Après
la défaite cinglante des dernières législatives de décembre 2019 et la
démission dans la foulée de son créateur, Albert Rivera, le parti centriste
Ciudadanos tente, tant bien que mal de se reconstruire.
Alors
que la formation semblait avoir le vent en poupe, des sondages la mettant même
en tête d’élections générales dans le courant de l’année dernière, elle s’est
effondrée devant l’inextricable choix qu’elle a du faire entre une alliance
avec les socialistes du PSOE qui flirtent avec l’extrême-gauche de Podémos et
les partis indépendantistes de certaines provinces (ce qui lui permet de
gouverner le pays actuellement avec un gouvernement minoritaire) et une
alliance avec les droitistes du PP (Parti populaire) qui flirtent avec le parti
d’extrême-droite, Vox, où l’on retrouve les nostalgiques de l’ère Franco et qui
a réussi, dans le paysage politique espagnol chaotique a obtenir des résultats
électoraux significatifs (il a même devancé Ciudadanos lors des dernières
législatives).
Choix inextricable car Ciudadanos a été créé autour de deux
idées fortes: la première était de lutter contre la corruption endémique de la
vie politique espagnole avec les scandales qui ont touché le PSOE mais surtout
le PP; la deuxième est de lutter contre le communautarisme qui gangrène cette
même vie politique où les partis nationalistes (comme ceux de Catalogne et du
Pays basque) luttent pour l’indépendance des provinces alors même que les
centristes, eux, mettent en avant la nécessaire et indispensable unité du
peuple espagnol en défendant le «constitutionnalisme», c'est-à-dire une
souveraineté reposant sur l'ensemble des citoyens et non sur les communautés autonomes.
Sans oublier les fondamentaux centristes autour des droits
de l’individu, de sa liberté dans l’égalité ainsi que la laïcité.
On voit bien qu’aucun des deux principaux partis qui se sont
partagés le pouvoir ces dernières décennies ne répondent aux souhaits de
Ciudadanos qui espéraient jusqu’à l’automne 2019 devenir à terme le principal
parti politique espagnol.
Mais la radicalité montante des oppositions entre la Droite
et la Gauche, au lieu de lui bénéficier, l’a plombé jusqu’à remettre en cause
son existence même.
Car il était impossible à Ciudadanos et à Rivera de s’allier
avec les socialistes avec qui, pourtant, ils partageaient nombre de points de
vue sur la politique économique et sociale à mettre en œuvre, parce que ceux-ci
se rapprochaient pour de simples raisons électoralistes d’une extrême-gauche dangereuse
et de nationalistes prêts à faire éclater l’unité de l’Espagne.
Et il lui était également impossible de se rapprocher du PP
parce que celui-ci a effectué un virage à droite toute, notamment pour contrer
la montée en puissance de Vox avec qui il a conclu des accords pour gouverner
certaines provinces.
Devant ce choix impossible, Ciudadanos a longtemps refusé
les alliances, ce qui a joué in fine à son encontre parce que le parti semblait
avaliser le blocage des institutions qui ont abouti à plusieurs élections législatives
de suite, aucune formation ou coalition ne parvenant à obtenir la majorité à la
chambre des députés des Cortès.
D’autant que les centristes, après avoir caressé le rêve de
devenir le premier parti politique, ont commencé à baisser dangereusement dans
les sondages.
En partie, parce que Ciudadanos s’est retrouvé à s’opposer
frontalement à tous les partis nationalistes (ce qui, rappelons-le, est une des
raisons de son existence), aux côtés, non seulement, du PP mais de Vox et que
cette proximité dans le combat a permis à ses adversaires de faire des
amalgames qui ont commencé à troubler l’image du parti et de ses dirigeants.
Ces critiques violentes et récurrentes se sont focalisées
sur les accords de gouvernement que Ciudadanos et le PP ont conclu dans certaines
provinces et municipalités pour faire barrage aux nationalistes car le PP avait
conclu des accords avec Vox.
Et si Ciudadanos a toujours refusé de parler avec Vox, le parti
centriste a été accusé d’hypocrisie parce qu’il gouvernait avec un parti qui,
lui, l’avait fait (on a même connu une campagne de dénigrement en France afin d’atteindre
Emmanuel Macron puisque Ciudadanos, à la même époque, présentait sa liste aux
élections européennes et faisait partie de la coalition centriste européenne
dans laquelle on retrouvait également LaREM…).
Mais pour Albert Rivera, la situation nécessitait une telle
ligne de front, lui, le Catalan qui voyait sa province totalement gangrénée et
ingouvernable du faite des nationalistes dont on n’a pas oublié le référendum
illégal qu’ils ont organisé pour proclamer ensuite l’indépendance, tout aussi
illégale, de leur province.
Aujourd’hui, Ciudadanos essaye tant bien que mal de se
reconstruire et aura bientôt un nouveau président qui pourrait être une
présidente en la personne d’Inés Arrimadas, lieutenante de Rivera, d’origine
catalane comme lui et sur la même ligne politique.
Mais sa faiblesse actuelle laisse en suspens son avenir d’autant
qu’Arrimadas a privilégié des alliances pour les élections régionales avec le
PP afin de ne pas connaître une deuxième désillusion après les législatives.
Ce qui créé de nouvelles controverses, dont certaines à l’intérieur
même du parti, avec la crainte pour certains que ses alliances ne sonnent le
glas d’un centrisme indépendant et qu’à terme celui-ci soit absorbé par le PP.
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