régionales avec le PP afin de ne pas connaître une deuxième désillusion après les législatives.
Ce qui créé de nouvelles controverses, dont certaines à l’intérieur même du parti, avec la crainte pour certains que ses alliances ne sonnent le glas d’un centrisme indépendant et qu’à terme celui-ci soit absorbé par le PP.


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