A chaque fois qu’un changement pour une raison légitime
(réchauffement climatique et adaptation du système des retraites à la situation
économique et sociale actuelle en l’occurrence) est décidé les Français sont
«vent debout» -- terme très en vogue dans les médias pour dramatiser à outrance
ces épisodes – pour dire non.
Un non qui est de principe et qui vient souvent en totale
contradiction avec leurs soi-disant convictions profondes dont on commence à
douter de leur réelle existence.
Exemple avec ces écolos qui fraternisent avec des gilets
jaunes dont le mouvement de foule était essentiellement… anti-écolo!
La raison premières? Ils détestent Macron…
Exemple encore avec ces Français qui soutiennent des
grévistes qui bénéficient d’avantages avec leurs régimes spéciaux qu’ils payent
avec leurs impôts qu’ils trouvent trop élevés!
Et on pourrait multiplier ces incohérences dont le seul
objectif est de s’opposer par définition et par principe contre un pouvoir même
s’il va dans le sens de son intérêt.
Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde,
Christian Lequesne, professeur de science politique au Centre de recherches
internationales (CERI) de Sciences Po dénonce avec justesse cette attitude d’un
peuple préférant le conflit à la négociation, l’affrontement au compromis,
l’anathème à la discussion constructive dans un archaïsme qui démontre une
grande immaturité démocratique du pays.
Il estime ainsi que «nous sommes dans un pays où la violence
et le rapport de force continuent de s’imposer pour réaliser n’importe quelle
décision collective».
Selon lui, «La culture politique française continue à
détester le mot ‘pragmatisme’ et cela est bien dommage. Dans une démocratie
moderne, il devrait être normal – pour ne pas dire banal – que le gouvernement
et les partenaires sociaux règlent les problèmes en trouvant des compromis
autour d’une table. Négocier: c’est bien le mot essentiel qui fait défaut à la
France. Les élites gouvernementales comme les syndicats français ont
l’impression que négocier le social équivaut d’abord et avant tout à se faire
avoir par l’autre. C’est ainsi que, si la France est souvent fière d’affirmer
qu’elle résiste au libéralisme, il faudrait préciser: surtout au libéralisme
politique qui fait du compromis une valeur.»
Et il s’inquiète, à juste titre, de la stigmatisation de
ceux qui cherchent le compromis:
«La manière dont le débat français considère avec condescendance
ceux qui sont favorables à une société moins conflictuelle est inquiétante. On
les range volontiers dans la catégorie des élites mièvres qui vivraient
totalement à côté de la plaque. L’opposition entre un peuple pur, sachant ce
qu’est le tragique de la vie et de la lutte, et des élites bien pensantes qui
en ignoreraient tout répond parfaitement à la définition du populisme. Elle est
même la seule définition sur laquelle les sciences sociales s’accordent un tant
soit peu.»
Mais ce qui est certainement le plus irresponsable dans ces
comportements, c’est qu’ils ne permettent pas à la France de s’adapter au réel
pour pouvoir en profiter.
Car c’est bien le but de ces décisions, que ce soit en
matière sociale ou environnementale pour reprendre nos deux exemples.
Du coup, le pays se retrouve à la traîne alors qu’il
pourrait être souvent en avance sur les autres ce qui est souvent un avantage
déterminant.
Oui, de ce point de vue, on peut dire que les Français
jouent contre leur camp, contre eux-mêmes.
Et ceci a un prix qu’il leur faudra payer.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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