Le magazine américain Time raconte une histoire propre à
réconcilier les deux «ennemis» Aldous Huxley et George Orwell.
Cela se passe en Chine.
Evidemment.
Dans la ville de Chongqing, une «métropole» tentaculaire du
nord-est de la Chine (aussi grande que l’Autriche!) à la population de plus de
trente millions d’âmes, les 15,35 millions d’habitants de la zone urbaine ont
la «chance» de vivre dans la ville la plus surveillée du monde.
Ainsi, pas moins de 2,6 millions de caméras épient leurs
faits et gestes, 24 heures sur 24 ce qui fait 5,9 yeux électroniques par
habitant…
Tous leurs actes, leurs mimiques, leurs relations, leurs
«incivilités» (punies) et leurs «bons comportements» (récompensés).
Mais cela fait plutôt plaisir à madame Chen.
Parce que, voilà, madame Chen, il n’y a pas si longtemps
avait perdu son sac.
Et, «heureusement» pour elle, un fonctionnaire zélé derrière
ses multiples écrans de contrôle dans des salles qui en sont tapies, l’a vu
quelque part du côté du stade Jiangnan, là où madame Chen pratique du tai chi
avec son groupe d’arts martiaux, et il l’a fait mettre aux objets trouvés à son
plus grand «bonheur» pour qu’elle puisse venir le récupérer.
Et madame Chen de se féliciter, non seulement, d’avoir
retrouvé son sac mais aussi de tout ce réseau qui voit tout.
«Avoir toutes ces caméras partout fit me sentir en
sécurité», dit-elle au journaliste du magazine.
Oui, madame Chen vit dans un monde Huxlo-Orwellien où, comme
dans «1984» (de George Orwell) elle est dans une société totalitaire de
surveillance constante et comme dans «Le meilleur des mondes» elle est dans un
(auto)conditionnement permanent où elle en vient à gober n’importe quelle «fake
news», à plébisciter l’abandon de ses libertés et de ses valeurs, pourvu qu’on
la protège et la divertisse.
Sauf que le monde de madame Chen – celui de la deuxième plus
grande puissance de la planète et pays le plus peuplé de la terre – sera
peut-être le notre demain si nous n’y prenons garde.
Oui, notre XXI° siècle est en train de réconcilier Aldous
Huxley et George Orwell… pour le pire!
Car cette société du contrôle est aussi celle de l’auto contrôle.
Nous semblons également voués à croire n’importe quoi qu’à
être obligés de croire n’importe quoi.
Mais, à la différence de madame Chen, nous ne vivons pas
encore dans une dictature où son chef vient d’introduire dans la «Constitution»
sa pensée en tant que référence qui doit guider le pays.
Nous vivons encore dans une démocratie républicaine, certes
gangrénée par les autocrates, les populistes, les démagogues et leurs
admirateurs, prêts à les suivre et à croire tous les mensonges qu’ils
professent, prêts à toutes les concessions sur l’état de droit donc à leur
liberté et à leur dignité pour quelques miettes.
Nous n’avons pas encore Xi Jinping ou Vladimir Poutine ou Recep
Tayyip Erdoğan mais nous avons déjà Donald Trump et Viktor Orban et Jaïr
Bolsonaro et, encore plus près de nous, Français, Marine Le Pen, Jean-Luc
Mélenchon ainsi que quelques petits clones de ces deux là…
Nous pouvons encore rejeter ce monde Huxlo-Orwellien mais
nous devons le faire maintenant face à la montée des dangers, face à ces
personnages inquiétants, face aux mouvements de foule déstabilisants et
haineux, face à une sorte de guérilla qui combat systématiquement toutes les
valeurs de la démocratie républicaine et que l’on retrouve jusque dans les
mouvements sociaux.
Alors, voici mes vœux: pour 2020 je ne vous souhaite surtout
pas de vivre dans ce «meilleur des mondes», encore «meilleur» que «1984».
Mais je vous invite à la prise de conscience que vous soyez
de Gauche, du Centre et de Droite et au courage de dire non.
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