Par Jean-François Borrou
& Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique,
nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent
pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le
débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou
est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella
est le directeur du CREC
Manifestation CGT |
La SNCF a ceci de particulier, c’est qu’elle est un condensé
de tous les manquements, de tous les renoncements, de toutes les
irresponsabilités de la société française de l’après guerre (même si sa création
date de 1937) jusqu’à aujourd’hui, la preuve vivante de tous nos maux
politiques, économiques et sociaux.
Politique par la démission des dirigeants du pays face à
l’hydre SNCF, cette société ingérable et noyautée par des syndicats politiques
et catégoriels où, pendant longtemps, tous les gouvernements, de droit et de
gauche, ont acheté la paix sociale au détriment de la modernisation de
l’entreprise.
Prises de décisions incompréhensibles également notamment
celles qui ont fragilisé un secteur d’activité, le rail, au profit de la route
alors que l’on voit aujourd’hui toute leur bêtise avec les atteintes que cela a
provoqué en matière d’environnement.
Economiques parce que l’on a jamais essayé – les pouvoirs
publics, la direction de la SNCF, les syndicats, les salariés – de rendre cette
entreprise rentable et de lui donner une gestion rationnelle faisant en sorte
de faire payer aux Français par leurs impôts toute la gabegie et les avantages
donnés sans cesse à ses salariés.
En résulta, notamment, un déficit chronique qui se chiffre
en milliards d’euros et qui fait que quand elle emprunte de l’argent, plus de
la moitié de celui-ci va au remboursement de sa dette…
Sociaux parce que l’on a donné de fait le pouvoir à des
syndicats qui ont toujours joué l’irresponsabilité, le jusqu’au-boutisme et le
blocage (3 mois de grève en 2018, bientôt un mois en 2019-2220 pour les deux dernières…),
souvent pour des raisons uniquement politiques, que l’on a permis un statut
particulier même quand celui-ci n’avait plus aucune base et plus aucune
légitimité.
De ce point de vue, les salariés – qui vivent des
subventions publiques pour leurs salaires et pour leurs retraites – semblent
également satisfaits d’être des assistés et de vivre des impôts de leurs compatriotes.
Et les Français ne peuvent pas la jouer victimes, eux qui
ont accepté sans souffler mot ou peu cette situation qui aurait conduit n’importe
quelle société privée à une faillite retentissante et ses salariés au chômage.
Oui, nous sommes tous complices de ce qu’est la SNCF, de ses
milliards de dettes, de ses grèves à répétition pour tout et n’importe quoi et
de son instrumentalisation politique par l’extrême-gauche et des intérêts corporatistes
et catégoriels.
Mais si la SNCF cumule bien des caractéristiques de
l’entreprise au fonctionnement aberrant, elle est aussi le miroir de nos maux,
d’une France qui ne parvient jamais à se réformer autrement que dans la douleur
et les demi-mesures, dans le recul et le conservatisme, tout ce que la réforme
centriste ne veut pas être, tout ce que la vraie réforme responsable ne doit pas
être.
Miroir d’un pays où ses habitants préfèrent laisser pourrir
les situations plutôt que de les solutionner parce qu’ils craignent, souvent sans
raison, le remède plus que le mal alors même qu’ils savent que plus ils
attendront, plus le mal demandera un remède encore plus puissant et, alors, douloureux.
Des Français inconséquents qui vont jusqu’à soutenir dans
les sondages des grévistes qui les prennent en otage, leur font dépenser de
l’argent, participent à la pollution (sans train, on est obligé de prendre sa
voiture) alors même qu’ils les payent et qu’ils payent leurs avantages spéciaux
sans parler des arrêts maladie qui leur permettent de faire grève sans perdre
d’argent…
Non pas pour faire la grève par procuration car, en
l’occurrence, ils n’ont rien à attendre ou à gagner si les agents de la SNCF
obtiennent gain de cause, c'est-à-dire l’annulation de la réforme des régimes
spéciaux de retraite mais pour manifester leur «mécontentement» contre tout et n’importe
quoi dans une démarche revendicative sans fin.
Enfin, n’oublions pas que cette grève est aussi une
vengeance vis-à-vis du gouvernement et de sa réforme de la SNCF (devenue le 1er
janvier une société anonyme et dont le statut de cheminot a été supprimé) qui
avait été approuvée par l’Assemblée nationale, représentante du peuple, en
2018.
Une réforme qui avait pour but de ne plus solliciter autant
le contribuable mais aussi de sauver une SNCF archaïque face à la réalité du
XXI° siècle.
Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella
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